A partir d'une expérience de fréquentations d'architectes, et plus spécialement de l'enseignement de l'architecture, cette contribution, en s'appuyant sur la sémiotique peircienne, propose de construire un appareillage conceptuel permettant de comprendre comment s'opère le travail architectural, en particulier comment peut se saisir la « boîte noire » du travail de conception, de design. Le pari de l'article est de réfléchir, à partir des catégories peirciennes, ce que composer veut dire comme un processus sémiotique dans lequel le travail de conception navigue constamment entre icone, indice et symbole. Cette approche permet de faire droit à la fois, au travers d'un rapport dominant au concept de symbole, aux multiples conventions sur lesquelles s'étaye la conception, mais aussi, au travers des concepts d'icone et d'indice, à la large part d'intelligence infra-discursive, infra-propositionnelle dont elle se nourrit. Dans un contexte où la spécificité du travail architectural se voit menacée par la concurrence déjà ancienne avec les ingénieurs, mais de plus en plus avec les spécialistes de la conception assistée par ordinateur, ou encore avec les designers, sans parler de la montée des processus de co-design dans lesquels la compétence propre de l'architecte pourrait se perdre, le texte cherche à cerner ce qui constitue le propre de la conception architecturale, une compétence acquise patiemment au travers de ce que permet de cerner l'idée d'une formation pensée comme « entraînement », dans ces espaces apprêtés que sont les « ateliers», les « workshops »...
AbstractOften studied in the context of political developments and the alleged shift from representative democracy to participatory democracy, participation is discussed here in terms of changes in our anthropological coordinates. The exigencies and expectations of participation are found in many areas that go beyond the political sphere, extending from the business world and its quality circles to the production of self-assembly kits calling for the buyer's assembly skills. This extension of the field of participation is based on a certain number of anthropological presuppositions which ascribe to actors the capacities and competencies they are supposed to have, unless they are invited to enhance them through empowerment strategies in the event that they are failing or insufficient. This paper argues that evaluating people and the configuration of many recent social mechanisms tend increasingly to adjust to this new anthropological paradigm. Such is the case for political participation, new social policies, empowerment training, educational objectives, and development and health policies. Returning more specifically to political participation, the paper shows how these new anthropological coordinates reconfigure by redrawing the division between ordinary and specialized expertise and, in this way, the balance between spaces in which participatory democracy can take place and those that remain confined to technocratic expertise.
Often studied in the context of political developments and the alleged shift from representative democracy to participatory democracy, participation is discussed here in terms of changes in our anthropological coordinates. The exigencies and expectations of participation are found in many areas that go beyond the political sphere, extending from the business world and its quality circles to the production of self-assembly kits calling for the buyer's assembly skills. This extension of the field of participation is based on a certain number of anthropological presuppositions which ascribe to actors the capacities and competencies they are supposed to have, unless they are invited to enhance them through empowerment strategies in the event that they are failing or insufficient. This paper argues that evaluating people and the configuration of many recent social mechanisms tend increasingly to adjust to this new anthropological paradigm. Such is the case for political participation, new social policies, empowerment training, educational objectives, and development and health policies. Returning more specifically to political participation, the paper shows how these new anthropological coordinates reconfigure by redrawing the division between ordinary and specialized expertise and, in this way, the balance between spaces in which participatory democracy can take place and those that remain confined to technocratic expertise. ; SCOPUS: ar.j ; info:eu-repo/semantics/published
Le plus souvent étudiée dans le contexte des évolutions du politique et du passage présumé d'une démocratie représentative vers une démocratie davantage participative ou délibérative, la question de la participation est abordée ici sous l'angle d'une transformation de nos coordonnées anthropologiques. Les exigences et les attentes de participation se retrouvent en effet dans de multiples domaines qui excèdent de loin la seule sphère du politique, allant du monde de l'entreprise et de ses cercles de qualité jusqu'à la production de biens en kit sollicitant les capacités de montage des acheteurs. Cette extension du domaine de la participation s'appuie en réalité sur un certain nombre de présupposés anthropologiques. Ceux-ci prêtent aux acteurs descapacitéset descompétencesqu'ils sont censés détenir, à moins qu'ils ne soient appelés à les enrichir par des stratégies d'empowermentsi elles leur font défaut ou sont insuffisantes. Ils leur attribuent aussi un potentiel demotivationindispensable à l'actualisation de ces compétences et capacités. Le texte soutient que l'évaluation des personnes ainsi que la configuration de nombreux dispositifs sociaux récents tendent de plus en plus à s'ajuster à ce nouveau référentiel anthropologique. Il en va ainsi de la participation politique bien sûr, mais aussi des nouvelles politiques sociales, des formations au « pouvoir d'agir », des objectifs éducatifs, des politiques de développement ou de santé. Revenant plus spécifiquement sur la question de la participation politique, le texte montre comment ces nouvelles coordonnées anthropologiques reconfigurent la question de l'expertise en réorganisant les partages entre expertises ordinaire et spécialisée et, du coup, le partage entre les espaces où peut prendre place une démocratie participative et ceux qui demeurent confiés à l'expertise technocratique.
Le plus souvent étudiée dans le contexte des évolutions du politique et du passage présumé d'une démocratie représentative vers une démocratie davantage participative ou délibérative, la question de la participation est abordée ici sous l'angle d'une transformation de nos coordonnées anthropologiques. Les exigences et les attentes de participation se retrouvent en effet dans de multiples domaines qui excèdent de loin la seule sphère du politique, allant du monde de l'entreprise et de ses cercles de qualité jusqu'à la production de biens en kit sollicitant les capacités de montage des acheteurs. Cette extension du domaine de la participation s'appuie en réalité sur un certain nombre de présupposés anthropologiques. Ceux-ci prêtent aux acteurs des capacités et des compétences qu'ils sont supposés détenir, à moins qu'ils ne soient appelés à les enrichir par des stratégies d'empowerment si elles leur font défaut ou sont insuffisantes. Ils leur attribuent aussi un potentiel de motivation indispensable à l'actualisation de ces compétences et capacités. Le texte soutient que l'évaluation des personnes ainsi que la configuration de nombreux dispositifs sociaux récents tend de plus en plus à s'ajuster à ce nouveau référentiel anthropologique. Il en va ainsi de la participation politique bien sûr, mais aussi des nouvelles politiques sociales, des formations au « pouvoir d'agir », des objectifs éducatifs, des politiques de développement ou de santé. Revenant plus spécifiquement sur la question de la participation politique, le texte montre comment ces nouvelles coordonnées anthropologiques reconfigurent la question de l'expertise en réorganisant les partages entre expertises ordinaire et spécialisées et, du coup le partage entre les espaces où peut prendre place une démocratie participative et ceux qui demeurent confiés à l'expertise technocratique. ; info:eu-repo/semantics/published