The integration of new tasks like those of cultural and natural heritage management into the mandates of UN peace operations is usually presented as a burden, 'a star on the top of the Christmas tree' at a time of scarce human and budgetary resources for contemporary UN peace operations. Through a comparison of MINUSMA in Mali and MONUSCO in DRC, this article aims to demonstrate how, on the contrary, heritage management can bring consistency to the broader 'stabilization' mandate mainstreamed in UN peace operations. By creating new links between the seemingly dichotomous activities it encompasses, namely 'support' and 'securization' activities, this new type of mandated task can increase complementarity between civilian and military components of UN peace operations with regard to local population. As part of their stabilization mandates, both MINUSMA and MONUSCO were charged to protect heritage. Ultimately, the most decisive factor as to why heritage management created a virtuous circle in Mali and a vicious circle in DRC, seems to be the failure or the success on the part of peace operations to include local communities in the heritage management process, a task which is so far better performed by the civilian than by the military component.
Le 25 avril 2013, le Conseil de Sécurité adoptait la première résolution intégrant la protection du patrimoine culturel dans le mandat d'une opération de maintien de la paix : la résolution 2100, à l'origine de la MINUSMA au Mali. À l'heure où les destructions de sites de patrimoine mondial par des groupes terroristes tend à devenir systématique, la question que nous proposons d'étudier dans cet article est celle de savoir si la MINUSMA pourrait ou non constituer un précédent pour les futures opérations de maintien de la paix de l'ONU. Si cette possibilité a bel et bien été envisagée par le Conseil de Sécurité lors de l'adoption de la résolution 2347 le 24 mars 2017, nous verrons que différents éléments nuancent cette affirmation : d'une part l'existence d'autres cas de protection avant la MINUSMA ayant protégé le patrimoine culturel de manière informelle et le classement de la protection du patrimoine culturel parmi les «tâches supplémentaires» de la MINUSMA aux côtés d'autres tâches jugées «prioritaires» par la résolution 2164, ayant succédé à la résolution 2100.
Les organisations internationales s'imposent depuis 1945 comme des arènes incontournables des politiques étrangères. Pour autant, en dépit d'une intensification de l'activité éditoriale dans l'immédiat post-guerre froide, le multilatéralisme ne constitue au début des années 2000 qu'un domaine résiduel des études internationales francophones. Aborder les organisations internationales comme une « forme majeure de l'action internationale » et s'attacher à en accroître l'intelligibilité supposent de rompre avec une lecture de l'international encore dominée par le jeu de la puissance et la volonté de domination. Cette entreprise intellectuelle – qui prit rapidement des dimensions collectives (co-écriture et co-direction d'ouvrages, directions de mémoires de Master et de thèses de doctorats, création et animation du Groupe de Recherche sur l'Action Multilatérale [gram]) – est également une réhabilitation de la solidarité et de la coopération comme clés de lecture du jeu politique international. Plutôt que la permanence, il s'agit, chez Guillaume Devin, de privilégier l'étude des marges de manoeuvre, des jeux d'acteurs, et du changement de ces institutions en même temps que d'instaurer une lecture large de leur fonctionnalité.