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Il est nécessaire de déconstruire le concept d'identité afin d'envisager comment il pourrait s'appliquer au projet cosmopolitique. Cette perspective suppose d'énoncer les conditions de l'élaboration d'un monde commun. Ces dernières doivent être comprises comme une recherche de conciliation entre les exigences de la raison et notre essentiel besoin d'appartenance et de solidarité. Dès lors, le cosmopolitisme suppose un intérêt tout particulier pour le sort réservé à l'étranger. Il apparaît ainsi comme une théorie de la justice globale. En tant que principe de désappropriation par rapport aux communautés effectives, l'identité cosmopolitique n'est donc pas oxymorique.

La laïcité est devenue en France un marqueur identitaire, une religion civile hostile à l'expression de l'appartenance religieuse dans la sphère publique. Cette douloureuse réalité impose de rappeler sa véritable signification, laquelle concilie neutralité de l'État et liberté de religion. Aussi la tolérance, dont les effets vertueux sont trop souvent ignorés, doit-elle être comprise comme un complément indispensable à la laïcité. Cette approche, à l'opposé de l'identitarisme délétère, trouvera tout son sens dans un cadre cosmopolitique, le cosmopolitisme étant ici compris comme un principe de désappropriation par rapport aux communautés effectives. Cette opération de l'intelligence nous permet de nous représenter notre appartenance comme l'une des appartenances possibles parmi une infinité d'autres. C'est dans ces conditions que la laïcité pourra redevenir un outil d'émancipation et non un marqueur identitaire mortifère.

L'affirmation des différences culturelles constitue-t-elle un approfondissement de la dynamique égalitaire des sociétés démocratiques ? Pour tenter d'y voir clair, cet article pose deux questions : l'exigence pluraliste concerne-t-elle vraiment le champ de la culture ; et quelle est la capacité de l'humanisme civique à remplir les exigences du pluralisme moral ? Si la réponse à ces questions est négative, c'est parce qu'elles contiennent implicitement une adhésion à l'idéal d'un républicanisme parfait. Toute contrainte au respect de l'autre au nom d'un rapport moral à soi semble relever ainsi d'un idéal collectif de type perfectionniste. Cet article suggère qu'il reste possible d'éviter cette conclusion malheureuse à condition que l'on propose une conception « épaisse » de la neutralité de l'État.