Résumé À partir d'une enquête ethnographique conduite de 2000 à 2003 dans la région Poitou-Charentes, l'auteur analyse l'interprétation que les commerçants africains donnent de leur rôle dans le cadre de l'échange marchand. S'appuyant sur l'étude de six situations, l'auteur propose de considérer l'ethnicité comme une ressource interprétative, qui incite les commerçants africains à prendre position, c'est-à-dire à composer avec ou sans les stéréotypes culturels. Ces stratégies leur permettent de maintenir du lien social, de répondre aux demandes de consommation, de prévenir les assignations identitaires, bref, de négocier leur statut. Ce qui fait dire à l'auteur qu'ils sont des « méthodologues pratiques ».
Cet article interroge le travail de l'identité et de l'altérité dans le cadre du marché de la consommation ethnique en France, du point de vue des interactions marchandes. Il se fonde sur une enquête de terrain de longue durée menée dans la région Poitou-Charentes auprès de migrants originaires d'Afrique subsaharienne. L'objectif de cet article suit deux axes : le premier rappelle l'urgence de rompre avec toute définition essentialiste de l'ethnicité. Le second interroge la manière dont les commerçants africains travaillent avec nos images de l'altérité et réinterprètent des signifiants culturels en fonction de la définition de la situation dans laquelle ils se trouvent et des relations sociales en cours. À partir d'une analyse comparée entre trois aires situationnelles (marchés forains, africains, de festivals), nous chercherons à éclairer la variation des stratégies identitaires, en prenant en compte leurs enjeux et leurs contraintes.
Cet article analyse la façon dont les salarié·es et les bénévoles de centres sociaux interprètent les demandes habitantes en tenant compte des rapports sociaux, entendus ici dans une acception élargie selon laquelle chaque individu se situe au croisement de rapports de pouvoir. L'article prend l'exemple de demandes de femmes musulmanes faites à un centre social situé dans la région Centre-Val de Loire d'organiser une fête à caractère religieux ou de créer un cours de langue arabe, et analyse des situations où des femmes de toutes origines sociales ou ethniques, et de toutes générations, sont réunies par le centre social autour d'une même activité de discussion. Les matériaux mobilisés sont tirés de deux enquêtes ethnographiques, conduites entre 2017 et 2020 dans le cadre du projet de recherche Engagir, et principalement sur deux espaces d'entre-soi féminin : un groupe de parole et un cours de langue arabe dans des quartiers populaires de Tours et de la périphérie d'Orléans. Dans ces situations, la non-mixité de genre semble d'autant plus acceptée par les équipes qu'elle s'accommode des impératifs de la participation des publics, de la mixité sociale et de la laïcité.