Bioéthique et droits des femmes en Tunisie : sexualité, procréation et liberté
In: Maghreb, Machrek: revue trimestrielle = al- Maġrib wa-ʾl-mašriq, Band 252-253, Heft 3, S. 27-39
ISSN: 2271-6815
Les acquis juridiques en matière de libertés individuelles et d'égalité entre les hommes et les femmes sont loin de clore le débat sur la sexualité, l'enfantement, les rapports familiaux et la santé physique et mentale de la femme. Le corps des femmes reste au cœur des préoccupations sociales, notamment sur la sexualité et la reproduction. Il est parfois objet de la science mais il est surtout le symbole de toutes les transgressions sociales. La légalisation de la contraception et de l'avortement dans la Tunisie post-indépendante est aussi liée à une politique démographique et à un certain féminisme d'État. Cependant, les défis rencontrés par ces acquis expriment cette quête identitaire et cette volonté de donner à la société un droit de regard sur la décision de donner la vie. D'un autre côté et devant le désir de l'enfantement, la médecine tunisienne a précédé le droit pour aider les couples à procréer. C'est alors l'intervention du législateur avec la loi relative à la médecine de la reproduction. Les conditions d'accès à la procréation, restent totalement déterminées par les interdits sociaux culturels : la condition du mariage, l'interdiction des donneurs et des mères porteuses en sont des exemples. La filiation reste enfin un moyen de pression sur les femmes/mères victimes avec leurs enfants de perceptions sociales les réduisant à leurs généalogies. Il s'agit ici de questionner la cohérence d'abord entre les différents textes juridiques mais aussi entre les choix législatifs et la perception sociale du corps en général et du corps féminin en particulier.