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L'assignat est cet instrument monétaire étrange qui devait permettre de solder le passé – les dettes de l'Ancien Régime – tout en reposant sur l'avenir – la vente future des biens nationaux. Sa nature semblait entrer en écho avec le nouveau régime d'historicité qui était en train d'émerger en cette fin de xviii e siècle, celui d'un passé devenu inutile pour comprendre un présent accéléré, de plus en plus tourné vers les promesses du futur. Toutefois si ce régime, tendu vers le « progrès », devenait dominant, d'autres rapports au temps subsistaient sous la Révolution. Ainsi l'attente chrétienne eschatologique ou la vieille « histoire maîtresse de la vie » n'avaient pas disparu. Or l'assignat offre un point d'observation incomparable pour discuter des rapports au temps divergents des contemporains. Du geste transactionnel de l'assignat qui déchire le passé, et avec lequel on croit pouvoir contrôler l'avenir, jusqu'à sa dissection statistique présentiste, qui vise à refermer les attentes d'un futur radieux, en passant par le « temps naturel » de l'économie, la vitesse de circulation de la monnaie, le soi-disant jubilé des richesses et les apocalypses en miroir des contre-révolutionnaires fanatiques et des républicains « exagérés », chacun tente tant bien que mal d'articuler le papier-monnaie et ce nouvel espace-temps qu'a été la Révolution française.

Cet article discute et prolonge les éléments d'histoire intellectuelle avancés par Thomas Piketty dans la première partie de Capital et idéologie , autour du passage d'une société trifonctionnelle (noblesse, clergé, tiers état) à une société propriétariste dans la France du xviii e siècle. Il s'intéresse en particulier à la dichotomie entre deux conceptions de l'économie politique à sa naissance (transcendance contre contingence), qui renvoie au partage entre partisans et adversaires de la naturalisation de la propriété, du marché, des inégalités et de la science. L'article tente également d'expliquer la victoire de la logique propriétariste, qui est en même temps celle de la physiocratie, sous la Révolution française.

Naissance de l'économie politique, idéologie propriétariste et Révolution française Arnaud ORAIN Naissance de l'économie politique, idéologie propriétariste et Révolution française Cet article discute et prolonge les éléments d'histoire intellectuelle avancés par Thomas Piketty dans la première partie de Capital et idéologie autour du passage d'une société trifonctionnelle (noblesse, clergé, tiers état) à une société propriétariste dans la France du XVIII e siècle. Il s'intéresse en particulier à la dichotomie entre deux conceptions de l'économie politique à sa naissance (transcendance contre contingence), qui renvoie au partage entre partisans et adversaires de la naturalisation de la propriété, du marché, des inégalités et de la science. L'article tente également d'expliquer la victoire de la logique propriétariste, qui est en même temps celle de la physiocratie, sous la Révolution française.

Naissance de l'économie politique, idéologie propriétariste et Révolution française Arnaud ORAIN Naissance de l'économie politique, idéologie propriétariste et Révolution française Cet article discute et prolonge les éléments d'histoire intellectuelle avancés par Thomas Piketty dans la première partie de Capital et idéologie autour du passage d'une société trifonctionnelle (noblesse, clergé, tiers état) à une société propriétariste dans la France du XVIII e siècle. Il s'intéresse en particulier à la dichotomie entre deux conceptions de l'économie politique à sa naissance (transcendance contre contingence), qui renvoie au partage entre partisans et adversaires de la naturalisation de la propriété, du marché, des inégalités et de la science. L'article tente également d'expliquer la victoire de la logique propriétariste, qui est en même temps celle de la physiocratie, sous la Révolution française.

Naissance de l'économie politique, idéologie propriétariste et Révolution française Arnaud ORAIN Naissance de l'économie politique, idéologie propriétariste et Révolution française Cet article discute et prolonge les éléments d'histoire intellectuelle avancés par Thomas Piketty dans la première partie de Capital et idéologie autour du passage d'une société trifonctionnelle (noblesse, clergé, tiers état) à une société propriétariste dans la France du XVIII e siècle. Il s'intéresse en particulier à la dichotomie entre deux conceptions de l'économie politique à sa naissance (transcendance contre contingence), qui renvoie au partage entre partisans et adversaires de la naturalisation de la propriété, du marché, des inégalités et de la science. L'article tente également d'expliquer la victoire de la logique propriétariste, qui est en même temps celle de la physiocratie, sous la Révolution française.

L'épidémie actuelle de coronavirus partage avec la peste de Marseille de 1720 un même imaginaire expiatoire qui conduit à opposer l'ordre civique au désordre commerçant. Il représente un danger pour les libertés démocratiques.

Le mercantilisme du xvii e siècle est une économie monopolistique de prédation, qui s'épanouit dans un contexte de défiance envers le marché libre et de finitude des ressources. Nous assistons aujourd'hui à son retour.

The insufficiently criticized story of a secularized pre-Revolutionary France has led historians of economics to consider French political economy as free from the influence of religion from the 1730s through the 1780s. On the contrary, through a study of the "second Jansenism," the most powerful and intellectually the richest Christian movement in the French Enlightenment, this article shows that religion played a pivotal role in the emergence of French political economy. Having established the theoretical richness of the movement, this article aims to show, through two case studies, in what different ways it affected economics. The first explores the resonance of the Jansenist culture of several members of the Gournay circle on their methodological approaches and their promotion of agriculture and trade. The second case study focuses on the loan at interest. This article shows that the major authors on this issue in the second half of the century were all deeply influenced by Jansenist thinking on the subject.