Souvent considérés comme temporaires, les mouvements de réfugiés ont tendance à s'inscrire dans la durée, contribuant ainsi à modifier en profondeur les sociétés d'accueil au Moyen-Orient. La non-résolution de certains conflits comme celui qui oppose Israéliens et Palestiniens, ou la permanence de l'insécurité et de la violence comme en Irak ou en Syrie, ont pour conséquence de limiter, voire de rendre impossible, le retour des réfugiés dans leur pays d'origine. Parallèlement, l'absence de procédures d'asile contribue à fragiliser les réfugiés, en les cantonnant dans les emplois les plus précaires et en transformant les camps de réfugiés en des espaces de relégation marqués par la pauvreté et l'absence d'infrastructures .
International audience ; Since the outbreak of the Syrian conflict in 2011, nearly 5 million refugees settled in neighbouring countries. This massive refugee movement follows others, such as the forced exile of Palestinians after the creation of the State Israel in 1948, Lebanese from 1975 to 1990 or the Iraqis since the early 1980s (Chatty 2010). Refugee movements are one of the major consequences of the political crises in the Middle East in recent decades. As a result, the region is hosting one of the largest refugee populations in the world, while most of the host countries (except Turkey and Israel with time and geographical restrictions) are not signatories of the Geneva Convention of 1951. In consequence there is no specific asylum legislation in these host countries (Kagan, 2011). The region is also characterized by a strong and ancient human mobility as a result of regional economic disparities and transnational social ties (Marfleet, 2007). Today's forced migration movements appear to be linked with previous cross border migration at a regional level. Current geographical distribution of Syrian refugees is partially shaped by pre-existing ties and regional labour migration. This chapter will focus first on the socio-political consequences of the mass arrival of Syrian refugees in Lebanon and Jordan. It will focus more specifically on the gradual changes of migration policies in both countries and its consequences on migration patterns. Special attention will be placed on Palestinians refugees from Syria, who face double displacement. It will then analyse the forms of settlement of the Syrian refugees in both countries, with a focus on Jordan. The Syrian crisis has lead to a shift in the Jordanian settlement policy. Until 2012, when Zaatari camp was opened in Northern Jordan, the reluctance of the authorities of the host countries to open new camps was based on the fear of permanent settlement of refugees on their territory, as it is the case for Palestinians.
International audience ; Since the outbreak of the Syrian conflict in 2011, nearly 5 million refugees settled in neighbouring countries. This massive refugee movement follows others, such as the forced exile of Palestinians after the creation of the State Israel in 1948, Lebanese from 1975 to 1990 or the Iraqis since the early 1980s (Chatty 2010). Refugee movements are one of the major consequences of the political crises in the Middle East in recent decades. As a result, the region is hosting one of the largest refugee populations in the world, while most of the host countries (except Turkey and Israel with time and geographical restrictions) are not signatories of the Geneva Convention of 1951. In consequence there is no specific asylum legislation in these host countries (Kagan, 2011). The region is also characterized by a strong and ancient human mobility as a result of regional economic disparities and transnational social ties (Marfleet, 2007). Today's forced migration movements appear to be linked with previous cross border migration at a regional level. Current geographical distribution of Syrian refugees is partially shaped by pre-existing ties and regional labour migration. This chapter will focus first on the socio-political consequences of the mass arrival of Syrian refugees in Lebanon and Jordan. It will focus more specifically on the gradual changes of migration policies in both countries and its consequences on migration patterns. Special attention will be placed on Palestinians refugees from Syria, who face double displacement. It will then analyse the forms of settlement of the Syrian refugees in both countries, with a focus on Jordan. The Syrian crisis has lead to a shift in the Jordanian settlement policy. Until 2012, when Zaatari camp was opened in Northern Jordan, the reluctance of the authorities of the host countries to open new camps was based on the fear of permanent settlement of refugees on their territory, as it is the case for Palestinians.
Depuis 2011, le conflit syrien a donné naissance à l'un des mouvements de réfugiés les plus massifs au Moyen-Orient, depuis la Seconde Guerre mondiale. Comme de nombreux Syriens, les réfugiés palestiniens de Syrie, ont fui les combats et se sont installés dans les pays frontaliers. Ce mouvement a été largement occulté par l'ampleur de la crise syrienne et la masse des 4 millions de réfugiés syriens. À partir de deux séries d'enquêtes réalisées dans les camps et groupements palestiniens autour de la ville de Tyr en 2013 et 2015, cet article a pour objectif de rendre compte de la diversité des expériences migratoires des Palestiniens de Syrie réfugiés au Liban et de montrer comment ils ont pu mobiliser des réseaux de solidarité qui se sont développés grâce aux mobilités transfrontalières et à la structuration de la diaspora palestinienne.
Revue disponible en ligne : http://www.mshs.univ-poitiers.fr/migrinter/index.php?text=e-migrinter/05sommaire2010&lang=fr ; International audience ; Depuis le conflit de 2003 la Suède se présente comme l'un des principaux pays d'accueil des réfugiés Irakiens hors du Moyen-Orient. La presse internationale s'est souvent fait l'écho en 2006 et 2007, à l'heure où l'exode des Irakiens avait atteint son pic, que la commune de Södertälje au sud de Stockholm – qui compte un peu plus de 80 000 habitants - accueillait plus de réfugiés irakiens à elle seule que les Etats-Unis dans leur ensemble depuis la chute du régime baathiste. La ville de Södertälje est souvent qualifiée de Little Baghdad, étant donnée l'ampleur de la présence irakienne qui se manifeste par l'existence de nombreux restaurants, églises et associations dans la municipalité. On peut ainsi entendre la langue assyrienne et le dialecte irakien en se promenant dans le centre-ville. La politique d'asile de la Suède explique en partie l'arrivée d'un très grand nombre d'Irakiens, qui ont pu obtenir un titre de séjour au titre du besoin de protection. L'exode actuel des Irakiens doit cependant être replacé dans une temporalité plus longue, l'Irak ayant connu depuis le début des années 1980 plusieurs conflits d'envergure qui ont chacun poussé au départ de centaines de milliers de réfugiés. En 2003, à la veille de la chute de Saddam Hussein, le HCR dénombrait 400 000 réfugiés irakiens répartis dans plus de 90 pays, dont plus de la moitié installés en Iran, un grand nombre en Jordanie, les autres s'étant dirigés prioritairement vers l'Europe (Allemagne, Pays-Bas et Suède), puis vers les Etats-Unis et l'Australie
Revue disponible en ligne : http://www.mshs.univ-poitiers.fr/migrinter/index.php?text=e-migrinter/05sommaire2010&lang=fr ; International audience ; Depuis le conflit de 2003 la Suède se présente comme l'un des principaux pays d'accueil des réfugiés Irakiens hors du Moyen-Orient. La presse internationale s'est souvent fait l'écho en 2006 et 2007, à l'heure où l'exode des Irakiens avait atteint son pic, que la commune de Södertälje au sud de Stockholm – qui compte un peu plus de 80 000 habitants - accueillait plus de réfugiés irakiens à elle seule que les Etats-Unis dans leur ensemble depuis la chute du régime baathiste. La ville de Södertälje est souvent qualifiée de Little Baghdad, étant donnée l'ampleur de la présence irakienne qui se manifeste par l'existence de nombreux restaurants, églises et associations dans la municipalité. On peut ainsi entendre la langue assyrienne et le dialecte irakien en se promenant dans le centre-ville. La politique d'asile de la Suède explique en partie l'arrivée d'un très grand nombre d'Irakiens, qui ont pu obtenir un titre de séjour au titre du besoin de protection. L'exode actuel des Irakiens doit cependant être replacé dans une temporalité plus longue, l'Irak ayant connu depuis le début des années 1980 plusieurs conflits d'envergure qui ont chacun poussé au départ de centaines de milliers de réfugiés. En 2003, à la veille de la chute de Saddam Hussein, le HCR dénombrait 400 000 réfugiés irakiens répartis dans plus de 90 pays, dont plus de la moitié installés en Iran, un grand nombre en Jordanie, les autres s'étant dirigés prioritairement vers l'Europe (Allemagne, Pays-Bas et Suède), puis vers les Etats-Unis et l'Australie
Revue disponible en ligne : http://www.mshs.univ-poitiers.fr/migrinter/index.php?text=e-migrinter/05sommaire2010&lang=fr ; International audience ; Depuis le conflit de 2003 la Suède se présente comme l'un des principaux pays d'accueil des réfugiés Irakiens hors du Moyen-Orient. La presse internationale s'est souvent fait l'écho en 2006 et 2007, à l'heure où l'exode des Irakiens avait atteint son pic, que la commune de Södertälje au sud de Stockholm – qui compte un peu plus de 80 000 habitants - accueillait plus de réfugiés irakiens à elle seule que les Etats-Unis dans leur ensemble depuis la chute du régime baathiste. La ville de Södertälje est souvent qualifiée de Little Baghdad, étant donnée l'ampleur de la présence irakienne qui se manifeste par l'existence de nombreux restaurants, églises et associations dans la municipalité. On peut ainsi entendre la langue assyrienne et le dialecte irakien en se promenant dans le centre-ville. La politique d'asile de la Suède explique en partie l'arrivée d'un très grand nombre d'Irakiens, qui ont pu obtenir un titre de séjour au titre du besoin de protection. L'exode actuel des Irakiens doit cependant être replacé dans une temporalité plus longue, l'Irak ayant connu depuis le début des années 1980 plusieurs conflits d'envergure qui ont chacun poussé au départ de centaines de milliers de réfugiés. En 2003, à la veille de la chute de Saddam Hussein, le HCR dénombrait 400 000 réfugiés irakiens répartis dans plus de 90 pays, dont plus de la moitié installés en Iran, un grand nombre en Jordanie, les autres s'étant dirigés prioritairement vers l'Europe (Allemagne, Pays-Bas et Suède), puis vers les Etats-Unis et l'Australie
International audience ; Les révolutions arabes ont profondément modifié la géographie des migrations au Moyen-Orient (Liban, Palestine, Syrie, Jordanie, Irak). A la permanence d'une migration de main d'œuvre non arabe, s'ajoute l'explosion du nombre de réfugiés, dont les flux actuels originaires de Syrie viennent s'ajouter aux vagues précédentes originaires d'Irak et de Palestine. Alors que les pays de la région ne sont pas signataires de la Convention de Genève de 1951 sur les réfugiés, les réponses politiques des pays d'accueil demeurent faibles face à l'afflux massif de nouveaux réfugiés. Ces différents Etats ne sont pas dotés de système d'asile propre et leurs politiques migratoires reposent sur des outils contraignants, encadrant très strictement les modalités d'entrée, de séjour et d'accès au marché de l'emploi. En situation de crise, les modes de régulation sont assez similaires pour l'ensemble des pays de la région, oscillant entre une ouverture assez large (mais toujours sélective) des frontières, et des restrictions, voire la fermeture des frontières lorsque les conflits s'installent dans la durée.
International audience ; Les révolutions arabes ont profondément modifié la géographie des migrations au Moyen-Orient (Liban, Palestine, Syrie, Jordanie, Irak). A la permanence d'une migration de main d'œuvre non arabe, s'ajoute l'explosion du nombre de réfugiés, dont les flux actuels originaires de Syrie viennent s'ajouter aux vagues précédentes originaires d'Irak et de Palestine. Alors que les pays de la région ne sont pas signataires de la Convention de Genève de 1951 sur les réfugiés, les réponses politiques des pays d'accueil demeurent faibles face à l'afflux massif de nouveaux réfugiés. Ces différents Etats ne sont pas dotés de système d'asile propre et leurs politiques migratoires reposent sur des outils contraignants, encadrant très strictement les modalités d'entrée, de séjour et d'accès au marché de l'emploi. En situation de crise, les modes de régulation sont assez similaires pour l'ensemble des pays de la région, oscillant entre une ouverture assez large (mais toujours sélective) des frontières, et des restrictions, voire la fermeture des frontières lorsque les conflits s'installent dans la durée.
Depuis 2011, la crise syrienne et ses conséquences sur la population des quelque 500 000 réfugiés palestiniens qui y résident a fait rejaillir la vulnérabilité de cette population dans l'ensemble des pays du Moyen-Orient depuis son exode de 1948. Loin des discriminations sociales et économiques dont ils ont été les victimes dans certains pays voisins, comme au Liban, les réfugiés palestiniens se sont vus assurer en Syrie un accès sans entraves particulières à tous les secteurs de l'instruction publique ainsi qu'au marché du travail local. Mais la rébellion syrienne et la guerre civile qui s'en est suivie depuis 2011 les a ramenés à leur condition première : un peuple apatride, otage du conflit en cours, dépourvu d'une réelle protection étatique et exclu du système universel de protection des réfugiés mis en place par les Nations unies au début des années 1950.
The Groupe de Recherche Internationale (GDRI) sponsored by several European, and Latin American institutions, started its collective work in 2012 following one purpose: to analyze the emergent forms of international migration in the contemporary contexts of globalization. The first meeting was held in Guatemala, City in 2012; a year after, the group continued its works in Amman. The third meeting has been organized in Tokyo in 2014; this was the opportunity to invite new participants who were working on Asian countries. Finally, in 2015, the last seminar was carried out in Madrid. Throughout this time, participants from North Africa, Middle East, Latin America, Asia, and Europe were conceiving the outline of the proposal book we present in this document. [.] ; Cet ouvrage se propose de présenter des expériences migratoires, rapportées sous la forme de récits. Nous nous sommes intéressés à la dimension dynamique de la migration, qui devient effectivement une trajectoire complexe, faite d'étapes, de retours, de circulations et plus seulement, comme à l'ère industrielle, un exil bipolaire (là-bas/ici). Dans cet ensemble de mouvements complexes, dynamiques, un certain nombre de "carriers" sont des bifurcations, c'est à dire des infléchissements de destins, mettant en scène à la fois des trajectoires, des événements, des bifurcations. Entre l'illusion biographique et l'expérience cumulée et accumulée. A la fois des parcours très ordinaires et très singuliers, ces récits mettent en scène au travers le monde entier, une nouvelle mondialisation humaine. Ce sont à la fois des histoires de barrières à franchir dans des situations chaotiques entrecoupées d'événements paisibles dans des contextes tranquilles. Ces parcours ne révèlent pas seulement la prégnance de politiques migratoires, mais aussi la politique de qualification mise en œuvre et développée par les pays. Cette tension présente tout le long dans les récits entre destin assigné, bifurcation, aventure, mobilisation. A la fois ils s'affranchissent des normes ...
The Groupe de Recherche Internationale (GDRI) sponsored by several European, and Latin American institutions, started its collective work in 2012 following one purpose: to analyze the emergent forms of international migration in the contemporary contexts of globalization. The first meeting was held in Guatemala, City in 2012; a year after, the group continued its works in Amman. The third meeting has been organized in Tokyo in 2014; this was the opportunity to invite new participants who were working on Asian countries. Finally, in 2015, the last seminar was carried out in Madrid. Throughout this time, participants from North Africa, Middle East, Latin America, Asia, and Europe were conceiving the outline of the proposal book we present in this document. [.] ; Cet ouvrage se propose de présenter des expériences migratoires, rapportées sous la forme de récits. Nous nous sommes intéressés à la dimension dynamique de la migration, qui devient effectivement une trajectoire complexe, faite d'étapes, de retours, de circulations et plus seulement, comme à l'ère industrielle, un exil bipolaire (là-bas/ici). Dans cet ensemble de mouvements complexes, dynamiques, un certain nombre de "carriers" sont des bifurcations, c'est à dire des infléchissements de destins, mettant en scène à la fois des trajectoires, des événements, des bifurcations. Entre l'illusion biographique et l'expérience cumulée et accumulée. A la fois des parcours très ordinaires et très singuliers, ces récits mettent en scène au travers le monde entier, une nouvelle mondialisation humaine. Ce sont à la fois des histoires de barrières à franchir dans des situations chaotiques entrecoupées d'événements paisibles dans des contextes tranquilles. Ces parcours ne révèlent pas seulement la prégnance de politiques migratoires, mais aussi la politique de qualification mise en œuvre et développée par les pays. Cette tension présente tout le long dans les récits entre destin assigné, bifurcation, aventure, mobilisation. A la fois ils s'affranchissent des normes ...