Theories of Categorization: A Case Study of Cheques
In: Canadian journal of law and society: Revue canadienne de droit et société, Band 17, Heft 1, S. 115-138
ISSN: 1911-0227
RésuméLa catégorisation, bien que primordiale au raisonnement juridique, est un aspect sous-théorisé du droit, particulièrement dans les systèmes de droit commun. Cet article décrit deux théories de catégorisation utilisées par la législation canadienne régissant l'usage des chèques. Les règles de droit régissant l'usage des chèques ordinaires sont d'application connue et relativement prévisible. Toutefois, lorsque appliquées à des catégories spécifiques de chèques – chèques certifiés, post-dates et double-dates – les mêmes règles offrent des résultats forts imprévisibles. Selon l'auteur, ces disparités résultent de la théorie de catégorisation mise en place par la Loi sur les lettres de change, principale source de droit en la matière. Cette loi présume que la notion de chèque peut être définie in abstracto, en référence à une liste exhaustive de critères établis. Toutefois, cette théorie ne peut expliquer les pratiques du droit corporatif et du droit de la consommation. Une théorie de catégorisation faisant usage de prototypes est nécessaire pour expliquer ces disparités: ce sont des elaborations systématiques et cohérentes du modèle central qui ne sont ni arbitraires, car définies par le prototype, ni prévisibles. La théorie de catégorisation proposée par la loi voile la complexité et la fluidité d'une catégorie en apparence simple, soit les chèques. Une théorie prototype de catégorisation, au contraire, permet d'expliquer à la fois la structure de la catégorie, ainsi que ses disparités, et les causes du non-déterminisme de la loi.