Au printemps 2006, plusieurs personnalités françaises, acteurs et experts de la vie économique et sociale, ont été rencontrées afin de recueillir leur point de vue sur les performances de la France en matière de croissance et d'emploi. Une synthèse de ces entretiens est proposée dans cet article. La médiocrité des performances françaises est largement ressentie par les personnalités rencontrées comme un fait admis. Elle est perçue comme une inquiétante tendance au décrochage, comparativement aux pays industrialisés les plus dynamiques et à l'intensité de la croissance mondiale. Différents courants explicatifs de cette situation sont repérables parmi les personnalités interviewées. Cette synthèse est rapprochée de travaux publiés au cours des dernières années, qui abordent les mêmes thèmes. Enfin, les éléments de diagnostic qui en découlent sont mobilisés pour exprimer un point de vue sur la politique de réformes menée en France depuis le printemps 2007. Cette politique couvre en effet un front large, qui recoupe les différents domaines de diagnostic et d'action évoqués au cours des entretiens.
Résumé Cet article utilise la lecture des travaux de El Mouhoub Mouhoud, Joël Oudinet et Franck Bailly pour repérer les nouveaux modes de migration vers et au travers de l'Europe. Les changements qui affectent les mouvements migratoires – des migrants plus qualifiés, des migrations répétées – représentent un défi pour les politiques d'immigration et d'intégration, ainsi que pour les acteurs sociaux des pays hôtes. Tous les pays de l'Union européenne à quinze sont désormais des pays d'accueil, mais cette situation est nouvelle pour plusieurs d'entre eux et, dans les autres, les politiques nationales relèvent d'histoires différentes : comparativement aux États-Unis, le régime migratoire européen n'est ni stabilisé, ni unifié. La mobilité intra-européenne des migrants augmente.Mais c'est une mobilité sans véritables droits de citoyenneté pour les migrants d'origine extracommunautaire. Leur vulnérabilité juridique a des conséquences pour le fonctionnement desmarchés du travail. Cette mobilité est une épreuve pour des États nationaux soucieux de leur souveraineté. Une évolution logique serait la définition et la mise en œuvre effective d'une politique commune d'immigration de l'Union. Le mouvement vers une telle politique est engagé, mais c'est un processus complexe. Le résultat des itérations entre l'activisme de la Commission européenne et les efforts des États nationaux pour conserver leurs prérogatives reste incertain.
Le problème des rapports entre l'épargne et l'investissement est un vieux débat dans le monde des économistes, mais son intensité est variable et obéit aux rythmes cycliques qui gouvernent la nature des préoccupations macro-économiques. Ce débat est revenu sur le devant de la scène depuis quelques années, parallèlement au redémarrage de la croissance intervenu dans les grands pays industrialisés sur la seconde moitié des années quatre-vingt. On pourrait donc voir dans ce remake un événement de nature principalement conjoncturelle : les besoins et désirs d'investissement associés à la phase d'expansion de la seconde moitié de la décennie quatre-vingt ont fini, classiquement, par trop tirer sur la corde des financements et fait ainsi ressentir un déficit d'épargne. De plus, à la fin de cette période d'expansion, le choc spécifique des changements affectant les pays est-européens et révélant brutalement l'ampleur de leurs besoins de financement, aurait aggravé ces tensions. On notera cependant d'emblée que la polarisation récente du débat macroéconomique sur le thème de la pénurie d'épargne est, au premier degré, quelque peu paradoxal, au terme d'une décennie qui, par réaction aux excès antérieurs de l'économie d'endettement administrée, prétendait rétablir des incitations saines et puissantes à une épargne volontaire et stable par le retour en force et l'approfondissement des marchés financiers. Si le thème de la pénurie d'épargne a une certaine vérité, il témoigne en ce cas d'une mise en échec des réformes financières intervenues au cours des années quatfë-vihgtV On peut aborder la question des rapports de l'épargne et de l'investissement comme un problème de nature conjoncturelle, lié au déroulement habituel du cycle économique de moyenne période, et commenter sous cet angle les indicateurs conjoncturels disponibles. Cette manière de voir est cependant insuffisante pour rendre compte des évolutions intervenues durant les années quatre-vingt : ces évolutions relèvent aussi de « changements de régime » qui infléchissent ou modifient les trends apparents et ces changements interfèrent avec le cycle conjoncturel. Pour saisir l'originalité de la configuration macro-économique présente, il faut bien évidemment prendre en compte ces interférences et expliciter leur contenu. Interpréter les enchaînements des décennies quatre-vingt et quatre-vingt-dix comme le moment d'une interaction forte entre cycles de différente périodicité, courts et longs, parait alors une hypothèse de travail stimulante. L 'article est articulé en deux parties. La première s 'attache à fournir un schéma général des interactions entre épargne et investissement au cours du cycle conjoncturel. Elle examine les données françaises sur l'ensemble de l'après-guerre, situées dans leur contexte international, à la lumière de ce schéma. La seconde partie se concentre sur le rôle joué par les facteurs patrimoniaux et financiers dans les dynamiques cycliques à l'œuvre durant les décennies quatre-vingt et quatre-vingt-dix.
Ce papier présente et commente les techniques descriptives d'analyse cyclique aujourd'hui utilisées par l'OCDE. L 'intérêt de ce corpus technique est double : la méthodologie en usage à l'OCDE, qui élargit et prolonge des techniques initialement développées par des auteurs américains du NBER (1), constitue une synthèse de travaux antérieurs, dont la tradition remonte jusqu'au début du siècle (2), et cette synthèse permet d'appliquer une méthode homogène à l'ensemble de la zone OCDE. On peut donc considérer cette méthodologie comme représentative de l'attitude pratique des conjoncturistes attentifs aux réalités cycliques et confrontés, en temps réel, à la caractéri- sation du moment du cycle en cours. Avant d'entrer dans la matière elle-même, l'introduction est consacrée à un énoncé rapide et interro- gatif des problèmes soulevés par la confrontation de cette tradition d'analyse cyclique et des nouvelles techniques d'analyse développées par l'économètrie des séries temporelles : il ne s'agit que d'un préambule pour un dialogue qui devrait être poursuivi et approfondi.
Bulgaria : Difficulties of a Transition in the Balkans Jacky Fayolle In Bulgaria, a resolute and coherent set of decisions had been made as early as the beginning of 1991 in order to stabilise and adjust the economy. The main objectives were to reduce imbalances resulting from the previous social and economic system and to create conditions favorable to the surge of a market economy. Those decisions were made at a time when COMECON was collapsing while Bulgaria was plagued by an important external debt. It has therefore been difficult for that country to find its place in worldwide trade and on international financial markets. The « big bang » through which prices were liberalised under a strong external financial constraint has lead to immediate difficulties in coping with the goal of macro-economic stabilisation. Things are made even more difficult by the resilience of behaviours inconsistent with a market economy. Micro-economic adaptation is slow while the households situation is quickly deteriorating. In that context, structural reforms appear as a distant goal. The analysis of general business conditions is founded on the statistical data available at the present time. They are partial and fragile. Still, the statistical system has been rapidly developped during the past two years as an answer to the needs expressed by the authorities in charge of economic policies. The problems attached to the figures are one illustration of the problems of the economy itself.