Migrations marocaines, vieilles routes, nouveaux destins
In: Naqd: revue d'études et de critique sociale, Band 26-27, Heft 1, S. 87-100
Le « patérisme » comme vision combinant apitoiement et stigmatisation sur fond de conception criminalisante des mouvements migratoires, focalise l'attention et la réflexion sur les "passagers" clandestins vers l'Europe, au détriment de la pluralité des formes et dynamiques de circulation entre Maghreb, Afrique subsaharienne et Europe. Cet article se propose de démontrer qu'il n'y a plus au Maroc une seule migration, socialement homogène et productrice du seul clivage entre "sédentaires" restés au pays et migrants, mais des segmentations et des ségrégations sociales que la "société migrante" elle-même répercute. Les parcours migratoires, le statut de ceux qui les accomplissent et les modalités même de leur destin social, signalent l'émergence discrète d'une logique discriminatoire et d'un processus de segmentation. Une segmentation sociale au sein du processus migratoire et qui est à l'image d'une segmentation sociale déjà à l'œuvre ailleurs dans la société marocaine.