Si les débats sur l'élevage d'herbivores sont largement posés à l'échelle planétaire (réduction des gaz à effets de serre, alimentation mondiale, biodiversité), l'élevage contribue aussi au développement durable des territoires ruraux : il s'y présente comme une activité ancrée dans des sociétés, des filières et un espace local où il fournit des produits et services multiples. Nous proposons une revue bibliographique visant à préciser comment les chercheurs abordent les relations entre élevage et territoire. Elle a été menée sur des moteurs de recherche des sciences biotechniques et sociales. Les mots-clés utilisés sont issus du champ des systèmes d'élevage et du champ du territoire, avec un accent sur ses dimensions spatiales et sociales. Trois grands domaines d'étude des liens entre " élevage " et " territoire" ressortent. Ils traitent respectivement : 1) des liens entre les activités agricoles (dont l'élevage) et le territoire réduit à sa dimension spatiale, support de ressources localisées. Par exemple, les " land use and land cover studies " développent des modèles des dynamiques spatiales des utilisations du sol sous l'effet de grands moteurs de changement (politiques agricoles, marchés). Les implications de ces dynamiques spatiales sur les processus écologiques font partie des fronts de recherche actuels. 2) de la diversité et la complémentarité des systèmes d'élevage au sein d'un territoire délimité. Sont alors mises en évidence les fonctions productives et non productives de l'élevage (sécurité alimentaire, gestion du risque), ainsi que les articulations entre activités d'élevage et autres activités (agricoles ou non). La diversité des fonctions, mais aussi les façons de produire, sont souvent vue comme un facteur de résilience. 3) des systèmes d'élevage vus comme des systèmes techniques imbriqués dans des groupes humains. Les dynamiques sont alors analysées à travers (i) les changements de normes et d'identités d'une société locale et (ii) les ressorts des actions collectives, au croisement des enjeux de filière et d'environnement. L'association de ces trois domaines demeure rare. Elle apparaît cependant comme un enjeu scientifique interdisciplinaire majeur pour produire des connaissances sur l'élevage et sur ce vers quoi il peut aller, en tant que ressource pour le développement durable des territoires.
National audience ; This communication presents an analysis of the public policies favourable to the grazing systems in France. The first section highlights the evolution of the budgetary supports granted under agri-environmental measures and compensatory subsidies of natural handicaps. A treatment of the Farm Accountancy Data Network (FADN) of 2004 shows the economic importance of the direct subsidies related to the rural development in the grazing systems income. These systems, which gather 39% of the professional farms with herbivorous, are penalized by a lower labour productivity, but manage to be also effective from an economic point of view (within the meaning of the ratio "Gross Farming Income/Agricultural Production, including direct subsidies"). The second section suggests some ideas as for the evolution of the support instruments favourable to the grazing systems. It recommends the articulation between measures of general interest and territorialized procedures limited to certain spaces selected for their sensitivity and environmental richness. ; Cette communication présente une analyse des politiques publiques de soutien aux systèmes herbagers en France. La première section met en évidence l'évolution des soutiens budgétaires accordés au titre des mesures agri-environnementales et des indemnités compensatoires de handicaps naturels. Un traitement des données du Réseau d'Information Comptable Agricole (RICA) de 2004 montre l'importance économique des aides directes liées au développement rural dans la formation du revenu des systèmes herbagers. Ces systèmes, qui rassemblent 39% des exploitations professionnelles d'élevage d'herbivores, sont pénalisés par une plus faible productivité du travail, mais parviennent à être aussi efficaces d'un point de vue économique, au sens du ratio « Excédent Brut d'Exploitation / Production agricole (y compris aides directes) ». La seconde section suggère quelques pistes de réflexion quant à l'évolution des instruments de soutien favorables aux systèmes herbagers. Elle préconise l'articulation entre des mesures de portée générale et des procédures territorialisées limitées à certains espaces repérés pour leur sensibilité et richesse environnementale.
National audience ; This communication presents an analysis of the public policies favourable to the grazing systems in France. The first section highlights the evolution of the budgetary supports granted under agri-environmental measures and compensatory subsidies of natural handicaps. A treatment of the Farm Accountancy Data Network (FADN) of 2004 shows the economic importance of the direct subsidies related to the rural development in the grazing systems income. These systems, which gather 39% of the professional farms with herbivorous, are penalized by a lower labour productivity, but manage to be also effective from an economic point of view (within the meaning of the ratio "Gross Farming Income/Agricultural Production, including direct subsidies"). The second section suggests some ideas as for the evolution of the support instruments favourable to the grazing systems. It recommends the articulation between measures of general interest and territorialized procedures limited to certain spaces selected for their sensitivity and environmental richness. ; Cette communication présente une analyse des politiques publiques de soutien aux systèmes herbagers en France. La première section met en évidence l'évolution des soutiens budgétaires accordés au titre des mesures agri-environnementales et des indemnités compensatoires de handicaps naturels. Un traitement des données du Réseau d'Information Comptable Agricole (RICA) de 2004 montre l'importance économique des aides directes liées au développement rural dans la formation du revenu des systèmes herbagers. Ces systèmes, qui rassemblent 39% des exploitations professionnelles d'élevage d'herbivores, sont pénalisés par une plus faible productivité du travail, mais parviennent à être aussi efficaces d'un point de vue économique, au sens du ratio « Excédent Brut d'Exploitation / Production agricole (y compris aides directes) ». La seconde section suggère quelques pistes de réflexion quant à l'évolution des instruments de soutien favorables aux systèmes herbagers. Elle préconise l'articulation entre des mesures de portée générale et des procédures territorialisées limitées à certains espaces repérés pour leur sensibilité et richesse environnementale.
Cette communication présente une analyse des politiques publiques de soutien aux systèmes herbagers en France. La première section met en évidence l'évolution des soutiens budgétaires accordés au titre des mesures agri-environnementales et des indemnités compensatoires de handicaps naturels. Un traitement des données du Réseau d'Information Comptable Agricole (RICA) de 2004 montre l'importance économique des aides directes liées au développement rural dans la formation du revenu des systèmes herbagers. Ces systèmes, qui rassemblent 39% des exploitations professionnelles d'élevage d'herbivores, sont pénalisés par une plus faible productivité du travail, mais parviennent à être aussi efficaces d'un point de vue économique, au sens du ratio « Excédent Brut d'Exploitation / Production agricole (y compris aides directes) ». La seconde section suggère quelques pistes de réflexion quant à l'évolution des instruments de soutien favorables aux systèmes herbagers. Elle préconise l'articulation entre des mesures de portée générale et des procédures territorialisées limitées à certains espaces repérés pour leur sensibilité et richesse environnementale. ; This communication presents an analysis of the public policies favourable to the grazing systems in France. The first section highlights the evolution of the budgetary supports granted under agri-environmental measures and compensatory subsidies of natural handicaps. A treatment of the Farm Accountancy Data Network (FADN) of 2004 shows the economic importance of the direct subsidies related to the rural development in the grazing systems income. These systems, which gather 39% of the professional farms with herbivorous, are penalized by a lower labour productivity, but manage to be also effective from an economic point of view (within the meaning of the ratio "Gross Farming Income/Agricultural Production, including direct subsidies"). The second section suggests some ideas as for the evolution of the support instruments favourable to the grazing systems. It recommends the articulation between measures of general interest and territorialized procedures limited to certain spaces selected for their sensitivity and environmental richness.
National audience ; This communication presents an analysis of the public policies favourable to the grazing systems in France. The first section highlights the evolution of the budgetary supports granted under agri-environmental measures and compensatory subsidies of natural handicaps. A treatment of the Farm Accountancy Data Network (FADN) of 2004 shows the economic importance of the direct subsidies related to the rural development in the grazing systems income. These systems, which gather 39% of the professional farms with herbivorous, are penalized by a lower labour productivity, but manage to be also effective from an economic point of view (within the meaning of the ratio "Gross Farming Income/Agricultural Production, including direct subsidies"). The second section suggests some ideas as for the evolution of the support instruments favourable to the grazing systems. It recommends the articulation between measures of general interest and territorialized procedures limited to certain spaces selected for their sensitivity and environmental richness. ; Cette communication présente une analyse des politiques publiques de soutien aux systèmes herbagers en France. La première section met en évidence l'évolution des soutiens budgétaires accordés au titre des mesures agri-environnementales et des indemnités compensatoires de handicaps naturels. Un traitement des données du Réseau d'Information Comptable Agricole (RICA) de 2004 montre l'importance économique des aides directes liées au développement rural dans la formation du revenu des systèmes herbagers. Ces systèmes, qui rassemblent 39% des exploitations professionnelles d'élevage d'herbivores, sont pénalisés par une plus faible productivité du travail, mais parviennent à être aussi efficaces d'un point de vue économique, au sens du ratio « Excédent Brut d'Exploitation / Production agricole (y compris aides directes) ». La seconde section suggère quelques pistes de réflexion quant à l'évolution des instruments de soutien favorables aux systèmes herbagers. Elle ...
International audience ; La question de l'adaptation de l'agriculture et de la forêt au changement climatique peut s'envisager selon deux grandes approches, dont les conséquences en termes de recherche et d'action diffèrent assez radicalement. La première approche consiste à considérer l'agriculture et la forêt, comme c'est de plus en plus le cas, comme des filières parmi d'autres, l'agriculteur faisant figure d'agent productif parmi beaucoup d'autres. Une telle approche trouve sa justification dans la baisse tendancielle de la contribution de l'agriculture et de la forêt au produit intérieur brut ; elle s'explique plus fondamentalement par le fait anthropologique majeur selon lequel la culture agricole et rurale des sociétés occidentales se délite à grande vitesse à partir de la seconde moitié du XXe siècle (Serres, 2001). Dès lors, aucun traitement de faveur n'est à prévoir : les acteurs des filières agricoles et forestières ne devront compter que sur eux-mêmes afin de trouver les conditions et les moyens de l'adaptation, au même titre que l'industrie automobile ou tout autre secteur tenu d'innover pour survivre aux contraintes et défis que le réchauffement planétaire impose à leur activité. Certains résisteront, beaucoup disparaîtront. La société n'influencera pas ou peu l'évolution des choses. La compétitivité, la capacité d'innovation technologique et le marché imposeront leurs lois.Une seconde approche est cependant possible, pour peu que l'on mobilise à bon escient la notion de territoire, une notion généralement absente des débats et processus internationaux consacrés au changement climatique. Selon Le Robert (2004), le territoire est une « étendue de pays sur laquelle s'exerce une autorité, une juridiction ». Plusieurs disciplines relevant des sciences humaines et sociales enrichissent cette acception juridique en définissant le territoire comme un espace faisant l'objet d'une appropriation matérielle et symbolique par une collectivité humaine. Plus que des limites administratives ou politiques, le territoire procède d'un sentiment d'appartenance et de prise en charge partagé d'un ensemble de réalités qui caractérisent justement le territoire aux yeux de ceux qui le reconnaissent comme tel. Les territoires sont donc des lieux de résidence, de travail, de transport d'individus reliés entre eux par des solidarités plus ou moins fortes, et attachés à un espace géographique qui fait sens pour eux. Cette acception n'est pas restrictive : elle autorise la possibilité de territoires gigognes. L'identité ne se joue pas qu'à l'échelle d'un territoire restreint, local, mais se détermine aussi à des échelles supérieures, pouvant s'étendre jusqu'au monde dans son ensemble. Ainsi n'est-elle pas donnée une fois pour toutes. Les territoires se dessinent ou se délitent en fonction de la capacité des acteurs à co-construire des espaces de vie et des projets.Or, les activités agricoles et forestières gagnent à être mises en perspective au sein des territoires. Elles occupent en effet une part importante de l'espace, espace toujours partagé, de manière consensuelle ou conflictuelle, avec d'autres usages qui concernent l'ensemble des résidents permanents ou temporaires (chasse, pêche, promenade, jogging, VTT, …). Cet usage de l'espace dans le territoire, lié à la dimension alimentaire, est très ancien, et recouvre une valeur symbolique importante dans la culture, le patrimoine et la construction de l'identité du territoire à travers des produits typiques, des paysages ou des architectures remarquables.Aujourd'hui encore ces activités tiennent dans de nombreux cas une place importante dans la production du territoire et génèrent des emplois induits dans le cadre de filières plus ou moins localisées. Elles peuvent également devenir les garants d'une certaine autonomie en matière alimentaire, énergétique, ou au regard d'autres ressources naturelles. Confrontés à des incertitudes croissantes (raréfaction des ressources pétrolières, menace de conflits, risques technologiques,…) et à une demande importante en termes de « confiance » alimentaire, de « traçabilité », le retour en force d'une notion d'autonomie peut conduire pays, villes et territoires à accorder une importance renouvelée aux espaces agricoles et forestiers qu'ils abritent.Enfin, les activités agricoles et sylvicoles ont un impact sur l'environnement : paysage et cadre de vie, qualité et disponibilité des eaux, qualité de l'air, biodiversité, recyclage des déchets…En somme, tout change à partir du moment où les acteurs agricoles et forestiers ne sont plus livrés à eux-mêmes pour faire face au changement climatique. Ils peuvent de manière réaliste compter sur la mobilisation à leurs côtés d'autres acteurs, et, dans une certaine mesure et sous réserve d'utiliser les bons leviers, de la société dans son ensemble, que celle-ci soit locale, régionale, nationale,…, précisément parce qu'agriculture et forêt jouent un rôle souvent primordial dans l'économie et l'identité des territoires.Ces spécificités engendrent des interactions fortes entre acteurs agricoles et forestiers et les autres acteurs du territoire, entre dynamiques agricoles et forestières et dynamiques territoriales. De fait, l'adaptation de l'agriculture aux changements climatiques ne pourra pas être neutre par rapport au devenir du territoire. Inversement, la dynamique territoriale peut être un facteur d'accompagnement et de soutien - ou au contraire un obstacle - à l'adaptation aux changements climatiques. Le territoire cristallise les interactions entre les activités agricoles et le reste de la société, et c'est donc dans ce cadre qu'il faut envisager les nouvelles contraintes environnementales et l'adaptation de l'agriculture.
International audience ; La question de l'adaptation de l'agriculture et de la forêt au changement climatique peut s'envisager selon deux grandes approches, dont les conséquences en termes de recherche et d'action diffèrent assez radicalement. La première approche consiste à considérer l'agriculture et la forêt, comme c'est de plus en plus le cas, comme des filières parmi d'autres, l'agriculteur faisant figure d'agent productif parmi beaucoup d'autres. Une telle approche trouve sa justification dans la baisse tendancielle de la contribution de l'agriculture et de la forêt au produit intérieur brut ; elle s'explique plus fondamentalement par le fait anthropologique majeur selon lequel la culture agricole et rurale des sociétés occidentales se délite à grande vitesse à partir de la seconde moitié du XXe siècle (Serres, 2001). Dès lors, aucun traitement de faveur n'est à prévoir : les acteurs des filières agricoles et forestières ne devront compter que sur eux-mêmes afin de trouver les conditions et les moyens de l'adaptation, au même titre que l'industrie automobile ou tout autre secteur tenu d'innover pour survivre aux contraintes et défis que le réchauffement planétaire impose à leur activité. Certains résisteront, beaucoup disparaîtront. La société n'influencera pas ou peu l'évolution des choses. La compétitivité, la capacité d'innovation technologique et le marché imposeront leurs lois.Une seconde approche est cependant possible, pour peu que l'on mobilise à bon escient la notion de territoire, une notion généralement absente des débats et processus internationaux consacrés au changement climatique. Selon Le Robert (2004), le territoire est une « étendue de pays sur laquelle s'exerce une autorité, une juridiction ». Plusieurs disciplines relevant des sciences humaines et sociales enrichissent cette acception juridique en définissant le territoire comme un espace faisant l'objet d'une appropriation matérielle et symbolique par une collectivité humaine. Plus que des limites administratives ou politiques, le territoire procède d'un sentiment d'appartenance et de prise en charge partagé d'un ensemble de réalités qui caractérisent justement le territoire aux yeux de ceux qui le reconnaissent comme tel. Les territoires sont donc des lieux de résidence, de travail, de transport d'individus reliés entre eux par des solidarités plus ou moins fortes, et attachés à un espace géographique qui fait sens pour eux. Cette acception n'est pas restrictive : elle autorise la possibilité de territoires gigognes. L'identité ne se joue pas qu'à l'échelle d'un territoire restreint, local, mais se détermine aussi à des échelles supérieures, pouvant s'étendre jusqu'au monde dans son ensemble. Ainsi n'est-elle pas donnée une fois pour toutes. Les territoires se dessinent ou se délitent en fonction de la capacité des acteurs à co-construire des espaces de vie et des projets.Or, les activités agricoles et forestières gagnent à être mises en perspective au sein des territoires. Elles occupent en effet une part importante de l'espace, espace toujours partagé, de manière consensuelle ou conflictuelle, avec d'autres usages qui concernent l'ensemble des résidents permanents ou temporaires (chasse, pêche, promenade, jogging, VTT, …). Cet usage de l'espace dans le territoire, lié à la dimension alimentaire, est très ancien, et recouvre une valeur symbolique importante dans la culture, le patrimoine et la construction de l'identité du territoire à travers des produits typiques, des paysages ou des architectures remarquables.Aujourd'hui encore ces activités tiennent dans de nombreux cas une place importante dans la production du territoire et génèrent des emplois induits dans le cadre de filières plus ou moins localisées. Elles peuvent également devenir les garants d'une certaine autonomie en matière alimentaire, énergétique, ou au regard d'autres ressources naturelles. Confrontés à des incertitudes croissantes (raréfaction des ressources pétrolières, menace de conflits, risques technologiques,…) et à une demande importante en termes de « confiance » alimentaire, de « traçabilité », le retour en force d'une notion d'autonomie peut conduire pays, villes et territoires à accorder une importance renouvelée aux espaces agricoles et forestiers qu'ils abritent.Enfin, les activités agricoles et sylvicoles ont un impact sur l'environnement : paysage et cadre de vie, qualité et disponibilité des eaux, qualité de l'air, biodiversité, recyclage des déchets…En somme, tout change à partir du moment où les acteurs agricoles et forestiers ne sont plus livrés à eux-mêmes pour faire face au changement climatique. Ils peuvent de manière réaliste compter sur la mobilisation à leurs côtés d'autres acteurs, et, dans une certaine mesure et sous réserve d'utiliser les bons leviers, de la société dans son ensemble, que celle-ci soit locale, régionale, nationale,…, précisément parce qu'agriculture et forêt jouent un rôle souvent primordial dans l'économie et l'identité des territoires.Ces spécificités engendrent des interactions fortes entre acteurs agricoles et forestiers et les autres acteurs du territoire, entre dynamiques agricoles et forestières et dynamiques territoriales. De fait, l'adaptation de l'agriculture aux changements climatiques ne pourra pas être neutre par rapport au devenir du territoire. Inversement, la dynamique territoriale peut être un facteur d'accompagnement et de soutien - ou au contraire un obstacle - à l'adaptation aux changements climatiques. Le territoire cristallise les interactions entre les activités agricoles et le reste de la société, et c'est donc dans ce cadre qu'il faut envisager les nouvelles contraintes environnementales et l'adaptation de l'agriculture.
International audience ; La question de l'adaptation de l'agriculture et de la forêt au changement climatique peut s'envisager selon deux grandes approches, dont les conséquences en termes de recherche et d'action diffèrent assez radicalement. La première approche consiste à considérer l'agriculture et la forêt, comme c'est de plus en plus le cas, comme des filières parmi d'autres, l'agriculteur faisant figure d'agent productif parmi beaucoup d'autres. Une telle approche trouve sa justification dans la baisse tendancielle de la contribution de l'agriculture et de la forêt au produit intérieur brut ; elle s'explique plus fondamentalement par le fait anthropologique majeur selon lequel la culture agricole et rurale des sociétés occidentales se délite à grande vitesse à partir de la seconde moitié du XXe siècle (Serres, 2001). Dès lors, aucun traitement de faveur n'est à prévoir : les acteurs des filières agricoles et forestières ne devront compter que sur eux-mêmes afin de trouver les conditions et les moyens de l'adaptation, au même titre que l'industrie automobile ou tout autre secteur tenu d'innover pour survivre aux contraintes et défis que le réchauffement planétaire impose à leur activité. Certains résisteront, beaucoup disparaîtront. La société n'influencera pas ou peu l'évolution des choses. La compétitivité, la capacité d'innovation technologique et le marché imposeront leurs lois.Une seconde approche est cependant possible, pour peu que l'on mobilise à bon escient la notion de territoire, une notion généralement absente des débats et processus internationaux consacrés au changement climatique. Selon Le Robert (2004), le territoire est une « étendue de pays sur laquelle s'exerce une autorité, une juridiction ». Plusieurs disciplines relevant des sciences humaines et sociales enrichissent cette acception juridique en définissant le territoire comme un espace faisant l'objet d'une appropriation matérielle et symbolique par une collectivité humaine. Plus que des limites administratives ou politiques, le ...
International audience ; La question de l'adaptation de l'agriculture et de la forêt au changement climatique peut s'envisager selon deux grandes approches, dont les conséquences en termes de recherche et d'action diffèrent assez radicalement. La première approche consiste à considérer l'agriculture et la forêt, comme c'est de plus en plus le cas, comme des filières parmi d'autres, l'agriculteur faisant figure d'agent productif parmi beaucoup d'autres. Une telle approche trouve sa justification dans la baisse tendancielle de la contribution de l'agriculture et de la forêt au produit intérieur brut ; elle s'explique plus fondamentalement par le fait anthropologique majeur selon lequel la culture agricole et rurale des sociétés occidentales se délite à grande vitesse à partir de la seconde moitié du XXe siècle (Serres, 2001). Dès lors, aucun traitement de faveur n'est à prévoir : les acteurs des filières agricoles et forestières ne devront compter que sur eux-mêmes afin de trouver les conditions et les moyens de l'adaptation, au même titre que l'industrie automobile ou tout autre secteur tenu d'innover pour survivre aux contraintes et défis que le réchauffement planétaire impose à leur activité. Certains résisteront, beaucoup disparaîtront. La société n'influencera pas ou peu l'évolution des choses. La compétitivité, la capacité d'innovation technologique et le marché imposeront leurs lois.Une seconde approche est cependant possible, pour peu que l'on mobilise à bon escient la notion de territoire, une notion généralement absente des débats et processus internationaux consacrés au changement climatique. Selon Le Robert (2004), le territoire est une « étendue de pays sur laquelle s'exerce une autorité, une juridiction ». Plusieurs disciplines relevant des sciences humaines et sociales enrichissent cette acception juridique en définissant le territoire comme un espace faisant l'objet d'une appropriation matérielle et symbolique par une collectivité humaine. Plus que des limites administratives ou politiques, le territoire procède d'un sentiment d'appartenance et de prise en charge partagé d'un ensemble de réalités qui caractérisent justement le territoire aux yeux de ceux qui le reconnaissent comme tel. Les territoires sont donc des lieux de résidence, de travail, de transport d'individus reliés entre eux par des solidarités plus ou moins fortes, et attachés à un espace géographique qui fait sens pour eux. Cette acception n'est pas restrictive : elle autorise la possibilité de territoires gigognes. L'identité ne se joue pas qu'à l'échelle d'un territoire restreint, local, mais se détermine aussi à des échelles supérieures, pouvant s'étendre jusqu'au monde dans son ensemble. Ainsi n'est-elle pas donnée une fois pour toutes. Les territoires se dessinent ou se délitent en fonction de la capacité des acteurs à co-construire des espaces de vie et des projets.Or, les activités agricoles et forestières gagnent à être mises en perspective au sein des territoires. Elles occupent en effet une part importante de l'espace, espace toujours partagé, de manière consensuelle ou conflictuelle, avec d'autres usages qui concernent l'ensemble des résidents permanents ou temporaires (chasse, pêche, promenade, jogging, VTT, …). Cet usage de l'espace dans le territoire, lié à la dimension alimentaire, est très ancien, et recouvre une valeur symbolique importante dans la culture, le patrimoine et la construction de l'identité du territoire à travers des produits typiques, des paysages ou des architectures remarquables.Aujourd'hui encore ces activités tiennent dans de nombreux cas une place importante dans la production du territoire et génèrent des emplois induits dans le cadre de filières plus ou moins localisées. Elles peuvent également devenir les garants d'une certaine autonomie en matière alimentaire, énergétique, ou au regard d'autres ressources naturelles. Confrontés à des incertitudes croissantes (raréfaction des ressources pétrolières, menace de conflits, risques technologiques,…) et à une demande importante en termes de « confiance » alimentaire, de « traçabilité », le retour en force d'une notion d'autonomie peut conduire pays, villes et territoires à accorder une importance renouvelée aux espaces agricoles et forestiers qu'ils abritent.Enfin, les activités agricoles et sylvicoles ont un impact sur l'environnement : paysage et cadre de vie, qualité et disponibilité des eaux, qualité de l'air, biodiversité, recyclage des déchets…En somme, tout change à partir du moment où les acteurs agricoles et forestiers ne sont plus livrés à eux-mêmes pour faire face au changement climatique. Ils peuvent de manière réaliste compter sur la mobilisation à leurs côtés d'autres acteurs, et, dans une certaine mesure et sous réserve d'utiliser les bons leviers, de la société dans son ensemble, que celle-ci soit locale, régionale, nationale,…, précisément parce qu'agriculture et forêt jouent un rôle souvent primordial dans l'économie et l'identité des territoires.Ces spécificités engendrent des interactions fortes entre acteurs agricoles et forestiers et les autres acteurs du territoire, entre dynamiques agricoles et forestières et dynamiques territoriales. De fait, l'adaptation de l'agriculture aux changements climatiques ne pourra pas être neutre par rapport au devenir du territoire. Inversement, la dynamique territoriale peut être un facteur d'accompagnement et de soutien - ou au contraire un obstacle - à l'adaptation aux changements climatiques. Le territoire cristallise les interactions entre les activités agricoles et le reste de la société, et c'est donc dans ce cadre qu'il faut envisager les nouvelles contraintes environnementales et l'adaptation de l'agriculture.
International audience ; La question de l'adaptation de l'agriculture et de la forêt au changement climatique peut s'envisager selon deux grandes approches, dont les conséquences en termes de recherche et d'action diffèrent assez radicalement. La première approche consiste à considérer l'agriculture et la forêt, comme c'est de plus en plus le cas, comme des filières parmi d'autres, l'agriculteur faisant figure d'agent productif parmi beaucoup d'autres. Une telle approche trouve sa justification dans la baisse tendancielle de la contribution de l'agriculture et de la forêt au produit intérieur brut ; elle s'explique plus fondamentalement par le fait anthropologique majeur selon lequel la culture agricole et rurale des sociétés occidentales se délite à grande vitesse à partir de la seconde moitié du XXe siècle (Serres, 2001). Dès lors, aucun traitement de faveur n'est à prévoir : les acteurs des filières agricoles et forestières ne devront compter que sur eux-mêmes afin de trouver les conditions et les moyens de l'adaptation, au même titre que l'industrie automobile ou tout autre secteur tenu d'innover pour survivre aux contraintes et défis que le réchauffement planétaire impose à leur activité. Certains résisteront, beaucoup disparaîtront. La société n'influencera pas ou peu l'évolution des choses. La compétitivité, la capacité d'innovation technologique et le marché imposeront leurs lois.Une seconde approche est cependant possible, pour peu que l'on mobilise à bon escient la notion de territoire, une notion généralement absente des débats et processus internationaux consacrés au changement climatique. Selon Le Robert (2004), le territoire est une « étendue de pays sur laquelle s'exerce une autorité, une juridiction ». Plusieurs disciplines relevant des sciences humaines et sociales enrichissent cette acception juridique en définissant le territoire comme un espace faisant l'objet d'une appropriation matérielle et symbolique par une collectivité humaine. Plus que des limites administratives ou politiques, le ...
International audience ; La question de l'adaptation de l'agriculture et de la forêt au changement climatique peut s'envisager selon deux grandes approches, dont les conséquences en termes de recherche et d'action diffèrent assez radicalement. La première approche consiste à considérer l'agriculture et la forêt, comme c'est de plus en plus le cas, comme des filières parmi d'autres, l'agriculteur faisant figure d'agent productif parmi beaucoup d'autres. Une telle approche trouve sa justification dans la baisse tendancielle de la contribution de l'agriculture et de la forêt au produit intérieur brut ; elle s'explique plus fondamentalement par le fait anthropologique majeur selon lequel la culture agricole et rurale des sociétés occidentales se délite à grande vitesse à partir de la seconde moitié du XXe siècle (Serres, 2001). Dès lors, aucun traitement de faveur n'est à prévoir : les acteurs des filières agricoles et forestières ne devront compter que sur eux-mêmes afin de trouver les conditions et les moyens de l'adaptation, au même titre que l'industrie automobile ou tout autre secteur tenu d'innover pour survivre aux contraintes et défis que le réchauffement planétaire impose à leur activité. Certains résisteront, beaucoup disparaîtront. La société n'influencera pas ou peu l'évolution des choses. La compétitivité, la capacité d'innovation technologique et le marché imposeront leurs lois.Une seconde approche est cependant possible, pour peu que l'on mobilise à bon escient la notion de territoire, une notion généralement absente des débats et processus internationaux consacrés au changement climatique. Selon Le Robert (2004), le territoire est une « étendue de pays sur laquelle s'exerce une autorité, une juridiction ». Plusieurs disciplines relevant des sciences humaines et sociales enrichissent cette acception juridique en définissant le territoire comme un espace faisant l'objet d'une appropriation matérielle et symbolique par une collectivité humaine. Plus que des limites administratives ou politiques, le ...
International audience ; La question de l'adaptation de l'agriculture et de la forêt au changement climatique peut s'envisager selon deux grandes approches, dont les conséquences en termes de recherche et d'action diffèrent assez radicalement. La première approche consiste à considérer l'agriculture et la forêt, comme c'est de plus en plus le cas, comme des filières parmi d'autres, l'agriculteur faisant figure d'agent productif parmi beaucoup d'autres. Une telle approche trouve sa justification dans la baisse tendancielle de la contribution de l'agriculture et de la forêt au produit intérieur brut ; elle s'explique plus fondamentalement par le fait anthropologique majeur selon lequel la culture agricole et rurale des sociétés occidentales se délite à grande vitesse à partir de la seconde moitié du XXe siècle (Serres, 2001). Dès lors, aucun traitement de faveur n'est à prévoir : les acteurs des filières agricoles et forestières ne devront compter que sur eux-mêmes afin de trouver les conditions et les moyens de l'adaptation, au même titre que l'industrie automobile ou tout autre secteur tenu d'innover pour survivre aux contraintes et défis que le réchauffement planétaire impose à leur activité. Certains résisteront, beaucoup disparaîtront. La société n'influencera pas ou peu l'évolution des choses. La compétitivité, la capacité d'innovation technologique et le marché imposeront leurs lois.Une seconde approche est cependant possible, pour peu que l'on mobilise à bon escient la notion de territoire, une notion généralement absente des débats et processus internationaux consacrés au changement climatique. Selon Le Robert (2004), le territoire est une « étendue de pays sur laquelle s'exerce une autorité, une juridiction ». Plusieurs disciplines relevant des sciences humaines et sociales enrichissent cette acception juridique en définissant le territoire comme un espace faisant l'objet d'une appropriation matérielle et symbolique par une collectivité humaine. Plus que des limites administratives ou politiques, le territoire procède d'un sentiment d'appartenance et de prise en charge partagé d'un ensemble de réalités qui caractérisent justement le territoire aux yeux de ceux qui le reconnaissent comme tel. Les territoires sont donc des lieux de résidence, de travail, de transport d'individus reliés entre eux par des solidarités plus ou moins fortes, et attachés à un espace géographique qui fait sens pour eux. Cette acception n'est pas restrictive : elle autorise la possibilité de territoires gigognes. L'identité ne se joue pas qu'à l'échelle d'un territoire restreint, local, mais se détermine aussi à des échelles supérieures, pouvant s'étendre jusqu'au monde dans son ensemble. Ainsi n'est-elle pas donnée une fois pour toutes. Les territoires se dessinent ou se délitent en fonction de la capacité des acteurs à co-construire des espaces de vie et des projets.Or, les activités agricoles et forestières gagnent à être mises en perspective au sein des territoires. Elles occupent en effet une part importante de l'espace, espace toujours partagé, de manière consensuelle ou conflictuelle, avec d'autres usages qui concernent l'ensemble des résidents permanents ou temporaires (chasse, pêche, promenade, jogging, VTT, …). Cet usage de l'espace dans le territoire, lié à la dimension alimentaire, est très ancien, et recouvre une valeur symbolique importante dans la culture, le patrimoine et la construction de l'identité du territoire à travers des produits typiques, des paysages ou des architectures remarquables.Aujourd'hui encore ces activités tiennent dans de nombreux cas une place importante dans la production du territoire et génèrent des emplois induits dans le cadre de filières plus ou moins localisées. Elles peuvent également devenir les garants d'une certaine autonomie en matière alimentaire, énergétique, ou au regard d'autres ressources naturelles. Confrontés à des incertitudes croissantes (raréfaction des ressources pétrolières, menace de conflits, risques technologiques,…) et à une demande importante en termes de « confiance » alimentaire, de « traçabilité », le retour en force d'une notion d'autonomie peut conduire pays, villes et territoires à accorder une importance renouvelée aux espaces agricoles et forestiers qu'ils abritent.Enfin, les activités agricoles et sylvicoles ont un impact sur l'environnement : paysage et cadre de vie, qualité et disponibilité des eaux, qualité de l'air, biodiversité, recyclage des déchets…En somme, tout change à partir du moment où les acteurs agricoles et forestiers ne sont plus livrés à eux-mêmes pour faire face au changement climatique. Ils peuvent de manière réaliste compter sur la mobilisation à leurs côtés d'autres acteurs, et, dans une certaine mesure et sous réserve d'utiliser les bons leviers, de la société dans son ensemble, que celle-ci soit locale, régionale, nationale,…, précisément parce qu'agriculture et forêt jouent un rôle souvent primordial dans l'économie et l'identité des territoires.Ces spécificités engendrent des interactions fortes entre acteurs agricoles et forestiers et les autres acteurs du territoire, entre dynamiques agricoles et forestières et dynamiques territoriales. De fait, l'adaptation de l'agriculture aux changements climatiques ne pourra pas être neutre par rapport au devenir du territoire. Inversement, la dynamique territoriale peut être un facteur d'accompagnement et de soutien - ou au contraire un obstacle - à l'adaptation aux changements climatiques. Le territoire cristallise les interactions entre les activités agricoles et le reste de la société, et c'est donc dans ce cadre qu'il faut envisager les nouvelles contraintes environnementales et l'adaptation de l'agriculture.
International audience ; La question de l'adaptation de l'agriculture et de la forêt au changement climatique peut s'envisager selon deux grandes approches, dont les conséquences en termes de recherche et d'action diffèrent assez radicalement. La première approche consiste à considérer l'agriculture et la forêt, comme c'est de plus en plus le cas, comme des filières parmi d'autres, l'agriculteur faisant figure d'agent productif parmi beaucoup d'autres. Une telle approche trouve sa justification dans la baisse tendancielle de la contribution de l'agriculture et de la forêt au produit intérieur brut ; elle s'explique plus fondamentalement par le fait anthropologique majeur selon lequel la culture agricole et rurale des sociétés occidentales se délite à grande vitesse à partir de la seconde moitié du XXe siècle (Serres, 2001). Dès lors, aucun traitement de faveur n'est à prévoir : les acteurs des filières agricoles et forestières ne devront compter que sur eux-mêmes afin de trouver les conditions et les moyens de l'adaptation, au même titre que l'industrie automobile ou tout autre secteur tenu d'innover pour survivre aux contraintes et défis que le réchauffement planétaire impose à leur activité. Certains résisteront, beaucoup disparaîtront. La société n'influencera pas ou peu l'évolution des choses. La compétitivité, la capacité d'innovation technologique et le marché imposeront leurs lois.Une seconde approche est cependant possible, pour peu que l'on mobilise à bon escient la notion de territoire, une notion généralement absente des débats et processus internationaux consacrés au changement climatique. Selon Le Robert (2004), le territoire est une « étendue de pays sur laquelle s'exerce une autorité, une juridiction ». Plusieurs disciplines relevant des sciences humaines et sociales enrichissent cette acception juridique en définissant le territoire comme un espace faisant l'objet d'une appropriation matérielle et symbolique par une collectivité humaine. Plus que des limites administratives ou politiques, le territoire procède d'un sentiment d'appartenance et de prise en charge partagé d'un ensemble de réalités qui caractérisent justement le territoire aux yeux de ceux qui le reconnaissent comme tel. Les territoires sont donc des lieux de résidence, de travail, de transport d'individus reliés entre eux par des solidarités plus ou moins fortes, et attachés à un espace géographique qui fait sens pour eux. Cette acception n'est pas restrictive : elle autorise la possibilité de territoires gigognes. L'identité ne se joue pas qu'à l'échelle d'un territoire restreint, local, mais se détermine aussi à des échelles supérieures, pouvant s'étendre jusqu'au monde dans son ensemble. Ainsi n'est-elle pas donnée une fois pour toutes. Les territoires se dessinent ou se délitent en fonction de la capacité des acteurs à co-construire des espaces de vie et des projets.Or, les activités agricoles et forestières gagnent à être mises en perspective au sein des territoires. Elles occupent en effet une part importante de l'espace, espace toujours partagé, de manière consensuelle ou conflictuelle, avec d'autres usages qui concernent l'ensemble des résidents permanents ou temporaires (chasse, pêche, promenade, jogging, VTT, …). Cet usage de l'espace dans le territoire, lié à la dimension alimentaire, est très ancien, et recouvre une valeur symbolique importante dans la culture, le patrimoine et la construction de l'identité du territoire à travers des produits typiques, des paysages ou des architectures remarquables.Aujourd'hui encore ces activités tiennent dans de nombreux cas une place importante dans la production du territoire et génèrent des emplois induits dans le cadre de filières plus ou moins localisées. Elles peuvent également devenir les garants d'une certaine autonomie en matière alimentaire, énergétique, ou au regard d'autres ressources naturelles. Confrontés à des incertitudes croissantes (raréfaction des ressources pétrolières, menace de conflits, risques technologiques,…) et à une demande importante en termes de « confiance » alimentaire, de « traçabilité », le retour en force d'une notion d'autonomie peut conduire pays, villes et territoires à accorder une importance renouvelée aux espaces agricoles et forestiers qu'ils abritent.Enfin, les activités agricoles et sylvicoles ont un impact sur l'environnement : paysage et cadre de vie, qualité et disponibilité des eaux, qualité de l'air, biodiversité, recyclage des déchets…En somme, tout change à partir du moment où les acteurs agricoles et forestiers ne sont plus livrés à eux-mêmes pour faire face au changement climatique. Ils peuvent de manière réaliste compter sur la mobilisation à leurs côtés d'autres acteurs, et, dans une certaine mesure et sous réserve d'utiliser les bons leviers, de la société dans son ensemble, que celle-ci soit locale, régionale, nationale,…, précisément parce qu'agriculture et forêt jouent un rôle souvent primordial dans l'économie et l'identité des territoires.Ces spécificités engendrent des interactions fortes entre acteurs agricoles et forestiers et les autres acteurs du territoire, entre dynamiques agricoles et forestières et dynamiques territoriales. De fait, l'adaptation de l'agriculture aux changements climatiques ne pourra pas être neutre par rapport au devenir du territoire. Inversement, la dynamique territoriale peut être un facteur d'accompagnement et de soutien - ou au contraire un obstacle - à l'adaptation aux changements climatiques. Le territoire cristallise les interactions entre les activités agricoles et le reste de la société, et c'est donc dans ce cadre qu'il faut envisager les nouvelles contraintes environnementales et l'adaptation de l'agriculture.
International audience ; La question de l'adaptation de l'agriculture et de la forêt au changement climatique peut s'envisager selon deux grandes approches, dont les conséquences en termes de recherche et d'action diffèrent assez radicalement. La première approche consiste à considérer l'agriculture et la forêt, comme c'est de plus en plus le cas, comme des filières parmi d'autres, l'agriculteur faisant figure d'agent productif parmi beaucoup d'autres. Une telle approche trouve sa justification dans la baisse tendancielle de la contribution de l'agriculture et de la forêt au produit intérieur brut ; elle s'explique plus fondamentalement par le fait anthropologique majeur selon lequel la culture agricole et rurale des sociétés occidentales se délite à grande vitesse à partir de la seconde moitié du XXe siècle (Serres, 2001). Dès lors, aucun traitement de faveur n'est à prévoir : les acteurs des filières agricoles et forestières ne devront compter que sur eux-mêmes afin de trouver les conditions et les moyens de l'adaptation, au même titre que l'industrie automobile ou tout autre secteur tenu d'innover pour survivre aux contraintes et défis que le réchauffement planétaire impose à leur activité. Certains résisteront, beaucoup disparaîtront. La société n'influencera pas ou peu l'évolution des choses. La compétitivité, la capacité d'innovation technologique et le marché imposeront leurs lois.Une seconde approche est cependant possible, pour peu que l'on mobilise à bon escient la notion de territoire, une notion généralement absente des débats et processus internationaux consacrés au changement climatique. Selon Le Robert (2004), le territoire est une « étendue de pays sur laquelle s'exerce une autorité, une juridiction ». Plusieurs disciplines relevant des sciences humaines et sociales enrichissent cette acception juridique en définissant le territoire comme un espace faisant l'objet d'une appropriation matérielle et symbolique par une collectivité humaine. Plus que des limites administratives ou politiques, le territoire procède d'un sentiment d'appartenance et de prise en charge partagé d'un ensemble de réalités qui caractérisent justement le territoire aux yeux de ceux qui le reconnaissent comme tel. Les territoires sont donc des lieux de résidence, de travail, de transport d'individus reliés entre eux par des solidarités plus ou moins fortes, et attachés à un espace géographique qui fait sens pour eux. Cette acception n'est pas restrictive : elle autorise la possibilité de territoires gigognes. L'identité ne se joue pas qu'à l'échelle d'un territoire restreint, local, mais se détermine aussi à des échelles supérieures, pouvant s'étendre jusqu'au monde dans son ensemble. Ainsi n'est-elle pas donnée une fois pour toutes. Les territoires se dessinent ou se délitent en fonction de la capacité des acteurs à co-construire des espaces de vie et des projets.Or, les activités agricoles et forestières gagnent à être mises en perspective au sein des territoires. Elles occupent en effet une part importante de l'espace, espace toujours partagé, de manière consensuelle ou conflictuelle, avec d'autres usages qui concernent l'ensemble des résidents permanents ou temporaires (chasse, pêche, promenade, jogging, VTT, …). Cet usage de l'espace dans le territoire, lié à la dimension alimentaire, est très ancien, et recouvre une valeur symbolique importante dans la culture, le patrimoine et la construction de l'identité du territoire à travers des produits typiques, des paysages ou des architectures remarquables.Aujourd'hui encore ces activités tiennent dans de nombreux cas une place importante dans la production du territoire et génèrent des emplois induits dans le cadre de filières plus ou moins localisées. Elles peuvent également devenir les garants d'une certaine autonomie en matière alimentaire, énergétique, ou au regard d'autres ressources naturelles. Confrontés à des incertitudes croissantes (raréfaction des ressources pétrolières, menace de conflits, risques technologiques,…) et à une demande importante en termes de « confiance » alimentaire, de « traçabilité », le retour en force d'une notion d'autonomie peut conduire pays, villes et territoires à accorder une importance renouvelée aux espaces agricoles et forestiers qu'ils abritent.Enfin, les activités agricoles et sylvicoles ont un impact sur l'environnement : paysage et cadre de vie, qualité et disponibilité des eaux, qualité de l'air, biodiversité, recyclage des déchets…En somme, tout change à partir du moment où les acteurs agricoles et forestiers ne sont plus livrés à eux-mêmes pour faire face au changement climatique. Ils peuvent de manière réaliste compter sur la mobilisation à leurs côtés d'autres acteurs, et, dans une certaine mesure et sous réserve d'utiliser les bons leviers, de la société dans son ensemble, que celle-ci soit locale, régionale, nationale,…, précisément parce qu'agriculture et forêt jouent un rôle souvent primordial dans l'économie et l'identité des territoires.Ces spécificités engendrent des interactions fortes entre acteurs agricoles et forestiers et les autres acteurs du territoire, entre dynamiques agricoles et forestières et dynamiques territoriales. De fait, l'adaptation de l'agriculture aux changements climatiques ne pourra pas être neutre par rapport au devenir du territoire. Inversement, la dynamique territoriale peut être un facteur d'accompagnement et de soutien - ou au contraire un obstacle - à l'adaptation aux changements climatiques. Le territoire cristallise les interactions entre les activités agricoles et le reste de la société, et c'est donc dans ce cadre qu'il faut envisager les nouvelles contraintes environnementales et l'adaptation de l'agriculture.