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Depuis une vingtaine d'année maintenant, les politiques éducatives des systèmes scolaires européens ont connu des transformations substantielles. Ces transformations, d'ordre structurel et cognitif, s'organisent autour 1) d'une redistribution des pouvoirs entre le centre et la périphérie et 2) d'une prise en compte de plus en plus forte des « effets » des systèmes scolaires. Dans cet article, notre objectif est toutefois de montrer à partir d'une analyse comparée de l'évolution des processus d'évaluation et d'accompagnement des établissements d'enseignement en Suède et en Angleterre, qu'au-delà de ces convergences visibles et repérables, les politiques d'accompagnement et d'évaluation des établissements d'enseignement des systèmes scolaires européens comportent un caractère spécifique et de facto irréductible aux modèles transnationaux d'éducation émergents. L'analyse comparée des processus d'évaluation et d'accompagnement des établissements d'enseignement dans ces deux systèmes scolaires ouvre ainsi la porte à une discussion des critères de diversité des politiques de reddition de compte (accountability) dans l'espace européen. Cette discussion est organisée autour de trois axes : 1) les théories de la régulation et du changement sous-jacentes, 2) la signification des processus de décentralisation/centralisation et 3) la transformation des représentations légitimes des systèmes scolaires qui accompagnent ces transformations politiques.

Les organisations scolaires ont longtemps été caractérisées comme des systèmes faiblement coordonnés. Dans les établissements, les décisions relatives aux pratiques, le choix du matériel pédagogique et la conduite de la classe sont fondamentalement des affaires individuelles, soustraites au regard des collègues, tandis que la direction coordonne peu le travail des enseignants et ne contrôle pour ainsi dire pas la progression des élèves. Des transformations des modes de régulation amorcées dans les années 1980 ont pourtant sensiblement modifié la place de l'établissement comme lieu d'orientation des politiques et des pratiques d'enseignement, et accentué la coordination du travail des enseignants. C'est dans le cadre de ces transformations politico-institutionnelles que nous nous interrogeons sur la question de la coordination locale du travail enseignant. L'objet majeur de la présente thèse est de comprendre comment et à quelles conditions l'établissement scolaire peut être un lieu de coordination du travail enseignant, mais aussi d'estimer l'impact de la coordination locale sur l'apprentissage des élèves. Trois approches sont successivement explorées à partir d'un travail de synthèse critique de la littérature et de recherches empiriques originales. La première approche vise à rendre compte des facettes explicites de la coordination du travail enseignant et à donner sens à l'ordre social apparent qui caractérise les systèmes scolaires. La seconde voie pose la question de l'efficacité des modes de coordination locaux. Enfin, des modèles microsociologiques ont été mobilisés pour fonder théoriquement l'hypothèse selon laquelle les sources des variations locales des formes de coordination sont en partie le fruit d'un travail local et interprétatif des enseignants. ; (PSY 3) -- UCL, 2009

Les organisations scolaires ont longtemps été caractérisées comme des systèmes faiblement coordonnés. Dans les établissements, les décisions relatives aux pratiques, le choix du matériel pédagogique et la conduite de la classe sont fondamentalement des affaires individuelles, soustraites au regard des collègues, tandis que la direction coordonne peu le travail des enseignants et ne contrôle pour ainsi dire pas la progression des élèves. Des transformations des modes de régulation amorcées dans les années 1980 ont pourtant sensiblement modifié la place de l'établissement comme lieu d'orientation des politiques et des pratiques d'enseignement, et accentué la coordination du travail des enseignants. C'est dans le cadre de ces transformations politico-institutionnelles que nous nous interrogeons sur la question de la coordination locale du travail enseignant. L'objet majeur de la présente thèse est de comprendre comment et à quelles conditions l'établissement scolaire peut être un lieu de coordination du travail enseignant, mais aussi d'estimer l'impact de la coordination locale sur l'apprentissage des élèves. Trois approches sont successivement explorées à partir d'un travail de synthèse critique de la littérature et de recherches empiriques originales. La première approche vise à rendre compte des facettes explicites de la coordination du travail enseignant et à donner sens à l'ordre social apparent qui caractérise les systèmes scolaires. La seconde voie pose la question de l'efficacité des modes de coordination locaux. Enfin, des modèles microsociologiques ont été mobilisés pour fonder théoriquement l'hypothèse selon laquelle les sources des variations locales des formes de coordination sont en partie le fruit d'un travail local et interprétatif des enseignants. ; (PSY 3) -- UCL, 2009

L'article montre que la trajectoire de la réforme de l'inspection en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) est loin d'être linéaire. Elle est marquée par des processus de reconversion institutionnelle d'institutions existantes, mais aussi de sédimentation et d'hybridation entre l'« ancien » et le « nouveau ». En effet, elle participe à la fois d'une politique de changement institutionnel ambitieuse et de construction du « système scolaire » dans un paysage au départ assez décentralisé et fragmenté ; mais, simultanément, elle est marquée par des « contraintes » institutionnelles existantes, des négociations et transactions entre différents acteurs politiques et scolaires qui déterminent les contours et les compétences du nouveau corps d'inspection en gestation après le décret de 2007 comme les rôles des inspecteurs et leur division du travail avec d'autres acteurs. De plus, dans la mise en œuvre du décret, les orientations normatives, cognitives et professionnelles des acteurs, la permanence de la diversité institutionnelle des réseaux comme la variance structurelle des territoires « modulent » et « tempèrent » l'ambition du changement institutionnel affiché par la politique de la FWB. Cela change mais pas complètement : il y a un processus de conversion partielle et « en tension » de l'institution qu'est l'inspection.

The use of external student assessment as a tool to regulate school systems and teaching practices has created a new political momentum since the 1980s and 1990s. This is partly part of the belief in the capacity of such a tool to contribute to the improvement of teaching practices and thereby the "performance" of school systems. This article seeks to report on the literature that considered the effects of external evaluations on the practices put in place by teachers. ; L'utilisation de l'évaluation externe des élèves comme outil de régulation des systèmes scolaires et des pratiques enseignantes suscite un nouvel engouement politique depuis les années 1980 et 1990. Cet engouement s'inscrit en partie dans la croyance en la capacité d'un tel outil à contribuer à l'amélioration des pratiques enseignantes et par là des « performances » des systèmes scolaires. Cet article cherche à faire un état de la littérature ayant considéré les effets des évaluations externes sur les pratiques mises en place par les enseignants.

L'article montre que la trajectoire de la réforme de l'inspection en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) est loin d'être linéaire. Elle est marquée par des processus de reconversion institutionnelle d'institutions existantes, mais aussi de sédimentation et d'hybridation entre l'« ancien » et le « nouveau ». En effet, elle participe à la fois d'une politique de changement institutionnel ambitieuse et de construction du « système scolaire » dans un paysage au départ assez décentralisé et fragmenté ; mais, simultanément, elle est marquée par des « contraintes » institutionnelles existantes, des négociations et transactions entre différents acteurs politiques et scolaires qui déterminent les contours et les compétences du nouveau corps d'inspection en gestation après le décret de 2007 comme les rôles des inspecteurs et leur division du travail avec d'autres acteurs. De plus, dans la mise en œuvre du décret, les orientations normatives, cognitives et professionnelles des acteurs, la permanence de la diversité institutionnelle des réseaux comme la variance structurelle des territoires « modulent » et « tempèrent » l'ambition du changement institutionnel affiché par la politique de la FWB. Cela change mais pas complètement : il y a un processus de conversion partielle et « en tension » de l'institution qu'est l'inspection.

L'utilisation de l'évaluation externe des élèves comme outil de régulation des systèmes scolaires et des pratiques enseignantes suscite un nouvel engouement politique depuis les années 1980 et 1990. Cet engouement s'inscrit en partie dans la croyance en la capacité d'un tel outil à contribuer à l'amélioration des pratiques enseignantes et par là des « performances » des systèmes scolaires. Cet article cherche à faire un état de la littérature ayant considéré les effets des évaluations externes sur les pratiques mises en place par les enseignants.

L'utilisation de l'évaluation externe des élèves comme outil de régulation des systèmes scolaires et des pratiques enseignantes suscite un nouvel engouement politique depuis les années 1980 et 1990. Cet engouement s'inscrit en partie dans la croyance en la capacité d'un tel outil à contribuer à l'amélioration des pratiques enseignantes et par là des « performances » des systèmes scolaires. Cet article cherche à faire un état de la littérature ayant considéré les effets des évaluations externes sur les pratiques mises en place par les enseignants.

L'analyse de l'évolution des environnements institutionnels des établissements scolaires (en Europe) tend à montrer que l'établissement scolaire est perçu tant par ses usagers (en particulier les parents) que par les politiques publiques comme une pièce centrale du système éducatif et qu'en conséquence, la pression à l'efficacité et à la différenciation crée des conditions propices à un travail local d'élucidation collective sur le sens même de l'activité éducative. S'appuyant sur ce constat, un cadre d'analyse des rapports des établissements avec leur environnement, centré sur le concept d'identité d'établissement, est proposé. Ce cadre distingue – tout en les articulant – les concepts de culture, d'identité et d'image organisationnelle, contribuant de la sorte à dissiper le flou notionnel qui marque la veine de recherches qui pose la question de la capacité des établissements à se définir comme des unités pédagogiques et éducatives significatives.

In this paper, we aim to advance the understanding of the institutional mechanisms that have shaped the teacher education environment in England over the last forty years. Based on the analyses of policy documents and elite interviews rooted in a neo-institutionalist analytical framework, we argue that the changes from a laissez-faire policy in the 1970s to one of strict oversight and accountability are linked to mimesis of a (global) New Public Management paradigm that has been supported by coercive control levers through inspections and prescribed standards. We found that the current environment was forged in three steps involving the government entering the game through certification and accreditation, shifting the normative voice of teachers by furthering the academic-practitioner split, and defining core landmarks of the profession through professional standards. Finally, we argue that the institutional changes have brought about a profound re-conceptualisation of the teacher, from scholar to professional craftsperson.

In this paper, we aim to advance the understanding of the institutional mechanisms that have shaped the teacher education environment in England over the last forty years. Based on the analyses of policy documents and elite interviews rooted in a neo-institutionalist analytical framework, we argue that the changes from a laissez-faire policy in the 1970s to one of strict oversight and accountability are linked to mimesis of a (global) New Public Management paradigm that has been supported by coercive control levers through inspections and prescribed standards. We found that the current environment was forged in three steps involving the government entering the game through certification and accreditation, shifting the normative voice of teachers by furthering the academic-practitioner split, and defining core landmarks of the profession through professional standards. Finally, we argue that the institutional changes have brought about a profound re-conceptualisation of the teacher, from scholar to professional craftsperson.

his article aims to understand how new accountability instruments in the context of the French-speaking Belgian educational system are appropriated by schools. After having characterised the specific nature of those instruments in the context of a traditionally highly decentralised system involved in a significant process of centralisation, we identify their effects through the case study of three schools. Using a new institutionalist lens, the analyses show that these instruments refer, in the French-speaking Belgian context, to a specific demand from the political environment of schools: developing and framing a common educational landscape, rather than to a logic of teacher evaluation. The data also indicate a reaffirmation, against this specific political demand, of three traditional ways of functioning tied up to the requests made by local educational communities. Thus, the analyses show a conflict between inherited institutions highly embedded in local contexts and the political signal associated with the new accountability instruments aiming to institutionalise common norms at the system level.

his article aims to understand how new accountability instruments in the context of the French-speaking Belgian educational system are appropriated by schools. After having characterised the specific nature of those instruments in the context of a traditionally highly decentralised system involved in a significant process of centralisation, we identify their effects through the case study of three schools. Using a new institutionalist lens, the analyses show that these instruments refer, in the French-speaking Belgian context, to a specific demand from the political environment of schools: developing and framing a common educational landscape, rather than to a logic of teacher evaluation. The data also indicate a reaffirmation, against this specific political demand, of three traditional ways of functioning tied up to the requests made by local educational communities. Thus, the analyses show a conflict between inherited institutions highly embedded in local contexts and the political signal associated with the new accountability instruments aiming to institutionalise common norms at the system level.