Cette communication s'appuie sur une enquête originale menée en 2002 auprès d'ingénieurs diplômés et leurs représentations des enjeux éthiques de leur activité professionnelle. L'objectif de cette recherche était d'interroger la signification de la vague éthique qui avait commencé à toucher la profession dans les années 1970-80. Elle a surtout mis à jour l'importance des arrières fonds historiques et culturels sur lesquelles cette préoccupation a pris racine. Dans une perspective résolument descriptive et compréhensive, la communication proposée ici porte sur l'" éthos " des ingénieurs. Elle vise à mettre en perspective les rhétoriques développées au sein de la " profession " au sujet des valeurs et de l'éthique des ingénieurs, par rapport aux représentations que les acteurs s'en font. Au delà d'un intérêt pour l'éthique apparaissant comme une évidence partagée dans le groupe enquêté (à travers les réponses des individus), quelques lieux de désaccord sur le contenu de l'éthique se dégagent. Or, ces divergences semblent corrélées aux attitudes politiques des répondants. Quels sont donc les liens que l'on peut observer entre les attitudes et orientations politiques des ingénieurs et leurs représentations des questions éthiques liées à leur métier, ainsi qu'aux façons d'y faire face. Deux questions qui divisent le plus le groupe seront étudiées plus précisément : le droit à l'objection de conscience ainsi que la question de " l'alerte éthique ".
L'éthique est devenue un grand sujet de préoccupation dans de nombreux secteurs tels que la médecine, l'économie, le journalisme, le travail social mais aussi celui des sciences et des techniques. Les ingénieurs et l'éthique s'interroge sur les valeurs et l'identité d'une profession en prise avec d'importantes questions actuelles comme la pollution, les risques techniques et les inégalités sociales. Présentant les résultats d'une enquête sociologique réalisée sur près de 4 000 diplômés français, ce livre permet de mieux cerner le regard que portent les ingénieurs sur les sciences, les techniques et la société. Cet ouvrage offre une meilleure connaissance de l'univers des représentations d'un groupe social en pleine mutation.
L'éthique est devenue un grand sujet de préoccupation dans de nombreux secteurs tels que la médecine, l'économie, le journalisme, le travail social mais aussi celui des sciences et des techniques. Les ingénieurs et l'éthique s'interroge sur les valeurs et l'identité d'une profession en prise avec d'importantes questions actuelles comme la pollution, les risques techniques et les inégalités sociales. Présentant les résultats d'une enquête sociologique réalisée sur près de 4 000 diplômés français, ce livre permet de mieux cerner le regard que portent les ingénieurs sur les sciences, les techniques et la société. Cet ouvrage offre une meilleure connaissance de l'univers des représentations d'un groupe social en pleine mutation.
Cette communication s'appuie sur une enquête originale menée en 2002 auprès d'ingénieurs diplômés et leurs représentations des enjeux éthiques de leur activité professionnelle. L'objectif de cette recherche était d'interroger la signification de la vague éthique qui avait commencé à toucher la profession dans les années 1970-80. Elle a surtout mis à jour l'importance des arrières fonds historiques et culturels sur lesquelles cette préoccupation a pris racine. Dans une perspective résolument descriptive et compréhensive, la communication proposée ici porte sur l'" éthos " des ingénieurs. Elle vise à mettre en perspective les rhétoriques développées au sein de la " profession " au sujet des valeurs et de l'éthique des ingénieurs, par rapport aux représentations que les acteurs s'en font. Au delà d'un intérêt pour l'éthique apparaissant comme une évidence partagée dans le groupe enquêté (à travers les réponses des individus), quelques lieux de désaccord sur le contenu de l'éthique se dégagent. Or, ces divergences semblent corrélées aux attitudes politiques des répondants. Quels sont donc les liens que l'on peut observer entre les attitudes et orientations politiques des ingénieurs et leurs représentations des questions éthiques liées à leur métier, ainsi qu'aux façons d'y faire face. Deux questions qui divisent le plus le groupe seront étudiées plus précisément : le droit à l'objection de conscience ainsi que la question de " l'alerte éthique ".
Having studied emergence of ethics discourses in the engineering profession, the development of ethics courses, shows that the humanities generally are carried by an ideal, either encyclopaedic, or social, both opposing to a strictly professional approach of the training. But rhetorics and educational projects are only indicators of the ethical concerns of the engineers. So, having clarified the limits of the field of engineering ethics, I set up an inquiry with graduated engineers, in order to study their professional ethics. It seemed that this one is determined by the professional identity of the engineers. The optimists seem less worried than the others of the negative impacts of techniques; Manager show themselves very sensitive to the importance of the human factor, the experts defend the neutrality of their work and reject the idea of a personal responsibility for the ultimate end of the techniques to which they take part. But the engineers' ethics also depends on political attitudes: those of right-hand side, more optimistic towards techniques, prefer a regulation by the profession itself, those of left-handler are more opened to a democratization of the decisions. But, finally the vision of the majority is technocratic and the position of the engineers, often at distance of the res publica, leaves them away from a major concern of the ethics of technology : technology assessment. Finally, the ethics of the engineers depends on religious attitudes. So, the Catholics are favorable to a codification of the ethics, but because they are too confident in the positive impact of the techniques in the service of the Human being, their desire of ethical guidelines meets little the question of the risk which is in the heart of the ethics of the technologies. ; Après une étude des discours sur l'éthique produits pas les associations d'ingénieurs aux Etats-Unis, au Québec et en Allemagne, j'ai tenté d'expliquer leur absence, jusqu'à récemment en France. Cherchant des éléments constitutifs de l'ethos des ingénieurs ...
Having studied emergence of ethics discourses in the engineering profession, the development of ethics courses, shows that the humanities generally are carried by an ideal, either encyclopaedic, or social, both opposing to a strictly professional approach of the training. But rhetorics and educational projects are only indicators of the ethical concerns of the engineers. So, having clarified the limits of the field of engineering ethics, I set up an inquiry with graduated engineers, in order to study their professional ethics. It seemed that this one is determined by the professional identity of the engineers. The optimists seem less worried than the others of the negative impacts of techniques; Manager show themselves very sensitive to the importance of the human factor, the experts defend the neutrality of their work and reject the idea of a personal responsibility for the ultimate end of the techniques to which they take part. But the engineers' ethics also depends on political attitudes: those of right-hand side, more optimistic towards techniques, prefer a regulation by the profession itself, those of left-handler are more opened to a democratization of the decisions. But, finally the vision of the majority is technocratic and the position of the engineers, often at distance of the res publica, leaves them away from a major concern of the ethics of technology : technology assessment. Finally, the ethics of the engineers depends on religious attitudes. So, the Catholics are favorable to a codification of the ethics, but because they are too confident in the positive impact of the techniques in the service of the Human being, their desire of ethical guidelines meets little the question of the risk which is in the heart of the ethics of the technologies. ; Après une étude des discours sur l'éthique produits pas les associations d'ingénieurs aux Etats-Unis, au Québec et en Allemagne, j'ai tenté d'expliquer leur absence, jusqu'à récemment en France. Cherchant des éléments constitutifs de l'ethos des ingénieurs français, j'ai alors étudié l'histoire des contenus de formations, et en particulier des humanités, au sein desquels est apparue récemment l'éthique. J'ai montré que les contenus des " humanités " s'inscrivait dans les histoire des écoles : l'idéal encyclopédique s'opposant à celui de l'engagement social, les deux s'opposant à l'approche professionnelle de la formation des ingénieurs instrumentalisant les contenus dits " non techniques". Mais les rhétoriques éthique des associations d'ingénieurs et les projets de formation éthique pour les futurs ingénieurs ne disent rien de la représentation qu'ont les acteurs eux-mêmes des enjeux éthiques liés à leur profession. Afin d'étudier l'ethos des ingénieurs Ainsi, j'ai mis en place une enquête quantitative auprès d'ingénieurs diplômés, contacté par l'intermédiaire des associations d'anciens élèves des écoles de la région nord Pas-de-Calais. Après avoir élucidé l'étendue la plus large possible du champ couvert par " l'éthique du génie ", j'ai visé à travers l'analyse des représentations qu'ont les ingénieurs des relation entre les sciences, les techniques, la société et leur profession, de rendre compte de certains aspects de l'ethos de la profession. Cet ethos professionnel est d'abord apparu comme déterminé par l'identité professionnelle subjective des ingénieurs. Ceux qui ont une vision positive de leur profession et de son rôle dans la société sont moins inquiets que les autres des impacts négatifs du développement techniques. Ceux qui sont plus proches d'une identité de manager se montrent très sensibles à l'importance du " facteur humain " tandis que les " experts " défendent la neutralité de leur travail et rejette l'idée d'une responsabilité personnelle pour la finalité ultime des techniques auxquelles ils contribuent. Parce que la question de l'éthique des techniques est entrée en politique, les représentation des enjeux éthiques de la profession et des techniques dépendant aussi des attitudes politiques des ingénieurs. Les ingénieurs de droite sont plus optimistes à l'égard des techniques et sont favorables à une régulation par la profession elle-même, tandis que ceux de gauche se montrent plus ouvert à une démocratisation des décisions techniques. Mais, finalement, la grande majorité à une vision technocratique des décisions. Par ailleurs, leur position vis-à-vis de la politique un peu distante les laisse à l'écart d'une préoccupation majeure de l'éthique de la technologie : la maîtrise citoyenne des techniques. Parce que le catholicisme est engagé d'une façon particulière dans la formation morale des croyants, les représentations éthiques des enjeux éthiques de la profession dépendent aussi des attitudes religieuses des ingénieurs. Les ingénieurs catholiques se montrent plus favorables à une codification de l'éthique et à une morale de principe, en général. Porteur d'une vision de la technique au service de l'Homme, ils se montrent plus confiants dans les techniques que les autres ingénieurs. Ainsi leur désir de repères éthiques rencontre peu une des questions centrales de l'éthique des technologies : le risque. L'enquête montre aussi que les ingénieurs constituent un groupe très homogène du point de vue de ses valeurs professionnelles. Pour l'avenir, on pourrait penser que la féminisation apporte un regard nouveau et donc une modification, au fur et à mesure de leur percée dans le métier, de l'ethos collectif. Dans les faits, le partage du travail dans la profession entre les genres pourrait réduire de beaucoup l'impact de cette évolution. Tandis que les propos sur l'éthique émis au sein de la profession d'ingénieur dépendent fortement des contextes légaux et culturels dans lesquels ils sont produits, l'émergence de cours d'éthique dans les formations en France, au cours des dix dernières années, procède de deux dynamiques. Ils sont portés, selon le cas, par un idéal culturel ou par un idéal d'engagement social ; tous les deux s'opposent d'ailleurs à l'approche strictement professionnelle de la formation qui est, en définitive, la plus courante. Mais les rhétoriques éthique et les projets pédagogiques ne sont que des indicateurs des préoccupations éthiques des ingénieurs. Ainsi, après avoir élucidé les limites du champ de "l'éthique du génie", une enquête a été mise en place auprès d'ingénieurs diplômés, afin d'étudier leur éthique professionnelle. Il est apparu que les contours de cette éthique est déterminée par l'identité professionnelle subjective des ingénieurs. Les optimistes professionnels semblent, par exemple, moins inquiétés que les autres par les impacts négatifs du développement technique ; ceux qui se sentent plutôt manager se montrent très sensibles à l'importance du facteur humain, tandis que les experts défendent la neutralité de leur travail et rejette l'idée d'une responsabilité personnelle pour la finalité ultime des techniques auxquelles ils contribuent. Mais les positionnements éthiques des ingénieurs dépendent aussi de leurs attitudes politiques : ceux de droite, plus optimistes à l'égard des techniques, préfèrent que la régulation provienne de la profession, ceux de gauche, plus critiques, sont plus ouvert à une démocratisation des processus de décisions. Mais, finalement la vision majoritaire est technocratique et la position des ingénieurs, souvent à distance de la chose publique, les laisse à l'écart d'une préoccupation majeure de l'éthique de la technologie : la maîtrise citoyenne des techniques. Enfin, l'éthique des ingénieurs dépend des attitudes religieuses. Ainsi, les catholiques se montrent plus favorables à une codification de l'éthique et à une morale de principe. Mais parce qu'ils sont trop confiants dans les impact des techniques au service de l'Humain, leur désir de repères éthiques rencontre peu la question du risque qui est pourtant au cœur de l'éthique des technologies.
Cet article retrace et analyse l'histoire exemplaire de l'Aérotrain, ce train sur coussin d'air dont le prototype mobilisa l'imaginaire des grandes vitesses avant l'adoption et la diffusion du TGV en France. La chronologie des événements présente l'aventure de Jean Bertin, le " père " de l'Aérotrain, comme une tragédie classique, décrivant l'inventeur un peu à la manière d'un Auguste Detoeuf. L'analyse qui suit montre que les raisons techniques, économiques, politiques et culturelles ne suffisent pas à expliquer complètement l'échec de l'Aérotrain. Cherchant à discerner ce qui dans cette histoire relève de " l'imprudence " de Jean Bertin, cette réflexion est une invitation faite aux ingénieurs - et à ceux qui les entourent, les financent ou attendent des retombées de leurs inventions - à penser leur travail non seulement en termes de succès mais aussi d'échec potentiel avec toutes les répercussions personnelles et sociales que cela peut impliquer. " La vieille notion arostotélicienne de la prudence était beaucoup plus riche que la signification contemporaine et quotidienne que ce mot laisse deviner. La prudence comme une vertu morale essentielle n'a pas grand chose à voir avec le calcul froid des risques éventuels que porte une décision. Elle dépasse même d'idée d'une prévoyance plus large qui pèse les conséquences de ses actes pour le bien-être (comme les utilitaristes le défendent). Elle a une connotation de sagesse dans le jugement pratique, c'est à dire une compétence à juger une situation complexe. Ce qui suppose une capacité à prendre une certaine distance par rapport aux enjeux en question. Le manque de prudence dans ce sens aristotélien est la perspective à partir de laquelle Christelle Didier analyse l'histoire par moment invraisemblable et dramatique de l'Aérotrain et de son inventeur Jean Bertin. " (Geert Demuijnck introduction de l'article pour l'ouvrage Ethique industrielle)
Cet article retrace et analyse l'histoire exemplaire de l'Aérotrain, ce train sur coussin d'air dont le prototype mobilisa l'imaginaire des grandes vitesses avant l'adoption et la diffusion du TGV en France. La chronologie des événements présente l'aventure de Jean Bertin, le " père " de l'Aérotrain, comme une tragédie classique, décrivant l'inventeur un peu à la manière d'un Auguste Detoeuf. L'analyse qui suit montre que les raisons techniques, économiques, politiques et culturelles ne suffisent pas à expliquer complètement l'échec de l'Aérotrain. Cherchant à discerner ce qui dans cette histoire relève de " l'imprudence " de Jean Bertin, cette réflexion est une invitation faite aux ingénieurs - et à ceux qui les entourent, les financent ou attendent des retombées de leurs inventions - à penser leur travail non seulement en termes de succès mais aussi d'échec potentiel avec toutes les répercussions personnelles et sociales que cela peut impliquer. " La vieille notion arostotélicienne de la prudence était beaucoup plus riche que la signification contemporaine et quotidienne que ce mot laisse deviner. La prudence comme une vertu morale essentielle n'a pas grand chose à voir avec le calcul froid des risques éventuels que porte une décision. Elle dépasse même d'idée d'une prévoyance plus large qui pèse les conséquences de ses actes pour le bien-être (comme les utilitaristes le défendent). Elle a une connotation de sagesse dans le jugement pratique, c'est à dire une compétence à juger une situation complexe. Ce qui suppose une capacité à prendre une certaine distance par rapport aux enjeux en question. Le manque de prudence dans ce sens aristotélien est la perspective à partir de laquelle Christelle Didier analyse l'histoire par moment invraisemblable et dramatique de l'Aérotrain et de son inventeur Jean Bertin. " (Geert Demuijnck introduction de l'article pour l'ouvrage Ethique industrielle)
International audience ; The graduate engineers' attitude towards environmental issues differs profoundly from that of their fellow citizens. This is what we have found out when comparing the answers given by 27,000 graduates to an original survey we conducted in 2011 with those of a representative sample of French people who participated to the "European value survey". The engineers' attitude is also very different from those of business managers and executives. It also differs from those of other master's degree graduates. Contrary to our expectations, the demographic change observed in the profession (growth, place of women, development of new educa- tional tracks) has little influence on the professionals' attitude. The engineers' attitudes toward environmental issues seem to depend more on their professional position than on their individual traits. While the younger generation seems a little bit more pro-environment than their seniors, females do not differ significantly from their male colleagues on that topic. By contrast, we found out that the engineers' attitude towards environment is strongly related to their attitude and values in general and their political, ethical and religious attitude in particular.
International audience ; The graduate engineers' attitude towards environmental issues differs profoundly from that of their fellow citizens. This is what we have found out when comparing the answers given by 27,000 graduates to an original survey we conducted in 2011 with those of a representative sample of French people who participated to the "European value survey". The engineers' attitude is also very different from those of business managers and executives. It also differs from those of other master's degree graduates. Contrary to our expectations, the demographic change observed in the profession (growth, place of women, development of new educa- tional tracks) has little influence on the professionals' attitude. The engineers' attitudes toward environmental issues seem to depend more on their professional position than on their individual traits. While the younger generation seems a little bit more pro-environment than their seniors, females do not differ significantly from their male colleagues on that topic. By contrast, we found out that the engineers' attitude towards environment is strongly related to their attitude and values in general and their political, ethical and religious attitude in particular.