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Cauchemar des racistes et des antisémites, le « métissage » judéo-chrétien fut une pierre d'achoppement des politiques antijuives. Véritable « question » dans la question juive, le sort des conjoints « d'aryens » et des « demi-juifs » fut non seulement un casse-tête pour les administrations mais une source de division au sein des régimes antisémites au cours des années trente et pendant la Seconde Guerre mondiale. À l'exception du cas allemand, le sort des « mixtes » a peu été étudié par les historiens. Les réflexions présentées ici, centrées sur la situation italienne et les enjeux politico-juridiques de la question, s'intègrent dans une recherche plus large, consacrée à la persécution des familles « mixtes » dans l'Italie fasciste et la France de Vichy. Le point de vue des acteurs de la politique antisémite y est privilégié. Toutefois, dans une perspective « d'histoire intégrée de la Shoah », les effets de la discrimination des « demi-juifs » et les stratégies de défense et de survie des victimes sont également évoqués.

Dans quelle mesure les lois antisémites adoptées en Italie en 1938 s'inscrivaient-elles dans la continuité du racisme colonial institutionnalisé en Éthiopie,deux ans plus tôt? Le lien entre les deux épisodes a souvent été mentionné sans que l'on comprenne toujours s'il était de l'ordre de la généalogie de la causalité – une politique en ayant induit une autre –, de l'analogie ou du champ d'expérience. Après un examen de l'historiographie, une analyse comparée des discours et des pratiques de stigmatisation est esquissée.Racisme colonial et antisémitisme s'inscrivaient dans des traditions culturelles différentes et engendrèrent des systèmes de persécution en partie dissemblables.Il n'en reste pas moins qu'une logique politique commune fut à l'œuvre visant à imposer l'ordre totalitaire fasciste, à transformer le caractère des Italiens et à forger l'homme nouveau fasciste.