Les bas-fonds couvrent une surface estimée à 190 000 millions d'hectares en Afrique sub-Saharienne dont moins de 20% sont cultivés, et représentent ainsi un grand potentiel pour accroitre la production agricole (riz et cultures de diversification), alimenter la population croissante en Afrique et fournir des revenus aux producteurs. Le Bénin qui dispose d'environ 205 000 ha de terres de bas-fonds exploite moins de 8% de cette richesse.
Depuis la grande sécheresse des années 1970, la valorisation agricole des ressources en eau des bas-fonds et des petites plaines alluviales par leur aménagement a été considérée comme une solution décentralisée permettant de contribuer à la sécurité alimentaire et de pondérer les aléas dus au changement climatique. Dans le seul cercle de Sikasso, plus de 80 sites ont été aménagés au cours de ces 30 dernières années (Source enquête DRGR Sikasso 2009); Ils constituent en cela une source de capitalisation d'expérience qui a été mise à profit pour évaluer la contribution des aménagements à l'augmentation et la sécurisation de la production agricole. Cette évaluation a été réalisée dans le cadre d'un diagnostic régional (projet RAP AfricaRice financement FSTP/UE ) qui, adossé sur une typologie, visait non seulement à caractériser des situations - types, mais également à identifier et hiérarchiser les diverses atouts et contraintes à l'intensification. Elle a été faite sur la base des informations recueillies lors d'une enquête multi - disciplinaire, de type focus-group, menée sur 37 sites, dont 17 aménagés. Les quatre principaux thèmes abordés dans le cadre de cette enquête ont concerné (i) les relations entre spécificités techniques des aménagements et caractéristiques biophysiques des sites (ii) l'impact des aménagements sur les performances de la mise en valeur agricole (iii) les interactions entre état des ouvrages, mode de gestion, maîtrise de l'eau et les performances de la mise en valeur agricole et (iv) la perception des acteurs de l'impact socio-économique des aménagements (aspects fonciers, genre, capacité d'investissement des agriculteurs). L'étude, qui confirme la fonctionnalité de la plupart des aménagements malgré leur état (2/3 considérés comme dégradés), en montre néanmoins les limites. L'amélioration potentielle de la maîtrise de l'eau ne s'est traduite ni par des rendements plus élevés, ni par des pratiques culturales et d'irrigation plus intensives : ils sont, de l'avis des producteurs, identiques à ceux des sites non aménagés. L'étude montre que ces limites ont des conséquences différentes suivant la vocation de l'aménagement. Les aménagements permettant de développer les cultures de contre saison, en accroissant les surfaces sur lesquelles il est possible d'irriguer à partir de la nappe, contribuent effectivement à valoriser les ressources en eau. Leur impact socio-économique, à mettre en relation avec les fortes marges qu'ils permettent, est illustré par l'augmentation de la capacité individuelle d'investissement touche plus de 90% des bénéficiaires. Plus que l'aspect technique, c'est la capacité de commercialisation des producteurs qui semble le point critique. Dans un contexte de changement climatique, la construction de cascades de seuils le long d'un même cours d'eau, tel que réalisé à Bamadougou, devrait pouvoir pondérer l'impact des risques accrus de déficit pluviométrique sur la dynamique de la nappe. A contrario pour les aménagements dont la valorisation est uniquement rizicole, le fait que l'augmentation de la capacité individuelle et collective d'investissement qu'ils engendrent soit significativement plus faible amène à s'interroger sur leur réel impact, mais aussi sur les conditions d'intensification de la riziculture qu'ils pourraient permettre dans un contexte de changement climatique où les risques liés à des épisodes secs ou d'excès d'eau devraient s'accentuer.
L'AFD, sur un financement du Ministère des Outre-Mer, a commandé au Cirad une étude portant sur les nouveaux modèles agricoles des DROM. Elle doit permettre, en complément de différentes autres initiatives, d'éclairer l'élaboration d'une stratégie d'évolution de la politique agricole pour aller vers l'autonomie alimentaire à l'horizon 2030 (objectif annoncé par le Président de la République lors de son déplacement à La Réunion en octobre 2019). Celle-ci s'entend comme la capacité de ces derniers à satisfaire au maximum et durablement les besoins alimentaires de leur population par leur propre production et ressources. Ces besoins doivent être couverts par des aliments en quantité et en qualité suffisante c'est-à-dire à même de fournir aux individus les apports nutritionnels recommandés. Transversale, la problématique de l'autosuffisance alimentaire amène à considérer à la fois l'offre (disponibilité, accès, innocuité, qualité …), la demande (composition, déterminants, comportements…) et les circuits qui les mettent en relation (marchés et soutiens publics). Elle intègre des préoccupations en termes d'environnement et de santé. Elle est ainsi fondamentalement liée à la production (conditions, modes de production), à l'alimentation (régimes, pratiques de consommation) et aux politiques publiques qui les soutiennent. L'étude vise donc à renseigner de manière factuelle la situation de l'autosuffisance alimentaire de chacun des territoires au regard de ces trois entrées thématiques (production, alimentation, politiques publiques) et à identifier le maximum de leviers possibles qui pourraient y contribuer.
Alors que l'économie circulaire (EC) comme nouveau paradigme économique et sociétal émerge, la place du secteur agricole dans les initiatives d'accroissement de la circularité dans les territoires est questionnée. Ce questionnement est d'autant plus pertinent dans un contexte insulaire comme celui de La Réunion, où les enjeux d'autonomie alimentaire et énergétique sont majeurs. De 2017 à 2020, un projet de Recherche et Développement intitulé GABiR (Gestion Agricole des Biomasses sur l'île de La Réunion) a mobilisé des acteurs issus du Développement, de la Formation et de la Recherche, dont de nombreux agronomes de diverses disciplines, mais également des décideurs politiques. Ce projet visait à renforcer l'inclusion du secteur agricole dans l'EC de l'île par une approche territoriale de la gestion des biomasses, valorisées ou valorisables en agriculture. Fort de cette expérience et des acquis du projet, un cadre méthodologique à visée générique relevant d'une démarche clinique à l'échelle territoriale et visant à accompagner la transition vers une EC incluant le secteur agricole est proposé.