Pourquoi une telle virulence et cet antagonisme entre catholiques et francs-maçons ? C'est ce que nous nous proposons de comprendre en resituant cette opposition dans le contexte très particulier de l'histoire politique et philosophique du pays du XIXe siècle à nos jours. Vatican II (1965) a constitué une évolution importante dans l'histoire doctrinale de l'Église. Mais si le Code de droit canon de 1983 supprime la peine d'excommunication, l'incompatibilité de l'appartenance d'un catholique à la Franc-maçonnerie demeure. Profitant de l'accalmie des turbulences, des maçons et des catholiques belges instaurèrent des dialogues fructueux, mais ceux-ci ont montré leurs limites. Le cardinal Ratzinger, devenu le pape Benoît XVI, est l'homme-clef du débat depuis 1980. Il a contribué à rigidifier l'attitude de l'Église. Le divorce doctrinal est réel. Le véritable dialogue ne peut s'opérer entre individus qu'à la condition qu'ils portent en eux la capacité de transgresser.
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Professeur à l'Université libre de Bruxelles et éminent dix-huitièmiste, fondateur en 1974, avec Roland Mortier, du Groupe d'Étude du XVIIIe siècle et de la présente collection, Hervé Hasquin a marqué de son empreinte près de quatre décennies d'étude du XVIIIe siècle belge et européen.À l'occasion de son départ à la retraite, le Groupe d'Etude du XVIIIe siècle lui rend ici hommage, en republiant ses principaux articles relatifs au siècle des Lumières – actualisés par l'auteur et accompagnés d'une bibliographie mise à jour – ainsi qu'un inédit, consacré au combat de quelques auteurs jésuites contre les Lumières et la Révolution. Au siècle des Lumières, de vifs débats opposèrent penseurs et « économistes », notamment physiocrates, sur la réalité d'un déclin démographique souvent présenté comme un fait acquis. Quelques esprits audacieux, comme Voltaire ou l'abbé Jean-Joseph Expilly, ont cependant mis en doute cette vulgate et cherché, dans le cadre du despotisme éclairé, les moyens d'assurer une croissance régulière et maîtrisée de la population. Ces débats, et leurs développements, notamment la promotion de la « moyenne culture », font l'objet de la première partie de ce volume. Le XVIIIe siècle a vu la naissance de la pensée libérale en économie. À travers les quatre chapitres suivants, Hervé Hasquin s'attache à mesurer le poids de structures traditionnelles encore bien présentes – interventionnisme, dîme ecclésiastique – dans le contexte économique parfois difficile qu'ont connu les Pays-Bas autrichiens. Il analyse également – à travers le cas du journaliste français Jacques Accarias de Serionne, qui mit sa plume au service du gouvernement – le pragmatisme des autorités bruxelloises, qui rejetaient mercantilisme comme physiocratie, leur préférant une politique de « libéralisme éclectique ». La question religieuse fut également au cœur de toutes les réflexions du siècle, et Hervé Hasquin y a naturellement consacré de nombreux écrits. Ceux republiés ici traitent notamment de la question centrale de la tolérance, et de celle du mariage des protestants – institué en contrat civil par l'édit de Joseph II du 28 septembre 1784, lequel prévoyait également le divorce –, des réalités de la religion populaire – à travers un cas d'exorcisme à Saint-Hubert – ou encore de cette « passion de l'universel » qui rapprocha certains savants des idéaux de la Révolution française. Une biographie intellectuelle d'Hervé Hasquin, composée par deux de ses anciens élèves et collaborateurs, introduit l'ouvrage, tandis qu'une bibliographie exhaustive de ses travaux scientifiques témoigne pleinement de l'étendue de ses divers centres d'intérêt.