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Islands have fascinated environmental historians, but looking at the field as a whole, this attraction has not resulted in attempts at synthesis or strong theoretical propositions. Moreover, it has not necessarily enabled a departure from reductive and continentalist conceptions of the islands, such as that old established idea of island environments as "continents in miniature." Thus, if islands currently represent one of the most important sites for Anthropocene thinking, it is first of all thanks to the research that some social scientists, mainly geographers, have developed under the banner of Island Studies, a new interdisciplinary field that has come of age during the 2000s. This introductive essay argues that the links between the environmental history of the islands and Island Studies are still very loose and should be strengthened for their mutual benefit. For this, it draws on the articles brought together in this special issue and offers insights on three main problems that all provide a good illustration of the fundamental ambivalence of islands: their limits, their isolation, and their vulnerability.

RésuméFondé sur l'analyse d'une trentaine d'expériences de pêche réalisées sur les côtes de la Manche entre les années 1680 et 1860, cet article décrit les premières manifestations d'un mode de gouvernement expérimental des ressources de la mer sous l'Ancien Régime, puis sa normalisation progressive au cours du xixe siècle. Il montre comment les mesures de police des pêches destinées à assurer la conservation de ces ressources sont le résultat d'une négociation entre l'administration centrale de la marine et les communautés de pêcheurs, dont le monopole sur la production du savoir halieutique leur permet de défendre leur particularisme technique et juridique.

Cet article étudie l'univers normatif des acteurs d'un monde de la pêche d'Ancien Régime à partir du cas de Dieppe au XVIII e siècle. La première partie présente le fonctionnement du tribunal local de l'amirauté, qui exerçait sous l'Ancien Régime une compétence exclusive sur les choses de la mer et connaissait par conséquent des litiges entre armateurs, maîtres de bateau et matelots pêcheurs. Alors que l'historiographie maritime s'est longtemps focalisée sur les fonctions de contrôle et de surveillance dévolues à cette juridiction, les archives de la pratique judiciaire révèlent un tableau plus contrasté. Dans une proportion écrasante, les affaires portées devant les officiers de l'amirauté se résument à de petits conflits résultant d'accidents de pêche, de contrats rompus ou encore de salaires non versés, relevant autrement dit d'une procédure civile. Toutefois, un examen attentif de cette poussière de litiges permet de mettre en évidence les usages sociaux de la justice faits par les plaideurs. Loin d'être simplement un instrument de contrôle du rivage et de ses populations, le tribunal de l'amirauté remplit des fonctions qui débordent largement le terrain de la seule résolution des conflits du travail pour investir ceux de la certification des contrats ou de l'expertise des dommages. La dernière partie part du problème de la pluralité des systèmes normatifs en vigueur dans les mondes de la pêche d'Ancien Régime et montre comment il est possible de considérer le tribunal d'amirauté comme l'instance de production d'un droit local « venu d'en bas ».