Du 24 au 26 novembre 2020, s'est tenu à Ségou au Mali, l'atelier des acteurs régionaux pour le développement du profil de risque climatique de la région de Ségou. L'atelier a été organisé dans le cadre du projet de « développement de chaînes de valeur et paysage climato-intelligents pour accroitre la résilience des moyens de subsistance en Afrique de l'Ouest », financé par l'Union européenne (UE) et mis en œuvre par le CCAFS au Mali, Niger et Sénégal en partenariat avec les instituts de recherches agricoles nationaux (IER, INRAN, ISRA). Le projet s'articule autour de plusieurs activités dont l'analyse des chaînes de valeur afin d'identifier les risques climatiques et autres contraintes auxquelles font face les chaînes de valeur et qui pourraient être résolues par des options d'agriculture intelligente face au climat (AIC). Le présent atelier s'inscrit dans le cadre de cette activité et vise à collecter et valider de façon participative des informations de base sur les filières agricoles afin d'élaborer le profil de risque climatique de la région de Ségou pour supporter l'intégration des options d'AIC dans des chaînes de valeur agricole prioritaires au Mali. C'est une activité conjointe entre le CCAFS/ICRISAT, l'Alliance de Bioversity International et CIAT et l'IER. ; European Union ; International Fund for Agricultural Development
Le secteur agricole dans les pays sous-développés fait face à l'une des questions préoccupantes qu'est l'accès aux innovations agricoles développées (Ouidoh et al., 2018). Divers défis tels que l'amélioration de la gestion des ressources naturelles, l'aménagement du territoire pour le développement des filières et des chaînes de valeur agricole entravent le développement du secteur. Mais un grand nombre de contraintes institutionnelles ont également limité l'adoption massive par les petits producteurs, des technologies et pratiques socio-économiques bénéfiques (Sterk et al., 2013 ; Jiggins et al., 2016). Les différents défis exigent alors un environnement institutionnel (politiques, marchés, institutions) favorable à la production de connaissance et d'innovations adaptées et accessible aux différents acteurs des chaînes de valeur et mis en application, de façon économique et sociale. Ceci doit impliquer plusieurs intervenants provenant des communautés, du gouvernement, des ONGs, la recherche et le secteur privé. Bien que cette approche puisse nécessiter plus de temps et une facilitation intensive, les résultats sont susceptibles d'être plus durables et de plus grande envergure. En effet, de nouvelles approches basées sur le concept de systèmes d'innovations (SI) ont été récemment introduites en réponse à l'échec des approches de dissémination généralement développées par les Systèmes Nationaux de Recherche Agricoles (SNRA) (World Bank, 2006 ; Hounkonnou et al., 2012). Les approches développées par les SNRA regroupent l'approche linéaire de transfert de technologie (ToT) et les approches participatives basées sur le Farming-System Research telles que les Farmer Field Schools (FFS), Training and Visit (T&V), etc. Par ailleurs, les principales faiblesses de ces approchent résident en ce qu'elles visent principalement le producteur et son exploitation. Ces approches ne s'intéressent pas aux actions de promotion des chaînes de valeur, des marchés, des modes de consommation et des valeurs citoyennes qui créent un environnement propice à un changement global (Klerkx et al., 2012 ; Wigboldus et al., 2016). Par ailleurs, les nouvelles approches prenant en compte tout un SI cherchent à corriger ces insuffisances organisationnelles et institutionnelles afin de créer un environnement favorable à l'adoption des innovations par les petits producteurs. Elles accordent plus d'attention aux interactions entre les acteurs et donc le co-apprentissage. A cet effet, les approches visant le développement de relations au sein des SI, notamment par la facilitation de plateformes d'innovations (PI) sont perçues aujourd'hui comme les approches les plus adéquates de développement et de promotion des innovations agricoles (Ouidoh et al., 2018). La plateforme d'innovation est un outil qui permet d'identifier les acteurs de la chaîne de valeur, d'examiner les goulets d'étranglement et les maillons faibles de la chaîne de valeur, de créer et de renforcer les partenariats et l'apprentissage collaboratif entre les acteurs (publics et privés) et d'examiner les opportunités commerciales et les nouveaux produits permettant d'améliorer les résultats du marché, la sécurité alimentaire et la gestion des ressources naturelles (AfricaRice; 2020). A l'instar des pays de l'Afrique de l'Ouest, l'agriculture malienne est confrontée aux conséquences néfastes de la variabilité et du changement climatiques qui compromettent les efforts de développement économique et social du pays. Cependant, il existe des potentialités de développement du secteur agricole à saisir dans un contexte de changement climatique à travers le développement d'une agriculture intelligente face au climat (AIC). Le CCAFS Afrique de l'Ouest met en œuvre un projet de « développement de chaînes de valeur et paysage climato-intelligents pour accroitre la résilience des moyens de subsistance en Afrique de l'Ouest ». Le projet s'articule autour de plusieurs activités dont (i) l'analyse des chaînes de valeur afin d'identifier les risques climatiques et autres contraintes auxquelles font face les chaînes de valeur et qui pourraient être résolues par des options climato-intelligentes et, (ii) l'intégration d'options agricoles climato-intelligent fondées sur des évidences dans les chaînes de valeur sélectionnées par le biais des plateformes d'innovation multipartites. Dans le cadre de la mise en œuvre du projet, il est prévu la création d'une plateforme multi-acteur au Mali pour supporter l'intégration des options d'AIC dans des chaînes de valeur (CV) agricoles prioritaires. Lors de l'atelier de développement du profil de risque climatique de Ségou en novembre 2020, cinq CVs (riz, niébé, ovins/caprins, cultures maraichères, mil) ont été retenues pour le développement de CV agricoles climato-intelligentes. À travers les PI, les « problèmes » et les opportunités sont identifiés. L'approche multi-acteurs permet aux PI de travailler à tous les niveaux des chaînes de valeur agricoles retenues ; problèmes organisationnels et institutionnels (dispositions contractuelles, règles de contrôle de la qualité), problèmes relatifs aux pratiques et technologies AIC (par exemple, quelle variété convient le mieux à l'environnement local ? Comment pouvons-nous rendre plus efficace l'étuvage et l'usinage du riz par exemple ?) et les problèmes liés à l'action collective, à l'apprentissage, au partage des connaissances et les processus de formulation des politiques visant à améliorer la gouvernance des chaînes de valeur agricoles prioritaires pour la région de Ségou.
L'utilisation des services hydrométéorologiques et climatiques (SHMCs) constitue une opportunité pour le Mali dans ses efforts visant à réduire la pauvreté, renforcer la résilience et s'adapter au changement climatique. En effet, les SHMCs permettent de protéger les populations contre les risques climatiques à court terme ou à évolution rapide (inondations et tempêtes) et à long terme ou à évolution lente (p. ex. sécheresses et changement climatique durable). Le développement des SHMCs nécessite des investissements à toutes les étapes de la chaîne de valeur de l'information allant de la création et du renforcement des réseaux d'observation à la mise en place de services permettant aux communautés, aux décisionnaires et aux entreprises de comprendre et d'exploiter les informations météorologiques et climatologiques, en passant par la conception de produits adaptés aux risques et par l'amélioration de la communication et du partage d'information. Pour moderniser ses SHMCs, le Mali doit exploiter les capacités existantes, créer des liens entre les projets et les institutions, mais aussi adopter les dernières technologies à bas coût et favoriser les flux de revenus tant dans le secteur public que privé. Pour ce faire, le pays doit envisager un nouveau partenariat entre le secteur public et le secteur privé. La mise en place d'un modèle durable de fourniture de services hydrométéorologiques efficaces requiert que les décideurs politiques examinent attentivement la situation actuelle et définir un nouveau cadre pour la mise en œuvre de ce service public essentiel. L'objectif global de cette étude était de fournir des orientations pour le développement de modèles de partenariats public-privé (PPP) pour les SHMCs au Mali. Pour ce faire, l'équipe de l'étude a procédé à : (i) une analyse de la situation des SHMCs au Mali, (ii) une évaluation des besoins d'investissement pour la modernisation des SHMC, (iii) une revue des bonnes pratiques au niveau régional et global en matière de modèles de PPP pour les SHMCs, (iii) une analyse de cas concrets de modèles d'affaires sur les SHMC impliquant le secteur privé afin de proposer de modèles de PPP pour les SHMC au Mali. Les données de l'étude ont été collectées à travers : (i) une revue de la littérature sur les bonnes pratiques en matière de PPP pour les SHMCN, (ii) des entretiens semi-structurés et des enquêtes auprès des acteurs de la chaine de production, traduction, transfert et utilisation des SHMCs et (iii) des enquêtes des acteurs potentiels du secteur public et privé pour le PPP sur les SHMCs. Les enquêtes ont été conduites de mars à juin 2020 dans un contexte de pandémie du COVID 19 qui a créé une réticence des partenaires du secteur privé à recevoir l'équipe d'investigation du fait des mesures barrières. Les résultats de l'étude ont montré que : - Les besoins totaux en financement s'élèvent à 4 470 223 084 F CFA (soit 6 814 811 Euros) avec 72% destinés aux équipements d'observations et de mesures, 15% aux matériels informatiques et technologie de communication) et 12% à la formation du personnel des SHMCs. - Il existe des opportunités de financement aussi par le secteur public et que privé d'où l'opportunité de développer des modèles de PPP pour les SHMC au Mali. - Il y a des cas de succès en matière de PPP dans le domaine des SHMC en Afrique de l'ouest notamment au Sénégal, Ghana et au Mali. Au Mali, plusieurs services ont été développés à travers des modèles de PPP impliquant Orange Mali et d'autres acteurs pour diffuser des informations climatiques aux utilisateurs à travers les programmes Sandji, Sénèkela et Garbal. - Trois modèles génériques de PPP pour les SHMC peuvent être envisagés au Mali : (i) un modèle de renforcement de la production services, (ii) un modèle de diffusion des services et (iii) un modèle de développement de nouveaux produits à partir des SHMC. La mise en œuvre effective de ces PPP nécessite une démarche rigoureuse consistant à (i) informer/communiquer pour instaurer la confiance entre les acteurs des partenariats, informer sur les 3 opportunités d'affaires pour le secteur privé, (ii) identifier et formuler des PPP pertinents (iii) mettre en œuvre et suivre les exigences contractuelles en lien avec les principes et les caractéristiques requis pour les projets de PPP et à (iv) développer le PPP pour la pérennité. ; World Bank
In the literature, a lot of information is available about climate change perceptions and impacts in sub-Saharan Africa. However, there is limited attention in the region to emerging initiatives, technologies and policies that are tailored to building the adaptive capacity of agricultural systems to climate change and variability. In this paper, we discuss the prospects for climate-smart agriculture technologies and enabling policies in dealing with climate change and variability at different sub-regional levels of sub-Saharan Africa to sustain farm productivity and livelihoods of agrarian communities. The review provides substantial information suggesting that without appropriate interventions, climate change and variability will affect agricultural yields, food security and add to the presently unaceptable levels of poverty in sub-Saharan Africa. Although some of them were already existing, the past decades have seen the development and promotion of climate-smart agriculture innovations such as the use of high yielding drought tolerant crop varieties, climate information services, agricultural insurance, agroforestry, water harvesting techniques, integrated soil fertility management practices, etc. In the context of climate change, this appears as a stepping up approach to sustainably improving farm productivity, rural livelihoods and adaptive capacity of farmers and production systems while contributing to mitigation. The development of regional, sub-regional and national climate change policies and plans targeted at mitigating climate change and improving adaptive capacity of the African people have also been developed to enable mainstreaming of climate-smart agriculture into agricultural development plans. Financial commitments from governments and development agencies will be crucial for improving large-scale adoption of climate-smart agriculture. ; De nombreuses informations sont disponibles sur les perceptions et impacts du changement climatique en Afrique subsaharienne. Cependant, il est porté peu d'attention aux initiatives, technologies et politiques émergentes qui renforceraient la capacité d'adaptation des systèmes agricoles aux changement et variabilités climatiques. Dans cet article, nous analysons les perspectives en matière de technologies et de politiques d'agriculture climato-intelligente, qui permettraient de faire face au changement et à la variabilité climatiques dans différentes sous-régions d'Afrique subsaharienne, afin de soutenir la productivité agricole et les moyens de subsistance des communautés rurales. Les résultats de cette analyse suggèrent que les changements et variabilités climatiques affecteront les rendements agricoles, la sécurité alimentaire et aggraveront les niveaux actuels inacceptables de pauvreté en Afrique subsaharienne si des actions appropriées ne sont pas entreprises. Les dernières décennies ont vu la promotion d'innovations en agriculture climato-intelligente, dont certaines existaient déjà, telles que l'utilisation de variétés de cultures tolérantes à la sécheresse et à haut rendement, les services d'information climatique, l'assurance agricole, l'agroforesterie, les techniques de récupération de l'eau, les pratiques intégrées de gestion de la fertilité des sols, etc. Dans ce contexte de changement climatique, l'agriculture climato-intelligente apparaît comme une approche accélérée pour améliorer durablement la productivité agricole, les moyens de subsistance ruraux et les capacités d'adaptation des agriculteurs et des systèmes de production tout en contribuant à l'atténuation du changement climatique. L'élaboration de politiques et de plans régionaux, sous-régionaux et nationaux de lutte contre le changement climatique visant à atténuer les changements climatiques et à améliorer les capacités d'adaptation des populations africaines permettra l'intégration de l'agriculture climato-intelligente dans les plans de développement agricole. Les engagements financiers des gouvernements et des agences de développement seront cruciaux pour améliorer l'adoption à grande échelle de l'agriculture climato-intelligente en Afrique subsaharienne.
In the literature, a lot of information is available about climate change perceptions and impacts in sub-Saharan Africa. However, there is limited attention in the region to emerging initiatives, technologies and policies that are tailored to building the adaptive capacity of agricultural systems to climate change and variability. In this paper, we discuss the prospects for climate-smart agriculture technologies and enabling policies in dealing with climate change and variability at different sub-regional levels of sub-Saharan Africa to sustain farm productivity and livelihoods of agrarian communities. The review provides substantial information suggesting that without appropriate interventions, climate change and variability will affect agricultural yields, food security and add to the presently unaceptable levels of poverty in sub-Saharan Africa. Although some of them were already existing, the past decades have seen the development and promotion of climate-smart agriculture innovations such as the use of high yielding drought tolerant crop varieties, climate information services, agricultural insurance, agroforestry, water harvesting techniques, integrated soil fertility management practices, etc. In the context of climate change, this appears as a stepping up approach to sustainably improving farm productivity, rural livelihoods and adaptive capacity of farmers and production systems while contributing to mitigation. The development of regional, sub-regional and national climate change policies and plans targeted at mitigating climate change and improving adaptive capacity of the African people have also been developed to enable mainstreaming of climate-smart agriculture into agricultural development plans. Financial commitments from governments and development agencies will be crucial for improving large scale adoption of climate-smart agriculture.
Decision makers in developing countries need evidence of the impacts climate change is having and will continue to have on agriculture and food systems as well as knowledge on how to design better policies to deal with such impacts. Research for development scientists are generating this evidence but it might not always be what decision makers want or need. We present here a synthesis that is an attempt to learn lessons from projects conducted by the CGIAR Research Program on Climate Change, Agriculture and Food Security (CCAFS). These projects engaged with policy makers and other stakeholders by providing climate science and spaces for dialogue between researchers and decision makers for the purpose of improving climate change and agricultural policies. This study draws conclusions from across projects in five regions and confirms the presence of similar enablers to policy engagement and constraints to the use of scientific findings by policy makers in each region. The paper is guided by the following research questions: (a) What are the most effective means of science-policy engagement in the areas of climate change, food security, and agriculture?; (b) What are the enabling factors for research uptake in decision making?; and (c) What are the main constraints to policy engagement, and how can they be overcome? The Kaleidoscope Model for agricultural and food security policy change is used throughout the paper to help organize results and conceptualize the process of policy change. The CCAFS projects included in this study relied on sustained engagement between researchers and decision makers through a variety of means. Respondents from all regions indicated the importance of involving decision makers with the research process from the very beginning so that knowledge can be co-created and will meet the needs of the decision makers. The learning alliances and science-policy dialogue forums created through CCAFS projects proved successful in bringing together actors from multiple stakeholders and sectors. One of the key lessons from the CCAFS projects was that, rather than starting from scratch or trying to force review or revision of a policy that was not on anyone's agenda, it was better to start by getting involved in a process that was already underway and look at how CCAFS could provide support and evidence. Major constraints faced by projects were the availability of decision makers to attend meetings and participate in project activities, staff turnover 4 within government ministries and departments, lack of time to engage, and the mismatch of political processes with research timelines.