La convivialité, dans le sillage d'Illich, suppose non seulement de renoncer à une vision machinique de la société – et de la planète ! – mais aussi de « détraquer » le monde tel qu'il est conçu actuellement. C'est la seule façon de (re)prendre prise sur notre destin et d'éviter les catastrophes qui s'annoncent.
Parler de dette écologique pourrait sembler aller de soi. C'est pourtant un chemin parsemé d'embûches. Dans le monde libéral, la dette écologique est en effet conçue sous la forme d'une dette monétaire, contractuelle, venant compenser les dégradations écologiques et, en quelque sorte, rembourser cash les emprunts aux écosystèmes. Nous la considérons au contraire comme le symbole d'une forme de solidarité et de réciprocité entre les humains d'une part, entre les humains et la Terre d'autre part, qui ne peut ni s'éteindre ni être compensée. En ce sens, elle contient des questions d'ordre éthique et politique qu'il s'agit de lui restituer. À la manière de Marcel Mauss, qui considérait la dette comme le roc des sociétés, la dette écologique pourrait être le point d'appui pour des sociétés durables et vivables. Ainsi épurée de ses connotations techno-économistes, elle rend compte d'une habitation raisonnable et sensible du monde.
Résumé Dans les années 1930, Hannah Arendt et Karl Polanyi ont partagé l'expérience du déracinement, de la désolation et celle de l'effondrement de la civilisation du xixe siècle. À partir de l'analyse de la société de marché pour K. Polanyi et de la condition de l'homme moderne pour H. Arendt, ils montrent comment l'économisme et la construction d'une société économique au xix e siècle, sont à l'origine de l'avènement de la société de masse qui porte des tendances totalitaires. Leur regard croisé donne des clés de compréhension des menaces qui pèsent qui pèsent sur nos « sombres temps ».
Cet article se propose d'analyser le sens de l'invention d'une « économie de la connaissance » et de la transformation de la connaissance en bien économique, illustrée par la transformation des droits de propriété intellectuelle. En poursuivant l'analyse de Karl Polanyi à propos des « quasi-marchandises », la connaissance doit plutôt être considérée comme une marchandise « fictive ». C'est le point de vue adopté dans cet article qui montre comment la tentative actuelle de rendre cette fiction effective menace la connaissance elle-même en l'assignant à un rôle instrumental.