Le populisme en question: élections et abstention vues d'Avignon
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World Affairs Online
In: Participations: Revue de sciences sociales sur la démocratie et la citoyenneté, Band 30, Heft 2, S. 187-217
ISSN: 2034-7669
Cet article analyse les conditions favorables à l'expression d'une proposition de représentation genrée par Marine Le Pen dans le champ politique et médiatique en France. Il propose d'objectiver les conditions de réception de celle-ci par les électrices et électeurs FN/RN. Il souligne en quoi le genre semble être moins décisif de ce point de vue que la proximité de classe. Lorsque des identifications féminines font sens, elles le font par rapport aux figures masculines et d'abord à travers la perception d'un champ politique qui demeure un domaine masculin. Loin d'être avancée comme raison du vote, lorsque l'identité féminine est convoquée c'est pour dénoncer la figure menaçante de l'homme immigré calée sur les fondamentaux programmatiques du parti.
In: Participations: Revue de sciences sociales sur la démocratie et la citoyenneté
ISSN: 2034-7669
World Affairs Online
Approaching the Front National electoral conglomerate from a different angle, that of its female component, leads to a more in-depth examination of the results of quantitative surveys published over several decades on the subject. The meeting of 28 women who "voted at least once for the National Front" in the Vaucluse and Bouches du Rhône regions encourages us to go beyond the strictly political definition of this electoral preference. While it is important to take into account the geographic specificity of the survey field (the FN's long and lasting presence in the PACA region), the complementarity between qualitative interviews and ethnographic observations does not make it any less possible to deconstruct the life paths of the individuals we met in order to place the FN's preference at a precise moment in these singular biographical trajectories. By looking for what each respondent can put behind the expression of a FN preference, we have touched on identity problems linked to the redefinition of sexual and social roles in our society. We were able to observe the persistence of systematic discrepancies between expected roles (which could legitimately be expected in view of the elements of the value systems we encountered) and lived roles in terms of work, family and especially marriage. This observation leads us to question the place of politics - or at least of the preferences designated as such by the specialists - within matrimonial exchanges. The analysis of this not very politicized sample, like the FN electorate as a whole, underlines the extent to which the FN preference can only be a mediocre expression of political competence. The majority of our respondents have a low level of politicization and hide behind the apparently political "choice" of the FN modes of relationship to the "Other". Facilitating a rapprochement with the parental unit, the concretization of a new matrimonial relationship, a means of filling an emotional solitude, a bargaining chip in the matrimonial relationship or all of these successively, the female preference in favor of the FN can leave the political field to touch on the complex (re)construction of women's identities. By investing the public sphere after ages of confinement in the private sphere, do women with the least cultural and social capital not reappropriate politics to make private use of it? Don't women instrumentalize the political tools in order to manage at best the sometimes perverse effects of a sexual and social liberation to which not all have access or at least not by the main door? Our reflections concern essentially women exercising professions that are not very valorizing, not chosen and often poorly paid in order to achieve social existence. The FN preference can sometimes allow them to take the offensive in their relations with men (in a context where the latter are also struggling with a redefinition of male identity, shaken up by the redistribution of sexual and social roles). The FN preference can often be associated with a "tinkering with identity" rather than with the expression of politically oriented convictions.This approach, which is not exclusive of other explanatory principles of the FN vote, highlights certain aspects that are often marginalized in the name of a sometimes global vision of the female condition. However, isn't this vision first and foremost the luxury of those who have the means (cultural in particular)? For the others, of which our sample is largely representative, it is above all their own condition that they seek to improve and, for many, within the framework of what is most familiar to them, i.e. the couple and the family, regardless of whether this involves a preference for a party that is retrograde from the point of view of the improvement of women's condition. It is an altruism that they cannot afford and that often concerns them only from afar. Which women are we talking about when we talk about those who do not vote FN? What part of them actually invokes programmatic reasons? Without doubt, many of those who do not vote FN do not do so for the "good" reasons traditionally given, but evolve above all in configurations and family, marital and professional contexts that do not contribute to bringing them closer to this party. This fieldwork gives flesh to variables that are often disembodied, it opens up perspectives on the interweaving of the public and private spheres, and it gives "gender" its rightful place in the approach to an extreme political preference. With a multitude of interview excerpts, this study does not seek to construct a typical portrait of the FN voter, a task made all the more difficult by the fact that this is an electorate in perpetual evolution, but rather to deconstruct the possible mechanisms of rapprochement with this political family. ; L'approche du conglomérat électoral Front national par le biais d'un angle décalé, celui de sa composante féminine, conduit à approfondir les résultats d'enquêtes quantitatives publiées depuis maintenant plusieurs décennies sur le sujet. La rencontre de 28 femmes « ayant voté au moins une fois pour le Front national » dans le Vaucluse et les Bouches du Rhône, encourage à dépasser la définition strictement politique de cette préférence électorale. S'il convient de tenir compte de la spécificité géographique du terrain de l'enquête (implantation ancienne et durable du FN en PACA), la complémentarité entre entretiens qualitatifs et observations ethnographiques ne permet pas moins de déconstruire les parcours de vie des individus rencontrés pour replacer la préférence FN à un instant précis de ces trajectoires biographiques singulières. En cherchant ce que chaque enquêtée peut mettre derrière l'expression d'une préférence FN, nous avons touché à des problèmes d'identité liés à la redéfinition des rôles sexuels et sociaux dans notre société. Nous avons pu observer la permanence de décalages systématiques entre rôles attendus (qui pouvaient légitimement l'être eu égard aux éléments des systèmes de valeurs rencontrés) et rôles vécus tant sur le plan professionnel, familial mais surtout matrimonial. Un tel constat conduit à interroger la place du politique –ou du moins des préférences désignées comme telles par les spécialistes- au sein des échanges matrimoniaux. L'analyse de cet échantillon peu politisé, à l'image de l'électorat FN dans sa globalité, souligne combien la préférence FN ne peut être que médiocrement l'expression d'une compétence politique. Présentant dans leur majorité un indice de politisation faible, nos enquêtées dissimulent derrière le « choix » apparemment politique du FN des modes de relations à « l'Autre ». Facilitant un rapprochement avec la cellule parentale, la concrétisation d'une nouvelle relation matrimoniale, moyen de combler une solitude affective, monnaie d'échange dans la relation matrimoniale ou bien encore tout cela successivement, la préférence féminine en faveur du FN peut quitter le terrain politique pour toucher à la complexe (re)construction d'identités de femmes. En investissant la sphère publique après des lustres de confinement dans la sphère privée, les femmes les moins dotées en capital culturel et social, ne se réapproprient-elle pas le politique pour en faire un usage privé ? Les femmes n'instrumentalisent-elles pas les outils politiques en vue de gérer au mieux, les effets parfois pervers d'une libération sexuelle et sociale à laquelle toutes n'ont pas accès ou du moins pas par la grande porte ? Nos réflexions concernent essentiellement des femmes exerçant des professions peu valorisantes, non choisies et souvent mal rémunérées pour parvenir à exister socialement. La préférence FN peut parfois leur permettre de reprendre l'offensive dans leurs rapports aux hommes (dans un contexte où ces derniers sont également aux prises avec une redéfinition de l'identité masculine, bousculée par la redistribution des rôles sexuels et sociaux). C'est souvent à un « bricolage identitaire » que la préférence FN peut être associée plus qu'à l'expression de convictions politiquement orientées.Cette approche, non exclusive d'autres principes explicatifs du vote FN, en souligne certains aspects souvent marginalisés au nom d'une vision parfois globalisante de la condition féminine. Pourtant cette vision n'est-elle pas d'abord le luxe de celles qui en ont les moyens (culturels notamment) ? Pour les autres, dont notre échantillon est largement représentatif, c'est avant tout leur propre condition qu'elles cherchent à améliorer et, pour beaucoup, dans le cadre de ce qui leur est le plus familier c'est à dire le couple et la famille, peu importe si cela passe par la préférence pour un parti rétrograde du point de vue de l'amélioration de la condition de la femme. C'est un altruisme dont elles n'ont pas les moyens et qui ne les concerne souvent que de loin. De quelles femmes parlent-on quand on évoque celles qui ne votent pas FN ? Quelle est la part de ces dernières qui invoque effectivement des raisons programmatiques ? Sans doute beaucoup de celles qui ne votent pas FN ne le font pas pour les « bonnes » raisons traditionnellement retenues mais évoluent avant tout dans des configurations et des contextes familiaux, matrimoniaux, professionnels qui ne contribuent pas à les rapprocher de ce parti. Travail de terrain, cette enquête donne un peu de chair à des variables souvent désincarnées, elle ouvre des perspectives quant à l'imbrication de la sphère publique et de la sphère privée, elle donne toute sa place au « genre » dans l'approche d'une préférence politique extrême. Riche d'une multitude d'extraits d'entretiens, ce travail d'enquête ne cherche pas à construire un portrait type de l'électeur FN, tâche d'autant plus difficile qu'il s'agit d'un électorat en perpétuelle évolution, mais à déconstruire des mécanismes possibles de rapprochement avec cette famille politique.
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Approaching the Front National electoral conglomerate from a different angle, that of its female component, leads to a more in-depth examination of the results of quantitative surveys published over several decades on the subject. The meeting of 28 women who "voted at least once for the National Front" in the Vaucluse and Bouches du Rhône regions encourages us to go beyond the strictly political definition of this electoral preference. While it is important to take into account the geographic specificity of the survey field (the FN's long and lasting presence in the PACA region), the complementarity between qualitative interviews and ethnographic observations does not make it any less possible to deconstruct the life paths of the individuals we met in order to place the FN's preference at a precise moment in these singular biographical trajectories. By looking for what each respondent can put behind the expression of a FN preference, we have touched on identity problems linked to the redefinition of sexual and social roles in our society. We were able to observe the persistence of systematic discrepancies between expected roles (which could legitimately be expected in view of the elements of the value systems we encountered) and lived roles in terms of work, family and especially marriage. This observation leads us to question the place of politics - or at least of the preferences designated as such by the specialists - within matrimonial exchanges. The analysis of this not very politicized sample, like the FN electorate as a whole, underlines the extent to which the FN preference can only be a mediocre expression of political competence. The majority of our respondents have a low level of politicization and hide behind the apparently political "choice" of the FN modes of relationship to the "Other". Facilitating a rapprochement with the parental unit, the concretization of a new matrimonial relationship, a means of filling an emotional solitude, a bargaining chip in the matrimonial relationship or all of these ...
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In: Ouvertures politiques
World Affairs Online
In: Pôle sud: revue de science politique, Band 44, Heft 1, S. 49-72
ISSN: 1960-6656
Investissant la problématique de la mal-inscription, devenue centrale dans l'analyse des comportements électoraux, cet article propose des méthodes permettant de mesurer l'ampleur de cette mal-inscription selon la distance séparant le domicile et le bureau de vote. Une analyse est également réalisée sur le lien avec la participation aux élections présidentielle et législatives de 2012. Les données utilisées sont celles des enquêtes inscription et participation électorales de l'INSEE (2012). L'information majeure qui ressort de nos analyses est que la mal-inscription est avant tout infra-départementale, puisque la majorité des mal-inscrits l'est dans un rayon de 20 km autour de leur domicile. Les individus les plus distants de leur lieu de vote n'étant pas nécessairement les moins participatifs, nous proposons un focus en région PACA sur les caractéristiques sociodémographiques des mal-inscrits pour éclairer ce résultat relativement contre-intuitif.
In: Revue française de science politique, Band 67, Heft 6, S. 1113-1130
ISSN: 1950-6686
Cet article interroge les ressorts sociaux et politiques de la mobilisation électorale lors de la primaire de la droite et du centre de novembre 2016 au travers d'une enquête par questionnaires « sortie des urnes » menée dans sept bureaux de vote métropolitains. Au-delà de la logique « censitaire » de ce scrutin, l'étude souligne les formes diversifiées de politisation des électeurs mobilisés, dont certaines sont acquises au contact des réseaux partisans tandis que d'autres, majoritaires, semblent plus étroitement liées à des effets de position sociale. La large victoire de F. Fillon lors de ce scrutin s'interprète ainsi comme une double capacité à répondre aux attentes des électeurs les plus acquis à la droite et à exploiter les réseaux partisans locaux.
In: Politix: revue des sciences sociales du politique, Band 32, Heft 127, S. 5-29
ISSN: 0295-2319
World Affairs Online
In: Politix: revue des sciences sociales du politique, Band 127, Heft 3, S. 3-29
ISSN: 0295-2319
Cet article revisite la question de l'effet des conversations politiques sur les choix électoraux, qui tient aujourd'hui une place importante dans les approches contextuelles du vote. Il se fonde sur une enquête par questionnaires et par entretiens approfondis menée durant les élections françaises de 2017 (la présidentielle et les législatives). L'enquête montre que l'hypothèse d'une fonction délibérative des conversations en période électorale est peu réaliste ; et ce d'autant moins que les conversations ne sont appréhendées que par leurs contenus « politiques ». Si les conversations ont des effets, ceux-ci ne peuvent se saisir qu'à l'aune des ancrages sociaux qui définissent non seulement la possibilité des conversations politiques, mais aussi le sens que les électeurs confèrent à ces dernières. L'article montre que ce qui circule dans les conversations en période préélectorale, ce sont moins des informations politiques permettant aux électeurs de se décider que des normes et des identifications partisanes et sociopolitiques qui confèrent à l'acte de vote une dimension collective déterminante.