Le changement climatique et la dégradation des terres constituent de très fortes menaces pour la survie de millions de personnes en Afrique sub-saharienne. Pourtant, il est d'ores et déjà réellement possible de contribuer à améliorer les conditions de vie des petits exploitants agricoles africains, éleveurs de bétail et autres utilisateurs de ressources naturelles tout en atténuant l'émission de gaz à effet de serre, en réduisant la dégradation des terres et en s'efforçant de corriger les impacts des changements et variations climatiques dans le cadre d'interventions locales, nationales et internationales. Le présent document prend en compte ces menaces et suggère des exemples d'actions destinées à informer les décideurs, les praticiens du développement et autres parties prenantes sur les liens existant entre le changement climatique et la gestion durable des terres (GDT), sur les perspectives et contraintes inhérentes à la promotion de l'atténuation des impacts du changement climatique au moyen de la GDT, ainsi que sur les options politiques et institutionnelles disponibles pour surmonter les obstacles et concrétiser les potentialités actuelles. ; IFPRI-5 ; EPTD ; PR ; 8 pages
La croissance incontrôlée des émissions de gaz à effet de serre est en train de réchauffer la planète, avec pour conséquences la fonte des glaciers, l'augmentation des précipitations, la multiplication de phénomènes météorologiques extrêmes, et le décalage des saisons. L'accélération du changement climatique, jointe à la croissance de la population et du revenu au niveau mondial, menace partout la sécurité alimentaire. L'agriculture est extrêmement sensible au changement climatique. Des températures plus élevées diminuent les rendements des cultures utiles tout en entrainant une prolifération des mauvaises herbes et des parasites. La modification des régimes de précipitations augmente la probabilité de mauvaises récoltes à Court terme et d'une baisse de la production à long terme. Bien que certaines régions du monde puissent enregistrer une amélioration de quelques unes de leurs cultures, le changement climatique aura généralement des impacts négatifs sur l'agriculture et menacera la sécurité alimentaire au niveau mondial. Les populations du monde en développement, déjà vulnérables et exposées à l'insécurité alimentaire, seront vraisemblablement les plus gravement affectées. En 2005, près de la moitié de la population économiquement active des pays en développement, soit 2,5 milliards de personnes, tirait le principal de ses ressources de l'agriculture. Aujourd'hui, 75% des pauvres du monde vivent dans des zones rurales. Ce Rapport sur les politiques alimentaires présente les résultats de recherches qui quantifient les impacts du changement climatique mentionnés ci-dessus, évalue leurs conséquences sur la sécurité alimentaire, et estime le volume d'investissements qu'il faudrait consentir pour éviter les conséquences négatives de ce changement sur le bien-être de l'humanité. Cette analyse associe, pour la première fois, la modélisation détaillée de la croissance des cultures soumises au changement climatique aux connaissances apportées par un modèle agricole global extrêmement détaillé, sur la base de deux scénarios pour simuler le climat à venir. Les résultats de cette analyse suggèrent que **l'agriculture et le bien-être de l'humanité seront négativement affectés par le changement climatique**: * Dans les pays en développement, le changement climatique provoquera une baisse de la production des cultures les plus importantes. Cette baisse se fera particulièrement sentir dans l'Asie du Sud. * Le changement climatique aura des effets variables sur le rendement des cultures irriguées selon les régions, mais en Asie du Sud les rendements de toutes les cultures irriguées subiront de fortes baisses. * Le changement climatique amplifiera la hausse des prix des principaux produits agricoles: riz, blé, maïs et soja. Le fourrage, plus cher, entrainera une augmentation des prix de la viande, avec deux conséquences: un léger ralentissement de la croissance de la consommation de viande, et une accélération substantielle de la diminution de la consommation de céréales. * En 2050, la disponibilité en calories sera non seulement inférieure à celle d'un scénario sans changement climatique: en fait elle sera inférieure aux niveaux de l'an 2000 dans l'ensemble du monde en développement! * En 2050, la baisse de la disponibilité en calories augmentera la malnutrition infantile de 20 % par rapport à un scénario sans changement climatique. De plus, le changement climatique éliminerait une grande partie des gains qui auraient pu être réalisés en matière de malnutrition infantile en l'absence de changement climatique. * Des investissements de productivité agricole agressifs, de l'ordre de 7,1 à 7,3 milliards d'US$2, sont donc nécessaires pour accroître la consommation de calories de façon à neutraliser les impacts négatifs du changement climatique sur la santé et le bien-être des enfants. ; PR ; IFPRI1 ; EPTD