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Les soldats de la Première Guerre mondiale ont vécu des nuits troublées par le vacarme et les éclairs des bombardements. En octobre 1918, l'un d'entre eux, un caporal autrichien, subit l'épreuve des gaz. Hitler, blessé, perd puis recouvre la vue. Il redevient aveugle quand il apprend la défaite de l'Allemagne. De ces nuits successives, Hitler ne garde que les couleurs terribles de la haine. Il y dessine ce sinistre drapeau à croix gammée que des individus de plus en plus nombreux se chargent d'agiter. Dans les immenses rassemblements qui se forment, des hommes, les témoins oculaires – Ernst Weiss, Norbert Elias, Denis de Rougemeont, mais aussi Albert Speer – découvrent le culte nocturne et les obsessions visuelles de celui qui avait été un soldat gazé. La nuit est devenue horrible.

Pendant tout le XIXe siècle et au commencement du XXe siècle, la partie catholique du département de la Lozère a été marquée par un long et passionné conflit. Il oppose deux pouvoirs : d'un côté, l' évêché et l'ensemble du clergé, de l'autre, l'administration avec le préfet et les fonctionnaires. Chacun use des moyens qui lui sont propres pour influencer les électeurs. L'administration utilise les services des fonctionnaires et répand à bon escient les diverses faveurs et subventions pour assurer le succès des candidats officiels. Mais le clergé reste vigilant. A la veille des élections, les prêtres multiplient les mises en garde auprès de leurs paroissiens pour favoriser les candidats catholiques. Les dénonciations se suivent : celles des francs-maçons et celles des instituteurs protestants. La Séparation de l'Église et de l'État et, plus encore, les Inventaires de 1906 enveniment la situation. Les candidats du gouvernement accumulent alors les échecs en Haute Lozère. En réalité, cette séculaire opposition révèle la réaction d'une société locale face à l'accroissement du pouvoir administratif.

Si les rapports des présidents de la cour d'assises de la Lozère dénoncent au XIXe siècle les excès d'une justice criminelle confiée à des jurés peu enclins à respecter le cadre juridique de leurs fonctions, ils révèlent, outre l'exposé de magistrats à leur Ministre, les stratégies développées autour des différents procès. Ils signifient alors que l'institution nouvelle du jury d'assises, dont l'accès est limité aux possédants, soumet l'exercice de la justice à une emprise sociale dans laquelle chaque crime n'est appréhendé que dans sa subjectivité. Le verdict marque alors le résultat d'une analyse où le statut de l'accusé, celui de la victime et ceux de leurs maisons ont été pris en compte.

Military Conscription in Lozère in the Beginning of the 19th Century
In the beginning of the 19th century in Northern Lozère, military conscription was refused in many different ways : and it was this refusal which revealed the position of each household and each individual relative to the rest of society. Leaving to a few, notably the landowners, the means of avoiding military service by buying a replacement, a recrute from amongst the poor who sees in his departure a way of earning some money ; conscription was far from egalitarian. Others sought exemption or dispensation using variety of ploys ; from the fabrication of false papers to voluntary self-mutilation. However, when all these attempts have failed, there remains the most dangerous and least prestigious way of expressing one's refusal : defiance. In this case runagates and deserters were hunted down by the police whilst their families had to bear the full weight of keeping the garrison in board and lodging.