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Résumé Cet article s'appuie sur le cas de la professionnalisation des armées françaises, plus particulièrement sur la récente réforme de modernisation, pour défendre l'hypothèse que les institutions publiques d'État sont aujourd'hui déstabilisées et en tension, dans le cadre du processus de transformation, par leur dimension organisationnelle. D'un côté, la réforme adopte une perspective résolument institutionnelle : les missions de l'institution ne changent pas, mais les moyens sont rationalisés (baisse des crédits, réorganisation structurelle et territoriale). D'un autre côté, la réforme adopte une perspective plus organisationnelle : les missions sont modifiées par le politique, mais les moyens ne sont pas adaptés (nouveau cadre stratégique, banalisation de l'institution). L'article entend poser les bases de ce diagnostic et montrer que ce glissement vers une logique organisationnelle appelle à une recomposition de l'institution sur de nouvelles bases d'action.

Les forces armées articulent leur action à une organisation rationnelle, la bureaucratie, et à une valeur, la discipline. Ces deux éléments garantissent le fondement du lien social entre les militaires et la nation ; entre un ordre et son exécution. L'armée professionnelle s'inscrit dans une définition nouvelle de notre appareil de défense qui tient compte des contingences internationales. Sa mise en place induit aussi des logiques internes, centrées autour de l'autorité et du métier. Nous nous intéressons particulièrement dans cet article à la légitimation légale de l'autorité, en tant que principe bureaucratique, ainsi qu'aux évolutions actuelles que l'organisation doit intégrer. En effet, le commandement tend à s'adapter et à s'assouplir. Et ce sont les relations entre le chef et ses subordonnés qui se modifient.

La Marine nationale suit avec attention les évolutions sociologiques touchant son personnel à cause des contraintes professionnelles. Celles-ci doivent être prises en compte, notamment à travers une meilleure reconnaissance par l'État et donc la nation elle-même.