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Le vieillissement nécessite un ajustement au corps et interroge la personne vieillissante sur les différents registres de son intimité dans un environnement social porteur de visions négatives sur la sexualité des personnes âgées. La maladie d'Alzheimer oblige l'entourage (conjoint, famille, soignants) à s'interroger et à se positionner vis-à-vis de l'intimité et de la sexualité de la personne malade. Au sein d'un couple, permettre à celui qui est touché par la maladie de rester un individu pouvant exprimer du désir et s'inscrire dans une sexualité normale, c'est entretenir un mode relationnel et communicationnel. Au sein d'une institution, la question de l'anormalité, voire de la bestialité des comportements sexuels oblige les équipes soignantes à une réflexion sur la nature des comportements sexués de la personne malade. Et invite à une réflexion institutionnelle globale sur la place de l'intimité au sein de l'établissement et sur les représentations des soignants concernant la sexualité.

Nos comportements, notre manière de percevoir le monde sont surdéterminés par notre environnement et en particulier par la relation conjugale. Cette dernière est soit un facteur d'équilibre même si parfois le prix à payer est une part de souffrance soit de déséquilibre lorsque la vie commune annihile les potentialités voire la pensée de l'un ou l'autre. La mort du conjoint provoque la disparition de la néo-réalité créée par la vie commune. Il s'en suit un double deuil, celui du disparu et celui de la relation que le couple entretenait avec les autres. Il y aura donc la nécessité d'une double reconstruction révélant les manques ou les nouvelles possibilités du veuf. C'est dans l'interface entre les potentialités relationnelles du survivant et la dynamique de l'entourage que pourra se développer ce qui était caché ou s'effondrer ce qui n'était montré que grâce à la présence du partenaire.

Vieillir en couple c'est pour l'âgé se confronter à de multiples paramètres sources à la fois d'évolution personnelle mais aussi de crise potentielle. Vieillir au plan individuel pose la question de l'individuation mise à mal par les réalités du temps et pointe la place des redondances comme facteur d'équilibre.Le couple pourra accompagner l'évolution individuelle,pourra être source d'épanouissement mais aussi lieu de crises et de souffrances. Les éléments contextuels tel que la gestion de l'espace, du temps, seront à prendre en compte. Les éléments relationnels tels que les modes de communication, l'apparition de mouvements dépressifs voire persécutoires devront être mis en évidence. La compréhension des facteurs environnementaux comme la famille, l'institution seront à analyser pour permettre une compréhension des différentes interactions mettant à mal l'intimité individuelle et relationnelle. Se poser la question de la préservation de cette sphère intime, de son renforcement seront les points abordés à la fin de cet article.

La personne âgée est réputée se retourner sur son passé. Cette« caractéristique comportementale » semble même la définir etce, de façon plutôt péjorative. En effet, les interprétations entermes de radotage, de nostalgie, de désintérêt pour le présent,etc. sont fréquentes. Or, les travaux scientifiques nous montrentque ce retour sur le passé est à la source d'un travail d'élaborationnécessaire à la santé psychique : il renforce la cohésion psychique,et modifie ses systèmes de défenses. Ces mouvements psychiquessont essentiels pour développer des aptitudes à donner du sens àla situation de fin de vie et se protéger des angoisses et des risquesd'effondrement qui lui sont liés. Il est certain que ces positionspsychiques sont souvent énigmatiques pour les plus jeunes quil'accompagnent.

Les institutions gériatriques sont des communautés où cohabitenttrès souvent des solitudes. L'arrivée en institution va poser, pourde nombreux résidents, la question de leur place, voire de leuridentité. Créer des liens avec des individus qui renvoient l'âgé à sapropre vieillesse, à ses pertes et pour certains à sa déchéance estimpossible. Il existe pourtant une communauté qui leur est propre,celle du souvenir du « jeune temps », temps de la découverte,des amours. Cette époque est une marque générationnelle.Un des véhicules de cette mémoire est la chanson. Chargée desouvenirs et d'émotions elle va permettre une rencontre entre lesâgées non plus dans le présent, mais autour de leur jeunesse.À partir de cette première rencontre, l'acceptation de l'autrevoire sa découverte dans le présent sera facilitée. Au-delà decette découverte c'est aussi la question de la réactualisation del'identité qui pourra être retravaillée.