Cet article montre, à partir d'une analyse des données de l'International Social Survey Programme (ISSP) et dans la continuité de précédents travaux, que la perception des syndicats par les salarié·es européen·nes est fortement liée à leurs caractéristiques professionnelles et à leurs attitudes politiques. Contrairement à l'adhésion syndicale, les différences entre pays sont plutôt faibles et ne s'expliquent pas par des facteurs institutionnels nationaux.
Alors que la numérisation des pratiques participatives concerne aujourd'hui aussi la sphère des relations professionnelles, cet article s'intéresse aux articulations entre la participation en ligne et hors ligne d'un groupe professionnel précis, les enseignants du secteur public en France. À partir d'une enquête par questionnaire réalisée en 2017 auprès d'échantillons représentatifs d'enseignants, nous étudions plus particulièrement deux pratiques en ligne (le pétitionnement et l'information syndicale) et leurs équivalents hors ligne. Il apparaît que les enseignants qui participent le plus en ligne ont aussi tendance à davantage participer hors ligne, et inversement. La comparaison des profils des participants montre de plus que les pratiques de participation en ligne ou hors ligne sont fortement encastrées socialement, professionnellement et syndicalement. Pour autant, si certaines inégalités de participation présentes hors ligne persistent en ligne (selon le genre par exemple), on observe une légère surmobilisation des jeunes en ligne et une réduction de certaines inégalités liées à des variables professionnelles, sans que cela bénéficie aux enseignants les moins intégrés professionnellement.
En France, deux scrutins ont été organisés en 2012 et en 2017 auprès des salariés des très petites entreprises (TPE, moins de 11 salariés) pour compléter la mesure de la représentativité syndicale dans le secteur privé. Or, ces votes sur sigles, sans élu, par Internet ou par correspondance n'ont absolument pas mobilisé les salariés (10,4 % de participation en 2012 et 7,3 % en 2017). Alors que plusieurs travaux se sont intéressés à la mise en place difficile de ces scrutins et aux pratiques syndicales déployées pour mobiliser les salariés des TPE, cet article propose différentes pistes explicatives complémentaires de la très faible participation électorale enregistrée. Celle-ci s'explique moins par les opinions des salariés que par des facteurs structurels, à savoir les spécificités de ce scrutin sans enjeu, les caractéristiques sociales et économiques des salariés des TPE et la faiblesse des implantations et des contacts syndicaux dans les TPE. Certaines branches d'activité où les enjeux du vote sont un peu plus saillants et où des syndicats corporatifs développent des activités de service, comme la branche des assistantes maternelles, sont d'ailleurs marquées par une mobilisation électorale significativement plus importante.
Cet article cherche à saisir les logiques sociales et les évolutions des attitudes des salariés à l'égard des syndicats en France. Pour ce faire, nous mobilisons les données de plusieurs enquêtes quantitatives, dont l'enquête REPONSE (Relations professionnelles et négociations d'entreprise). Saisir et analyser les attitudes des salariés à l'égard des syndicats à partir de données quantitatives pose une série de problèmes méthodologiques, mais s'avère utile pour améliorer la compréhension des dynamiques contemporaines de démobilisation des salariés au travail et en dehors. Ainsi, nous montrons, d'une part, que les salariés ont des attitudes plutôt positives à l'égard des syndicats, mais qu'une proportion croissante d'entre eux ne s'exprime pas. D'autre part, nous montrons que le fait d'exprimer ou non une opinion ainsi que la teneur de celle-ci semblent liés aux caractéristiques sociales et professionnelles des salariés. Ainsi, les salariés les plus jeunes, les moins qualifiés et ceux qui côtoient le moins les syndicats tendent à moins s'exprimer ; par ailleurs, les couches supérieures du salariat du secteur marchand ont des attitudes plus hostiles à l'encontre des syndicats que les autres, tandis que ceux ayant les attitudes les plus favorables appartiennent aux couches intermédiaires et aux classes populaires stabilisées.
En France, l'abstention aux élections professionnelles est élevée et en hausse, y compris pour une profession fortement engagée, mobilisée et syndiquée comme les enseignants. En éclairant ce paradoxe à partir de nouvelles données d'enquête et en s'appuyant sur les outils de la sociologie électorale, cet article montre que le vote professionnel des enseignants constitue une pratique participative conditionnée d'une part par leur rapport au syndicalisme et d'autre part par leur rapport au métier et à l'institution scolaire. Si le vote professionnel s'articule fortement avec certaines pratiques syndicales, notre analyse montre que la pratique du vote professionnel est bien plus dépendante du degré d'intégration professionnelle que l'adhésion ou l'information syndicales.
Depuis la réforme de la représentativité syndicale de 2008 en France, les résultats des élections professionnelles, et en particulier celles aux comités d'entreprise, ont acquis un poids juridique, symbolique et médiatique renforcé. Mais les évolutions du paysage syndical, entre 2009 et 2016, n'ont été lues que comme le reflet d'une « opinion publique » salariale volatile, qui viendrait sanctionner ou approuver tel ou tel « type de syndicalisme ». Loin d'une lecture globalisante, nous faisons le choix d'une analyse fine des nouvelles données électorales rendues disponibles par la réforme de 2008, dont le maniement nécessite quelques précautions du fait de leur construction. Cette analyse montre que ces évolutions s'expliquent surtout par des éléments structurels (taille des entreprises, secteur d'activité ou catégorie d'emploi), faisant le lien entre résultats électoraux et implantations syndicales.
Cet article interroge l'impact du télétravail sur la participation des salariés à la représentation et à l'action collective en entreprise. En mobilisant les données de l'enquête reponse 2017 (Relations professionnelles et négociation d'entreprise), nous montrons que le télétravail ne semble pas constituer en soi un frein à la participation. Les différences de participation observées sont en réalité liées au profil spécifique des télétravailleurs (moins précaires et appartenant aux couches supérieures du salariat). Les télétravailleurs occasionnels ne sont ainsi pas significativement moins participants que les autres salariés, y compris lorsqu'on se limite aux cadres, catégorie au sein de laquelle le télétravail est le plus répandu.
Alors que la préférence des jeunes pour des pratiques opposées au vote et à l'action syndicale fait l'objet de controverses, cet article interroge l'un des indicateurs avancés pour illustrer le retrait de la fraction scolarisée des modes de participation « traditionnels » : l'abstention massive aux élections étudiantes. Au croisement de la sociologie électorale, de la jeunesse et des mouvements sociaux, les auteurs montrent que cette non-participation est moins le signe d'un rejet généralisé de la démocratie représentative que la conséquence d'une moindre capacité des organisations étudiantes à mobiliser les votant·e·s, nombre de leur militant·e·s semblant se détourner de l'activité électorale.