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Anne-Sophie Haeringer et Jean-Louis Tornatore (dir.), Héritage et anthropocène. En finir avec le patrimoine, Nancy, Arbre bleu éditions, 2022, 192 p
In: In situ: au regard des sciences sociales, Heft 4
ISSN: 2680-4972
Changer de ville, changer de vie: Utopies, aspirations et engagements habitants à Villeneuve d'Ascq
In: Ethnologie française: revue de la Société d'Ethnologie française, Band 47, Heft 1, S. 121-130
ISSN: 2101-0064
L'anthropologie de l'habiter peut trouver dans l'ethnographie des villes nouvelles un terrain propice à la redécouverte d'un champ de recherche un peu oublié depuis la disparition de Paul‑Henry Chombart de Lauwe. Notre article montre que l'attachement résidentiel s'élabore dans l'ajustement plus ou moins heureux des aspirations à mieux habiter à une réalité urbaine et architecturale qui s'est parfois éloignée des utopies fondatrices. En s'engageant pour défendre leurs nouveaux logements, les pionniers de la ville nouvelle ont écrit une page de son histoire qui marque encore les relations de voisinage.
L'identité d'une ville nouvelle aux prises avec ses utopies fondatrices
International audience ; L'identité d'une ville nouvelle aux prises avec ses utopies fondatrices. Villeneuve d'Ascq, une utopie urbaine Les aménageurs, architectes et urbanistes qui ont pensé la ville nouvelle de Villeneuve d'Ascq puis l'ont construite, entre la fin des années 60 et les débuts des années 80, ont été soucieux de lui donner d'emblée une identité qui l'associe à la modernité de l'époque : espaces verts, équipements sportifs, lieux culturels, entreprises de nouvelles technologies, démocratie participative, mixité entre habitat individuel et collectif, et entre accession à la propriété et logement social i. Nous sommes entre la fin de la période de l'urbanisme planificateur, conduit sous la houlette des ingénieurs des Ponts et Chaussées et des services de l'Etat français, et les débuts de « l'urbanisme opérationnel » qui va trouver dans les villes nouvelles son terrain de prédilection. Apparaît une « nouvelle culture du territoire » ii qui promeut une réflexion approfondie et plus anthropologique sur les espaces publics iii , une grande méfiance vis à vis du fonctionnalisme, la mise en place de cadres d'action plus attentifs aux habitants, un intérêt pour les problématiques paysagères, l'émergence de l'idée de « recyclage » iv et une plus grande attention portée à l'existant. Ainsi les villes nouvelles sont-elles des transitions expérimentales entre la tabula rasa de la période précédente et l'urbanisme de projet qui émergera dans les années 90. On perçoit dans les propositions de l'Etablissement public d'aménagement qui porte le projet, en direction des habitants et des élus locaux, une difficulté certaine à prendre en compte sérieusement l'existant social et politique du territoire autrement qu'en termes de contraintes (ils gênent le bon déroulement du projet) ou de ressource (pour le patrimoine, pour donner un cadre « naturel » à la ville nouvelle…). L'impression domine que la ville nouvelle aurait idéalement du être édifiée sur du vide, et les 12 000 personnes qui vivaient sur le territoire avant sa création ne sont mentionné qu'incidemment dans les discours et dans les journaux municipaux de l'époque. Ils resteront peu visibles dans les décennies qui suivront. Mais d'un autre côté les discours sur la participation des « habitants » sont nombreux, trahissant un soucis bien réel d'édifier une ville qui soit plus « démocratique », d'abord chez les techniciens et aménageurs de l'établissement public, puis chez les élus de la ville nouvelle. Par de nombreux côtés, Villeneuve d'Ascq ressemble à la mise en oeuvre d'une utopie. Elle répond à peu près à la structure tripartite de l'Utopia de Moore v : critique de ce qui a précédé (ici la critique du fonctionnalisme et des « cités » jugés responsables de déshumaniser la ville) ; projet d'une société (d'une ville) plus harmonieuse ; conception d'un espace bâti qui joue ici entre la ville et la nature, porté par des institutions plus démocratiques ayant pour mission de « changer la ville » c'est à dire de passer d'un âge urbain ancien à un âge urbain nouveau. Elle est aussi utopie parce que ce que recouvrent les nouvelles idées sur la ville qu'elle exprime, vient conforter des utopies plus générales qu'avait fait émerger le mouvement social de 1968. La question n'est pas originale, elle a traversé la réalisation de la plupart des villes nouvelles vi. A Villeneuve d'Ascq, ces idées peuvent être résumées par un mot, celui d'ouverture qui sera décliné de diverses manières par les professionnels, par les élus, par les habitants. Villeneuve d'Ascq sera une ville « ouverte » sur les idées nouvelles, sur les hommes, sur le monde. Aujourd'hui, après bientôt 40 années, ces utopies n'ont pas disparu des souvenirs d'anciens habitants, d'architectes qui l'ont construite et de certains élus, même si concrètement elles semblent un peu difficiles à rencontrer. Elles possèdent une efficacité symbolique manifeste puisque que nous les avons retrouvées dans les propos de nouveaux habitants qui les revendiquent. L'hypothèse que je formulerai est qu'elles ont rejoint l'imaginaire identitaire villeneuvois, qu'elles appartiennent désormais à une forme de patrimoine immatériel qui s'incarne dans l'urbanisme de la ville. Nous verrons ainsi deux temps dans la construction de cette identité de ville. Au départ cette nouvelle utopie urbaine qui est en phase avec certains mouvements politiques et sociaux des années 60/70 ; ensuite les effets de l'expérience résidentielle qui fait ressortir d'autres valeurs comme le patrimoine, la nature, l'attachement aux vieux bourgs, ou la défense des intérêts locaux qui s'expriment dans des récits fondateurs parfois échangés avec les nouveaux arrivants. En conclusion nous évoquerons, au milieu des années 2000, la fermeture des espaces, et ce qu'il en est de ces « images de villes », pour reprendre l'expression de Ledrut vii , qui permettent d'approcher l'identité de Villeneuve d'Ascq.
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« L'urbanité comme patrimoine de la ville »
International audience ; Urbanity has been a key concept to describe western cities since the beginning of the twentieth century. But importance of urbanity is no more self-evident in global cities since the pivotal moment of 1980/90 when we assist to the acceleration of flux, the emergence of megacities and the transformation of capitalism. However, at the same time, urban heritage became of greater interest. Then, as urbanity weakened, it begins to be defended by public policies, local commitments as well as activists, but in a rather new way, as collective memories and palimpsest traces. Two examples in the city of Saint-Etienne, France, are taken in order to illustrate this heritagization of urbanity: an exhibition about the memory of Algerian miners that reactivated forgotten places and history of the city, and the dramatic demolition of a high rise building that created a great stir because of its symbolic dimension for every people. These two examples show that urbanity, whatever happens, keeps a great place in popular imaginary shared by a lot of dwellers, even by the elites. From a general point of view, we try to preserve the values that we attach to cities, perhaps more than cities by themselves. ; L'urbanité, qui a été l'un des concepts clés mis en avant pour décrire les villes occidentales, ne va plus de soi dans la ville globale contemporaine. Le moment charnière de cette transformation est celui des années 1980/90 avec l'accélération des flux, l'émergence des mégapoles et transformations du capitalisme ; et parallèlement la montée rapide de l'intérêt pour le patrimoine urbain. Dans ce cadre, l'urbanité est âprement défendue dans les politiques publiques ou dans les actions militantes, mais sous une forme sensiblement décalée : c'est sous une forme patrimonialisée qui met l'accent sur les mémoires collectives et sur le palimpseste des ses traces. Deux exemples pris dans la ville de Saint-Etienne, en France, illustrent cette patrimonialisation de l'urbanité : la première exposition consacrée à la ...
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L'identité d'une ville nouvelle aux prises avec ses utopies fondatrices
International audience ; L'identité d'une ville nouvelle aux prises avec ses utopies fondatrices. Villeneuve d'Ascq, une utopie urbaine Les aménageurs, architectes et urbanistes qui ont pensé la ville nouvelle de Villeneuve d'Ascq puis l'ont construite, entre la fin des années 60 et les débuts des années 80, ont été soucieux de lui donner d'emblée une identité qui l'associe à la modernité de l'époque : espaces verts, équipements sportifs, lieux culturels, entreprises de nouvelles technologies, démocratie participative, mixité entre habitat individuel et collectif, et entre accession à la propriété et logement social i. Nous sommes entre la fin de la période de l'urbanisme planificateur, conduit sous la houlette des ingénieurs des Ponts et Chaussées et des services de l'Etat français, et les débuts de « l'urbanisme opérationnel » qui va trouver dans les villes nouvelles son terrain de prédilection. Apparaît une « nouvelle culture du territoire » ii qui promeut une réflexion approfondie et plus anthropologique sur les espaces publics iii , une grande méfiance vis à vis du fonctionnalisme, la mise en place de cadres d'action plus attentifs aux habitants, un intérêt pour les problématiques paysagères, l'émergence de l'idée de « recyclage » iv et une plus grande attention portée à l'existant. Ainsi les villes nouvelles sont-elles des transitions expérimentales entre la tabula rasa de la période précédente et l'urbanisme de projet qui émergera dans les années 90. On perçoit dans les propositions de l'Etablissement public d'aménagement qui porte le projet, en direction des habitants et des élus locaux, une difficulté certaine à prendre en compte sérieusement l'existant social et politique du territoire autrement qu'en termes de contraintes (ils gênent le bon déroulement du projet) ou de ressource (pour le patrimoine, pour donner un cadre « naturel » à la ville nouvelle…). L'impression domine que la ville nouvelle aurait idéalement du être édifiée sur du vide, et les 12 000 personnes qui vivaient sur le territoire avant ...
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« L'urbanité comme patrimoine de la ville »
International audience ; Urbanity has been a key concept to describe western cities since the beginning of the twentieth century. But importance of urbanity is no more self-evident in global cities since the pivotal moment of 1980/90 when we assist to the acceleration of flux, the emergence of megacities and the transformation of capitalism. However, at the same time, urban heritage became of greater interest. Then, as urbanity weakened, it begins to be defended by public policies, local commitments as well as activists, but in a rather new way, as collective memories and palimpsest traces. Two examples in the city of Saint-Etienne, France, are taken in order to illustrate this heritagization of urbanity: an exhibition about the memory of Algerian miners that reactivated forgotten places and history of the city, and the dramatic demolition of a high rise building that created a great stir because of its symbolic dimension for every people. These two examples show that urbanity, whatever happens, keeps a great place in popular imaginary shared by a lot of dwellers, even by the elites. From a general point of view, we try to preserve the values that we attach to cities, perhaps more than cities by themselves. ; L'urbanité, qui a été l'un des concepts clés mis en avant pour décrire les villes occidentales, ne va plus de soi dans la ville globale contemporaine. Le moment charnière de cette transformation est celui des années 1980/90 avec l'accélération des flux, l'émergence des mégapoles et transformations du capitalisme ; et parallèlement la montée rapide de l'intérêt pour le patrimoine urbain. Dans ce cadre, l'urbanité est âprement défendue dans les politiques publiques ou dans les actions militantes, mais sous une forme sensiblement décalée : c'est sous une forme patrimonialisée qui met l'accent sur les mémoires collectives et sur le palimpseste des ses traces. Deux exemples pris dans la ville de Saint-Etienne, en France, illustrent cette patrimonialisation de l'urbanité : la première exposition consacrée à la mémoire des mineurs algériens qui réactivent des lieux oubliés ou effacés de la ville ; et la démolition d'une tour d'habitation qui met en émoi une bonne partie de la ville pour ce qu'elle symbolisait. Ils montrent que malgré ses aléas, l'urbanité garde toute sa place dans les imaginaires de nombreux habitants de la ville et au sein même de certaines de ses élites. De manière générale, ce que nous cherchons à préserver ce sont les valeurs de la ville plus peut-être que les villes elles-mêmes.
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L'identité d'une ville nouvelle aux prises avec ses utopies fondatrices
International audience ; L'identité d'une ville nouvelle aux prises avec ses utopies fondatrices. Villeneuve d'Ascq, une utopie urbaine Les aménageurs, architectes et urbanistes qui ont pensé la ville nouvelle de Villeneuve d'Ascq puis l'ont construite, entre la fin des années 60 et les débuts des années 80, ont été soucieux de lui donner d'emblée une identité qui l'associe à la modernité de l'époque : espaces verts, équipements sportifs, lieux culturels, entreprises de nouvelles technologies, démocratie participative, mixité entre habitat individuel et collectif, et entre accession à la propriété et logement social i. Nous sommes entre la fin de la période de l'urbanisme planificateur, conduit sous la houlette des ingénieurs des Ponts et Chaussées et des services de l'Etat français, et les débuts de « l'urbanisme opérationnel » qui va trouver dans les villes nouvelles son terrain de prédilection. Apparaît une « nouvelle culture du territoire » ii qui promeut une réflexion approfondie et plus anthropologique sur les espaces publics iii , une grande méfiance vis à vis du fonctionnalisme, la mise en place de cadres d'action plus attentifs aux habitants, un intérêt pour les problématiques paysagères, l'émergence de l'idée de « recyclage » iv et une plus grande attention portée à l'existant. Ainsi les villes nouvelles sont-elles des transitions expérimentales entre la tabula rasa de la période précédente et l'urbanisme de projet qui émergera dans les années 90. On perçoit dans les propositions de l'Etablissement public d'aménagement qui porte le projet, en direction des habitants et des élus locaux, une difficulté certaine à prendre en compte sérieusement l'existant social et politique du territoire autrement qu'en termes de contraintes (ils gênent le bon déroulement du projet) ou de ressource (pour le patrimoine, pour donner un cadre « naturel » à la ville nouvelle…). L'impression domine que la ville nouvelle aurait idéalement du être édifiée sur du vide, et les 12 000 personnes qui vivaient sur le territoire avant sa création ne sont mentionné qu'incidemment dans les discours et dans les journaux municipaux de l'époque. Ils resteront peu visibles dans les décennies qui suivront. Mais d'un autre côté les discours sur la participation des « habitants » sont nombreux, trahissant un soucis bien réel d'édifier une ville qui soit plus « démocratique », d'abord chez les techniciens et aménageurs de l'établissement public, puis chez les élus de la ville nouvelle. Par de nombreux côtés, Villeneuve d'Ascq ressemble à la mise en oeuvre d'une utopie. Elle répond à peu près à la structure tripartite de l'Utopia de Moore v : critique de ce qui a précédé (ici la critique du fonctionnalisme et des « cités » jugés responsables de déshumaniser la ville) ; projet d'une société (d'une ville) plus harmonieuse ; conception d'un espace bâti qui joue ici entre la ville et la nature, porté par des institutions plus démocratiques ayant pour mission de « changer la ville » c'est à dire de passer d'un âge urbain ancien à un âge urbain nouveau. Elle est aussi utopie parce que ce que recouvrent les nouvelles idées sur la ville qu'elle exprime, vient conforter des utopies plus générales qu'avait fait émerger le mouvement social de 1968. La question n'est pas originale, elle a traversé la réalisation de la plupart des villes nouvelles vi. A Villeneuve d'Ascq, ces idées peuvent être résumées par un mot, celui d'ouverture qui sera décliné de diverses manières par les professionnels, par les élus, par les habitants. Villeneuve d'Ascq sera une ville « ouverte » sur les idées nouvelles, sur les hommes, sur le monde. Aujourd'hui, après bientôt 40 années, ces utopies n'ont pas disparu des souvenirs d'anciens habitants, d'architectes qui l'ont construite et de certains élus, même si concrètement elles semblent un peu difficiles à rencontrer. Elles possèdent une efficacité symbolique manifeste puisque que nous les avons retrouvées dans les propos de nouveaux habitants qui les revendiquent. L'hypothèse que je formulerai est qu'elles ont rejoint l'imaginaire identitaire villeneuvois, qu'elles appartiennent désormais à une forme de patrimoine immatériel qui s'incarne dans l'urbanisme de la ville. Nous verrons ainsi deux temps dans la construction de cette identité de ville. Au départ cette nouvelle utopie urbaine qui est en phase avec certains mouvements politiques et sociaux des années 60/70 ; ensuite les effets de l'expérience résidentielle qui fait ressortir d'autres valeurs comme le patrimoine, la nature, l'attachement aux vieux bourgs, ou la défense des intérêts locaux qui s'expriment dans des récits fondateurs parfois échangés avec les nouveaux arrivants. En conclusion nous évoquerons, au milieu des années 2000, la fermeture des espaces, et ce qu'il en est de ces « images de villes », pour reprendre l'expression de Ledrut vii , qui permettent d'approcher l'identité de Villeneuve d'Ascq.
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« L'urbanité comme patrimoine de la ville »
International audience ; Urbanity has been a key concept to describe western cities since the beginning of the twentieth century. But importance of urbanity is no more self-evident in global cities since the pivotal moment of 1980/90 when we assist to the acceleration of flux, the emergence of megacities and the transformation of capitalism. However, at the same time, urban heritage became of greater interest. Then, as urbanity weakened, it begins to be defended by public policies, local commitments as well as activists, but in a rather new way, as collective memories and palimpsest traces. Two examples in the city of Saint-Etienne, France, are taken in order to illustrate this heritagization of urbanity: an exhibition about the memory of Algerian miners that reactivated forgotten places and history of the city, and the dramatic demolition of a high rise building that created a great stir because of its symbolic dimension for every people. These two examples show that urbanity, whatever happens, keeps a great place in popular imaginary shared by a lot of dwellers, even by the elites. From a general point of view, we try to preserve the values that we attach to cities, perhaps more than cities by themselves. ; L'urbanité, qui a été l'un des concepts clés mis en avant pour décrire les villes occidentales, ne va plus de soi dans la ville globale contemporaine. Le moment charnière de cette transformation est celui des années 1980/90 avec l'accélération des flux, l'émergence des mégapoles et transformations du capitalisme ; et parallèlement la montée rapide de l'intérêt pour le patrimoine urbain. Dans ce cadre, l'urbanité est âprement défendue dans les politiques publiques ou dans les actions militantes, mais sous une forme sensiblement décalée : c'est sous une forme patrimonialisée qui met l'accent sur les mémoires collectives et sur le palimpseste des ses traces. Deux exemples pris dans la ville de Saint-Etienne, en France, illustrent cette patrimonialisation de l'urbanité : la première exposition consacrée à la mémoire des mineurs algériens qui réactivent des lieux oubliés ou effacés de la ville ; et la démolition d'une tour d'habitation qui met en émoi une bonne partie de la ville pour ce qu'elle symbolisait. Ils montrent que malgré ses aléas, l'urbanité garde toute sa place dans les imaginaires de nombreux habitants de la ville et au sein même de certaines de ses élites. De manière générale, ce que nous cherchons à préserver ce sont les valeurs de la ville plus peut-être que les villes elles-mêmes.
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L'identité d'une ville nouvelle aux prises avec ses utopies fondatrices
International audience ; L'identité d'une ville nouvelle aux prises avec ses utopies fondatrices. Villeneuve d'Ascq, une utopie urbaine Les aménageurs, architectes et urbanistes qui ont pensé la ville nouvelle de Villeneuve d'Ascq puis l'ont construite, entre la fin des années 60 et les débuts des années 80, ont été soucieux de lui donner d'emblée une identité qui l'associe à la modernité de l'époque : espaces verts, équipements sportifs, lieux culturels, entreprises de nouvelles technologies, démocratie participative, mixité entre habitat individuel et collectif, et entre accession à la propriété et logement social i. Nous sommes entre la fin de la période de l'urbanisme planificateur, conduit sous la houlette des ingénieurs des Ponts et Chaussées et des services de l'Etat français, et les débuts de « l'urbanisme opérationnel » qui va trouver dans les villes nouvelles son terrain de prédilection. Apparaît une « nouvelle culture du territoire » ii qui promeut une réflexion approfondie et plus anthropologique sur les espaces publics iii , une grande méfiance vis à vis du fonctionnalisme, la mise en place de cadres d'action plus attentifs aux habitants, un intérêt pour les problématiques paysagères, l'émergence de l'idée de « recyclage » iv et une plus grande attention portée à l'existant. Ainsi les villes nouvelles sont-elles des transitions expérimentales entre la tabula rasa de la période précédente et l'urbanisme de projet qui émergera dans les années 90. On perçoit dans les propositions de l'Etablissement public d'aménagement qui porte le projet, en direction des habitants et des élus locaux, une difficulté certaine à prendre en compte sérieusement l'existant social et politique du territoire autrement qu'en termes de contraintes (ils gênent le bon déroulement du projet) ou de ressource (pour le patrimoine, pour donner un cadre « naturel » à la ville nouvelle…). L'impression domine que la ville nouvelle aurait idéalement du être édifiée sur du vide, et les 12 000 personnes qui vivaient sur le territoire avant sa création ne sont mentionné qu'incidemment dans les discours et dans les journaux municipaux de l'époque. Ils resteront peu visibles dans les décennies qui suivront. Mais d'un autre côté les discours sur la participation des « habitants » sont nombreux, trahissant un soucis bien réel d'édifier une ville qui soit plus « démocratique », d'abord chez les techniciens et aménageurs de l'établissement public, puis chez les élus de la ville nouvelle. Par de nombreux côtés, Villeneuve d'Ascq ressemble à la mise en oeuvre d'une utopie. Elle répond à peu près à la structure tripartite de l'Utopia de Moore v : critique de ce qui a précédé (ici la critique du fonctionnalisme et des « cités » jugés responsables de déshumaniser la ville) ; projet d'une société (d'une ville) plus harmonieuse ; conception d'un espace bâti qui joue ici entre la ville et la nature, porté par des institutions plus démocratiques ayant pour mission de « changer la ville » c'est à dire de passer d'un âge urbain ancien à un âge urbain nouveau. Elle est aussi utopie parce que ce que recouvrent les nouvelles idées sur la ville qu'elle exprime, vient conforter des utopies plus générales qu'avait fait émerger le mouvement social de 1968. La question n'est pas originale, elle a traversé la réalisation de la plupart des villes nouvelles vi. A Villeneuve d'Ascq, ces idées peuvent être résumées par un mot, celui d'ouverture qui sera décliné de diverses manières par les professionnels, par les élus, par les habitants. Villeneuve d'Ascq sera une ville « ouverte » sur les idées nouvelles, sur les hommes, sur le monde. Aujourd'hui, après bientôt 40 années, ces utopies n'ont pas disparu des souvenirs d'anciens habitants, d'architectes qui l'ont construite et de certains élus, même si concrètement elles semblent un peu difficiles à rencontrer. Elles possèdent une efficacité symbolique manifeste puisque que nous les avons retrouvées dans les propos de nouveaux habitants qui les revendiquent. L'hypothèse que je formulerai est qu'elles ont rejoint l'imaginaire identitaire villeneuvois, qu'elles appartiennent désormais à une forme de patrimoine immatériel qui s'incarne dans l'urbanisme de la ville. Nous verrons ainsi deux temps dans la construction de cette identité de ville. Au départ cette nouvelle utopie urbaine qui est en phase avec certains mouvements politiques et sociaux des années 60/70 ; ensuite les effets de l'expérience résidentielle qui fait ressortir d'autres valeurs comme le patrimoine, la nature, l'attachement aux vieux bourgs, ou la défense des intérêts locaux qui s'expriment dans des récits fondateurs parfois échangés avec les nouveaux arrivants. En conclusion nous évoquerons, au milieu des années 2000, la fermeture des espaces, et ce qu'il en est de ces « images de villes », pour reprendre l'expression de Ledrut vii , qui permettent d'approcher l'identité de Villeneuve d'Ascq.
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« L'urbanité comme patrimoine de la ville »
International audience ; Urbanity has been a key concept to describe western cities since the beginning of the twentieth century. But importance of urbanity is no more self-evident in global cities since the pivotal moment of 1980/90 when we assist to the acceleration of flux, the emergence of megacities and the transformation of capitalism. However, at the same time, urban heritage became of greater interest. Then, as urbanity weakened, it begins to be defended by public policies, local commitments as well as activists, but in a rather new way, as collective memories and palimpsest traces. Two examples in the city of Saint-Etienne, France, are taken in order to illustrate this heritagization of urbanity: an exhibition about the memory of Algerian miners that reactivated forgotten places and history of the city, and the dramatic demolition of a high rise building that created a great stir because of its symbolic dimension for every people. These two examples show that urbanity, whatever happens, keeps a great place in popular imaginary shared by a lot of dwellers, even by the elites. From a general point of view, we try to preserve the values that we attach to cities, perhaps more than cities by themselves. ; L'urbanité, qui a été l'un des concepts clés mis en avant pour décrire les villes occidentales, ne va plus de soi dans la ville globale contemporaine. Le moment charnière de cette transformation est celui des années 1980/90 avec l'accélération des flux, l'émergence des mégapoles et transformations du capitalisme ; et parallèlement la montée rapide de l'intérêt pour le patrimoine urbain. Dans ce cadre, l'urbanité est âprement défendue dans les politiques publiques ou dans les actions militantes, mais sous une forme sensiblement décalée : c'est sous une forme patrimonialisée qui met l'accent sur les mémoires collectives et sur le palimpseste des ses traces. Deux exemples pris dans la ville de Saint-Etienne, en France, illustrent cette patrimonialisation de l'urbanité : la première exposition consacrée à la mémoire des mineurs algériens qui réactivent des lieux oubliés ou effacés de la ville ; et la démolition d'une tour d'habitation qui met en émoi une bonne partie de la ville pour ce qu'elle symbolisait. Ils montrent que malgré ses aléas, l'urbanité garde toute sa place dans les imaginaires de nombreux habitants de la ville et au sein même de certaines de ses élites. De manière générale, ce que nous cherchons à préserver ce sont les valeurs de la ville plus peut-être que les villes elles-mêmes.
BASE
Postface ; Texte intégral
International audience ; Il est assez exceptionnel qu'une revue scientifique prenne la responsabilité de consacrer un numéro entier à la question patrimoniale dans une seule aire géographique-ici ce sont deux volumes de travaux de grande qualité-qui plus est dans un seul pays. L'International Journal of Heritage Studies, la « revue scientifique de référence » sur le patrimoine, selon l'expression consacrée, ne l'a fait qu'une seule fois depuis sa date de création, en 1994, à raison de quatre à dix numéros par an : c'est en 2015, cette année même, à propos du patrimoine de l'aire Pacifique 1. Museum International elle-même, l'une des revues de l'UNESCO, ne s'y est pas beaucoup plus engagée 2. 1 Une autre originalité de cette parution, qui peut sembler tout aussi étonnante, est qu'elle consacre sans ambages un volume aux politiques d'État, ce qui n'est plus si fréquent hors les publications institutionnelles, et un volume aux pratiques patrimoniales de la société turque, mettant ainsi en questionnement ce qui fut l'une des dialectiques majeures des recherches sur le patrimoine sur la longue durée. Problématique peut-être moins présente aujourd'hui dans la littérature scientifique, mais problématique qui mérite très probablement un renouveau d'intérêt à l'heure où la nation redevient, dans de nombreuses régions du monde, et particulièrement en Europe, une question sensible. 2 Nombre de revues de sciences sociales ont consacré récemment l'un de leurs numéros au patrimoine, mais très généralement ce sont des numéros thématiques qui confrontent les points de vue sur plusieurs pays ou aires géographiques 3. Un inventaire plus rigoureux nuancerait peut-être le propos, il n'empêche que cela pose question alors que les publications sur le patrimoine se multiplient depuis une bonne dizaine d'années dans toutes les régions du monde, la signature de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco, en 3 Postface http://ejts.revues.org/5106 1 sur 7
BASE
Postface ; Texte intégral
International audience ; Il est assez exceptionnel qu'une revue scientifique prenne la responsabilité de consacrer un numéro entier à la question patrimoniale dans une seule aire géographique-ici ce sont deux volumes de travaux de grande qualité-qui plus est dans un seul pays. L'International Journal of Heritage Studies, la « revue scientifique de référence » sur le patrimoine, selon l'expression consacrée, ne l'a fait qu'une seule fois depuis sa date de création, en 1994, à raison de quatre à dix numéros par an : c'est en 2015, cette année même, à propos du patrimoine de l'aire Pacifique 1. Museum International elle-même, l'une des revues de l'UNESCO, ne s'y est pas beaucoup plus engagée 2. 1 Une autre originalité de cette parution, qui peut sembler tout aussi étonnante, est qu'elle consacre sans ambages un volume aux politiques d'État, ce qui n'est plus si fréquent hors les publications institutionnelles, et un volume aux pratiques patrimoniales de la société turque, mettant ainsi en questionnement ce qui fut l'une des dialectiques majeures des recherches sur le patrimoine sur la longue durée. Problématique peut-être moins présente aujourd'hui dans la littérature scientifique, mais problématique qui mérite très probablement un renouveau d'intérêt à l'heure où la nation redevient, dans de nombreuses régions du monde, et particulièrement en Europe, une question sensible. 2 Nombre de revues de sciences sociales ont consacré récemment l'un de leurs numéros au patrimoine, mais très généralement ce sont des numéros thématiques qui confrontent les points de vue sur plusieurs pays ou aires géographiques 3. Un inventaire plus rigoureux nuancerait peut-être le propos, il n'empêche que cela pose question alors que les publications sur le patrimoine se multiplient depuis une bonne dizaine d'années dans toutes les régions du monde, la signature de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco, en 3 Postface http://ejts.revues.org/5106 1 sur 7
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Postface ; Texte intégral
International audience ; Il est assez exceptionnel qu'une revue scientifique prenne la responsabilité de consacrer un numéro entier à la question patrimoniale dans une seule aire géographique-ici ce sont deux volumes de travaux de grande qualité-qui plus est dans un seul pays. L'International Journal of Heritage Studies, la « revue scientifique de référence » sur le patrimoine, selon l'expression consacrée, ne l'a fait qu'une seule fois depuis sa date de création, en 1994, à raison de quatre à dix numéros par an : c'est en 2015, cette année même, à propos du patrimoine de l'aire Pacifique 1. Museum International elle-même, l'une des revues de l'UNESCO, ne s'y est pas beaucoup plus engagée 2. 1 Une autre originalité de cette parution, qui peut sembler tout aussi étonnante, est qu'elle consacre sans ambages un volume aux politiques d'État, ce qui n'est plus si fréquent hors les publications institutionnelles, et un volume aux pratiques patrimoniales de la société turque, mettant ainsi en questionnement ce qui fut l'une des dialectiques majeures des recherches sur le patrimoine sur la longue durée. Problématique peut-être moins présente aujourd'hui dans la littérature scientifique, mais problématique qui mérite très probablement un renouveau d'intérêt à l'heure où la nation redevient, dans de nombreuses régions du monde, et particulièrement en Europe, une question sensible. 2 Nombre de revues de sciences sociales ont consacré récemment l'un de leurs numéros au patrimoine, mais très généralement ce sont des numéros thématiques qui confrontent les points de vue sur plusieurs pays ou aires géographiques 3. Un inventaire plus rigoureux nuancerait peut-être le propos, il n'empêche que cela pose question alors que les publications sur le patrimoine se multiplient depuis une bonne dizaine d'années dans toutes les régions du monde, la signature de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco, en 3 Postface http://ejts.revues.org/5106 1 sur 7
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Postface ; Texte intégral
International audience ; Il est assez exceptionnel qu'une revue scientifique prenne la responsabilité de consacrer un numéro entier à la question patrimoniale dans une seule aire géographique-ici ce sont deux volumes de travaux de grande qualité-qui plus est dans un seul pays. L'International Journal of Heritage Studies, la « revue scientifique de référence » sur le patrimoine, selon l'expression consacrée, ne l'a fait qu'une seule fois depuis sa date de création, en 1994, à raison de quatre à dix numéros par an : c'est en 2015, cette année même, à propos du patrimoine de l'aire Pacifique 1. Museum International elle-même, l'une des revues de l'UNESCO, ne s'y est pas beaucoup plus engagée 2. 1 Une autre originalité de cette parution, qui peut sembler tout aussi étonnante, est qu'elle consacre sans ambages un volume aux politiques d'État, ce qui n'est plus si fréquent hors les publications institutionnelles, et un volume aux pratiques patrimoniales de la société turque, mettant ainsi en questionnement ce qui fut l'une des dialectiques majeures des recherches sur le patrimoine sur la longue durée. Problématique peut-être moins présente aujourd'hui dans la littérature scientifique, mais problématique qui mérite très probablement un renouveau d'intérêt à l'heure où la nation redevient, dans de nombreuses régions du monde, et particulièrement en Europe, une question sensible. 2 Nombre de revues de sciences sociales ont consacré récemment l'un de leurs numéros au patrimoine, mais très généralement ce sont des numéros thématiques qui confrontent les points de vue sur plusieurs pays ou aires géographiques 3. Un inventaire plus rigoureux nuancerait peut-être le propos, il n'empêche que cela pose question alors que les publications sur le patrimoine se multiplient depuis une bonne dizaine d'années dans toutes les régions du monde, la signature de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco, en 3 Postface http://ejts.revues.org/5106 1 sur 7
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