Né en Italie en 1899, le rameur Anselme Brusa choisit la naturalisation afin de concourir pour la France aux côtés de son beau-frère André Giriat, aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1932 où le duo remporte la médaille de bronze en deux barré.
Les premiers dirigeants de la FIFA ont voulu bâtir un internationalisme dont les fondements sont l'État-nation représenté par une fédération ayant le monopole sur la pratique du football dans son pays. Très vite, le cas de l'empire austro-hongrois permet de mettre en pratique cette conception même si une exception est faite pour le Royaume-Uni. La Grande Guerre suspend les relations sportives internationales. Bien que les fédérations belge et britannique veuillent expulser au lendemain de la guerre la fédération allemande, l'internationalisme de la FIFA se teinte vite de pacifisme, notamment à la fin des années 1920. Encore européocentriste, l'organisation s'ouvre au monde et sa première Coupe du monde est organisée en Uruguay. Néanmoins, les années 1930 et les agressions fascistes mettent à l'épreuve son pacifisme et sa neutralité. Si elle doit se plier aux transformations territoriales de l'Europe, son comité exécutif parvient toutefois, sous la direction du président Jules Rimet, à conserver une neutralité bienveillante notamment pendant la Guerre d'Espagne.
L'invention de la semaine sportive accompagne autant la transformation des exercices physiques que celle du temps social. Avec l'industrialisation et l'urbanisation disparaissent les jeux traditionnels souvent violents associés au calendrier religieux ou s'immisçant dans le temps poreux du travail. Les sports se développent pour occuper le repos compensateur d'un labeur devenu intense et éreintant. La semaine footballistique se cantonne d'abord au samedi et au dimanche quand les épreuves hippiques et cyclistes débordent du week-end. Le temps hebdomadaire du sport est autant un moment pour soi qu'un lieu de contrôle et d'édification pour les pédagogues, le clergé, l'armée, le patronat et les régimes totalitaires et autoritaires. Les transformations technologiques et sociales du second xx e siècle ont pour conséquence la dilatation de la semaine sportive et son investissement par les femmes et les seniors. Le sport est partie prenante du temps partiellement poreux de la semaine postmoderne.
Pendant la guerre froide, si les grands joueurs comme Ferenc Puskas servent de vitrine aux démocraties populaires, l'UEFA et les coupes d'Europe servent d'espace de dialogue entre Est et Ouest. En revanche, les conflits de la guerre froide limitent le développement du football asiatique, tout en ayant un impact modéré sur l'Afrique ou très réduit en Amérique latine. À partir des années 1950, les migrations de footballeurs hongrois ou yougoslaves anticipent la victoire du modèle du football capitaliste sur son homologue socialiste.
Dès le début du vingtième siècle, les fédérations de football européennes ont voulu créer des compétitions opposant les équipes nationales. Il faut attendre 1960 pour que Championnat d'Europe des nations/Coupe Delaunay, Euro aujourd'hui, voit le jour. Malgré les réticences de fédérations et de dirigeants de l'Ouest et les conflits de la Guerre froide, cette tradition inventée trouve son succès dans le jeu et la commercialisation du sentiment national. L'augmentation du nombre d'équipes participant aux phases finales, de 4 en 1960 à 24 en 2016, permet à l'UEFA d'accroître la valeur commerciale de l'épreuve et d'accueillir les petites nations du football européen. Toutefois, depuis 1980, l'Euro est aussi devenu le théâtre de l'expression violente du nationalisme via les affrontements entre hooligans.
Le football a occupé une place ambivalente dans la politique sportive fasciste. Il a souvent été critiqué pour la violence de ses supporters et des joueurs professionnels décrits comme des mercenaires. Le maintien du championnat de série A en septembre 1940 doit toutefois attester de la normalité de la situation malgré les échecs répétés des guerres mussoliniennes. Néanmoins, les joueurs professionnels non mobilisés sont vite accusés d'être des embusqués cherchant dans les stades à échapper au devoir militaire. À partir de 1943, l'Italie du football est divisée par la ligne de front et doit réduire son activité. Mais la guerre est aussi une période de transformation du football italien qui voit un nouvel épanouissement du sport spectacle.
Durant le premier conflit mondial, le sport a constitué une manière de représenter la guerre et de la vivre. Dès le début du conflit, la presse sportive a mobilisé sa rhétorique emphatique pour décrire la guerre comme un grand match à des fins tout à la fois patriotiques et économiques. Derrière ces discours exaltant le soldat sportif, se cachent souvent les luttes de pouvoir opposant les organisations sportives. Sur le front, la pratique du sport a pu prendre plusieurs formes. S'ils ont été exposés par la presse à la chasse à l'embusqué, les champions ont pu saisir dans le développement de l'aviation de guerre l'opportunité de retrouver un environnement compétitif et athlétique. Plus près des tranchées, l'existence d'un « sport de guerre » incluant boxe, football et athlétisme a été compris, d'après les témoignages de soldats, comme un moyen d'échapper à la contrainte militaire et à la violence de guerre. Loin d'être un adjuvant à l'agressivité du guerrier, le sport a d'abord symbolisé la vie face à une mort omniprésente.
Résumé La migration des joueurs africains vers l'Europe remonte bien avant la grande extraversion du football africain. À travers les trajectoires de joueurs africains, comme celles d'Arthur Wharton, de Larbi Ben Barek, d'Eusébio ou de Salif Keita, l'article suit ces circulations depuis les années 1910 jusqu'à la fin des années 1970. Ces destins ont contribué à véhiculer les imaginaires, les passions et les enjeux politiques. Selon les époques, les joueurs sont des « indigènes », des « assimilés », des « travailleurs immigrés » ou des vedettes internationales issues d'un « réservoir de talents ».