L'hébergement d'urgence en hôtel concerne un nombre croissant de familles étrangères – plus de dix mille d'entre elles y résident aujourd'hui. Dans quelles conditions en vient-on à solliciter l'assistance ? Comment cet hébergement s'inscrit-il dans le parcours migratoire ? Quels effets y imprimet-il ? Comment, plus simplement, y poursuit-on sa vie ? Ces questions sont abordées à partir de l'histoire d'une famille. Le récit repose sur une enquête budgétaire approfondie, d'ethnocomptabilité. Il met en lumière les efforts constants du couple pour s'en sortir et offrir la meilleure vie possible à son enfant. Ceci se traduit par un mode de vie des plus économes, permettant de faire face aux épreuves qui jalonnent le parcours et de constituer, petit à petit, une épargne qui leur ouvre de nouveaux paysages de possibilités.
Social accommodation : cashing in on poverty ? The case of Île-de-France Hotel accommodation paid for by the public authorities is being provided for an increasing number of homeless families, most of them immigrants. For hoteliers and intermediaries, this is a flourishing market, today worth more than a hundred million euros in Île-de-France. Yet just fifteen years ago, when initiatives for helping the homeless were expanding rapidly, hotel accommodation was a marginal solution. This article looks at how this form of accommodation emerged and at the transformations that have occurred in a sector where policies to help the most disadvantaged meet those adopted to manage immigration, and where public policy meets private enterprise.
Cet article propose d'évaluer les bienfaits et les inconvénients d'une démarche d'enquête participative. Il s'appuie sur le compte rendu d'une recherche par questionnaire auprès de familles sans logement. En cours de construction de l'enquête, des personnes anciennement dans cette situation ont rejoint l'équipe de recherche et contribué à l'élaboration comme à la passation du questionnaire. Cette expérience suggère que des recherches classiques pourraient avoir avantage à mettre en oeuvre des démarches participatives pour enrichir la connaissance scientifique.
In this paper the authors investigate a less documented side of street children's (bakoroman) lives in Ouagadougou, namely, their encounters with strangers in town. These encounters lead to resources such as relationships, goods, protective time and space, or learning opportunities and punctuate the narratives of the bakoroman. They are one of the main dimensions of their lives in the urban public space as they go back and forth between the street and their homes (institutional and family). As such, these interactions participate in the construction of their biographical trajectories and bifurcations. From minimum reciprocity to relational vigilance, a broad spectrum of interactions delineates the possibilities and limits of an «ethics of fragility». Across these encounters the children create their space in the city, through circumstantial pedagogies of living together. These interactions can be read as resources to regulate urban violence, other than institutional or charitable interventions.
Ce dossier propose d'appréhender la sociabilité urbaine comme un centre de perspectives sur la dimension politique de la vie sociale. Les formes et épreuves de la coexistence y sont saisies comme une entrée empirique sur l'expérience du politique en tant que culture. L'hypothèse mise au travail par l'ensemble des contributions est que ces épreuves contribuent à forger l'expérience que chacun a du monde et des autres, à tester le périmètre des responsabilités des uns et des autres, des uns vis-à-vis des autres, quant à ce qui advient sous le regard public. S'y testent ainsi, en situation, des définitions de ce qui peut ou doit être fait en commun et un sens ordinaire de la communauté politique.