La publicité des débats parlementaires (1852-1870)
In: Parlement[s], Revue d'histoire politique, Band HS 4, Heft 3, S. 27-49
Résumé La publicité des débats parlementaires, élément fondamental de la démocratie représentative, est brutalement tarie par le Second Empire naissant, qui entend étouffer le cœur de la vie politique et signifier son hostilité de principe au parlementarisme. Au Corps législatif, se conjuguent restriction de l'accès public aux tribunes et de l'édition des discours, et suppression de tout compte-rendu intégral, au profit d'un résumé qui amoindrit les éventuelles critiques. Un compte-rendu plus fidèle est rédigé à partir de 1854, sous l'autorité de Morny. Mais il est toujours interdit à la presse de commenter les débats qu'elle souhaiterait reproduire. Par paradoxe, au Sénat, la Chambre la plus sûre politiquement, les séances sont secrètes jusqu'en 1869, et le procès verbal, plus fidèle à la teneur des débats, ne circule pas. La libéralisation de novembre 1860 permet notamment au Moniteur de publier un compte-rendu sténographique intégral des débats de la veille au Corps législatif et au Sénat. La qualité du compte-rendu analytique et le nombre de discours publiés s'accroissent. Il faut attendre 1868-1870 pour que les séances du Sénat deviennent publiques, que les autorisations d'impression ne soient plus nécessaires et qu'il soit enfin permis à la presse de commenter les débats qu'elle reproduit. La publicité des débats est un indicateur précieux des degrés successifs de libéralisation du régime.