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Le développement d'une perspective féministe intersectionnelle constitue la dernière réponse en date aux enjeux théoriques et politiques posés par l'existence des différences entre les femmes. Cet article s'interroge sur la façon dont les organisations féministes « font l'intersectionnalité », c'est-à-dire traduisent cette perspective théorique dans leur pratique politique. À partir de l'étude de l'association Action des femmes handicapées (Montréal), il vient documenter des usages politiques de l'intersectionnalité qui font appel à l'articulation du genre avec un axe de la domination qui demeure sous-représenté dans les études se réclamant des perspectives intersectionnelles : le capacitisme. L'article s'attache à cerner les éléments centraux de la politique féministe intersectionnelle déployée par cette association et de sa réception par les majoritaires « valides » du mouvement féministe québécois. Il soutient de plus que la pratique politique de l'intersectionnalité varie aujourd'hui selon que celle-ci est mise en œuvre par les « minoritaires » ou les « majoritaires » dans le mouvement féministe.

Les femmes handicapées, leurs réalités et leurs combats sont encore largement absents du courant de pensée majoritaire (mainstream) en études féministes qui, malgré un virage récent vers les analyses intersectionnelles, demeurent peu au fait des modalités d'analyse du handicap et des oppressions fondées sur les (in)capacités. Cet article veut permettre à un lectorat francophone de se familiariser avec les principales bases conceptuelles utilisées pour théoriser le handicap et les (in)capacités développées dans le domaine des études critiques du handicap, et en particulier par les auteures féministes travaillant dans ce champ. Il vise également à contribuer aux connaissances féministes des enjeux de transformation sociopolitique qui sont centraux pour les femmes handicapées, tels que ceux-ci sont révélés par les luttes de l'organisation féministe Action des femmes handicapées (Montréal). En conclusion, l'auteure explique la raison pour laquelle le handicap doit être considéré comme un enjeu féministe.

La transnationalisation de l'action collective implique des changements d'échelles de l'activité des mouvements sociaux. Peu abordées chez les sociologues et les politologues, les notions d'échelle et de politique(s) des échelles sont par contre centrales en géographie critique anglo-saxonne où elles sous-tendent un corpus émergent de recherches sur la transnationalisation. Visant à donner une visibilité à ces travaux, cet article expose les développements théoriques et les orientations programmatiques que ceux-ci suggèrent. Une attention particulière y est donnée aux processus de construction d'une échelle transnationale d'organisation et d'activité des mouvements, au caractère multiscalaire de l'action collective dite transnationale et, finalement, aux « effets de lieu » dans le rééchelonnement des cadrages collectifs.

The transnationalization of collective action involves the rescaling of social movement activity. Scale & the politics of scale have received little attention from sociologists & political scientists. They are, however, central to Anglo-Saxon critical geography, where they have spurred the development of an emergent field of research on transnationalization. This article aims at making visible the theoretical developments & programmatic orientations of this body of work. Attention is directed towards processes of construction of a transnational scale of organization & movement activity, the multiscalar character of transnational collective action, & the enduring role of "place" in the upscaling of collective framings. Adapted from the source document.

L'association d'organisations issues de la société civile à la prise de décision publique dans les institutions régionales québécoises depuis le début des années 1990 soulève la question des conséquences pour la démocratie de ces nouvelles formes de gouvernance partagée. L'arrivée des groupes de femmes parmi les acteurs avec qui se partage la gouverne du développement régional a permis, quant à elle, d'élargir le système de représentation des Conseils régionaux de développement (CRD) à l'identité-femmes, aux intérêts qui lui sont associés et aux actrices qui en sont les porteuses. Les deux mécanismes institutionnels par lesquels se fait la représentation de cette identité dans les CRD, les sièges femmes et l'augmentation du nombre de décideuses, nvont cependant pas la même portée en ce qui a trait à la démocratisation des sujets, des objets et des processus de prise de décision dans le développement régional. Le montage de ces différentes figures de démocratisation demeure fragile et mouvant, malgré l'importance que revêt l'inclusion de l'identité-femmes dans le système de la représentation politique.

Se a "escala" irrompeu recentemente no vocabulário teórico dos pesquisadores de movimentos sociais e do feminismo graças às várias formas de transnacionalização dos movimentos nas duas últimas décadas, ainda há pouca relação entre esses estudos e a literatura bastante sofisticada da geografia acerca da escala e re-escalamento (rescaling). Com o amplo objetivo de demonstrar o interesse dessas contribuições da geografia no estudo da transnacionalização dos movimentos sociais e feministas, este artigo visa, em primeiro lugar, a apresentar as recentes contribuições oriundas da pesquisa geográfica sobre movimentos transnacionais e escalas e, em segundo, a delinear uma agenda de pesquisa no campo dos estudos feministas e, particularmente, dos movimentos de mulheres. A primeira parte do artigo esquematiza os principais blocos teóricos da atual corrente geográfica de estudos de escala sobre a transnacionalização da ação coletiva (espaço, escala e lugar). A segunda parte explora a pertinência da abordagem escalar, com base em pesquisas geográficas recentes, na análise de uma variedade de movimentos, redes, organizações e eventos transnacionais. O foco sobre a idéia de escala orienta a compreensão de três processos distintos da ação coletiva – organização, ação e formulação de demandas – à medida que tais processos ultrapassam as fronteiras nacionais e desenvolvem-se em detrimento do espaço. Exemplos a partir dos estudos feministas são utilizados a fim de ilustrar a relevância e o potencial desse tipo de abordagem. As implicações dessa abordagem para o estudo da transnacionalização dos movimentos de mulheres são analisadas ao longo do artigo e sintetizadas na conclusão. PALAVRAS-CHAVE: transnacionalização, ação coletiva, movimentos sociais femininos.GEOGRAPHICAL SCALE AND TRANSNATIONALIZATION IN SOCIAL AND WOMEN'S MOVEMENTS Dominique Masson If "scale" has recently surfaced in the theoretical vocabulary of feminist and social movement scholars as movements have transnationalized in various ways in the last two decades, it is nonetheless with very little engagement with the existing and quite sophisticated geographical literature on scale and rescaling. Under the broad aim of highlighting the interest that a focus on geographical scale presents for studying transnationalization in social and women's movements, this article intends, first, to present the theoretical and empirical questions and contributions arising from the recent geographical work on transnational movements and scale and, second, to lay out the research agenda this work suggests to feminists and other scholars interested more specifically in women's movements. The first part of the article sketches the main theoretical building blocks that underlay current scalar approaches to the transnationalization of collective action in the geographical literature, namely, concepts of space, scale, and place. The second part of the paper explores the usefulness of a "scalar approach" with the help of recent geographical studies that foreground scale to inquire into a variety of transnational movements, networks, organizations and events. This exploration focuses on the ways in which thinking in terms of scale throws new light on our apprehension of three distinct processes of collective action organizing, action, and claimsmaking – as these processes get stretched beyond national boundaries and over ever wider expanses of space. Examples from selected feminist wor are used to illustrate the potential of such an approach. Implications for studying transnationalization in women's movements are drawn out throughout the text, and synthesized in the conclusion. KEYWORDS: transnationalization, collective action, social women's movements, geographical, scalar approach.ECHELLE GÉOGRAPHIQUE ET TRANSNATIONALISATION DANS LES MOUVEMENTS SOCIAUX DE FEMME Dominique Masson Si le terme "échelle" a surgi récemment dans le vocabulaire théorique employé par les chercheurs des mouvements sociaux et du féminisme à cause des diverses formes de transnationalisation de ces mouvements au cours des deux dernières décennies, on établit cependant peu de rapport entre ces études et les ouvrages assez sophistiqués de la géographie concernant l'échelle et le réétalonnage (rescaling). Afin de démontrer l'intérêt de ces contributions de la géographie au sein de l'étude de la transnationalisation des mouvements sociaux et féministes, cet article cherche en tout premier lieu à présenter les contributions récentes issues de la recherche géographique concernant les mouvements transnationaux et les échelles, et ensuite à définir toute une série de recherches sur le terrain des études féministes et, tout particulièrement, des mouvements de femmes. La première partie de l'article schématise les principaux blocs théoriques du courant géographique actuel concernant les études en échelle sur la transnationalisation de l'action collective (espace, échelle, lieu). La deuxième partie explore la pertinence de l'approche en échelle, en se basant sur des recherches géographiques récentes, pour l'analyse de toute une série de mouvements, réseaux, organisations et événements transnationaux. La focalisation sur l'idée d'échelle oriente la compréhension de trois processus distincts de l'action collective – organisation, action et formulation des demandes – dans la mesure où de tels processus dépassent les frontières nationales et se développent au détriment de l'espace. Des exemples pris dans les études féministes sont utilisés pour illustrer l'importance et le potentiel de ce type d'approche. Les implications d'une telle approche pour l'étude de la transnationalisation des mouvements de femmes sont analysées tout au long de cet article et synthétisés dans la conclusion. MOTS-CLÉS: transnationalisation, action collective, mouvements sociaux féministes, géographie, approche par échelle.Publicação Online do Caderno CRH: http://www.cadernocrh.ufba.br

Depuis déjà une dizaine d'années, les limites des théories féministes classiques sur l'État sont soulignées par de nouvelles perspectives féministes. Leurs reconceptualisations offrent une voie médiane entre le volontarisme des approches libérales et le déterminisme des conceptions plus structurelles. Ancrées dans les notions de luttes politiques et de rapports de forces, celles-ci réorientent l'analyse de «l'État » vers celle de la spécificité des formes étatiques. Elles redonnent également aux luttes des femmes et aux processus de représentation politique une portée analytique et stratégique de même qu'elles permettent une meilleure prise sur la relation entre l'État et l'action politique des femmes.

The future of shared governance is considered in an examination of the participation of women's groups in the area of regional development in Canada. It is held that women's groups have played a large part in involving women in the Regional Development Councils (RDCs), & in promoting women's interests & political participation. Women's participation in the RDCs is said to be ensured to some degree by the guaranteeing of women's seats & by larger numbers of women in decision-making roles; but differences in the results of each of these changes has made women's participation somewhat fragile, particularly in the area of regional development decision making. Adapted from the source document.