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En finir avec le concept même de souveraineté nationale, vue comme la capacité d'un peuple à garder la maîtrise des grands choix qui déterminent son avenir, tel apparaît l'objectif majeur de la construction européenne actuelle, qui a imprégné, dès son origine, sa conception et son architecture. En faisant miroiter l'illusion d'une «souveraineté populaire européenne», lespartisans de l'intégration évacuent la possibilité pour un peuple d'exprimer une volonté politique qui serait en rupture avec la logique capitaliste dominante. Dès lors, le cadre des États-nations reste le seul pertinent pour conjuguer liberté et démocratie d'une part, besoins croissants de coopérations et de convergences de lutte d'autre part, ainsi que pour s'opposer à la logique impériale de domination et de guerre économique.

Le scrutin de septembre 98 traduit et contribue à créer une situation nouvelle en Allemagne. Après une longue campagne, marquée par une personnalisation extrême au détriment de propositions touchant aux grandes orientations politiques possibles, les sociaux-démocrates et les Verts ont formé une coalition gouvernementale qui n'a pas tardé à être confrontée aux contradictions de la société d'outre-Rhin. Celles-ci s'étaient déjà exprimées depuis deux ans au travers de mouvements sociaux importants. Le nouveau chancelier et son gouvernement devront également compter avec une opposition de gauche au Bundestag, puisque le Parti du socialisme démocratique (PDS) franchit pour la première fois la barre des 5 % sur le plan national, grâce à ses scores dans l'ancienne RDA. La persistance d'un fossé économique, social, mais aussi politique et culturel entre l'Est et l'Ouest reste une des questions majeures pour les années qui viennent.