L'état militaire : aggiornamento ou rupture ?
In: Inflexions, Volume 20, Issue 2, p. 53-63
L'époque est aux ruptures et l'institution militaire n'échappe pas au phénomène : missions d'un type nouveau, environnement bouleversé, adversaires incertains et insaisissables, technologie envahissante, coûts exorbitants, médias omniprésents… Le soldat se pose la question de son utilité et aussi de sa spécificité face à ces bouleversements qui ne suscitent aucun débat public dans les opinions comme au sein des sphères du pouvoir. La défense militaire du territoire et des populations ne semble plus être la priorité, alors même que les armées ne sont plus dimensionnées pour y répondre, même collectivement, en Europe. Parallèlement, l'aspect sacré de la mission se délite sous une apparente banalisation de l'état militaire, l'évaporation du soldat du paysage national et l'effacement du « commandement » dans l'appareil d'État accentué en partie par son absence d'expression publique sincère… Dans ces conditions, le soldat doit-il se résigner, s'isoler ou s'adapter tout en entretenant par nécessité les valeurs qui fondent l'état militaire ? La réponse appartient aux responsables politiques, certainement, mais qui doivent rester à l'écoute d'une hiérarchie militaire consciente de ses responsabilités et de la portée de ses convictions.