In: The journal of modern African studies: a quarterly survey of politics, economics & related topics in contemporary Africa, Band 58, Heft 3, S. 492-493
Loin d'être une réponse ponctuelle et localisée contre un régime autoritaire, l'explosion populaire qui a secoué la Tunisie en 2011 a des racines profondes qui renvoient de manière générale à l'aggravation des inégalités socio-spatiales qui ont accompagné les processus de développement. Elle entretient en particulier des liens étroits avec la crise du monde rural et agricole, comme l'attestent les mouvements de protestations et les nombreuses mobilisations d'agriculteurs et de paysans avant et après janvier 2011. Revendiquant un meilleur accès aux ressources, le droit de se regrouper dans des organisations autonomes et représentatives, ainsi qu'une meilleure protection des intérêts des agriculteurs, ces mouvements continuent de susciter une attention réduite de la part des nouveaux pouvoirs publics, qui a plusieurs occasions ont réaffirmé leur adhésion aux modèles néolibéraux du développement agricole. En l'absence de prise en compte des demandes émanant des acteurs sociaux impliqués dans l'activité agricole, et à défaut d'initiatives permettant d'associer ces derniers dans une réflexion de fond sur les problèmes du secteur, il y a fort à parier que les tensions et les conflits, dont les causes profondes n'ont pas encore reçu de traitement adéquat, iront en s'exacerbant.
International audience ; Originating in rural areas, the popular uprising that led to the Tunisian revolution of 14 January 2011 has shed light on the growing social and regional disparities that have characterized development dynamics in Tunisia. While favouring the reallocation of resources to coastal areas to the detriment of interior and agricultural regions, liberalization processes since the late 1980s also fostered export-oriented agricultural development strategies, based on the promotion of large-scale agricultural enterprises and irrigated farming. As a result, imports of grains and animal feed have come to represent a growing source of commercial balance deficit and of financial pressure on public budgets, particularly since the food crisis of 2008. On the other hand, decreasing farm subsidies, higher production costs, growing farmers' indebtedness, have importantly reduced the reproduction capacity of a large fraction of farms, particularly in the rain-fed agriculture sector. As rural outmigration and non-farm employment opportunities have been declining, small farms have become survival spaces for jobless household members, increasing the pressure on family resources and exacerbating social frustrations. While rising food prices were not the only cause of recent uprisings in Tunisia, processes of agricultural restructuring during the past 20 years contributed importantly to fuel the revolutionary dynamics, thus giving a political dimension to food issues. As demonstrated by the rise of farmers' protest movement (land occupations, contestation of farmers unions, refusal to pay for irrigation water), structural change allowing for an increased control of economic resources by local farm producers is needed, but will fundamentally depend on the effectiveness of current process of 'democratic' transition in Tunisia.
International audience ; Originating in rural areas, the popular uprising that led to the Tunisian revolution of 14 January 2011 has shed light on the growing social and regional disparities that have characterized development dynamics in Tunisia. While favouring the reallocation of resources to coastal areas to the detriment of interior and agricultural regions, liberalization processes since the late 1980s also fostered export-oriented agricultural development strategies, based on the promotion of large-scale agricultural enterprises and irrigated farming. As a result, imports of grains and animal feed have come to represent a growing source of commercial balance deficit and of financial pressure on public budgets, particularly since the food crisis of 2008. On the other hand, decreasing farm subsidies, higher production costs, growing farmers' indebtedness, have importantly reduced the reproduction capacity of a large fraction of farms, particularly in the rain-fed agriculture sector. As rural outmigration and non-farm employment opportunities have been declining, small farms have become survival spaces for jobless household members, increasing the pressure on family resources and exacerbating social frustrations. While rising food prices were not the only cause of recent uprisings in Tunisia, processes of agricultural restructuring during the past 20 years contributed importantly to fuel the revolutionary dynamics, thus giving a political dimension to food issues. As demonstrated by the rise of farmers' protest movement (land occupations, contestation of farmers unions, refusal to pay for irrigation water), structural change allowing for an increased control of economic resources by local farm producers is needed, but will fundamentally depend on the effectiveness of current process of 'democratic' transition in Tunisia.
International audience ; Originating in rural areas, the popular uprising that led to the Tunisian revolution of 14 January 2011 has shed light on the growing social and regional disparities that have characterized development dynamics in Tunisia. While favouring the reallocation of resources to coastal areas to the detriment of interior and agricultural regions, liberalization processes since the late 1980s also fostered export-oriented agricultural development strategies, based on the promotion of large-scale agricultural enterprises and irrigated farming. As a result, imports of grains and animal feed have come to represent a growing source of commercial balance deficit and of financial pressure on public budgets, particularly since the food crisis of 2008. On the other hand, decreasing farm subsidies, higher production costs, growing farmers' indebtedness, have importantly reduced the reproduction capacity of a large fraction of farms, particularly in the rain-fed agriculture sector. As rural outmigration and non-farm employment opportunities have been declining, small farms have become survival spaces for jobless household members, increasing the pressure on family resources and exacerbating social frustrations. While rising food prices were not the only cause of recent uprisings in Tunisia, processes of agricultural restructuring during the past 20 years contributed importantly to fuel the revolutionary dynamics, thus giving a political dimension to food issues. As demonstrated by the rise of farmers' protest movement (land occupations, contestation of farmers unions, refusal to pay for irrigation water), structural change allowing for an increased control of economic resources by local farm producers is needed, but will fundamentally depend on the effectiveness of current process of 'democratic' transition in Tunisia.
International audience ; Comme les autres pays du Maghreb, la Tunisie a connu des mutations socioéconomiquesprofondes au cours des deux dernières décennies, notamment en liaisonavec la mise en oeuvre des réformes structurelles imposées par les processus delibéralisation et d'ouverture des marchés. Malgré une croissance soutenue au coursdes années 1990 et une tendance à la diversification de l'économie tunisienne, lasituation de l'emploi est restée caractérisée par des taux de chômage élevés, plusparticulièrement pour les femmes. Les processus de restructuration économique etde libéralisation des marchés ont en effet fortement touché les secteurs employantles femmes, en particulier les industries manufacturières. Alors que le taux d'activitédes femmes n'a évolué qu'à un rythme lent au cours des deux dernières décennies,et ce malgré les nettes avancées dans le domaine de l'éducation, les dynamiqueséconomiques en cours ne semblent pas non plus contribuer à une meilleure insertiondes femmes au marché du travail. Elles apparaissent au contraire commesusceptibles de renforcer les formes d'emploi précaire et informel, particulièrementdans un contexte où les politiques étatiques font de la promotion de l'auto emploiun moyen privilégié pour faire face à la demande d'emploi additionnelle et àl'afflux massif des femmes sur le marché de travail.Basé sur l'analyse de données et d'études disponibles, cet article étudie les principalescaractéristiques du travail des femmes en Tunisie et tente d'en cerner lesévolutions les plus récentes dans le contexte des processus de libéralisation etd'ouverture des marchés. Examinant les nouvelles orientations des politiques del'emploi, il s'interroge également sur leur capacité à assurer les conditions d'unemeilleure insertion des femmes dans la vie active.
International audience ; Comme les autres pays du Maghreb, la Tunisie a connu des mutations socioéconomiquesprofondes au cours des deux dernières décennies, notamment en liaisonavec la mise en oeuvre des réformes structurelles imposées par les processus delibéralisation et d'ouverture des marchés. Malgré une croissance soutenue au coursdes années 1990 et une tendance à la diversification de l'économie tunisienne, lasituation de l'emploi est restée caractérisée par des taux de chômage élevés, plusparticulièrement pour les femmes. Les processus de restructuration économique etde libéralisation des marchés ont en effet fortement touché les secteurs employantles femmes, en particulier les industries manufacturières. Alors que le taux d'activitédes femmes n'a évolué qu'à un rythme lent au cours des deux dernières décennies,et ce malgré les nettes avancées dans le domaine de l'éducation, les dynamiqueséconomiques en cours ne semblent pas non plus contribuer à une meilleure insertiondes femmes au marché du travail. Elles apparaissent au contraire commesusceptibles de renforcer les formes d'emploi précaire et informel, particulièrementdans un contexte où les politiques étatiques font de la promotion de l'auto emploiun moyen privilégié pour faire face à la demande d'emploi additionnelle et àl'afflux massif des femmes sur le marché de travail.Basé sur l'analyse de données et d'études disponibles, cet article étudie les principalescaractéristiques du travail des femmes en Tunisie et tente d'en cerner lesévolutions les plus récentes dans le contexte des processus de libéralisation etd'ouverture des marchés. Examinant les nouvelles orientations des politiques del'emploi, il s'interroge également sur leur capacité à assurer les conditions d'unemeilleure insertion des femmes dans la vie active.
Au lendemain de la révolte populaire de 2011, les campagnes tunisiennes ont connu d'importantes mobilisations autour de l'accès à la terre qui ont souvent pris des formes violentes. Elles témoignent de l'exacerbation des conflits entre acteurs du monde agricole aux intérêts divergents et de l'ouverture de nouvelles structures d'opportunités pour des groupes jusque-là marginalisés par l'action publique et syndicale. S'intéressant plus particulièrement aux mobilisations autour des terres domaniales agricoles, cet article en explore les enjeux pour les différents acteurs impliqués (paysans sans terre, ouvriers agricoles). Les stratégies et formes d'action déployées par ces derniers et les confrontations auxquelles elles donnent lieu illustrent les reconfigurations socio-politiques à l'œuvre depuis 2011 et révèlent les paradoxes des processus de changement post-révolution en Tunisie.
La promotion de la gouvernance locale et le renforcement des collectivités territoriales figurent parmi les principales réformes institutionnelles engagées dans la Tunisie « post-révolution ». Cet article propose d'explorer les enjeux et les implications de l'extension du statut communal aux zones rurales. Après avoir caractérisé le système de découpage territorial et les logiques qui le sous-tendent, nous examinons les rapports qui en résultent entre les différentes échelles d'organisation territoriale. À la lumière des dynamiques actuelles qui caractérisent les territoires ruraux, nous mettons par la suite en évidence la complexité et les difficultés pratiques auxquelles est susceptible de se heurter le projet d'extension de l'organisation communale à l'ensemble du territoire national. L'analyse permet de conclure que la conception technocratique et bureaucratique qui préside à la conception, et aux modalités prévues de mise en œuvre, de la réforme, est loin de permettre une participation effective des acteurs concernés et de répondre aux exigences d'une véritable autonomisation des communes.