Objective: This article explores the consequences of the first COVID-19 lockdown in the spring of 2020 in France on intra-family relationships and 9-year-old children's socio-emotional well-being. Background: On 17th March 2020, France began a strict lockdown to contain the COVID-19 pandemic, with school closures and limited outings permitted until early June. All family routines and work-life arrangements were impacted. A major concern relates to how these measures impacted family and child well-being. Method: We use data from the Elfe Sapris survey, administered during the first lockdown to about 5,000 families participating to the Etude longitudinale française depuis l'enfance (Elfe), a nationally representative birth cohort of children born in 2011. We analysed correlations between parents' socioeconomic and living conditions on four relational indicators: the experience of lockdown, the quality of relationships between parents and children, and between siblings, and an indicator of children's socio-emotional well-being, the Strengths and Difficulties Questionnaire (SDQ). Results: The impact of the lockdown on family well-being was conditional on socio-economic factors and their changes over the period. Deterioration of households' financial situation and having to work outside the home during lockdown was negatively correlated with family relationships and children's socio-emotional well-being. Conclusion: Overall, our results suggest that while France's first lockdown was a relatively positive period for many households with a primary-school-aged child, we highlight that restrictions exacerbated existing difficulties for disadvantaged families.
En France, la politique de la petite enfance affiche l'objectif de laisser aux familles un large choix, afin que les parents puissent trouver un mode d'accueil adéquat et continuer ainsi leur activité professionnelle s'ils le souhaitent. Toutefois, certains modes d'accueil, comme les crèches, continuent d'être difficiles d'accès. Ces difficultés ont déjà été mises en avant avec des données en coupe. Les données de l'enquête Modes de garde et d'accueil des jeunes enfants réalisée en 2013 permettent de compléter cette approche grâce à un calendrier mensuel rétrospectif des modes d'accueil depuis la naissance. Nous utilisons des analyses de séquences pour décrire ces parcours jusqu'à l'entrée à l'école, ainsi que les caractéristiques des familles. Nous trouvons une grande stabilité dans les parcours d'accueil des jeunes enfants en France ayant accès à des modes d'accueil formels, qu'ils soient individuels ou collectifs. Néanmoins, 15 % des enfants connaissent des parcours avec plusieurs changements de modes d'accueil ou connaissent des modes d'accueil informels ; ce dernier recours, notamment aux grands-parents, est plus fréquent de la part des ménages des catégories socioprofessionnelles les moins favorisées.
Moins une femme est diplômée, plus elle présente de risque de donner naissance à un enfant de petit poids (moins de 2,5 kg). Le risque est 50 % plus élevé pour les femmes sans aucun diplôme par rapport à celles ayant le bac. Les différences selon le niveau de diplôme se réduisent un peu lorsqu'on prend en compte le revenu du ménage, ainsi que des facteurs comme le rang de naissance de l'enfant, l'âge de la mère et la taille des parents, mais elles ne disparaissent pas. La consommation de tabac et d'alcool pendant la grossesse semble jouer un rôle, expliquant en partie la fréquence plus élevée des petits poids de naissance chez les enfants des femmes les moins instruites. Les variations socioéconomiques du risque de petit poids sont comparables en France et au Royaume-Uni.
Valeria Solesin a été tuée lors des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Elle terminait sa thèse de doctorat sur la fécondité contemporaine en Italie et en France. Valeria s'est intéressée en particulier au passage du premier au deuxième enfant, et aux raisons pour lesquelles cette transition est plus facile et plus courante en France qu'en Italie. Pour ce faire, elle a combiné méthodes quantitatives et qualitatives. Ses premiers résultats montrent la complexité des décisions en matière de fécondité et la façon dont ces décisions sont contraintes par une combinaison de caractéristiques personnelles et familiales, mais aussi par le marché du travail, et plus largement le contexte social et politique. En hommage à Valeria Solesin, ce texte rassemble ses principales conclusions.
Income has been increasingly criticized as an indicator of childhood living conditions, especially at young ages. In this paper, we present a picture of poverty and multi-dimensional deprivation of children in France, around the time of their birth and during the first year of life. To do so, we use both an income poverty measure as well as a multiple deprivation approach, applied to a nationally representative survey of over 18,000 children born in France in 2011 (the Elfe cohort). We examine four dimensions of children's daily lives : material conditions ; parenting ; housing conditions ; and extreme housing conditions. Our results show that income poverty does not always overlap with deprivation : some children live in income-poor households without being deprived in the dimensions we study, and vice versa. Notably, we find only a small overlap between extreme housing deprivation or parental involvement and income poverty. Furthermore, we show that the population groups most at risk of deprivation in early life vary according to the dimension considered, and are distinct from the determinants of income poverty. For example, while single motherhood is the main driver of income poverty, it is not associated with an increased risk of housing deprivation nor with low parental involvement, when other socio-demographic characteristics are controlled for. This approach therefore adds more precision and nuance to our understanding of child poverty at very young ages in France.
Utiliser le revenu pour mesurer les conditions de vie des enfants est de plus en plus critiqué, en particulier pour les très jeunes enfants. Cet article propose une description multidimensionnelle de la pauvreté des enfants en France, au moment de leur naissance et pendant leur première année de vie, en utilisant une mesure de la pauvreté monétaire et une approche de la pauvreté en conditions de vie, à partir de l'Étude longitudinale française depuis l'enfance (la cohorte Elfe) qui est une enquête nationale représentative portant sur plus de dix-huit mille enfants nés en France en 2011. Les résultats montrent que la pauvreté monétaire ne coïncide pas toujours avec la pauvreté en conditions de vie : certains enfants vivent dans des ménages à faibles revenus sans pour autant être considérés comme pauvres tandis que d'autres dont les revenus sont plus élevés peuvent néanmoins être considérés comme pauvres au regard des conditions de vie. Cette approche permet d'être plus précis et plus nuancé dans la compréhension de la pauvreté des enfants à de très jeunes âges.
Plusieurs hypothèses ont été avancées au sujet des effets potentiels du bilinguisme sur le développement cognitif des enfants et leur réussite scolaire. Toutefois, peu d'études cherchent à les départager empiriquement, et la littérature existante est essentiellement consacrée aux États-Unis. Dans cet article, nous utilisons une enquête récente, représentative des adultes résidant en France (l'enquête « FQP » – « Formation et Qualification professionnelle » ) pour étudier la corrélation entre l'exposition à un environnement bilingue à l'âge de 5 ans (qu'il s'agisse d'une langue régionale ou étrangère) et la trajectoire scolaire ultérieure. Nous explorons aussi si cette association varie en fonction des différentes caractéristiques de cette population. Nous montrons qu'une exposition bilingue précoce est associée à une moindre réussite scolaire, particulièrement en fin de parcours scolaire. Cette corrélation négative est plus forte parmi les individus d'origine maghrébine, et à l'inverse moins marquée chez les individus originaires d'Europe du Sud. Elle concerne aussi ceux qui ont été exposés à une langue régionale dans l'enfance. Enfin, ce désavantage est proportionnellement plus marqué chez les individus dont les parents sont les plus diplômés. Ces résultats montrent l'importance d'étudier les corrélations entre l'exposition au bilinguisme et les trajectoires scolaires en tenant compte de l'hétérogénéité des caractéristiques des individus concernés.
Le présent rapport se fixe un objectif pour le moins ambitieux. Il s'agit de donner un aperçu de ce que nous savons en tant que scientifiques au sujet des dimensions développementales qui, dans la petite enfance, sont particulièrement prédictrices de l'accomplissement académique et du bien-être futur, de l'effet des modes d'accueil formels sur le développement et des barrières à leur accès, ainsi que des interventions qui peuvent être faites auprès des parents pour accompagner leur développement, avec toujours une attention particulière aux impacts sur les inégalités de destin.
Le présent rapport se fixe un objectif pour le moins ambitieux. Il s'agit de donner un aperçu de ce que nous savons en tant que scientifiques au sujet des dimensions développementales qui, dans la petite enfance, sont particulièrement prédictrices de l'accomplissement académique et du bien-être futur, de l'effet des modes d'accueil formels sur le développement et des barrières à leur accès, ainsi que des interventions qui peuvent être faites auprès des parents pour accompagner leur développement, avec toujours une attention particulière aux impacts sur les inégalités de destin.
AbstractThis paper explores the role of family trajectories during childhood in explaining inequalities by maternal education in children's math and reading skills using harmonized, longitudinal, and nationally representative surveys, which follow children over the course of primary and lower secondary school in four high‐income countries (England, France, Germany, and the United States). As single parenthood and family transitions are more likely among less educated parents and are associated with fewer resources for children, we explore whether growing up outside a stable two‐parent family mediates educational inequalities in math and reading scores.Results show a strong educational gradient in family trajectories in the four countries, but this varies by child age and by country. Children who experience a family transition record lower test scores, although the magnitude differs by the type of postseparation arrangements.Overall, family trajectories are strongly associated with children's math and reading scores but, because of the importance of selectivity in family trajectories, they play only a modest role in explaining the skills gaps by maternal education, considerably less than determinants such as income. The penalties associated with not living within a stable two‐parent family are always larger in the United States and England than in France and Germany.