Positionnalités des chercheur·e·s minoritaires: Connaître les mondes sociaux, entre rapports de pouvoir et mythe de l'objectivité
In: Raisons politiques: études de pensée politique, Band 89, Heft 1, S. 5-24
ISSN: 1950-6708
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In: Raisons politiques: études de pensée politique, Band 89, Heft 1, S. 5-24
ISSN: 1950-6708
In: Participations: Revue de sciences sociales sur la démocratie et la citoyenneté, Band 19, Heft 3, S. 97-127
ISSN: 2034-7669
Dans quelle mesure des épreuves morales et affectives accumulées dans des trajectoires de vie individuelles peuvent-elles constituer le support d'une constellation d'activités collectives diverses autorisant la construction d'une forme légitime de participation politique ? C'est ce que donne à penser l'expérience afroféministe telle qu'elle s'exprime et se déploie en France de manière protéiforme depuis quelques années dans des espaces variés et hétérogènes, qu'ils soient privés, semi-publics ou publics. Fondé sur la requalification du vécu intime subjectif en épreuve commune soumise à une réflexivité critique construite collectivement, l'afroféminisme s'apparente à une politique du sensible. Basé sur l'attention fine à la polymorphie des expressions politiques afroféministes, aux discours des militantes, et en particulier à l'étude du récit de vie d'une des fondatrices du principal collectif afroféministe français, Mwasi, le présent article vient aussi nuancer et complexifier les analyses courantes de la dépolitisation ou démobilisation politique des classes populaires. Il montre combien, à l'écart des acceptions partisanes ou conventionnelles, la politique conserve pour les dominées, à bien des égards, sa part d'imagination politique émancipatrice, avec pour enjeu essentiel : l'institution jamais acquise de l'égalité dans les rapports sociaux.
In: L' homme et la société: revue internationale de recherches et de syntheses en sciences sociales, Band 198, Heft 4, S. 213-229
À partir d'une analyse de la réception fin 2014 en France de l'installation-spectacle, Exhibit B , de l'artiste Brett Bailey, visant à dénoncer le racisme, cet article montre l'émergence d'une crise du concept d'antiracisme autant dans l'espace des mobilisations sociales et politiques que dans le champ académique français, en particulier parmi les chercheurs faisant de la « question noire » une clé décisive de la critique sociale du racisme. De façon paradoxale, « l'affaire Exhibit B » a mis en lumière combien une critique conséquente du racisme ne peut s'appuyer sur une interprétation étroitement descriptive de la ligne de couleur. Elle doit au contraire s'atteler à dévoiler les rapports de pouvoir et les logiques symboliques par lesquelles des individus sont produits in situ comme « Noirs » et « Blancs ». Surtout, l'émancipation des racisés ne peut faire l'économie d'une remise en cause des structures sociales d'ensemble grâce auxquelles des « raciseurs » aveugles et involontaires sont construits comme groupe homogène et socialement dominant. Enfin, l'article plaide, à propos du contexte français où l'universalisme républicain abstrait opère comme une norme sociale, pour une déconstruction de la question raciale qui interroge, au-delà du schème de la ligne de couleur, le schème essentialiste et « invisible » — inscrit dans une histoire coloniale ancienne — d'une ligne des mœurs .
In: Le mouvement social, Band 252, Heft 3, S. 137-158
ISSN: 1961-8646
Si conformément au principe révolutionnaire d'universalité des droits du citoyen, l'abolition de l'esclavage par la Seconde République en 1848 a institué la pleine égalité civile et politique entre citoyens (masculins) de la métropole et ex-esclaves des « vieilles colonies » de plantation, l'égalité civique n'a pas pour autant impliqué la pleine inclusion de ces derniers dans la « communauté des citoyens ». En effet, la pleine citoyenneté française s'est accompagnée aux Antilles (mais aussi en Guyane et à la Réunion) d'un régime législatif dérogatoire au droit commun. Ces « colonies de citoyens » furent régies par un système juridique les plaçant en dehors des lois applicables en métropole. Quelle « pensée d'État » permit, au long de plusieurs régimes politiques distincts, de faire tenir ensemble l'articulation improbable entre égalité civique et exception ? La division de l'égalité qui fonda une mise à l'écart des égaux ou une « altérisation » des citoyens des colonies post-esclavagistes s'est articulée dans la longue durée à une politisation des héritages historiques et anthropologiques des personnes originaires des îles à sucre. En abordant l'histoire de la citoyenneté française à partir de sa marge coloniale caribéenne, on observe ainsi qu'elle ne fut pas toujours unitaire ni abstraite : elle s'est articulée à une fabrique spécifique de la race. La logique de racisation par laquelle s'opéra la coupure entre Français de la métropole et Français des « vieilles colonies » anciennement esclavagistes ne se comprend pas simplement en termes coloristes, mais plutôt en termes « civilisationnels » – en termes « culturels » dirions-nous aujourd'hui.
International audience ; In keeping with the revolutionary principle of universal civil rights, the abolition of slavery by the Second French Republic in 1848 instituted full civil and legal equality for all (male) citizens of Metropolitan France and former slaves from the "Old Plantation Colonies". However, civil equality did not entail the former slaves being fully included in the "community of citizens". Indeed, full French citizenship in the French West Indies (as well as in French Guiana and on Reunion Island) came hand in hand with a special legislative regime. These "colonies of citizens" were governed by a legal system that kept them outside the laws applicable in Metropolitan France. What "conception of the State" enabled the unlikely reconciliation of civil equality and legal segregation, across several different political regimes? Over the long term, the divided equality at the basis of a system whereby equals were excluded or the citizens of former slave colonies were regarded as separate or "other" was combined with a politisation of the historical and anthropological heritage of people from the sugar islands. By looking at the history of French citizenship from the standpoint of its colonial Caribbean margin, we thus note that it was not always unified or abstract: it was articulated around a specific fabrication of race. The rationale of racialisation whereby Metropolitan French citizens were cut off from the French of the former slave "Old Colonies" cannot be understood simply in terms of skin colour, but rather in terms of "civilisation" – or nowadays, we might say "culture". ; Si conformément au principe révolutionnaire d'universalité des droits du citoyen, l'abolition de l'esclavage par la Seconde République en 1848 a institué la pleine égalité civile et politique entre citoyens (masculins) de la métropole et ex-esclaves des «vieilles colonies» de plantation, l'égalité civique n'a pas pour autant impliqué la pleine inclusion de ces derniers dans la «communauté des citoyens». En effet, la ...
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International audience ; In keeping with the revolutionary principle of universal civil rights, the abolition of slavery by the Second French Republic in 1848 instituted full civil and legal equality for all (male) citizens of Metropolitan France and former slaves from the "Old Plantation Colonies". However, civil equality did not entail the former slaves being fully included in the "community of citizens". Indeed, full French citizenship in the French West Indies (as well as in French Guiana and on Reunion Island) came hand in hand with a special legislative regime. These "colonies of citizens" were governed by a legal system that kept them outside the laws applicable in Metropolitan France. What "conception of the State" enabled the unlikely reconciliation of civil equality and legal segregation, across several different political regimes? Over the long term, the divided equality at the basis of a system whereby equals were excluded or the citizens of former slave colonies were regarded as separate or "other" was combined with a politisation of the historical and anthropological heritage of people from the sugar islands. By looking at the history of French citizenship from the standpoint of its colonial Caribbean margin, we thus note that it was not always unified or abstract: it was articulated around a specific fabrication of race. The rationale of racialisation whereby Metropolitan French citizens were cut off from the French of the former slave "Old Colonies" cannot be understood simply in terms of skin colour, but rather in terms of "civilisation" – or nowadays, we might say "culture". ; Si conformément au principe révolutionnaire d'universalité des droits du citoyen, l'abolition de l'esclavage par la Seconde République en 1848 a institué la pleine égalité civile et politique entre citoyens (masculins) de la métropole et ex-esclaves des «vieilles colonies» de plantation, l'égalité civique n'a pas pour autant impliqué la pleine inclusion de ces derniers dans la «communauté des citoyens». En effet, la ...
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International audience ; In keeping with the revolutionary principle of universal civil rights, the abolition of slavery by the Second French Republic in 1848 instituted full civil and legal equality for all (male) citizens of Metropolitan France and former slaves from the "Old Plantation Colonies". However, civil equality did not entail the former slaves being fully included in the "community of citizens". Indeed, full French citizenship in the French West Indies (as well as in French Guiana and on Reunion Island) came hand in hand with a special legislative regime. These "colonies of citizens" were governed by a legal system that kept them outside the laws applicable in Metropolitan France. What "conception of the State" enabled the unlikely reconciliation of civil equality and legal segregation, across several different political regimes? Over the long term, the divided equality at the basis of a system whereby equals were excluded or the citizens of former slave colonies were regarded as separate or "other" was combined with a politisation of the historical and anthropological heritage of people from the sugar islands. By looking at the history of French citizenship from the standpoint of its colonial Caribbean margin, we thus note that it was not always unified or abstract: it was articulated around a specific fabrication of race. The rationale of racialisation whereby Metropolitan French citizens were cut off from the French of the former slave "Old Colonies" cannot be understood simply in terms of skin colour, but rather in terms of "civilisation" – or nowadays, we might say "culture". ; Si conformément au principe révolutionnaire d'universalité des droits du citoyen, l'abolition de l'esclavage par la Seconde République en 1848 a institué la pleine égalité civile et politique entre citoyens (masculins) de la métropole et ex-esclaves des «vieilles colonies» de plantation, l'égalité civique n'a pas pour autant impliqué la pleine inclusion de ces derniers dans la «communauté des citoyens». En effet, la ...
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In: Palimpsest: a journal on women, gender, and the black international, Band 4, Heft 2, S. 189-210
ISSN: 2165-1612
In: Savoir/agir: revue trimestrielle de l'association savoir/agir, Band 8, Heft 2, S. 127-132
ISSN: 1958-5535
In: Raisons politiques: études de pensée politique, Band 89, Heft 1, S. 77-95
ISSN: 1950-6708
Sociologue néerlandaise vivant aux États-Unis, fille d'immigrés de classe supérieure originaires du Suriname et féministe engagée dans le mouvement des femmes aux Pays-Bas, figure majeure des recherches néerlandaises et européennes sur les processus de racialisation et leurs fondements structurels (sociaux et historiques), Philomena Essed revient sur son parcours de chercheuse « diasporique », entre Europe et Amériques. Racialisée comme « femme de couleur » ou « noire » dans une société où le vocabulaire permettant de nommer et spécifier les rapports sociaux de race dans leur imbrication avec les inégalités sociales de classe et de genre est peu disponible et faiblement diffusé, elle évoque les obstacles rencontrés dans le monde universitaire majoritairement « blanc » et masculin des Pays-Bas des années 1980-1990. Elle souligne les solidarités, mais aussi les ambiguïtés des relations avec les collègues en position dominante à l'université. Elle retrace l'orientation progressivement prise aux États-Unis par ses travaux, inscrits dans une perspective critique de la race sans s'assimiler pour autant aux Critical Race Theories , vers les thèmes de la justice sociale, les enjeux moraux des processus de racialisation et de leurs transformations contemporaines. À partir d'une position située à la croisée de plusieurs mondes, plusieurs héritages sociaux et de plusieurs cultures, elle décrit en creux le contenu éthique qu'elle donne à son identité de chercheuse et d'intellectuelle.
In: Esprit, Band Février, Heft 2, S. 84-97
En partant de l'exemple de plusieurs revendications récentes touchant à la mémoire coloniale en Martinique, les deux historiennes, en dialogue ici, se demandent comment comprendre cet usage de l'histoire. S'agit-il encore d'une affirmation régionaliste, d'une perte de contact avec les combats émancipateurs du passé ou d'une aspiration à voir intégrer dans le récit national la situation des anciennes colonies ?
In: France overseas : studies in empire and decolonization
"Black French Women and the Struggle for Equality, 1848-2016 explores how Black women--in France, the French Caribbean, Réunion Island, Gorée, Dakar, Rufisque, and Saint-Louis--experienced and reacted to French colonialism"--