Les fresques de salle de garde
In: Sociétés & représentations: les cahiers du CREDHESS, Band 28, Heft 2, S. 13-30
ISSN: 2104-404X
Résumé Dans les représentations profanes, les fresques, au même titre que les chansons paillardes et les jeux de mots obscènes, semblent constitutives des salles de garde et des médecins qui les fréquentent, depuis le milieu du xix e siècle. Pour autant, au-delà de leur envahissante obscénité qui confine parfois à la violence, on peut analyser les fresques au travers des processus sous-tendant leur réalisation, des discours qu'elles suscitent ainsi que des usages auxquels elles renvoient. C'est ce que fait l'auteur de cet article en se basant sur des entretiens ethnographiques menés auprès d'une centaine de médecins jeunes et moins jeunes, parfois complétés d'écrits biographiques. À la fois emblème communautaire permettant l'individualisation du groupe des internes au sein de l'hôpital, ou, plus spécifiquement d'une salle de garde par rapport à une autre ; moyen permettant à chaque interne de s'inscrire dans la tradition ; métaphore de la succession des promotions d'internat ; symbolisation des relations sociales entre médecins à un moment donné... les fresques ont beaucoup à dire à qui sait les décoder. Un détour ultime par la notion de grotesque sexuel permettra d'inscrire ces représentations dans la construction plus vaste des rapports spécifiques des médecins au corps et à la sexualité.