Le rapport au terrain dans une thèse CIFRE: Du désenchantement à la distanciation
In: Sociologies pratiques, Band 28, Heft 1, S. 101-109
ISSN: 2104-3787
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In: Sociologies pratiques, Band 28, Heft 1, S. 101-109
ISSN: 2104-3787
In: 5. Congrès AFS : Les dominations, Nantes, FRA, 2013-09-02-2013-09-05
Si la concertation est généralement intégrée dans les démarches publiques de protection de l'environnement, les rapports entre agriculteurs et environnementalistes demeurent largement conflictuels. Dans le domaine de la gestion de l'eau, diverses initiatives basées sur la participation locale se sont succédées (Richard, Rieu, 2009) mais elles n'ont pas permis d'atteindre les niveaux de qualité de la ressource exigés par l'Union Européenne. Certains soulignent les résistances des agriculteurs qui, organisés en lobbies, parviendraient au fil des négociations à vider les programmes d'action de leur contenu (Bourblanc, Brives, 2009). D'un autre côté, la presse agricole se fait régulièrement l'écho des difficultés qui seraient engendrées par le renforcement des contraintes environnementales. Les agriculteurs seraient-ils dominés par les défenseurs de l'environnement, ou parviendraient-ils à maintenir via la cogestion avec l'Etat une hégémonie productiviste ? Traiter une telle question suppose de dépasser l'image d'un groupe professionnel unifié, relayée par le syndicat agricole majoritaire et souvent reprise par les travaux de sociologie environnementale. Car le monde agricole apparaît de plus en plus fragmenté (Hervieu, Purseigle, 2013) et les divers sous-ensembles qui le constituent sont eux-mêmes porteurs de conceptions différentes du métier (Lémery, 2003). La structuration du collectif des agriculteurs sur des territoires visés par des démarches environnementales constitue donc une problématique en soi, que nous proposons d'aborder dans cette communication. Notre étude, qui articule des approches théoriques et méthodologiques de sociologie rurale et de sociologie des professions, a porté sur le plateau de Vittel. Sur ce territoire situé dans les Vosges, des contrats ont été souscrits entre une entreprise agro-alimentaire et des agriculteurs afin de réduire les risques de pollution de l'eau minérale commercialisée. Les matériaux d'étude sont issus de la revisite de ce terrain déjà étudié, c'est-à-dire la reprise des travaux réalisés durant la décennie 1990 (Deffontaines, Brossier, 1997), complétés par une nouvelle enquête en 2011-2012. Ainsi, nous montrerons que si les contrats ont permis des améliorations substantielles de la qualité de l'eau, leur mise en place a cependant bouleversé les hiérarchies locales et avivé les tensions entre agriculteurs. Ces tensions résultent tout autant de la stratégie de négociation de la firme industrielle que de formes de concurrence professionnelle propres au monde agricole. La faible cohésion du groupe des agriculteurs face à l'entreprise d'eau minérale a conduit à l'impossibilité d'élaborer un modèle de production localement partagé. Ainsi, nos observations nous amènent à renouveler le regard sur les mécanismes de domination externes et internes d'un groupe professionnel tel que celui des agriculteurs qui, derrière une certaine puissance politique, dissimule des bases fragiles.
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Le foncier agricole serait-il le nouvel enjeu des politiques de protection de l'environnement ? « L'outil foncier » est en effet un moyen de plus en plus couramment envisagé par les gestionnaires de l'eau pour contraindre les agriculteurs à modifier leurs pratiques sur les périmètres de captage menacés de pollution. Les terres agricoles acquises peuvent être ensuite allouées à des agriculteurs en échange du respect d'un cahier des charges. Recourir à l'outil foncier, c'est se soustraire à l'exigence de concertation qui fonde les politiques environnementales françaises (Theys, 2003) et entrer ouvertement dans une phase de conflit avec les agriculteurs, comme en témoignent différents exemples de négociation autour de mesures de protection de l'eau (Hellec et al., à venir ; Yannick et al., 2009). C'est, surtout, s'immiscer dans un domaine le plus souvent réservé aux représentants professionnels agricoles : celui de la redistribution des terres entre agriculteurs.[br/]Le foncier est une ressource centrale pour les agriculteurs, qui est en constante régression sous l'effet des dynamiques d'urbanisation. De nombreux travaux traitent des conflits fonciers liés à cette concurrence avec d'autres activités économiques et sociales. Toutefois, l'accès aux terres agricoles est d'abord un objet de tensions entre agriculteurs, et ces tensions restent à notre sens insuffisamment étudiées. Alors que les exploitations agricoles ne cessent de s'agrandir, et que le nombre d'agriculteurs continue de diminuer à un rythme élevé, nombreux sont ceux qui aimeraient exercer ce métier mais qui, faute de terres, ne le peuvent pas (Vianey, 1998). Des associations, telles que Terres de liens, ont d'ailleurs été créées pour lutter contre ce paradoxe et accompagner ceux qui ont le projet de s'installer en agriculture biologique. L'incursion de nouveaux acteurs tels que les gestionnaires de l'environnement dans le jeu foncier agricole peut aussi conduire à remettre en cause des hiérarchies socio-professionnelles propres au monde agricole, en ...
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In: 2013; Nouvelles formes d'agriculture : pratiques ordinaires, débats publics et critique sociale, Dijon, FRA, 2013-11-20-2013-11-21
Le foncier agricole serait-il le nouvel enjeu des politiques de protection de l'environnement ? « L'outil foncier » est en effet un moyen de plus en plus couramment envisagé par les gestionnaires de l'eau pour contraindre les agriculteurs à modifier leurs pratiques sur les périmètres de captage menacés de pollution. Les terres agricoles acquises peuvent être ensuite allouées à des agriculteurs en échange du respect d'un cahier des charges. Recourir à l'outil foncier, c'est se soustraire à l'exigence de concertation qui fonde les politiques environnementales françaises (Theys, 2003) et entrer ouvertement dans une phase de conflit avec les agriculteurs, comme en témoignent différents exemples de négociation autour de mesures de protection de l'eau (Hellec et al., à venir ; Yannick et al., 2009). C'est, surtout, s'immiscer dans un domaine le plus souvent réservé aux représentants professionnels agricoles : celui de la redistribution des terres entre agriculteurs.[br/] Le foncier est une ressource centrale pour les agriculteurs, qui est en constante régression sous l'effet des dynamiques d'urbanisation. De nombreux travaux traitent des conflits fonciers liés à cette concurrence avec d'autres activités économiques et sociales. Toutefois, l'accès aux terres agricoles est d'abord un objet de tensions entre agriculteurs, et ces tensions restent à notre sens insuffisamment étudiées. Alors que les exploitations agricoles ne cessent de s'agrandir, et que le nombre d'agriculteurs continue de diminuer à un rythme élevé, nombreux sont ceux qui aimeraient exercer ce métier mais qui, faute de terres, ne le peuvent pas (Vianey, 1998). Des associations, telles que Terres de liens, ont d'ailleurs été créées pour lutter contre ce paradoxe et accompagner ceux qui ont le projet de s'installer en agriculture biologique. L'incursion de nouveaux acteurs tels que les gestionnaires de l'environnement dans le jeu foncier agricole peut aussi conduire à remettre en cause des hiérarchies socio-professionnelles propres au monde agricole, en facilitant l'accès des terres à des agriculteurs au profil atypique.[br/] Dans cette communication, nous proposons d'examiner un cas concret de conflit foncier, lié à des actions de protection de l'environnement conduites par une entreprise privée sur le plateau de Vittel. Nous montrerons que le conflit n'oppose pas de manière simple l'industriel et les agriculteurs, mais qu'il se caractérise par des tensions particulièrement vives entre les agriculteurs, révélant des lignes de fragmentation au sein même du monde agricole local (Hervieu, Purseigle, 2013). Ces tensions sont révélatrices du rapport singulier des agriculteurs à la terre, d'une part, et de la dureté des luttes locales pour l'imposition de certains modèles de production, qui sont associés à des identités professionnelles spécifiques (Hellec, Blouet, 2012).[br/] Sur l'impluvium de Vittel, la Société Générale des Eaux Minérales de Vittel (reprise par Nestlé Waters France en 1992) a acheté une grande partie des terres agricoles afin de préserver la qualité des sources d'eau minérale qu'elle exploite. La mise à disposition de ces terres aux agriculteurs est conditionnée par le respect d'un cahier des charges, incluant notamment l'arrêt de la culture du maïs et de l'utilisation de produits phytosanitaires. Cette démarche de protection de captage d'eau, associant acquisitions foncières et contractualisations avec les agriculteurs, demeure singulière au regard des moyens financiers importants mis en œuvre. Souvent citée en exemple dans les médias, elle soulève de nombreuses critiques parmi les acteurs agricoles locaux, critiques auxquelles nous avons été confrontée dès le démarrage de notre travail d'enquête.[br/] La question foncière, absente de notre questionnement initial, s'est en effet imposée avec force au cours de notre travail de terrain. L'objectif premier de notre recherche était d'analyser l'évolution d'un dispositif de qualité de l'eau, en revenant sur un terrain étudié vingt ans plus tôt par une équipe de recherche pluridisciplinaire (Deffontaines, Brossier, 1997). La revisite (Buroway, 2003) du plateau de Vittel a ainsi permis de renouveler le regard sur les rapports entre agriculteurs et industriel, en mettant au jour les conflits qui se sont noués autour de la stratégie foncière de ce dernier. Le travail d'enquête a compris la reprise des travaux scientifiques antérieurs, la consultation d'archives et la réalisation d'une trentaine d'entretiens auprès de différentes catégories d'acteurs (agriculteurs exploitants sur le plateau de Vittel, conseillers agricoles intervenant ou ayant intervenu sur ce secteur, responsables professionnels agricoles, responsables de l'entreprise agro-alimentaire, chercheurs). Les entretiens avec des personnes retraitées ou ayant changé de fonction, et donc désengagés des jeux de pouvoir locaux, nous ont permis d'accéder à une information particulièrement riche sur le déroulement des négociations foncières.[br/] La première partie de la communication présentera la stratégie foncière menée par l'entreprise agro-alimentaire, avec l'appui de la SAFER des Vosges, organisme chargé de réguler le marché foncier agricole. Dans une seconde partie, nous mettrons en évidence les effets de cette stratégie foncière sur l'agriculture locale, en intégrant deux niveaux d'analyse : l'un qui porte sur l'évolution des structures agricoles et des pratiques mises en œuvre, le second sur les débats locaux que cette stratégie a suscité – et qu'elle suscite encore. Nous examinerons selon une perspective pragmatique les formes de justice sociale et d'excellence professionnelle qui fondent les différents points de vue au sein de ces débats (Lémery, 2003). [br/] En conclusion, nous reviendrons sur les luttes foncières qui traversent le monde agricole et nous montrerons en quoi elles favorisent la permanence d'un modèle agricole productiviste, au détriment de formes d'agriculture plus respectueuses de l'environnement.
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National audience ; The 1966 statute on livestock farming gave insemination co-operatives a nationwide monopoly to enable them to carry out their mission of improving the gene pool of French cattle farms. But under European deregulation policies the sector is now opening up to competition, transforming the relationship between co-operatives and farmers. Now that farmers can no longer be considered simple users of the public-sector insemination service, just who exactly are they? Are they customers like in any other business? This paper seeks to show how livestock farmers are being re-characterized now that the usual referents seem unsatisfactory. Behind the difficulties met by the various actors in insemination co-operatives lies the sheer diversity of livestock farmers that precludes any simple categorization. ; La loi sur l'élevage de 1966 a conféré aux coopératives d'insémination un monopole territorial, pour leur permettre d'assurer au mieux leur mission d'amélioration génétique des élevages bovins français. Mais sous l'effet des politiques européennes de déréglementation, le secteur de l'insémination bovine s'ouvre maintenant à la concurrence, ce qui modifie profondément la nature du lien entre les coopératives et les éleveurs. A partir du moment où les éleveurs ne peuvent plus être considérés comme de simples usagers du « service public » de l'insémination, qui sont-ils désormais ? Seraient-ils devenus des clients comme les autres ? Nous voulons montrer comment le travail de requalification des éleveurs s'opère, alors que les référents usuels n'apparaissent plus satisfaisants. Derrière ces difficultés rencontrées par les différents acteurs des coopératives d'insémination, il faut voir la grande diversité des éleveurs, qui ne se laisse pas facilement saisir et appréhender dans des catégorisations.
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In: Les mondes ruraux à l'épreuve des sciences sociales. 2006; Les mondes ruraux à l'épreuve des sciences sociales, Dijon, FRA, 2006-05-17-2006-05-19, 1-14
La loi sur l'élevage de 1966 a conféré aux coopératives d'insémination un monopole territorial, pour leur permettre d'assurer au mieux leur mission d'amélioration génétique des élevages bovins français. Mais sous l'effet des politiques européennes de déréglementation, le secteur de l'insémination bovine s'ouvre maintenant à la concurrence, ce qui modifie profondément la nature du lien entre les coopératives et les éleveurs. A partir du moment où les éleveurs ne peuvent plus être considérés comme de simples usagers du « service public » de l'insémination, qui sont-ils désormais ? Seraient-ils devenus des clients comme les autres ? Nous voulons montrer comment le travail de requalification des éleveurs s'opère, alors que les référents usuels n'apparaissent plus satisfaisants. Derrière ces difficultés rencontrées par les différents acteurs des coopératives d'insémination, il faut voir la grande diversité des éleveurs, qui ne se laisse pas facilement saisir et appréhender dans des catégorisations. ; The 1966 statute on livestock farming gave insemination co-operatives a nationwide monopoly to enable them to carry out their mission of improving the gene pool of French cattle farms. But under European deregulation policies the sector is now opening up to competition, transforming the relationship between co-operatives and farmers. Now that farmers can no longer be considered simple users of the public-sector insemination service, just who exactly are they? Are they customers like in any other business? This paper seeks to show how livestock farmers are being re-characterized now that the usual referents seem unsatisfactory. Behind the difficulties met by the various actors in insemination co-operatives lies the sheer diversity of livestock farmers that precludes any simple categorization.
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In: Rearing calves with nurse cows : experiences of French organic dairy farmers(2018)
Improving animal welfare an forms is currently a major issue, in responseto expectations of citizens and consumers. In organic farming, reflections are continuing on how to change livestock production practices to allow animals to express their natural behaviour most fully. Calf rearing in dairy systems is a focus of attention. At the moment, separating calves from their mothers remains the most common practice, but new techniques that favour the marternal bond are appearing. Understanding these practices better to identify conditions under which they can be adopted by more farmers was the goal of a survey conducted in spring 2018 of organic dairy farmers who rear calves with adult cows. This work has been made under the GrazyDaiSy project, funded by the European Union program Core organic.
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In: Rural sociology, Band 80, Heft 2, S. 248-273
ISSN: 1549-0831
AbstractIn the research reported here, we studied three cereal‐growing areas in the French region of Burgundy, concentrating on the dynamics of change with regard to farmers' use of pesticides and new soil management practices on the one hand and on farmers' professional dialogue networks on the other. Our aim in this article is to show the link between the network types and the dynamics of change in their members' behavior. Three types of coalitional networks appeared. In the "mainly bonding" network, the roles of innovator and early adopter were the most highly shared among farmers. In the "mainly bridging" network, these roles were occupied by a single person holding a central position within the network. In the "bonding and bridging" structure, the roles of innovator and early adopter were held by different individuals. We further observed that the farmers developing integrated crop protection techniques occupied different positions from those implementing complete no‐tillage, which is not promoted by technical advisory services. A rivalry thus appears to emerge between these two orientations in which the farmers are engaged within the network.
Longtemps considéré uniquement comme le support des activités humaines, le sol est devenu au cours des vingt dernières années un objet d'attention croissante de la part de différents acteurs soucieux de sa conservation. Mais les voies qu'ils empruntent, et les connaissances sur lesquelles ils s'appuient pour penser cette conservation, apparaissent sensiblement différentes. En particulier, la notion de service écosystémique (SE) popularisée par le Millenium Ecosystem Assessment pourrait constituer un cadre conceptuel nouveau pour penser les politiques environnementales. Ancré en sociologie des sciences, le projet COSAC s'est intéressé plus particulièrement au monde de la recherche en sciences du sol et à celui du mouvement de l'agriculture de conservation des sols (AC), afin d'étudier et de comparer les processus de production de connaissances qui prennent place dans ces deux univers socio-professionnels. Plus précisément, les objectifs de ce projet étaient d'analyser (i) la nature des connaissances produites, c'est-à-dire les différents modes de production de ces connaissances, (ii) les types d'épreuves mis en place pour évaluer les connaissances et (iii) les déplacements induits par la notion de SE dans les modalités de production et d'évaluation des connaissances. Deux méthodes complémentaires ont été mobilisées : (1) des enquêtes qualitatives basées sur des entretiens et des observations directes de différents terrains, correspondant à des collectifs de chercheurs et/ou d'agriculteurs ; (2) une analyse textuelle informatisée de la production scientifique en sciences du sol en lien avec des problématiques agricoles. Nos résultats mettent en évidence la montée de l'intérêt pour la vie du sol, qui se traduit par un déploiement des approches écologiques en sciences du sol, d'une part, et une observation attentive des organismes qui peuplent le sol par les agriculteurs de l'AC, d'autre part. Les processus de production de connaissances se révèlent très différents entre ces deux univers. Les scientifiques tentent ...
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Longtemps considéré uniquement comme le support des activités humaines, le sol est devenu au cours des vingt dernières années un objet d'attention croissante de la part de différents acteurs soucieux de sa conservation. Mais les voies qu'ils empruntent, et les connaissances sur lesquelles ils s'appuient pour penser cette conservation, apparaissent sensiblement différentes. En particulier, la notion de service écosystémique (SE) popularisée par le Millenium Ecosystem Assessment pourrait constituer un cadre conceptuel nouveau pour penser les politiques environnementales. Ancré en sociologie des sciences, le projet COSAC s'est intéressé plus particulièrement au monde de la recherche en sciences du sol et à celui du mouvement de l'agriculture de conservation des sols (AC), afin d'étudier et de comparer les processus de production de connaissances qui prennent place dans ces deux univers socio-professionnels. Plus précisément, les objectifs de ce projet étaient d'analyser (i) la nature des connaissances produites, c'est-à-dire les différents modes de production de ces connaissances, (ii) les types d'épreuves mis en place pour évaluer les connaissances et (iii) les déplacements induits par la notion de SE dans les modalités de production et d'évaluation des connaissances. Deux méthodes complémentaires ont été mobilisées : (1) des enquêtes qualitatives basées sur des entretiens et des observations directes de différents terrains, correspondant à des collectifs de chercheurs et/ou d'agriculteurs ; (2) une analyse textuelle informatisée de la production scientifique en sciences du sol en lien avec des problématiques agricoles. Nos résultats mettent en évidence la montée de l'intérêt pour la vie du sol, qui se traduit par un déploiement des approches écologiques en sciences du sol, d'une part, et une observation attentive des organismes qui peuplent le sol par les agriculteurs de l'AC, d'autre part. Les processus de production de connaissances se révèlent très différents entre ces deux univers. Les scientifiques tentent ...
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In: 5. Congrès AFS : Les dominations, Nantes, FRA, 2013-09-02-2013-09-05
La reconquête de la qualité d'eau fait l'objet de différentes politiques publiques (bassins d'alimentation de captage 'Grenelle', directive Nitrates). Ces programmes d'action n'ont pas toujours eu les effets attendus et des changements de pratiques sont demandés aux agriculteurs. Dans ces cas de gestion ordinaire pour la maîtrise de pollutions diffuses agricoles, les notions de justice et de durabilité environnementale sont rarement reliées. Elles ont été davantage mobilisées dans le cas d'impact direct de produits toxiques sur la santé des populations (Shriver and Webb, 2009) et beaucoup plus développées aux Etats-Unis faisant de la justice environnementale un « concept américain » (Reed and George, 2011). Les recherches sur la justice environnementale ont attiré l'attention sur les victimes et les processus de domination par rapport à des minorités sociales (Reed and George, 2011) et à des populations autochtones dont les droits d'usage des terres ont été bafoués (Hillman, 2006). Dans bien des contextes, la justice est une dimension pertinente dans la prise de décision et pour une gestion efficace de l'environnement (Hillman, 2006). La durabilité environnementale comporte une forme de justice qu'il s'agit de prendre en compte, pour elle-même et pour que la gestion soit rendue plus efficace par l'adhésion des personnes à ses principes. Toute action à mettre en place semblera « juste » si elle répond au besoin de justice sociale et d'équité mais également si elle est juste au sens de « justesse » (Boltanski et Thévenot, 1991) c'est-à-dire appropriée à la situation, en l'occurrence reconnue comme pouvant avoir un effet positif sur la qualité de l'eau. Nous illustrerons cette dialectique entre environnement et justice à partir d'une analyse comparative de deux terrains, fondée sur un travail d'enquêtes sociologiques (20+30) et monographiques menées en 2011 et 2012: le bassin versant de la Sorme situé en Saône-et-Loire et le plateau de Vittel dans les Vosges. Le lac de la Sorme a été créé par le barrage de la rivière éponyme en 1971. Très vite, il devient une ressource d'eau potable pour les agglomérations du Creusot et de Montceau les Mines. Dans les années 1980, apparaît un problème d'eutrophisation des eaux qui perdure aujourd'hui malgré la mise aux normes des bâtiments d'élevage. Sur le plateau de Vittel, des contrats ont été passés avec les agriculteurs dès le début des années 1990, en vue de contrôler les risques de pollution azotée de sources d'eau minérale exploitées par une entreprise agro-alimentaire. Le caractère pionnier de la démarche (Deffontaines, Brossier, 1997) en fait un exemple régulièrement cité dans les médias. Ces deux exemples diffèrent donc quant à la nature de l'eau considérée (potable/minérale) et l'origine des pollutions (phosphore/azote), ainsi que par le type d'acteurs impliqués (collectivités locales/firme industrielle) et les modalités d'action de protection de l'eau mises en œuvre. Dans les deux situations se pose cependant la question de l'évolution au fil du temps d'un dispositif négocié de protection de l'eau, et de la place qu'y occupent les agriculteurs. Dans le cas du bassin versant de la Sorme, les agriculteurs expriment ainsi un besoin de justice face aux gestionnaires de l'eau, alors même que s'élaborent le prochain plan de protection. Dans le cas de Vittel où le dispositif apparaît plus stabilisé, la question de la justice se focalise de manière très vive autour du partage du foncier, la firme agro-alimentaire détenant désormais la majorité des terres agricoles de l'impluvium. Sur les deux territoires, ces demandes de justice portent sur deux dimensions : une dimension temporelle (i), qui renvoie à une prise en compte du temps long dans l'élaboration du dispositif de protection de l'eau (temps de latence, durabilité des exploitations agricoles) ; une dimension socio-spatiale (ii) qui correspond au partage de responsabilités avec les autres acteurs du territoire, d'une part, et à un traitement équitable des agriculteurs, prenant en compte leurs situations individuelles, d'autre part.
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National audience ; La reconquête de la qualité d'eau fait l'objet de différentes politiques publiques (bassins d'alimentation de captage 'Grenelle', directive Nitrates). Ces programmes d'action n'ont pas toujours eu les effets attendus et des changements de pratiques sont demandés aux agriculteurs. Dans ces cas de gestion ordinaire pour la maîtrise de pollutions diffuses agricoles, les notions de justice et de durabilité environnementale sont rarement reliées. Elles ont été davantage mobilisées dans le cas d'impact direct de produits toxiques sur la santé des populations (Shriver and Webb, 2009) et beaucoup plus développées aux Etats-Unis faisant de la justice environnementale un « concept américain » (Reed and George, 2011). Les recherches sur la justice environnementale ont attiré l'attention sur les victimes et les processus de domination par rapport à des minorités sociales (Reed and George, 2011) et à des populations autochtones dont les droits d'usage des terres ont été bafoués (Hillman, 2006). Dans bien des contextes, la justice est une dimension pertinente dans la prise de décision et pour une gestion efficace de l'environnement (Hillman, 2006). La durabilité environnementale comporte une forme de justice qu'il s'agit de prendre en compte, pour elle-même et pour que la gestion soit rendue plus efficace par l'adhésion des personnes à ses principes. Toute action à mettre en place semblera « juste » si elle répond au besoin de justice sociale et d'équité mais également si elle est juste au sens de « justesse » (Boltanski et Thévenot, 1991) c'est-à-dire appropriée à la situation, en l'occurrence reconnue comme pouvant avoir un effet positif sur la qualité de l'eau. Nous illustrerons cette dialectique entre environnement et justice à partir d'une analyse comparative de deux terrains, fondée sur un travail d'enquêtes sociologiques (20+30) et monographiques menées en 2011 et 2012: le bassin versant de la Sorme situé en Saône-et-Loire et le plateau de Vittel dans les Vosges. Le lac de la Sorme a été créé par le ...
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In: Terrains & travaux: cahiers du Département de Sciences Sociales de l'ENS de Cachan, Band 20, Heft 1, S. 157-172
ISSN: 1627-9506
National audience ; The French State is accused by the European Union of failing to protect its natural water resources. Yet there are many examples of water protection success. Lons-le-Saunier is one sych example where the town council implements preventive actions to preserve drinking water quality. Our paper analyses the negociation process between the town council and the farmers. We conducted a long-term study which integrated the professional dynamics of farmers. Thirty people were interviewed in order to understand their mutual relationships and their own representation of the environmental problem and of the solution adopted Three more or less conflicting priods were detected. In the first period contracts to alter farming practices were signed between the town council and the farmers. In the second period these contracts were renewed by tacit agreement. The third period was characterized by a growing complexity of regulations and the intervention of an increasing number of state stakeholders. In all, this environmental policy remains original and precursory. Yet, contrary to what is currently reported in the media organic farming does not serve water quality today in this particular area. The role played by the town council must be underlined here. They chose a dialogue approach but sometimes used regulatory tools to oblige farmers to take part in the negotiation. The farmers' commitment to natural resources protection may be explained by the material and symbolic benefits they obtained. ; Contrainte par l'Union européenne à renforcer ses mesures de protection des ressources naturelles en eau, la France comporte quelques exemple de réussite en la matière. Ainsi en est-il du cas de Lons-le-Saunier, précurseur en matière de protection préventive de la qualité de l'eau. Notre étude a porté sur le processus de négociation entre les autorités publiques locales et les agriculteurs, analysé sur le temps long, en intégrant les dynamiques professionnelles agricoles. Nos résultats mettent en évidence le rôle ...
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Water protection has been becoming a major issue since the last obligations, imposed by European and national rules reinforcement. Therefore water managers are forced to implement preventive measures, including leading an evolution of agricultural practices located near drinking water wells. Nevertheless, experience to manage this evolution on a territory scale is lacking to managers and scientists. So the research program "Agriculture Biologique et Périmètre de Captage", composed by three teams from INRA and ISARA, makes a study of local interventions to encourage organic farming conversion near drinking water wells. Thus study for six months coordinated by Mirecourt INRA research team was established on Lons-le-Saunier lead protection of water case, considered as an example in this regard. This study exposes building steps of Lons-le-Saunier policy management and analyzes the evolution of protagonists' relationship. This work was carried out by protagonists' point of view surveys, through a discourse analysis. By this way, discourses allowed us to understand that regulatory, political and economic environments lead actors to negotiate management implements regularly and that nowadays, city and farmers' tensions would be explained by protagonists' involvement increase and by disagreement about allowed actions to protect water, especially for organic farming case. ; La protection de l'eau est devenue un enjeu majeur depuis le renforcement des obligations réglementaires qui imposent le bon état des masses d'eau d'ici 2015. Les gestionnaires de l'eau sont alors contraints de mettre en place des actions préventives, en intervenant sur les pratiques agricoles situées à proximité des captages d'eau potable. Or ces derniers manquent d'expérience pour inciter le changement de ces pratiques sur un territoire. C'est dans ce contexte que le programme de recherche Agriculture Biologique et Périmètre de Captage (ABiPeC), mobilise trois équipes de l'INRA et l'ISARA sur les incitations locales à la conversion en agriculture ...
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