Dans cette note, la première partie donne un aperçu synthétique des différents types d'outils de modélisation globale : les modèles d'évaluation intégrée pour l'analyse des politiques d'adaptation au/mitigation du changement climatique, d'une part ; les modèles de marchés et d'échanges pour la projection des disponibilités et des besoins alimentaires et l'évaluation de l'impact de différents facteurs (dont en particulier les politiques) en termes de sécurité alimentaire mondiale, d'autre part. La deuxième partie recense les principaux travaux internes à l'INRA, qui pourraient constituer les briques d'un modèle global avec composantes biogéophysiques et économiques, que ce dernier soit développé à l'INRA ou ailleurs. La troisième partie propose des pistes de recherche en matière de modélisation globale que pourrait porter le métaprogramme GloFoodS.
Les enjeux de l'évolution de la Politique agricole commune (PAC) après 2013 sont étroitement liés à la situation qui prévaudra sur les marchés agricoles communautaires et internationaux dans la prochaine décennie. Nous proposons ici une synthèse et une discussion de l'information existante quant à l'évolution des marchés des produits agricoles après 2010, en nous appuyant sur trois projections à horizon 2020 ou 2025 proposées par des organismes internationaux : (i) les « Perspectives pour les marchés et les revenus agricoles de l'Union européenne » centrées sur les projections (ici, 2010-2020) des marchés communautaires des grands produits agricoles et accompagnées d'une analyse de l'évolution induite des revenus agricoles, produites par la Commission européenne (CE) ; (ii) les projections 2011-2020 des marchés mondiaux agricoles réalisées par l'OCDE et la FAO, à l'aide du modèle AGLINK/COSIMO ; et, (iii) les projections 2011-2025 fournies par l'institut américain FAPRI, avec le modèle éponyme. Les principaux résultats indiquent une hausse modérée des prix agricoles avec un risque accru de variabilité, une croissance des productions végétales soutenue par la demande en biocarburants, une forte exposition à la concurrence des productions animales communautaires. Ces résultats sont fragilisés par le contexte économique incertain et sont surtout sensibles aux hypothèses concernant les réserves de productivité et les comportements de demande.
Dans les régions de productions animales intensives, l'élimination des déjections constitue un problème crucial, en raison principalement des risques de pollution des eaux par les nitrates et de l'air par l'ammoniac. On a envisagé récemment, comme alternative ou en complément du traitement des effluents, des solutions préventives visant à réduire les rejets azotés à la source. Il s'agit principalement de mieux adapter l'apport protéique de l'aliment et d'améliorer les performances des animaux. Dans le contexte de la nouvelle politique agricole commune (PAC), nous avons tenté d'évaluer le coût de cette approche préventive. Les résultats montrent que la réforme de la PAC induit des modifications importantes dans la formulation des régimes. On constate ainsi une réduction de 1 à 1,5 point de la teneur en protéines des aliments qui s'accompagne d'une diminution de l'excrétion azotée de 0,2 à 0,4 kg/porc. Cependant, cette évolution est très sensible aux rapports de prix entre sources de protéines et d'énergie. La modification de la conduite de l'alimentation permet de réduire le rejet azoté jusqu'à 500 g/porc, tout en réduisant le coût " matières premières " de l'aliment de 8 à 13 F/porc (3 à 5%). Mais cette approche induit des investissements supplémentaires au niveau de l'élevage en terme de stockage et de distribution d'aliment. L'amélioration de l'équilibre du régime en acides aminés s'accompagne d'une augmentation du coût alimentaire d'autant plus importante que l'on s'éloigne de la solution optimale. Une réduction du rejet azoté de 500 g/porc entraîne ainsi un coût supplémentaire de 2 à 4 F /porc. Si l'on combine l'amélioration de la stratégie d'alimentation et l'amélioration de l'équilibre protéique du régime, on peut réduire le rejet azoté d'environ 20 à 25 % sans augmenter significativement le coût matières premières de l'aliment. ; In regions where intensive animal production is found, the management and disposal of manure directly affects the extent and the risk of water pollution by nitrates and air pollution by ammonia. As an alternative or complement to the treatment of effluents, solutions have been sought to reduce nitrogen pollution at its source of production. One approach that has been pursued has been to better adapt protein available in feeds to animal needs. In the context of the reformed CAP, this paper presents an evaluation of the cost of such a preventive approach to nitrogen pollution control. The results show that the CAP reform has introduced important modifications in the formulation of feed rations. A 1 to 1.5 point reduction in the protein content of feeds is estimated to result in a diminution of nitrogen excretion by pigs in the range of between .2 to .4 kg/pig. Further, it is shown that these results are very sensitive to the relationship between the prices of protein and energy. Modifications in the feeding strategy (number of diets) induce a decrease in nitrogen excretion in the range of 500 g/pig, as well as a reduction in the cost of the feedstuffs by 8 to 13 FF/pig (3-5%). However, this approach requires supplementary investments at the farm level for storage and distribution of the feeds. The improvement of the amino acid balance of the diet is generally associated with an increase in total feed costs. It is estimated that a reduction in nitrogen output by 500 g/pig would involve additional costs of 2 to 4 FF/pig. Jointly considering the benefits of improved feeding program and the improved protein balance, it is clear that nitrogen production can be reduced about 20 to 25 %, without substantilly increasing the cost of primary feed ingredients.
La réforme de la PAC devrait accroître le débouché céréalier communautaire en alimentation animale, au détriment des matières premières importées. Toutefois, l'ensemble des études existantes tend à montrer que la production de produits substituts des céréales (PSC), et notamment de corn gluten feed (CGF), serait peu affectée par la baisse du prix des céréales. Ces études considèrent en effet rarement le développement potentiel du débouché intérieur américain pour le CGF. Or, ce débouché a jusqu'à présent été gommé par l'attrait très fort du marché communautaire, résultant du prix élevé des céréales. La baisse de ce prix est donc susceptible de modifier profondément les tendances observées antérieurement sur les marchés du CGF. Cet article analyse les potentialités d'ajustements simultanés des débouchés du CGF dans l'Union européenne et aux Etats-Unis, à la suite de la réforme de la PAC. L'hypothèse est celle d'une rupture des tendances antérieurement observées du fait du changement des structures de prix des ingrédients sur les deux marchés. Une modélisation de la demande de CGF, basée sur l'approche par la programmation linéaire et la théorie de la différenciation des produits, est proposée de manière à prendre en compte cette rupture des tendances antérieures. On montre alors que la réforme de la PAC est en mesure de dynamiser le débouché américain du CGF. Les importations communautaires de CGF sont dans ce cas plus sensibles à la réforme de la PAC que ne le suggèrent les études existantes.
Depuis plusieurs décennies, le nombre des exploitations agricoles diminue, pendant que leur taille moyenne augmente, dans les pays industrialisés. Nous étudions dans quelle mesure ces deux tendances ont résulté ou non en une plus forte concentration du foncier agricole dans le cas de la France. Mesurant la concentration grâce au calcul de coefficients de Gini à partir de l'estimation de courbes de Lorenz paramétriques, nous montrons que tel n'est pas systématiquement le cas à l'échelle des départements. L'étude du rôle des potentiels déterminants de la concentration du foncier agricole montre que les quotas laitiers, les aides du 2e pilier de la PAC et les mesures dites de structures (aides à l'installation et préretraites) ont un impact significatif. Cependant, les facteurs les plus importants apparaissent être la disponibilité et le prix de la terre agricole. ; Over the last decades, the number of farms has decreased while average farm size has increased in industrialised countries. We investigate whether these two concomitant trends have resulted in higher farmland concentration or not in the case of France. Deriving Gini coefficients as a measure of concentration from the estimation of parametric Lorenz curves, we show that this is not systematically the case at the sub-national scale of "départements". When studying the role of possible explanatory variables for farmland concentration, we find that milk quotas, CAP 2nd pillar subsidies and so-called structural measures (settlements and early retirement grants) have a significant impact. However, the availability and the price of agricultural land appear to be the most significant factors.
Les insuffisances de la PAC actuelle en matière environnementale amènent les différents décideurs publics à envisager la question d'une réforme des instruments de cette politique qui tienne véritablement compte à la fois d'objectifs de soutien d'une agriculture compétitive et de protection de l'environnement. Or dans l'Union européenne, il semble difficile de concilier ces deux objectifs dans la mesure où la relative rareté de la terre pousse les agriculteurs à intensifier les techniques de production et, par voie de conséquence, à utiliser des quantités importantes d'intrants industriels à l'origine de pollution. Pourtant plusieurs éléments peuvent amener à penser que des politiques plus ciblées que les politiques de prix utilisées jusqu'à présent peuvent apporter des solutions intéressantes. Les techniques de production utilisées en Europe reposent dans une large mesure sur l'apport d'intrants aux cultures. Cet apport n'est réalisé avec un gaspillage limité que dans des sites propices aux cultures, i. e. des sites caractérisés par des sols de bonne structure, par un ensoleillement de bonne qualité. Or les qualités agronomiques et la "sensibilité environnementale" des sites de production sont liées, par exemple, les caractéristiques d'un sol séchant limitent ses propriétés agronomiques pour les mêmes raisons qu'elles sont à l'origine de pollutions des eaux si ce sol est utilisé pour une culture intensive. Aussi, s'il est certain qu'un accroissement de l'utilisation d'intrants industriels dans un site de production donné engendre un accroissement d'émissions polluantes, il est bien moins certain qu'une utilisation importante d'intrants industriels dans un site possédant de bonnes qualités agronomiques engendre plus d'émissions polluantes qu'un moindre recours à ces facteurs variables sur un site de médiocre qualité agronomique. Les estimations réalisées montrent que les agriculteurs tiennent compte de ces contraintes. Ces aspects de la production agricole et du comportement des agriculteurs peuvent permettre de contourner cette a priori inévitable incompatibilité des objectifs de compétitivité et de respect de l'environnement. Des politiques tenant compte de l'hétérogénéité des sites de production et employant des instruments ciblés peuvent permettre d'atteindre de manière simultanée et cohérente les objectifs qu'un pays moderne à son agriculture
Le 1er juillet 1993, l'Union européenne (UE) a finalement instauré un marché commun de la banane. L'Organisation commune de marché (OCM) mise en place remplace un ensemble de politiques nationales complexes et hétérogènes, incompatibles avec le Marché Unique. La nouvelle réglementation repose essentiellement sur la fixation d'un contingent tarifaire dans l'UE pour les bananes d'Amérique latine et non traditionnelles ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique). L'objet de cet article est en premier lieu de proposer un cadre simplifié d'analyse du fonctionnement du marché mondial de la banane en régime d'OCM dans l'UE. Il s'agit en second lieu d'analyser la sensibilité des équilibres de marché à la taille du contingent tarifaire imposé par l'UE aux bananes d'Amérique latine et des pays ACP sur la base de simulations réalisées à l'aide d'un modèle d'équilibre partiel du marché mondial de la banane.
The recent implementation of the CAP Single Area Payments in the EU New Member States raises the question of whether a quick capitalisation of these payments is expected. Capitalisation of public support to agriculture into land prices indicates that the benefits are partly transferred toward landowners rather than toward producers. This distributional aspect is of particular importance in countries where a large proportion of land is farmed by producers who do not own this land. This study investigates the influence of several types of support on Czech agricultural land prices from private transactions between 1995–2001. The past period direct payments have been capitalised at the strongest rate, despite their low level and imperfections on the land market, suggesting that such support is most easily transferred to land values. A continuing capitalisation might threaten the farming activity, as farms are almost only tenanted. And because most of the landowners live in towns, there is a risk of an extreme leakage of support not only outside the farming sector, but also outside the rural sector. ; Nedávná implementace jednotných plateb na plochu (SAP), realizovaných v rámci SZP v nových členských státech EU, vyvolává otázku, zda je možné očekávat rychlou míru kapitalizace těchto plateb. Kapitalizace podpor do cen půdy představuje jev, kdy jsou tyto podpory částečně přenášeny vlastníkům půdy spíše než zemědělským výrobcům. Uvedený distribuční aspekt je předmětem pozornosti zejména v zemích, kde je velká část půdy obhospodařována zemědělskými výrobci, kteří tuto půdu nevlastní. Příspěvek se zabývá vlivem vybraných typů podpor na ceny zemědělské půdy v ČR v případě transakcí s půdou od soukromých osob v období 1995–2001. Přímé platby ve sledovaném období byly kapitalizovány ve vysoké míře i přes jejich nízkou úroveň a přítomnost nedokonalostí na trhu s půdou. Toto zjištění vede k tvrzení, že tento typ podpor je docela snadno převáděn do hodnoty půdy. Pokračující kapitalizace by mohla ohrozit zemědělské činnosti, protože zemědělské podniky si půdu především najímají. Navíc je zde veliké riziko prosakování podpor nejen mimo zemědělský sektor, ale také mimo venkovský prostor, protože většina vlastníků zemědělské půdy žije ve městech.
On 29 November 2005, the European Union (EU) unilaterally introduced a tariff of €176 per tonne to apply from 1 January 2006 to bananas imported from countries enjoying the Most Favoured Nation (MFN) status. The new EU trade policy includes a duty-free annual import quota of 775,000 tonnes for bananas originating from African, Caribbean and Pacific (ACP) states. This regime replaces the very complex and highly contested tariff-rate quota policy in place in the EU between 1993 and 2005. However, the banana international trade war very likely has not come to an end. Several Latin American countries have announced their intention to challenge the new EU trade policy by initiating a new WTO complaint. In this paper, we first propose an analysis of the two WTO arbitration awards that ruled against the initial EU tariff proposals. We show that the arbitrators' awards are incomplete notably because they do not explain why CIF (Cost, Insurance and Freight) import unit values in the EU-15 from MFN suppliers are much higher than FOB (Free on Board) export unit values in corresponding MFN countries adjusted by all relevant costs that should theoretically be added to transform FOB into CIF prices. One plausible explanation to this apparent paradox is that reported CIF prices include at least part of quota rents generated by the tariff-rate quota policy. On this basis, we analyse the impacts of different MFN tariff levels on EU banana imports under contrasting hypotheses regarding, first whether the price gap between CIF and FOB unit values does include at least part of quota rents, second whether banana exports to the EU from Western African ACP countries were constrained under the previous regime where a specific import quota were reserved to ACP countries. We also analyse the consequences of an "augmented" tariff-only import regime including a MFN tariff and a duty-free import quota for ACP bananas.
L'objectif du document est de mesurer les effets sur la production de diverses catégories de mesures de soutien interne lorsque le risque auquel font face les agriculteurs et les effets de ces mesures de soutien en terme de réduction de ce risque sont pris en compte. Pour ce faire, on utilise la base de données des ESP (Estimation du soutien aux producteurs) et le modèle d'équilibre partiel MEP (Matrice d'évaluation des politiques) de l'OCDE. La dimension temporelle de la base de données des ESP est exploitée pour estimer la contribution de chaque catégorie de mesures de soutien en terme de réduction de la variabilité des recettes des agriculteurs. Le modèle MEP est élargi pour prendre en compte la dimension du risque auquel font face les agriculteurs. Cette dimension est intégrée dans le modèle via l'introduction de primes de risque résultant d'un programme usuel de maximisation d'une fonction d'utilité de type moyenne-variance. Le modèle est ensuite utilisé pour simuler les effets sur la production de diverses catégories de mesures de soutien sous différentes hypothèses qui permettent de distinguer les effets prix standards de ces mesures et leurs effets liés au risque (effets d'assurance et effets de richesse). Les résultats suggèrent que, quelle que soit la catégorie de mesures considérée, la prise en compte des effets liés au risque des mesures de soutien tend à accroître l'ampleur de leurs effets sur la production. Parmi ces effets liés au risque, les effets d'assurance peuvent être substantiels (selon les catégories de mesures et selon les pays) tandis que les effets de richesse sont le plus souvent limités.
Le 1er Juillet 1993, l'Union européenne (UE) a finalement instauré un marché commun de la banane. L'Organisation commune de marché (OCM) mise en place remplace un ensemble de politiques nationales complexes et hétérogènes, incompatibles avec le Marché Unique. La nouvelle réglementation repose essentiellement sur la fixation d'un contingent tarifaire dans l'UE pour les bananes d'Amérique latine et non traditionnelles ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique), et sur le concept de partenariat entre commerce de bananes Européennes et ACP d'une part, et commerce de bananes d'Amérique latine d'autre part. L'objet de cet article est double. Il s'agit en premier lieu de proposer un cadre simplifié d'analyse du fonctionnement du marché mondial de la banane en régime d'OCM dans l'UE. Il s'agit en second lieu d'analyser la sensibilité des équilibres de marché à la taille du contingent tarifaire imposé par l'UE aux bananes d'Amérique latine et des pays ACP sur la base de simulations réalisées à l'aide d'un modèle d'équilibre partiel du marché mondial de la banane.
L'objectif de cet article est de montrer la nécessité de disposer d'un cadre global d'analyse des politiques agricoles et de leurs réformes. L'attention est naturellement centrée sur la demande des différents ingrédients de l'alimentation animale dans l'Union Européenne, et en particulier sur la demande dérivée de céréales. Nous nous plaçons dans le cadre de la réforme de la PAC et examinons, sur la base d'un scénario de référence, les conséquences de cette dernière sur les utilisations intérieures des différentes matières premières de l'alimentation animale. Cette analyse nous permet de mettre en évidence les deux principaux mécanismes économiques à considérer pour déterminer l'augmentation de la demande dérivée de céréales : l'effet de substitution entre ingrédients pour une utilisation totale de matières premières donnée d'une part, l'effet d'expansion lié à l'accroissement de l'offre des productions animales d'autre part. La nécessité d'une approche globale, multi-produits et multi-pays, est claire.
La reconquête du marché communautaire des céréales à destination de l'alimentation animale est l'un des objectifs essentiels de la réforme de la PAC. La baisse du prix intérieur des céréales devrait accroître de manière substantielle ce débouché céréalier. Toutefois, toutes les études disponibles tendent à montrer qu'elle ne sera pas suffisante pour restreindre significativement les importations communautaires de corn gluten feed (CGF). L'objectif de cet article est d'analyser les potentialités d'ajustement des demandes européennes et américaines de CGF, à la suite de la réforme de la PAC, dans une optique stratégique des deux acteurs (Communauté européenne et États-Unis). Les offreurs américains sont en mesure de discriminer la demande intérieure et la demande européenne de CGF. On cherche alors à déterminer quelle est leur stratégie de meilleure réponse à une politique de taxation des importations de la Communauté, accompagnée d'une baisse du prix communautaire des céréales. Une modélisation en termes de différenciation des ingrédients, axée sur leur taux protéique, est utilisée. Les demandes ainsi obtenues présentent plusieurs régimes en fonction des prix relatifs des produits en vigueur. La demande américaine de CGF peut alors réagir au rapport des prix intérieurs du CGF et du maïs alors qu'elle est le plus souvent quasiment rigide dans les analyses existantes des effets de la réforme de la PAC. On montre ainsi qu'un droit de douane pourrait permettre à la Communauté de limiter de façon importante ses importations de CGF en faveur d'une utilisation accrue de céréales, induisant une reconquête plus radicale du débouché céréalier communautaire en alimentation animale.
Les résultats de simulation donnés par les modèles économiques sont souvent différents, parfois même fortement contrastés. Il est largement reconnu dans la littérature que de nombreux facteurs peuvent expliquer ces différences. Dans ce contexte, l'objectif de cet article est de souligner l'importance de la modélisation des instruments de politique agricole pour l'évaluation des impacts potentiels de la réforme Agenda 2000 de la Politique agricole commune. Il est montré que non seulement cette modélisation des instruments est déterminante mais qu'une spécification fine des technologies de production des secteurs d'activité doit accompagner l'effort de modélisation.
Après une description du Federal Agriculture Improve and Reform Act of 1996, cette contribution propose quelques prévisions quant à ses conséquences sur la production et les exportations des États-Unis, et donc sur les prix mondiaux. Cette loi va sans doute accroître la pression sur l'agriculture européenne, et rendre nécessaire une réforme de certaines organisations communes de marchés, en particulier pour les oléagineux, le porc et les volailles. Après un bref rappel historique des débats entre l'Union européenne et les États-Unis, cette loi est décrite comme un point de départ possible pour une stratégie de négociation de la part des États-Unis. Le texte traite ensuite des réponses possibles à cette loi de la part de l'Union, dans la perspective d'un nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales. Ces réponses pourraient prendre la forme d'une réorganisation radicale du soutien public accordé à l'agriculture.