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Cet article étudie le fonctionnement du marché matrimonial en ville, à partir de l'exemple de Bilbao. Située au nord de la péninsule Ibérique, Bilbao est pendant l'Ancien Régime une petite cité commerçante ; elle se transforme à la fin du XIXe siècle en une grande ville industrielle. Dans chaque type de société, le marché matrimonial est affecté non seulement par des facteurs démographiques au sens strict, mais encore par des facteurs socioéconomiques. Les effets sont toutefois particulièrement sensibles dans une ville qui change radicalement d'activités et de configuration sociale -et qui, par dessus-tout, accueille une masse considérable de migrants. En se fondant sur deux sources différentes mais complémentaires -les listes municipales d'habitants (en 1825, 1900 et 1935) et les registres civils des mariages (en 1885, 1900, 1920 et 1935) -, cette étude tente de cerner ces questions centrales qui touchent à l'entrée d'une ville dans la modernité.

Dans cet article, notre intention vise à observer la réalité démographique de la province de la Biscaye au regard de l'incidence ou non de la politique familiale de la dictature franquiste. À cette fin, nous observons cette réalité à travers les recensements municipaux relatifs aux années 1940, 1960 et 1970 de deux espaces, la Ría de Bilbao, d'une part, et, d'autre part, cinq villes moyennes de l'intérieur du territoire et du littoral biscayen qui connurent différents processus d'industrialisation. Nous analysons les comportements démo-familiaux de la société biscayenne au cours de la période franquiste à travers l'analyse des composantes familiales, de l'activité féminine et du nombre d'enfants au sein du ménage. Cette analyse nous permet de démontrer que les différentes mesures de politique démographique sous la dictature franquiste ne furent pas aussi efficaces que prévu pour inciter la population à accroître le nombre d'enfants par famille.