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Dans les sociétés primitives, la fonction militaire mobilise tous les hommes. Avec le développement économique, elle devient une charge spécifique. À mesure que se développe la civilisation féodale, le pouvoir central cherche à s'imposer aux pouvoirs locaux en s'appuyant sur des troupes de mercenaires. Une fois établies, celles-ci tendent à régner sur les richesses et la politique de la société. Pourtant, en Europe la prépondérance sociale et politique de l'élément militaire a été effacée. Les grandes armées régulières des nations européennes sont en effet étroitement encadrées par les règles rigides de la loi. Ce phénomène est dû à la monarchie centralisée qui substitua progressivement des troupes régulières aux milices féodales, et dont le recrutement concerne les travailleurs et non pas seulement les aventuriers. La création de milices populaires, comme les gardes nationales, a joué aussi un rôle dans ce processus de régularisation de la fonction militaire. Toutefois, les différences de classe persistent entre forces de base et officiers dans les armées régulières. L'énorme accroissement des dépenses militaires et l'érosion de l'esprit patriotique affaiblissent le fonctionnement des armées modernes. L'avenir de la guerre met en jeu l'avenir de la civilisation européenne.