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Résumé Transport et communication, véhicules et vecteurs ont partie liée. Nous nous étions penchés sur la route ( Cahiers de médiologie n? 2) et sur l'automobile ( Cahiers de médiologie n? 12). Il était temps de monter à cheval et en locomotive. Rien de ce qui est mobilisateur n'est étranger à la médiologie.

M. Raymond de Roover publie, dans les Harvard Studies in Business History, le premier des ouvrages que cette célèbre collection ait encore consacré à une entreprise médiévale . Cet exceptionnel accueil manifeste déjà, autant que l'importance de la banque Médicis et la notoriété de l'auteur, la qualité de l'ouvrage. En fait, M. R. de Roover, qui s'est attaché depuis plus de vingt-cinq ans à retracer, avec les connaissances du technicien et la science de l'historien, la préhistoire des grandes affaires modernes, donne avec cet ouvrage consacré à la plus brillante et la plus célèbre des entreprises de la Renaissance italienne le livre de sa maturité, qui fera date dans l'historiographie du XVe siècle.

Pise est longtemps restée la plus mal connue des grandes places commerciales italiennes du Moyen Age. Le relatif abandon où la laissait l'érudition tenait, d'une part, au fait qu'elle a atteint son apogée au XIIe siècle, avant ses rivales, à une époque pour laquelle les sources sont peu nombreuses, d'autre part, au petit nombre des minutes de notaires qui y subsistent, même pour une période aussi tardive que le XIIIe siècle. Le livre touffu, que, dans le sillage de Salvemini, lui a consacré Giovacchino Volpe au début de ce siècle, est d'une utilisation difficile, faute d'une table des matières développée et d'indices; il est surtout entièrement faussé, du triple point de vue économique, social et politique, par la confiance qu'accorde l'auteur à un document de 1188 dont les travaux d'E. Cristiani ont démontré, depuis, qu'il avait été fabriqué au XVIIIe siècle par Flaminio dal Borgo, avide de découvrir des ancêtres illustres aux notables de son temps.

Depuis la deuxième chronique que j'ai donnée dans les Annales sur les travaux relatifs aux hommes d'affaires italiens du moyen âge publiés après le livre que je leur ai consacré, de nombreux travaux ont paru qui complètent la connaissance que nous avons d'eux et qui la nuancent au fur et à mesure qu'elle se précise.Deux études d'ensemble ont été publiées au cours de ces trois années par deux des maîtres les plus autorisés, les professeurs Armando Sapori et Roberto Lopez. M. Sapori a repris, en le complétant, le tableau général de la vie, des activités et de la mentalité de l'homme d'affaires italien dont il avait déjà donné plusieurs esquisses sous des titres divers.

Une conception nouvelle de l'histoire de l'art consiste à chercher l'explication des tendances artistiques et de leur diversité dans la structure de la société où elles se manifestent. Les œuvres d'art refléteraient bien plus la mentalité et les goûts des classes ou catégories sociales pour lesquelles elles sont faites que ceux des artistes eux-mêmes. Cette conception a trouvé son exposé le plus général dans la Social History of Art d'Arnold Hauser. Elle avait donné auparavant une de ses premières grandes œuvres avec l'important ouvrage de Frederick Antal, Florentine Painting and its Social Background dont j'ai marqué ici-même tout l'intérêt et la nouveauté en indiquant quelles importantes réserves sa systématique suscitait. Je soulignais combien la Florence du Trecento et du début du Quattrocento constituait un milieu idéal pour y mener une enquête de ce type.

L'Histoire économique de l'Italie de Gino Luzzatto, dont nous avons dit ici même l'importance, rassemble en une synthèse magistrale les résultats des travaux antérieurs à 1949. Elle n'apporte pas, elle-même, de faits en ce qui concerne les hommes d'affaires italiens du moyen âge et leur activité. Mais elle met avec autorité le sceau à certaines des idées maîtresses de W. Sombart, qui ont eu tant d'influence pendant, les trente années qui viennent de s'écouler ; l'érudition italienne a dû accumuler les preuves de leur légèreté. Ce doit être désormais un truisme, comme le démontre une dernière fois Gino Luzzatto, que « l'homme d'affaires italien du moyen âge a créé le type du grand entrepreneur moderne».Les multiples publications de textes et les nombreux travaux d'érudition qui ont. paru depuis 1948 dans ce champ privilégié de la recherche internationale ont donné quelques preuves nouvelles de la vérité de cette idée dominante d'une nouvelle génération plus soucieuse de dépouiller les textes que d'aventurer des idées générales.

Des travaux importants ont été consacrés à la vie économique de Bruges au moyen âge et par d'excellents érudits : Gilliodts van Severen, Bigwood, H. van Werveke, A. Grunzweig, A. Parmentier. Mais chacun d'eux n'aura étudié qu'un aspect de ces problèmes brugeois. S'appuyant sur ces travaux solides, sur l'étude des archives flamandes (spécialement des livres de comptes de deux changeurs brugeois, Guillaume Ruyelle et Collard de Marke), sur les découvertes des historiens de la vie économique de l'Italie et de l'Occident médiévaux, enfin sur une exceptionnelle compétence technique, notre ami et collaborateur Raymond de Roover vient d'achever un ouvrage synthétique sur les activités financières de Bruges du XIIIe au XVIe siècle, d'une extrême importance. On peut dire, d'ores et déjà, qu'il est et restera un des classiques de l'érudition.