Ce séminaire a été organisé par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et l'université de Pretoria, avec le concours du Department of Water Affairs & Forestry, de la Water Research Commission, de l'Association française pour l'étude des irrigations et du drainage, de la Commission internationale des irrigations et du drainage et du Programme concerté Cemagref-Cirad-IRD de recherche sur les systèmes irrigués.
Thèse effectuée dans le cadre du Projet Retail de l'Office du Niger, projet financé par l'actuelle AFD, et dans le cadre du CIRAD. ; For historical and technical reasons, Sahelian irrigated schemes have constituted very regulated and very standardized entities, in which there is little room for individual initiative. In spite of this, proposed technologies, solely oriented towards rice production, have faced much difficulty being accepted by farmers. The intensive model proposed by Projet Retail in the Office du Niger irrigated scheme is effective and well adapted to the biophysical conditions of the environment. It has nevertheless been adopted by farmers to varying degrees in a variety of ways. This diversity of responses led to further investigation into the diversity of farm strategies. The issue has been studied using a farming systems approach, taking into account both rice and non-rice activities, as well as a research-development approach closely associating extension agents to the research. The typology developed clearly shows the importance of non-rice components within the overall operation of farming systems, as well as the sensitivity of Office du Niger farms to external risks. Surveys of farmers' fields indicate that the diversity of farm strategies has consequences for the management of paddy fields, as evidenced by the substantial variability in cultural practices observed. Based on these findings, technical research was initiated to address the problems identified, with care being taken to develop a set of guidelines appropriate for the various existing farming systems and easily applied by extension agents. The typology has not been limited to a description of the existing situation; it was also used to define actions that take into account the diverse farming systems. For technical research, it has led to increased emphasis on the development of differentiated intensification models with enhanced flexibility. For rice extension work, it has permitted tailoring extension messages to the objectives and constraints of different farming systems. Also, by showing the importance of non-rice activities within certain farming systems, it has permitted the development of recommenda¬tions regarding gardening and livestock activities, neglected until now. Finally, it provides political and financial decision makers information about measures to take regarding rehabilitation of the scheme, land reallocation, land use planning, social integration, and organizing producers. ; Pour des raisons techniques et historiques, les périmètres irrigués sahéliens constituent des entités très normatives, au sein desquelles il y a peu de place pour l'initiative individuelle. Malgré cela, les modèles techniques proposés, uniquement orientés vers la riziculture, ont eu beaucoup de mal à s'imposer. Le modèle intensif conseillé dans le cadre de l'Office du Niger par le projet Retail est performant et bien adapté aux conditions physiques du milieu. Il a pourtant été adopté par les paysans selon des modalités variées. Cette diversité des réponses nous a conduit à nous interroger sur la diversité des fonctionnements des exploitations agricoles. Celle-ci a été analysée dans une démarche "systèmes de production" prenant en compte aussi bien le riz que les activités non-rizicoles, mais aussi dans une démarche de "recherche-développement" associant étroitement les cadres du développement aux travaux entrepris. La typologie élaborée met en évidence l'importance des composantes non rizicoles des systèmes de production dans le fonctionnement global de ceux-ci, mais aussi la sensibilité des exploitations de l'Office du Niger aux aléas extérieurs. Les suivis de parcelles effectués montrent que cette diversité des fonctionnements a des conséquences sur la conduite des rizières, puisque l'on retrouve à ce niveau une assez forte variabilité des pratiques culturales. A partir de là, des recherches plus techniques ont été entreprises pour répondre aux problèmes identifiés, avec le souci d'élaborer des références susceptibles de valoriser la diversité des exploitations agricoles et utilisables facilement par des conseillers agricoles. La typologie n'est pas restée un outil de description de la réalité, elle a pu être utilisée pour définir des actions prenant en compte la diversité des exploitations. Pour les recherches techniques, elle a conduit à mettre l'accent sur la mise au point de modèles d'intensification différenciés, plus souples. Pour le conseil technique rizicole, elle a permis de moduler les conseils en fonction des objectifs et des contraintes des différents types d'exploitations. Elle a aussi permis, en montrant l'importance des activités non-rizicoles dans le fonctionnement de certains types d'exploitations, de développer un conseil sur le maraîchage et l'élevage, auparavant négligés. Enfin, elle fournit aux décideurs politiques et financiers des éléments sur les mesures à prendre en matière de réhabilitation des casiers, de réattribution foncière, d'aménagement de l'espace, d'intégration sociale et d'organisation des producteurs.
Des systèmes de culture irriguée assez variés se sont développés, en fonction des caractéristiques du milieu naturel, des objectifs de l'Etat et de ceux des paysans. Ils se caractérisent par des successions culturales et des itinéraires relativement diversifiés, malgré un nombre d'espèces cultivées assez restreint. le fonctionnement de ces systèmes, en particulier le choix des successions et des itinéraires, pose un certain nombre de problèmes, qui limitent les performances des systèmes irrigués. Entrent en jeu des facteurs agronomiques (terrain, climat, . .), le type d'aménagement, l'organisation collective, les décisions de l'encadrement et, enfin, les contraintes et les objectifs propres à chaque unité de production paysanne. A u-delà des différences de structure, des mécanismes de fonctionnement vo1S1ns rapprochent des situations a priori dissemblables alors qu'au sein de zones "homogènes" se révèlent des différences profondes d'objectifs et de fonctionnement. Avec la mise en service des barrages et l'extension des surfaces, la place de l'irrigué au sein des systèmes devrait augmenter et l'Etat compte sur une forte augmentation des productions et de l'intensité culturale, ce qui ne constitue pas en soi un objectif pour les paysans. les choix de ces derniers dépendront largement de la politique choisie en matière de prix, de crédit et d'accès à la terre.
Dans les années 30, lors de la création de l'Office du Niger, projet de grande irrigation, les colons africains installés par l'Office devaient rapidement recevoir des garanties foncières. En fait, aucune sécurité foncière ne leur a jamais réellement été accordée et, depuis près de 60 ans, la situation foncière des colons est restée précaire et instable, les règles d'attribution, les emplacements, les règles d'éviction, ayant fréquemment changé au fil du temps. La démocratisation politique en cours au Mali favorise le processus de responsabilisation foncière des paysans, mais ce transfert reste timide, d'autant que ses bases juridiques sont encore confuses. La situation foncière individuelle des 10000 colons de l'Office est loin d'être sécurisée, puisque moins de 40 d'entre eux ont pu obtenir un permis d'exploitation agricole en bonne et due forme. Le pouvoir foncier des exploitants face à la collectivité, l'Etat et l'Office du Niger hier, les associations villageoises demain est d'autant plus faible que la terre, réputée inaliénable, constitue en fait la seule garantie du crédit : le non-remboursement des dettes reste le principal -voir le seul- motif d'éviction des casiers
The aim of this study is to investigate the impact of indirect land tenure on irrigated farms sustainability in Tunisia. This analysis is based on the farm sustainability assessing method (IDEA-Indicateurs de Durabilité des Exploitations Agricoles= Farm Sustainability Indicators) adapted to the Tunisian context. It is based on the calculation of indicators scores for the three sustainability dimensions: agro-ecological, socio-territorial and economic.Faced with land constraints, 40% of farmers sort to indirect land tenure through diverse a range of land contracts (rental and sharecropping). Our results showed that the lowest sustainability scores are found for indirect farming (31/100) and are related to the agro-ecological and socio-territorial dimensions. Conversely, these exploitations showed the highest score (72/100) for the economic dimension, much better than those obtained by landowners, with incomes reaching 3 times the Tunisian Guaranteed Agricultural Minimum Wage and an economic efficiency reaching 80%. Thus, access to land, through indirect tenure, leads, on the one hand, to improve the economic sustainability, but on the other hand, to low agro-ecological performances and negative externalities (soil degradation and overexploitation of resources). These findings reflect a degree of "conflicts" between both the economic and agro-ecological objectives. In fact, lessees seek to maximize their production in the short term and neglect the agro-ecological dimension, knowing that they will exploit these lands only for a few years. Conversely, landowners are more concerned with the agro-ecological dimension, as their lands and they are sure to keep them.
Dans un contexte semi-aride comme celui de la Tunisie, l'irrigation conduit à l'augmentation de la valeur de la terre. De nombreux exploitants agricoles n'ont pas de terres en propriété, ou n'en ont pas assez à cultiver. Pour eux, l'obtention d'une parcelle irriguée par le biais du faire-valoir indirect (location, métayage) représente la seule voie de recours. D'autres ont accès à la terre, mais n'ont pas les moyens financiers pour la cultiver. L'objectif de cette communication est de montrer le rôle du faire-valoir indirect en irrigué et ses conséquences sur le fonctionnement des exploitations et leur différenciation dans un contexte qui se caractérise par des inégalités d'accès aux ressources. Le cas étudié est le périmètre irrigué de Gaâfour, situé au Nord-Ouest de la Tunisie. Il est caractérisé par la diversité de statuts des acteurs et des arrangements fonciers. On rencontre des contrats formels basés sur des baux écrits, d'autres informels reposant sur des accords verbaux, des contrats de longue durée et d'autres valables pour une seule campagne. Cette organisation du foncier irrigué permet aux différents exploitants (propriétaires, attributaires de l'Etat, locataires, métayers, etc.) des ajustements de surfaces irrigables, afin de pouvoir augmenter leur revenu agricole, améliorer leur situation sociale ou mieux valoriser leur force de travail.
Depuis l'Indépendance, l'agriculture représente un pilier majeur de l'économie ainsi que de la société en Tunisie, malgré une tendance à la baisse de sa contribution dans le produit intérieur brut et l'emploi. L'existence de vastes terres domaniales, qui appartiennent au domaine privé de l'Etat, a servi d'instrument aux politiques agricoles successives. Ainsi, afin de les valoriser pour le développement économique et social du pays, l'Etat a confié la gestion de ces terres à différents acteurs : des jeunes agriculteurs, des techniciens agricoles, des sociétés (privées) de mise en valeur et de développement agricole et l'Office des terres domaniales. Dans le périmètre irrigué de Gaâfour, au Nord-Ouest de la Tunisie, les terres domaniales sont exploitées par 98 jeunes agriculteurs, 3 techniciens agricoles, 3 sociétés de mise en valeur et de développement agricole, et l'Office des terres domaniales. Les résultats montrent que la situation de ces différents types d'attributaires, malgré quelques réussites individuelles, demeure souvent critique, pour différentes raisons. Les jeunes agriculteurs ne peuvent pas développer leur exploitation sur les lots de très petite superficie qu'ils ont reçu, vu leur manque de moyens financiers et de connaissances techniques, et en l'absence de soutien de l'Etat ; la moitié ont été conduits à céder leurs parcelles en location, de manière informelle, à d'autres exploitants. Les techniciens agricoles, malgré leurs connaissances techniques et leurs moyens financiers, ont dû quitter leur lot dès la première année d'installation, du fait de conflits sociaux. Les sociétés de mise en valeur et de développement agricole, bien qu'elles aient reçu de grandes superficies, en sec et en irrigué, sont peu nombreuses à assurer leur viabilité. Enfin, l'Office des terres domaniales n'exploite les terres irrigables qu'en sec, donc sans les valoriser vraiment, et n'arrive pas à gérer toute la superficie qui lui est dévolue, faute de moyens. L'Etat devrait donc revoir sa politique et avoir plus d'exigences de valorisation pour l'attribution de ses terres aux agriculteurs bénéficiaires et aux investisseurs. Il devrait en particulier s'assurer que les attributaires aient les compétences techniques et les capacités financières nécessaires pour pouvoir travailler et valoriser les terres de l'Etat, ou, pour les attributions relevant d'options plus sociales qu'économiques, mettre en place un accompagnement adéquat des attributaires.
Le phénomène d'appropriation foncière à grande échelle touche, depuis plusieurs années, le continent africain. Soucieux de moderniser leur agriculture et de trouver des capitaux pour la développer, de nombreux États ont fait le choix de recourir à des investisseurs privés étrangers. Au Mali, dans le plus grand périmètre irrigué d'Afrique de l'Ouest, des milliers d'hectares sont maintenant attribués à des investisseurs. Le Projet sucrier de Markala (PSM), issu d'un partenariat entre le gouvernement malien et un investisseur privé sud-africain, porte sur près de 40 000 hectares. Fort de nombreuses expériences en Zambie et en Afrique du Sud, premier producteur de sucre du continent, l'investisseur souhaite reproduire au Mali son modèle industriel : culture de canne à sucre en régie et avec des paysans sous contrat. Le projet entre en concurrence directe avec des paysans maliens pour l'accès à la terre et à l'eau. Il a en effet deux répercussions majeures : l'exclusion des paysans des parcelles et une compétition pour l'accès à l'eau. À partir des réactions paysannes, l'article analyse la cohabitation entre exploitations agricoles familiales et nouveaux investisseurs, ainsi que les disparités locales qui se créent. Alors que le gouvernement souhaite développer l'agrobusiness, l'accompagnement et la régulation des investissements sont peu effectifs.
Le chômage des jeunes, particulièrement dans les zones rurales, est un problème que l'État tunisien cherche à résoudre depuis l'Indépendance. Il a ainsi mobilisé une partie des terres domaniales irriguées pour installer des jeunes. À Gaâfour, 98 jeunes agriculteurs ont reçu des lots irrigués de 2,5 ou 3,5 ha. Les résultats montrent que 50 % d'entre eux n'exploitent pas directement leur lot et le cèdent en location. Bien qu'illégales, ces sous-locations ont permis d'assurer la continuité de la production et de valoriser les aménagements hydro-agricoles. Elles ont aussi permis de créer de l'emploi pour d'autres exploitants, qui sont dans leur majorité également des jeunes. Elles ont enfin permis à d'autres attributaires d'étendre leur exploitation et de la rendre viable. Pour que l'attribution de terres domaniales à des jeunes puisse être une source d'emploi plus efficace, les conditions d'attribution devraient être révisées et les services de l'État devraient être plus actifs en termes d'accompagnement technique et financier et de suivi.
International audience ; Les savanes d'Afrique centrale qui s'étendent à travers le nord du Cameroun, le sud du Tchad et la République centrafricaine présentent une certaine homogénéité. Milieux de transition entre Sahel et Afrique forestière, ce sont des espaces enclavés, encore peu urbanisés, au peuplement contrasté, où la culture cotonnière marque fortement les systèmes agraires. Des changements rapides sont néanmoins en cours. La croissance démographique encourage l'intensification des cultures et alimente des fronts pionniers agricoles. Les crises cotonnières et l'urbanisation stimulent l'essor du vivrier marchand et l'intégration de l'élevage aux marchés. Les perspectives alimentent cependant bien des incertitudes. La chute des cours mondiaux et les difficiles privatisations rendent incertain l'avenir du secteur cotonnier. L'émergence des ONG et des organisations de producteurs, le désengagement de l'Etat, les décentralisations, sont des sources d'espoir autant que d'interrogation. La prochaine exploitation du pétrole tchadien et les grands travaux routiers devraient amplifier les mutations spatiales en cours. En stimulant l'urbanisation, elles augmenteront la demande en produits agricoles et pastoraux, encourageant la diversification et l'intégration aux marchés des systèmes économiques ruraux, là où les conditions naturelles, l'accessibilité et les dynamiques sociales sont les plus favorables. L'association d'une approche écorégionale avec la prise en compte des diversités locales permet ainsi de comprendre les dynamiques spatiales contemporaines en Afrique. (Résumé d'auteur)
International audience ; Les savanes d'Afrique centrale qui s'étendent à travers le nord du Cameroun, le sud du Tchad et la République centrafricaine présentent une certaine homogénéité. Milieux de transition entre Sahel et Afrique forestière, ce sont des espaces enclavés, encore peu urbanisés, au peuplement contrasté, où la culture cotonnière marque fortement les systèmes agraires. Des changements rapides sont néanmoins en cours. La croissance démographique encourage l'intensification des cultures et alimente des fronts pionniers agricoles. Les crises cotonnières et l'urbanisation stimulent l'essor du vivrier marchand et l'intégration de l'élevage aux marchés. Les perspectives alimentent cependant bien des incertitudes. La chute des cours mondiaux et les difficiles privatisations rendent incertain l'avenir du secteur cotonnier. L'émergence des ONG et des organisations de producteurs, le désengagement de l'Etat, les décentralisations, sont des sources d'espoir autant que d'interrogation. La prochaine exploitation du pétrole tchadien et les grands travaux routiers devraient amplifier les mutations spatiales en cours. En stimulant l'urbanisation, elles augmenteront la demande en produits agricoles et pastoraux, encourageant la diversification et l'intégration aux marchés des systèmes économiques ruraux, là où les conditions naturelles, l'accessibilité et les dynamiques sociales sont les plus favorables. L'association d'une approche écorégionale avec la prise en compte des diversités locales permet ainsi de comprendre les dynamiques spatiales contemporaines en Afrique. (Résumé d'auteur)
Since 2007, the world has seen a rush towards natural resources, particularly land as well as water. It resulted from a convergence of the 2007- 2008 food price crisis in a context of growing populations and changing diets, and the search for alternatives to financial investment products. Although data is scarce, recent estimates show that about 42 million hectares have been acquired (Nolte, Chamberlain and Giger, 2016). Contrary to what is often highlighted, these lands are not the most marginal, underused and unowned, but are close to other resources, especially water, as well as infrastructure (roads and transport) and services. This means the resource acquisition phenomenon is embedded in a complex matrix of resources and processes which is increasingly under pressure. That said, attention has so far mainly been sectoral, focused on land issues and neglecting this interconnectedness. However, the water implications of these land deals are starting to surface.