Pour un enseignement de l'oral: initiation aux genres formels à l'école
In: Collection Didactique du français
3 Ergebnisse
Sortierung:
In: Collection Didactique du français
Parmi les différentes formes de discriminations subies par les élèves à l'école, les violences genrées sont fréquentes, souvent peu visibles et sont enracinées dans une matrice hétérosexiste. Ces discriminations, productrices d'inégalités entre les sexes sociaux et les sexualités, sont souvent source de vulnérabilité, ce qui peut avoir un impact sur l'estime de soi des élèves et leurs conditions d'apprentissage. Si l'école fonctionne comme un milieu « normal », les inégalités liées au genre (ainsi que les inégalités sociales) vont continuer à se (re)produire. Par conséquent, l'école peut jouer un rôle de résistance pour contrer ces systèmes de domination. C'est dans cette perspective que la pédagogie de l'égalité (Collet, 2016) propose de favoriser une éducation engagée politiquement en ouvrant le dialogue avec les apprenant-e-s dans un but de conscientisation et d'émancipation. Cette démarche rejoint, d'une part, la vision habermassienne de l'éthique de la discussion qui laisse la possibilité de construire collectivement des savoirs, des valeurs et des normes et, d'autre part, l'enseignement de l'argumentation orale qui permet d'accéder à la pensée de l'Autre en amenant les élèves à construire leur identité, à développer leur esprit civique et critique, ainsi qu'à prendre position tout en respectant celle des autres. Dans cette veine, l'oral représente un outil utile pour comprendre le monde qui nous entoure en luttant contre les inégalités sociales (Garcia-Debanc, 2016). Se pose alors la question du « comment » : comment amener les élèves à s'exprimer oralement dans ce cadre, et quels seraient les effets d'interventions spécifiques visant le développement des compétences à débattre des élèves sur leurs représentations liées au genre ? Pour obtenir des éléments de réponse à ces interrogations, nous avons développé un dispositif d'enseignement/apprentissage innovant, dans une perspective de recherche développement (Harvey & Loiselle, 2007). Les interventions s'inspirent des principes de dispositifs existants : les séquences didactiques et Itinéraires (notamment Colognesi & Deschepper, sous presse). Trois classes du primaire ont été mobilisées pour les expérimentations. Ainsi, les 67 élèves de huit à neuf ans ont vécu cinq débats régulés sur des thématiques liées au genre. Si toutes les classes ont travaillé le même nombre d'heures sur cette séquence, la variable a été posée sur le type d'intervention qui a été offerte aux élèves pour leur permettre de s'améliorer dans leurs « ré-oralisations », c'est-à-dire dans les différentes prises de paroles d'un débat à l'autre. Dans la première classe, les contenus spécifiques sur l'oral et le débat ont été enseignés aux élèves. Dans la deuxième, ce sont les contenus spécifiques liés au genre et aux mécanismes discriminatoires qui ont été travaillés. Les élèves de la troisième classe ont reçu à la fois des contenus sur le débat à l'oral et sur les mécanismes discriminatoires. Seuls trois débats (la production initiale, intermédiaire et finale) ont été filmés et retranscrits. Les différentes prestations des élèves ont été mesurées à l'aide d'une grille d'évaluation. Nous avons appliqué aux données récoltées à la fois une analyse statistique permettant de mesurer les progrès réalisés et une analyse de contenu dans la perspective de comprendre comment les capacités langagières argumentatives des élèves en lien avec leurs représentations sur le genre se développent dans chaque groupe. Dans notre présentation, nous passerons en revue : (1) les cadres théoriques mobilisés, à la fois relatifs au genre et à la didactique de l'oral ; (2) le design méthodologique imaginé et le dispositif tel qu'il a été développé ; (3) les principaux résultats relatifs aux productions orales d'un sous-groupe de cinq élèves de chaque classe.
BASE
Parmi les différentes formes de discriminations subies par les élèves à l'école, les violences genrées sont fréquentes, souvent peu visibles et sont enracinées dans une matrice hétérosexiste. Ces discriminations, productrices d'inégalités entre les sexes sociaux et les sexualités, sont souvent source de vulnérabilité, ce qui peut avoir un impact sur l'estime de soi des élèves et leurs conditions d'apprentissage. Si l'école fonctionne comme un milieu « normal », les inégalités liées au genre (ainsi que les inégalités sociales) vont continuer à se (re)produire. Par conséquent, l'école peut jouer un rôle de résistance pour contrer ces systèmes de domination. C'est dans cette perspective que la pédagogie de l'égalité (Collet, 2016) propose de favoriser une éducation engagée politiquement en ouvrant le dialogue avec les apprenant-e-s dans un but de conscientisation et d'émancipation. Cette démarche rejoint, d'une part, la vision habermassienne de l'éthique de la discussion qui laisse la possibilité de construire collectivement des savoirs, des valeurs et des normes et, d'autre part, l'enseignement de l'argumentation orale qui permet d'accéder à la pensée de l'Autre en amenant les élèves à construire leur identité, à développer leur esprit civique et critique, ainsi qu'à prendre position tout en respectant celle des autres. Dans cette veine, l'oral représente un outil utile pour comprendre le monde qui nous entoure en luttant contre les inégalités sociales (Garcia-Debanc, 2016). Se pose alors la question du « comment » : comment amener les élèves à s'exprimer oralement dans ce cadre, et quels seraient les effets d'interventions spécifiques visant le développement des compétences à débattre des élèves sur leurs représentations liées au genre ? Pour obtenir des éléments de réponse à ces interrogations, nous avons développé un dispositif d'enseignement/apprentissage innovant, dans une perspective de recherche développement (Harvey & Loiselle, 2007). Les interventions s'inspirent des principes de dispositifs existants : les séquences didactiques et Itinéraires (notamment Colognesi & Deschepper, sous presse). Trois classes du primaire ont été mobilisées pour les expérimentations. Ainsi, les 67 élèves de huit à neuf ans ont vécu cinq débats régulés sur des thématiques liées au genre. Si toutes les classes ont travaillé le même nombre d'heures sur cette séquence, la variable a été posée sur le type d'intervention qui a été offerte aux élèves pour leur permettre de s'améliorer dans leurs « ré-oralisations », c'est-à-dire dans les différentes prises de paroles d'un débat à l'autre. Dans la première classe, les contenus spécifiques sur l'oral et le débat ont été enseignés aux élèves. Dans la deuxième, ce sont les contenus spécifiques liés au genre et aux mécanismes discriminatoires qui ont été travaillés. Les élèves de la troisième classe ont reçu à la fois des contenus sur le débat à l'oral et sur les mécanismes discriminatoires. Seuls trois débats (la production initiale, intermédiaire et finale) ont été filmés et retranscrits. Les différentes prestations des élèves ont été mesurées à l'aide d'une grille d'évaluation. Nous avons appliqué aux données récoltées à la fois une analyse statistique permettant de mesurer les progrès réalisés et une analyse de contenu dans la perspective de comprendre comment les capacités langagières argumentatives des élèves en lien avec leurs représentations sur le genre se développent dans chaque groupe. Dans notre présentation, nous passerons en revue : (1) les cadres théoriques mobilisés, à la fois relatifs au genre et à la didactique de l'oral ; (2) le design méthodologique imaginé et le dispositif tel qu'il a été développé ; (3) les principaux résultats relatifs aux productions orales d'un sous-groupe de cinq élèves de chaque classe.
BASE