Les violences sur enfants, longtemps ignorées et minimisées dans le discours public, deviennent un phénomène visible et inquiétant du fonctionnement social. Son statut dans la famille et dans la société a changé avec les bouleversements socio économiques connus par le pays. Alors qu'il est aujourd'hui désiré et attendu, investi pour le futur, l'enfant est l'objet d'agressions graves dans toutes les sphères sociales, y compris dans sa famille.
Les violences sur enfant sont enfin reconnues comme une grave réalité à combattre. Une loi et un organe de protection de l'enfant sont mis en place. Il reste encore à élaborer et appliquer rapidement une politique d'accompagnement de l'enfant dans cette douloureuse expérience : l'aider à parler de ce qu'il a vécu, instituer des mesures concrètes de protection judiciaire dans les étapes du dévoilement et de la plainte car, débouter une plainte pour « manque de preuves » est une sentence tragique pour son avenir. Le rôle des associations, parmi lesquelles celle du réseau Wassila, est essentiel pour accompagner aussi bien l'enfant, les parents, que les professionnels travaillant avec cette catégorie de victimes la plus fragile de la société.
Des femmes seules, avec ou sans enfants, originaires de diverses régions du pays, sont de plus en plus nombreuses à la recherche d'un emploi et d'un toit dans les grandes villes. Longtemps invisibles, ces migrantes répondent, dans le cadre de l'économie libérale, à une nouvelle demande du marché de l'emploi peu qualifié, dans les services et l'aide à domicile. Cette conjoncture correspond également à une restructuration de la famille, résultant de l'émergence de nouveaux rôles assignés aux femmes.
La violence extrême exercée contre les femmes dans les années les plus dures du terrorisme islamiste : assassinats, enlèvements, viols collectifs, esclavage sexuel, ne peut se comprendre si l'on ne la met pas en relation avec les violences qu'elles subissent déjà quotidiennement, et le travail d'endoctrinement menée depuis plus de vingt ans par un mouvement idéologique ségrégationiste, niant leur vie réelle jusqu'à arriver à récuser leur humanité.
Tant que la violence, instrument de subordination de l'autre moitié de la population, est considérée par la loi et la société, comme un « droit de correction » du parent masculin ou de la communauté des hommes, ce « droit de violence » agira comme un leurre politique, vidant de son sens la quête de citoyenneté de toute la société. Le droit de violence sur les femmes restera « la soupape de sécurité » pour vider de son sens politique toute revendication des citoyens à maîtriser leur existence. La communauté continuera à être régie encore et toujours par des rapports de force nue, entre des personnes, entre des individus et l'Etat.
Cet article est basé sur l'analyse systématique du peuplement de deux cités dites de recasement. Les cités de Diar El Kef (Bab El Oued) et Les Palmiers (Oued Ouchayah) étaient vouées, dés leur conception et leur construction (1958-1962), à des « populations autochtones défavorisées ». En s'intéressant de plus près à l'évolution de ce peuplement, depuis sa première installation et jusqu'en 1999, l'auteure met en lumière des mécanismes sociaux et des logiques d'acteurs pleines d'intérêt. Après les années soixante-dix et la politique volontariste de l'Etat en matière de relogement et surtout d'emploi, le lent enfoncement des habitants dans des situations de détresse sociale, physique et morale, n'est atténué dans ses effets que par le lien familial et par l'intégration sociale. Au contraire de Diar El Kef où ces liens subsistent vaille que vaille, la cité Les Palmiers croule sous le poids des ordures dans au-delà de déchéance. Le fragment d'histoire sociale que nous livre Dalila Iamarène-Djerbal est une cruelle illustration des propos de René Gallissot sur « l'urbanisation prolétaire ».