Le mal-être au travail des assistants sociaux est fréquemment analysé à l'aune de l'imposition des techniques de la nouvelle gestion publique. Cependant, la spécificité du « métier » qu'est la relation d'aide aux personnes est généralement ignorée dans cette approche. Nous montrons que l'analyse des témoignages faisant état de ce mal-être au travail nécessite de prendre en compte l'impact des réformes politiques qui changent profondément la nature du travail social.
Le présent mémoire a pour objet de proposer une réflexion méthodologique indispensable à la mise en œuvre d'une recherche doctorale dans le cadre d'une thèse. Il s'inscrit dans le cadre du programme complémentaire à la formation doctorale. Nous proposons une série de pistes concrètes pour l'analyse dynamique de l'action sociale universitaire et justifions les éléments de méthodologie que nous avions énoncés dans notre projet de recherche doctorale. ; info:eu-repo/semantics/nonPublished
Partout en Europe, les institutions d'enseignement supérieur développent des stratégies de « Lifelong Learning ». La reconnaissance d'acquis professionnels, qu'elle s'opère par l'admission à un cycle d'études ou par l'octroi de (partie de) diplômes, est un élément-clé de ces stratégies. Ce faisant, elles repositionnent ces institutions par rapport au « monde du travail » en les amenant à évaluer les « acquis » du travailleur, issus de sa pratique professionnelle. En analysant le discours d'acteurs impliqués dans la conception des dispositifs de valorisation et de validation des acquis de l'expérience en Communauté française de Belgique et en France, nous montrons que l'évaluation d'acquis professionnels à et par l'université – qu'elle se fonde sur des « référentiels de compétences », sur des « portfolios » comprenant lettre de motivation et preuves formelles, ou plus simplement, sur des entretiens – s'inscrit dans une logique méritocratique liée à l'idée d'une maximisation du rendement individuel et procède d'une réhabilitation du travail-peine. Sur base de témoignages d'anciens candidats, nous montrons ensuite que ce processus, qui prend sens dans des politiques globales d'individualisation des parcours de formation (et non d'étude), contribue à justifier l'individualisation des relations salariales et, parce qu'il donne une « valeur » (un diplôme, des crédits) à des « acquis professionnels » (qu'on les nomme « compétences », « savoirs et savoirs-faire » ou « aptitudes ») ,participe du mythe d'une « juste mesure » du travail. En conclusion, nous étudions les tentatives récentes de mise en correspondance des systèmes de « crédits » de l'enseignement (ECTS) et de la formation professionnelle (ECVET), qui servent tous deux à quantifier les « acquis » que le travailleur retire de sa pratique. Nous suggérons que la compatibilité voulue par les promoteurs de ces systèmes n'est pas anodine au regard de l'ambition de « quantifier » le travail et plus encore, de mesurer une « efficacité au travail ». ...
L'enseignement supérieur en Communauté française de Belgique est l'un des plus ouverts d'Europe :la plupart des filières sont accessibles sans concours ni examen d'entrée [1], les institutions sont réparties sur l'ensemble du territoire. Cependant, la proportion d'étudiants de conditions modeste et précaire inscrits dans les universités demeure l'une des plus faibles d'Europe. Depuis 1960, le législateur octroie des fonds aux institutions universitaires leur permettant de développer une politique « d'avantages sociaux » à l'attention de leurs étudiants. A l'Université Libre de Bruxelles, cette politique s'est progressivement structurée en politique d'action sociale visant à permettre spécifiquement aux étudiants de condition précaire ou modeste de poursuivre des études. Après avoir fourni quelques éléments permettant de comprendre la situation spécifique de l'Université libre de Bruxelles (ULB) dans le paysage de l'enseignement supérieur en Communauté française de Belgique, nous retracerons brièvement l'évolution de l'action sociale de l'ULB en identifiant l'impact de quelques événementsclés de son histoire (mouvements de mai 1968, réforme institutionnelle de 1988, etc.) Nous établirons alors une grille d'analyse permettant de décrire l'action sociale à l'attention des étudiants. Cette grille se fonde sur trois critères :le mode d'intervention, la procédure d'intervention et le « montant » de l'intervention. Sur base de cette grille d'analyse, nous proposerons une caractérisation de la politique d'action sociale développée à l'ULB. Nous définirons les notions d'action sociale directe et indirecte, d'aides spécifiques, différenciées et globales. Nous mettrons en perspective le caractère résiduaire ainsi que la vocation académique des aides sociales de l'ULB. Nous étudierons les mécanismes de rétroaction permettant un ajustement continu de la politique d'action sociale et en particulier l'influence de la participation indirecte des usagers sur les caractéristiques de l'action sociale. En conclusion, nous ...