Dans les sociétés sécularisées, le suicide assisté est d'abord une demande d'interruption de la souffrance. Mais ne risque-t-il pas de nous réconcilier à trop bon compte avec les incertitudes liées à la mort ?
Contre les confusions du présent, il faut réactiver la mémoire historique et se souvenir que le projet politique de l'extrême droite est toujours l'inégalité de droit entre humains.
Les critiques contemporaines de la modernité remettent en cause son ontologie naturaliste, jugée responsable de la catastrophe écologique, au profit d'alternatives prémodernes, qui soulignent l'appartenance des humains et des non-humains à un même milieu de vie. Mais n'est-ce pas se priver de l'inachèvement du monde, principe indispensable à la critique du présent ?
Pourquoi l'action morale est-elle si souvent représentée comme un combat intérieur ? Il existe entre la guerre et la vertu un lien : se conduire moralement, c'est mener une lutte contre ses pulsions qui réclame du courage. Plus qu'un autre, le soldat n'agit pourtant pas sous son seul regard. Celui de ses frères d'armes, et parfois même celui de ses ennemis, lui rappelle que la guerre n'est pas seulement un combat à mort, mais aussi un partage d'humanité.
Longtemps épargnée par les crises, l'Allemagne est rattrapée, depuis quelques mois, par les conséquences de l'épidémie. Le pays fait ainsi l'apprentissage de sa propre vulnérabilité, qui se traduit par l'émergence de tendances eurosceptiques.
La pandémie de coronavirus et l'attitude démunie de l'institution médicale face à elle ont eu raison de la foi en une seule vérité censée guider la recherche scientifique. En cette période de défiance généralisée, la réaction la plus sage consiste peut-être à expliciter franchement notre ignorance.
La nécessité de décider dans l'urgence, surtout dans les périodes de crise (écologique ou sanitaire), est souvent présentée comme un argument contre la démocratie. Pourtant, cette dernière prend le temps de la délibération, parce que le temps ne reste pas extérieur à son action.
Si l'argent est désirable parce qu'il pacifie les rapports sociaux, il devient tragique dès lors qu'il réclame d'être aimé pour lui-même. La soif de l'or oublie le sang des pauvres et, dans le capitalisme financier, prend la figure d'une passion du calcul.
Comment comprendre ce besoin presque infini de partager son intimité dans nos sociétés ? Michaël Foessel fait pour y répondre le pari d'un détour métaphysique. Il montre qu'est moins en jeu la volonté d'échange que celle de prouver l'existence tangible de son intimité dans ces interactions. Paradoxalement, l'abondance des possibilités de mises en scènes de soi numérique introduit ainsi une tension supplémentaire dans l'expérience contemporaine de l'intime.
Nietzsche affronte l'épuisement historique de la parole chrétienne pour inventer de nouvelles divinités, Barth pense son irréductibilité aux discours mondains : ces deux auteurs rappellent ainsi que, derrière ledit retour du religieux, il y a l'absence de Dieu.
Dans l'hypothèse libérale, l'individu se représente librement son désir alors que, dans l'hypothèse disciplinaire, cette représentation assigne l'individu à une identité. Dans les deux cas, la sexualité est réduite à une représentation qui empêche le plaisir de faire événement.
La gauche est en crise parce qu'elle a perdu sa foi dans le progrès, réformiste ou révolutionnaire. L'économie mondialisée s'impose à nous comme un avenir déjà réalisé et auquel il faudrait s'adapter. À cela, on peut opposer la force de l'ironie et le désir de rajuster le temps de la vie et le temps du monde.