Ce travail, fondé sur une campagne d'entretiens et sur l'analyse de bases de données, appréhende les auteurs dramatiques comme un groupe professionnel mû par la double influence du champ littéraire et du champ du spectacle vivant. L'originalité de l'espace social des écritures dramatiques contemporaines tient à la coexistence de trois instances de socialisation des textes et de légitimation – la production scénique, l'édition et les comités de lecture –, qui utilisent des critères de sélection multiples et rendent ainsi possible une grande variété de pratiques créatives. Certains auteurs écrivent en se préoccupant avant tout de la destination scénique, sans chercher à ce que leurs textes aient une autonomie par rapport à la représentation en public. D'autres ont le projet d'écrire aussi bien pour la scène que pour le livre. Les identités d'auteur sont en tension entre le référentiel de l'écrivain et le référentiel de l'artiste de spectacle vivant.
Partant d'une enquête sur la gestion des loups en France, cet article s'attache à comprendre empiriquement quelles sont les conditions de la mesure de la menace lorsque le rapport à l'animal est ambivalent. Il montre que la mise en œuvre d'opérations ponctuelles de prélèvement létal de loups – dispositif central de la prise en charge publique des conflits relatifs à cette espèce en France – suppose et engendre l'articulation de deux modes d'existence de ces animaux. D'un côté, des « loups menaçants mangeurs de bétail » sont appréhendés, via une métrologie locale et circonstanciée, orientée vers le traitement et la prise en charge de « cas » ; de l'autre, des « loups menacés » sont saisis via une métrologie dynamique, généralisée, envisagée à l'échelle nationale et orientée vers la gestion d'une « population ».
Comment les animaux font-ils irruption dans la vie publique ? Peut-onréorganiser la cité afin de leur ménager démocratiquement une place ?Comment négocie-t-on concrètement avec les animaux leur participation ausein de la cité ? Quelles sont les conditions de possibilité et les limites de cesnégociations ? C'est au prisme d'une recherche consacrée à l'analyse desmodalités de prise en charge publique du retour des loups en France que jepropose d'apporter une contribution à ces questions. Si, comme le suggère D.Lestel, les animaux sont devenus des « acteurs avec lesquels on négocie laparticipation au sein de la cité », en quoi cela consiste alors concrètementdans le cas des loups ?
Les politiques de la nature sont marquées par des questions nouvelles sur la place à accorder à une liste toujours plus longue et hétérogène de prétendants à la vie publique. Plus d'un demi-siècle après leur disparition complète, les loups réapparaissent en France au début des années 1990. Depuis lors, les paroles se sont amplifiées, propagées et ont pris très vite les tournures d'une véritable dispute publique. Pourtant, l'animal en chair et en os reste bien souvent invisible et insaisissable. Cet article interroge les conditions de possibilité de la présence publique des loups à partir de trois « modes corporels » de loups : le corps entier, le corps disséminé et le corps recomposé. Il tente de répondre successivement à trois questions : comment les loups échappent-ils aux dispositifs de contrôle de la nature ? Comment font-ils acte de présence ? Comment se présentent-ils aux publics ?
Résumé Partant de l'intuition d'un rapprochement possible entre la formulation du projet de J. v. Uexküll et celles de certains sociologues et anthropologues, cet article propose d'expérimenter une lecture « par la sociologie » du travail du biologiste afin de réinterroger la place accordée aux animaux dans l'analyse des problèmes et des controverses auxquels ils participent. Après un rapide retour sur les sciences de la nature et les sciences sociales qui se sont saisies des animaux comme objet d'étude, nous mettons en évidence l'existence d'un partage épistémologique qui ne rend pleinement justice ni aux animaux des biologistes, ni aux humains des socio-anthropologues. Il s'agit alors de prendre au sérieux les relations des animaux aux mondes qui les entourent pour contribuer à la définition d'animaux réellement parties prenantes des collectifs d'humains et de non-humains qui prennent forme avec et autour d'eux.
En nous intéressant à la panique morale à laquelle donne lieu le retour du loup, nous montrons que les paniques morales n'ont pas pour seuls effets d'entraîner le débat public et d'enclencher des processus réglementaires et législatifs en même temps que des formes de contrôle social, mais qu'elles ont des effets sur ceux qu'elles désignent comme déviants ou immoraux. Ces effets se donnent à voir dans l'exercice des métiers d'éleveurs et de gardiens de troupeau, mais également dans le cadre de sociabilités extra-professionnelles au sein de l'espace social localisé et de la maisonnée. Si les professionnels du pastoralisme ne sont pas dépourvus de ressources pour tenter de renverser le stigmate de la panique morale, nous montrons néanmoins que celle-ci donne davantage lieu à des formes ordinaires de résistance qui consistent à se ménager une forme de quant-à-soi ou de chez-soi.
"As we have been working for several years on humains-animal relations, we have been interpelled by Dominique Guillo's proposals in "The forgotten foundations of culture". We wanted to give our reading of it, which is necessarily partial, necessarily located. We did so in a prescriptive (yet already generous) format, which nevertheless seemed to us to be able to allow readers less familiar with the subject matter to locate these proposals in an intellectual and academic space. Dominique Guillo criticises us for not having assessed its proposal for itself, for not having made a critical 'internal' analysis of that proposal. In our view, however, that is what we have done. (.)' ; International audience ; "As we have been working for several years on humains-animal relations, we have been interpelled by Dominique Guillo's proposals in "The forgotten foundations of culture". We wanted to give our reading of it, which is necessarily partial, necessarily located. We did so in a prescriptive (yet already generous) format, which nevertheless seemed to us to be able to allow readers less familiar with the subject matter to locate these proposals in an intellectual and academic space. Dominique Guillo criticises us for not having assessed its proposal for itself, for not having made a critical 'internal' analysis of that proposal. In our view, however, that is what we have done. (.)' ; "Parce que nous travaillons depuis plusieurs années sur les rapports humains-animaux, nous avons été interpellés par les propositions présentées par Dominique Guillo dans "Les Fondements oubliés de la culture". Nous avons souhaité en livrer notre lecture, nécessairement partielle, nécessairement située. Nous l'avons fait dans un format contraint (pourtant déjà généreux), qui néanmoins nous paraissait pouvoir permettre à des lecteurs moins familiers de l'objet de situer ces propositions dans un espace intellectuel et académique. Dominique Guillo nous reproche de ne pas avoir évalué sa proposition pour elle-même, de ne pas en avoir formulé ...
Questions concerning animals' role in society have received little attention from Organization Studies. This article develops and tests some theoretical and methodological propositions aimed at contributing to the elaboration of an analytical framework for interpreting our organized relations with animals and furthering our understanding of what makes human–animal relations 'organizational'. First, examining the role of animals in the 'non-human turn' that has been emerging, especially with the Actor–Network Theory and the Symmetrical Anthropology project, it adresses the limits of the 'non-human' category to analyze situations of coordination of collective action involving animals. It then develops the concept of anthrozootechnical agencement to envisage the role of animals in the course of action through the lens of their relational properties and applies the notion of script to propose an operational formulation of the specifically organizational trials to which these particular agencements are subjected. Based on three case studies (the role of the leash in the organization of human–dog relations, the management of wolves' return to France, and the production of milk on a dairy farm), this article shows that two main types of operation make human–animal relations 'organizational': first, the organization of anthrozootechnical relations is constituted by and constitutive of the combination of three types of specifically organizational test to which these particular agencements are subjected (the performance test, the coherence test, and the dimensioning test); second, the work of organizing anthrozootechnical relations then consists in elaborating, executing, and transforming heterogeneous scripts that are never strictly indexed on the nature (human, animal, technique) of the entities they concern.
Intro -- Table des matières -- Introduction -- Chapitre 1. L'ingénierie écologique : des actions par et/ou pour le vivant, intégrées dans un projet d'ingénierie ? -- Un travail de sémantique nécessaire -- Écologie ingénieriale : une recherche spécifique pour l'ingénierie écologique ? -- L'ingénierie écologique, une action par et/ou pour le vivant ? -- Conclusion -- Chapitre 2. Définir l'ingénierie écologique : quels enjeux ? -- La représentation des relations de l'humain et de la nature -- Le champ d'application de l'ingénierie écologique -- La nature des écosystèmes sur lesquels agit l'ingénierie écologique -- Les valeurs éthiques ont-elles une place dans la définition de l'ingénierie écologique ? -- Faut-il que la définition de l'ingénierie écologique se cristallise dès maintenant, au risque d'exclure des innovations futures ? -- Conclusion -- Chapitre 3. Est-il juste de manipuler la nature ? -- Protéger, restaurer, gérer la nature : un désir de maîtrise scientifique des territoires -- La dimension éthique s'impose -- Nous ou les autres vivants : des valeurs opposées ? -- L'écocentrisme : des valeurs inspirées par l'écologie -- Ambiguïtés -- Vers une éthique évolutionniste -- L'ingénierie écologique : pour ou par le vivant ? -- Ingénieurs écologues, pour que nature vive -- Chapitre 4. Questions éthiques à propos de la restauration écologique -- Que signifie restaurer ? -- Des opérations controversées : critiques et justifications -- Une nature artificielle ? -- Le démiurge et le pilote -- Devoir de réparation ou compensation ? -- Conclusion : le restaurateur, ingénieur ou thérapeute ? -- Chapitre 5. Le génie écologique, une forme d'oxymore ou une science appliquée de la réparation, éthiquement responsable ? -- De la sémantique du génie -- Génie écologique et conservation de la nature -- Éthique de la nature et génie écologique.
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Cadre de la recherche : L'enjeu général et l'originalité de ce dossier thématique de la revue Enfances Familles Générations consiste, à partir de l'insertion familiale des animaux, à interroger conjointement deux transformations sociales majeures : celle des familles humaines et celle des relations humains-animaux. Objectifs : Cette introduction au dossier thématique « place et incidence des animaux dans les familles » vise à présenter l'état des connaissances actuelles sur le sujet, en caractérisant les approches adoptées, en identifiant les angles-morts et les moyens de les combler. Méthodologie : L'article s'appuie sur un état de la littérature et une analyse d'une centaine de publications anglophones et francophones en sciences humaines et sociales qui portent sur la place et l'incidence des animaux dans les familles. Résultats : La première partie de l'article est consacrée à la présentation analytique de la littérature. Trois grandes modalités d'insertion des animaux dans les familles sont identifiables dans les travaux étudiés : l'intégration, l'assimilation, la substitution ; et deux types d'approches ont été privilégiées jusqu'ici pour appréhender la famille dans ses rapports aux animaux : fixiste et flexible. La deuxième partie développe une analyse critique de ces recherches. Nous montrons que, pris dans leur ensemble, ces travaux génèrent un effet de naturalisation des réalités zoologiques, sociologiques et spatio-temporelles très spécifiques étudiées. Nous montrons que cette naturalisation est liée aux modalités d'utilisation peu réflexives de certaines catégories sémantiques (« animal de compagnie », « animal familier », « pet ») ainsi qu'à des régimes particuliers de production de connaissances sociologiques sur la place des animaux dans les familles (fondées en partie sur des données fournies par des industriels, ou produites avec un arrière-plan moral très prégnant). Conclusions : L'article souligne la nécessité de développer et de mettre en œuvre une véritable sociologie des relations familles-animaux qui, d'une part, assumerait plus franchement les partis pris implicites qui ont guidé les recherches jusqu'ici (un positionnement clair vis-à-vis des trois modalités d'insertion des animaux dans les familles), et qui, d'autre part, s'attacherait à dénaturaliser les catégories qu'elle utilise, et à questionner les régimes de connaissance dans lesquels elle s'inscrirait. Contribution : Au-delà d'une interprétation critique et problématisée de la littérature, cet article esquisse plusieurs axes de recherche qui visent à compléter et à rééquilibrer l'image très particulière que nous renvoie aujourd'hui la littérature des dynamiques d'insertion familiale des animaux. Cinq axes sont identifiés : (1) la construction symbolique de l'insertion familiale des animaux (représentations artistiques et médiatiques, construction des catégories) (2) les conditions matérielles de cette insertion (rôle des objets techniques, des marchés) (3) le rôle des animaux dans la construction de l'identité et de la socialisation des familles (4) les utilisations des discours savants et profanes sur les familles animales pour définir et légitimer un modèle de familles humaines (5) la redéfinition sociologique de la famille prenant en compte les différents types d'insertion des animaux
Research Framework : The general challenge and originality of this thematic issue of the journal Enfances Familles Générations consists in jointly exploring two major social transformations brought about by the integration of animals into families : the first transformation being in human families and the second in human-animal relationships.
Objectives : The purpose of this introduction to the thematic issue "The Place and Impact of Animals in Families" is to present the current state of knowledge on the subject, by characterizing the approaches taken and identifying blind spots and how to address them.
Methodology : The article is based on a review of the literature and an analysis of approximately 100 English- and French-language publications in the social sciences and humanities that focus on the place and effect of animals in families.
Results : The first part of the article is devoted to an analytical presentation of the literature. Three principal methods of integrating animals into families can be identified in the works studied : integration, assimilation and substitution. In addition, two types of approaches have been favoured to date on how to understand the family in its relationship with animals : "fixist" and flexible. The second part of the article develops a critical analysis of this research. We show that, taken as a whole, these studies generate a naturalization effect of the very specific zoological, sociological and spatio-temporal realities studied. We show that this naturalization is linked to the ill-considered use of certain semantic categories ("companion animal," "family pet" or simply "pet") 1 . It is also linked to particular systems for the production of sociological knowledge on the place of animals in families (based in part on data provided by key players in the pet industry, or created on a pointedly moral foundation).
Conclusions : The article underlines the need to develop and implement a genuine sociology of family/animal relationships that, on the one hand, more candidly assumes the implicit biases that have guided research to date (a clear positioning in relation to the three methods of integrating animals into families), and on the other hand seeks to denaturalize the categories it uses while questioning the knowledge systems within which it is embedded.
Contribution : Beyond a critical and problematized interpretation of the literature, this article outlines several lines of research that aim to complete and rebalance the particular image that the current literature on the dynamics of integrating animals into the family provides. Five lines are identified : (1) the symbolic construction of the integration of animals into the family (artistic and media representations, construction of categories) ; (2) the physical conditions of this integration (role of technical objects, markets) ; (3) the role of animals in the construction of the identity and socialization of families ; (4) the uses of learned and secular discourses on animal families to define and legitimize a model of human families ; (5) a sociological redefinition of the family, taking into account the different types of animal integration.