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L'unification de l'isthme Baltique-mer Noire, successivement réalisée par la Rus' de Kiev, l'État polono-lituanien et la Russie, s'est avérée au cours de l'histoire un puissant atout géopolitique. L'Ukraine est la zone la plus disputée de cet isthme, non seulement par les acteurs locaux, mais aussi par les puissances maritimes (tour à tour la France, le Royaume-Uni et les États-Unis), désireuses de protéger leurs intérêts méditerranéens contre une menace sortie de la mer Noire. Tout ceci éclaire l'actuel conflit en Ukraine

La projection de forces est une réalité ancienne pour les armées françaises, alternant avec les phases de défense du territoire. À partir du milieu des années 1970, les forces ont construit une aptitude à être projetées, sans pour autant être confronté à des engagements de haute intensité qui pourraient redevenir une réalité opérationnelle.

Jules Verne est depuis longtemps considéré comme un précurseur en matière de sciences et de techniques, mais cette réputation a quelque peu occulté sa pensée géopolitique. Or, certains de ses livres abordent de façon prémonitoire la question des espaces communs : ils montrent comment des sociétés privées, des États ou une combinaison des deux peuvent délibérément exploiter la confusion entre les notions de res nullius et de res communis pour s'approprier des ressources naturelles comme la Lune, les astéroïdes, les pôles et la mer. Dans ces écrits, Jules Verne extrapolait certains événements de son temps, en particulier le partage de l'Afrique ; mais le résultat annonce de façon frappante certaines des compétitions géopolitiques auxquelles nous assistons aujourd'hui.

Dans The Great Naval Game (2009), Jan Rüger a étudié le « théâtre naval » de la Belle Époque, c'est-à-dire la mise en scène des flottes de combat britannique et allemande visant à impressionner l'ennemi potentiel et plus encore à convaincre l'opinion nationale de la nécessité d'une politique navale ambitieuse. Le présent article prolonge l'étude de Rüger en envisageant la signification de quelques symboles navals : le trident et le char de Neptune, les globes terrestres présents sur les portraits de la reine Elizabeth et de ses grands marins, la figure biblique du Léviathan, chère au peintre William Blake… Ces symboles, récurrents de l'Antiquité à notre époque, illustrent remarquablement les caractéristiques stratégiques de la puissance maritime.

Après le désastre subi par les Franco-Britanniques aux Dardanelles, la guerre amphibie semblait condamnée : les mines, les torpilles, les mitrailleuses et le chemin de fer constituaient en effet des obstacles apparemment insurmontables, comme le suggérait en France l'amiral Castex. Le débarquement espagnol d'Alhucemas, en 1925, vit pourtant l'expérimen­tation de solutions prometteuses, dont l'appui-feu aérien. D'autre part, les Anglo-Saxons mettaient au point de nouvelles doctrines amphibies. Particuliè­rement remarquable à cet égard fut la contribution d'Earl Hancock Ellis, un officier de l' US Marine Corps , qui élabora dès 1923 un plan de conquête des îles du Pacifique occupées par les Japonais en 1914. Tout ceci explique le renouveau de la guerre amphibie pendant la seconde guerre mondiale. Aujourd'hui, les écrits d'Ellis suscitent un regain d'intérêt compte tenu de la tension croissante entre la Chine et les États-Unis.