Depuis plusieurs décennies dans les sociétés occidentales, on assiste à une transformation de famille et de la parentalité, liée aux changements sociodémographiques et culturels mais aussi aux développement des techniques de reproduction assistée. Ces techniques permettent de concevoir un enfant quelles que soient les caractéristiques, les choix et parcours de vie des futurs parents. Ces parentalités issues des techniques médicales restent néanmoins marginales : elles sont statistiquement minoritaires et ne correspondent pas à la parentalité normative, celle qui est socialement construite et valorisée. L'objectif est de montrer que ces « marges reproductives » sont révélatrices des normes sociales dominantes de la famille et de la parentalité en France ; et de montrer qu'elles représentent un champ d'études en sciences sociales important pour analyser la reproduction de ces normes mais aussi leur transformation.
En Bolivie, l'avortement, considéré comme un délit contre la vie et l'intégrité corporelle, est aujourd'hui encore un thème au centre des revendications des groupes féministes et féminins, et au coeur des discussions politiques et sociales actuelles. Le thème s'est certes relativement démocratisé et de plus amples actions politiques et médicales appréhendent le phénomène. Cependant, l'avortement clandestin reste un problème irrésolu dans le pays et continue d'être un grave problème de santé publique, qui suscite de nombreux débats souvent controversés auxquels participent le Collège médical, l'Église catholique, les autorités de l'État et la société civile organisée.
Résumé En Bolivie, les droits reproductifs et sexuels sont reconnus et promus aux niveaux social et politique. Cependant, leur réappropriation par les femmes rencontre de nombreuses barrières matérielles mais également idéologiques. La domination masculine est un élément clé de la reproduction et de la sexualité des femmes boliviennes. Elle agit sur l'état de leur santé reproductive et sexuelle en général, et surtout sur l'exercice de leurs droits à cet égard. Elle entretient l'image de la madresposa , qui condamne les femmes à négliger leur propre santé, les rend totalement responsables de la reproduction, sans pour autant les considérer comme les principales décideuses de leurs corps.
This paper is an account of the evidence collected and observations carried out within three public hospitals in La Paz and El Alto (Bolivia) in 2004. It aims to show the reproductive reality of the Bolivian women we met with, a revealing reality from the exercise relating to their reproductive and sexual rights, recently acknowledged as human rights by the International Community. In spite of many social and political efforts, the indicators of type and reproductive and sexual health of the country remain among the lowest in the region. Most of pregnancies was described as unplanned and were often proved to be unwanted. Those unintended pregnancies are connected with the knowledge and the use of contraception in the country, and lead us to look at the unsatisfied demand in matters relating to contraception among those patients questioned and Bolivian women in general, according to official statistics. All these realities described and observed are closely related to the illegal and insalubrious practice of the abortion, which is responsible for maternal deaths. The analysis we put forward to explain such a reality is that Bolivian women are subjected to various political, social, cultural and medical controls, which prevent them from making decisions about their own reproductive and sexual lives.
This paper is an account of the evidence collected and observations carried out within three public hospitals in La Paz and El Alto (Bolivia) in 2004. It aims to show the reproductive reality of the Bolivian women we met with, a revealing reality from the exercise relating to their reproductive and sexual rights, recently acknowledged as human rights by the International Community. In spite of many social and political efforts, the indicators of type and reproductive and sexual health of the country remain among the lowest in the region. Most of pregnancies was described as unplanned and were often proved to be unwanted. Those unintended pregnancies are connected with the knowledge and the use of contraception in the country, and lead us to look at the unsatisfied demand in matters relating to contraception among those patients questioned and Bolivian women in general, according to official statistics. All these realities described and observed are closely related to the illegal and insalubrious practice of the abortion, which is responsible for maternal deaths. The analysis we put forward to explain such a reality is that Bolivian women are subjected to various political, social, cultural and medical controls, which prevent them from making decisions about their own reproductive and sexual lives.
La Convención sobre la Eliminación de todas las Formas de Discriminación contra la Mujer (CEDAW) es un instrumento internacional clave para el progreso de la igualdad de género y la defensa de los derechos de las mujeres; a la vez necesario pero insuficiente para mejorar la condición y la situación de las mujeres. Bolivia ratificó la CEDAW en 1989, comprometiéndose a implementar dispositivos sociales y legales en favor de la comunidad femenina, a aplicar los derechos reproductivos (y más tarde también sexuales), que representa uno de los principales temas de la Convención. Esta ratificación es acompañada con la adopción de importantes medidas que promueven estos derechos. La realidad social de la salud reproductiva y sexual en Bolivia, muestra un cierto avance, a partir de sus indicadores. Pero esta realidad, queda aún fuertemente marcada por embarazos no planeados y no deseados, reveladores de una elección reproductiva relativa. Por consiguiente, las consecuencias del uso al aborto clandestino (ilegal en el país) lleva a una alta tasa de mortalidad materna. Las mujeres de La Paz y El Alto, encontradas durante el estudio presentado, tienen que afrontar varias barreras políticas, sociales, culturales, simbólicas y médicas, contrarias a los principios internacionales, a una maternidad voluntaria y una autonomía de las decisiones reproductivas y sexuales. ; La Convention sur l'Elimination de toutes les formes de Discrimination à l'Egard des Femmes (CEDAW) est un outil international clé pour le progrès de l'égalité de genre et la défense des droits des femmes, à la fois nécessaire mais non suffisant pour améliorer la condition et la situation de ces dernières. La Bolivie a ratifié la CEDAW en 1989, s'engageant ainsi à mettre en place des dispositifs sociaux et légaux en faveur de la communauté féminine, et à appliquer notamment les droits reproductifs (puis sexuels), un des principaux thèmes de la Convention. Cette ratification est accompagnée par l'adoption d'importantes mesures qui promeuvent ces droits. La réalité sociale de la santé reproductive et sexuelle, évaluée par des indicateurs qui rendent compte de l'exercice de ces droits afférents, montre alors une certaine amélioration. Mais cette réalité, observée et dénoncée, reste très fortement marquée par des grossesses non planifiées et non désirées, révélatrices d'un choix reproductif relatif, et par un conséquent recours à l'avortement clandestin (illégal dans le pays) qui alimente un taux élevé de mortalité maternelle. Les femmes de La Paz et d'El Alto, rencontrées lors de l'étude présentée ici, doivent faire face à de nombreuses barrières politiques, sociales, culturelles et médicales, qui engendrent peu de répercussions et réappropriations des principes internationaux, une maternité volontaire vaine et une autonomie des décisions reproductives et sexuelles faible.
Las representaciones y practicas culturales que existen acerca de la reproducción y de la sexualidad son elementos claves para abordar la salud reproductiva y sexual, y los derechos respectivos en Bolivia. Por la fuerte diversidad cultural del país, no existe uno sino varios patrones del comportamiento reproductivo y sexual. Los aymaras consideran por ejemplo que el parto y la menstruación limpian y purifican el cuerpo, que la mujer es fértil durante su menstruation, que se tiene que enterrar la placenta, etc. Así la población boliviana recurren a menudo a la medicina tradicional, legalmente reconocida en Bolivia, pero poco considerada por la medecina llamada "moderna", lo que confiere al país dos sistemas de salud paralelos. La medicina biomédica, predominante en el sistema de salud institucionalizado, da cuenta de un fenómeno de no comunicación entre los saberes populares y las enseñanzas científicas, no respeta y discrimina las cosmovisiones y las prácticas culturales. Choque y distancia entre los modelos cognitivos de los médicos y de las mujeres andinas, falta de capacitación, actitud autoritaria de no aceptación de las expectativas y tradiciones culturales de la parte del personal de salud genera un subacceso a los servicios médicos, una cierta pasividad de las mujeres respecto a su salud materna y femenina, y condiciona entonces la salud reproductiva y sexual de las mujeres, y sobre todo el ejercicio de semejantes derechos. Ningún esfuerzo político y social esta desplegado para reconceptualizar la salud de la reproducción y de la sexualidad y sus prácticas, lo que permitiría por lo tanto la articulación entre la médicina científica y los conocimientos de la medicina tradicional, y así la mejora de los índices de salud reproductiva y sexual, como las mortalidades materna y infantil que tienen las tasas entre las mas altas de América Latina. ; Les représentations et pratiques culturelles existantes autour de la reproduction et de la sexualité sont des éléments clés pour appréhender la santé reproductive et sexuelle et les droits afférents en Bolivie. De part l'importante diversité culturelle du pays, il n'existe pas un mais divers patrons du comportement reproductif et sexuel. Les aymaras considèrent par exemple que l'accouchement et la menstruation nettoient et purifient le corps, que la femme est fertile lors des menstruations, que le placenta doit être enterré, etc. La population bolivienne a ainsi souvent recours à la médecine traditionnelle, légalement reconnue en Bolivie, mais peu prise en considération par la médecine dite « moderne », ce qui confère au pays deux systèmes de santé parallèles. La médecine biomédicale, prédominante dans le système de santé institutionnalisé, rend compte d'un phénomène de non communication entre les savoirs populaires et les enseignements scientifiques, ne respecte pas, voire déprécie les cosmovisions et les pratiques culturelles. Choc et distance entre les modèles cognitifs des médecins et des femmes andines, manque de formation, attitude autoritaire de non acceptation des expectatives et traditions culturelles de la part du personnel médical alimentent une sous utilisation des services de santé, une certaine passivité des femmes quant à leur santé maternelle et féminine, et conditionnent ainsi la santé reproductive et sexuelle des femmes, et surtout l'exercice de leurs droits à cet égard. Aucun effort politique et social n'est déployé pour re-conceptualiser la santé de la reproduction et de la sexualité et ses pratiques, ce qui pourtant permettrait d'articuler la médecine scientifique avec les connaissances de la médecine traditionnelle, et ainsi d'améliorer les indicateurs de santé reproductive et sexuelle, tels que les mortalités maternelle et infantile, dont les taux figurent parmi les plus élevés d'Amérique Latine.
La Convención sobre la Eliminación de todas las Formas de Discriminación contra la Mujer (CEDAW) es un instrumento internacional clave para el progreso de la igualdad de género y la defensa de los derechos de las mujeres; a la vez necesario pero insuficiente para mejorar la condición y la situación de las mujeres. Bolivia ratificó la CEDAW en 1989, comprometiéndose a implementar dispositivos sociales y legales en favor de la comunidad femenina, a aplicar los derechos reproductivos (y más tarde también sexuales), que representa uno de los principales temas de la Convención. Esta ratificación es acompañada con la adopción de importantes medidas que promueven estos derechos. La realidad social de la salud reproductiva y sexual en Bolivia, muestra un cierto avance, a partir de sus indicadores. Pero esta realidad, queda aún fuertemente marcada por embarazos no planeados y no deseados, reveladores de una elección reproductiva relativa. Por consiguiente, las consecuencias del uso al aborto clandestino (ilegal en el país) lleva a una alta tasa de mortalidad materna. Las mujeres de La Paz y El Alto, encontradas durante el estudio presentado, tienen que afrontar varias barreras políticas, sociales, culturales, simbólicas y médicas, contrarias a los principios internacionales, a una maternidad voluntaria y una autonomía de las decisiones reproductivas y sexuales. ; La Convention sur l'Elimination de toutes les formes de Discrimination à l'Egard des Femmes (CEDAW) est un outil international clé pour le progrès de l'égalité de genre et la défense des droits des femmes, à la fois nécessaire mais non suffisant pour améliorer la condition et la situation de ces dernières. La Bolivie a ratifié la CEDAW en 1989, s'engageant ainsi à mettre en place des dispositifs sociaux et légaux en faveur de la communauté féminine, et à appliquer notamment les droits reproductifs (puis sexuels), un des principaux thèmes de la Convention. Cette ratification est accompagnée par l'adoption d'importantes mesures qui promeuvent ces droits. La réalité sociale de la santé reproductive et sexuelle, évaluée par des indicateurs qui rendent compte de l'exercice de ces droits afférents, montre alors une certaine amélioration. Mais cette réalité, observée et dénoncée, reste très fortement marquée par des grossesses non planifiées et non désirées, révélatrices d'un choix reproductif relatif, et par un conséquent recours à l'avortement clandestin (illégal dans le pays) qui alimente un taux élevé de mortalité maternelle. Les femmes de La Paz et d'El Alto, rencontrées lors de l'étude présentée ici, doivent faire face à de nombreuses barrières politiques, sociales, culturelles et médicales, qui engendrent peu de répercussions et réappropriations des principes internationaux, une maternité volontaire vaine et une autonomie des décisions reproductives et sexuelles faible.
In 1979 the United Nations General Assembly adopted the Convention on the Elimination of all forms of Discrimination Against Women (CEDAW), which commits signatory states to adopt and implement a series of legal measures on equality of men and women and all discrimination based on gender. All Latin American states have ratified the CEDAW and have integrated the Convention into their domestic law. Measures have been adopted, legislation voted and regional institutions have been set up. However, normative discrimination persists and the legal rights of women to equality of treatment are still out of step what is happening in reality. Ideological and pragmatic factors, such as cultural stereotypes and female vulnerability, still condition the situation of Latin-American women. In ratifying the CEDAW, and later the Cairo and Beijing Programs of Action, Bolivia recognises women's human rights in the various social and political spheres, and more specifically in their reproductive and sexual rights. The country has made important political and symbolic progress in the field of gender equality, female reproduction and sexuality. Nevertheless, the effects on Bolivian women, especially from La Paz and El Alto, of their re-appropriation of human rights in general, and their sexual and reproductive rights in particular, encounter a whole series of political, social, cultural and medical obstacles. Factors such as the catholic and male chauvinistic influence, socio-cultural patterns, the penalisation of abortion, ignorance of legal rights and the weak empowerment of women all contribute to allowing them little autonomy in their reproductive and sexual decisions. This autonomy would be the key to female emancipation in Bolivia. ; En 1979, l'Assemblée Générale des Nations Unies adopte la Convention sur l'Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l'Egard des Femmes (CEDAW), qui engagent les Etats signataires à mettre en place et appliquer des mesures légales visant l'égalité homme-femme et l'élimination de la discrimination de genre. Les Etats d'Amérique Latine ont tous ratifié la CEDAW, convention qu'ils ont intégrée à leur droit interne. Des mesures ont été adoptées, des lois ont été votées, des institutions ont été créées dans la région. Mais des discriminations normatives persistent, et l'égalité de droit des femmes est en constant décalage avec leur égalité de fait. Des facteurs idéologiques et pragmatiques, tels que les stéréotypes culturels, la vulnérabilité féminine, conditionnent toujours la situation des femmes latino-américaines. En ratifiant la CEDAW, et plus tard les Programmes d'Action du Caire et de Beijing, la Bolivie reconnaît les droits humains des femmes dans les différentes sphères sociales et politiques, et notamment leurs droits reproductifs et sexuels. Le pays note alors d'importantes avancées politiques et symboliques en matière de genre, de reproduction et de sexualité féminines. Mais la répercussion et la réappropriation des droits humains en général, des droits reproductifs et sexuels en particulier, par les femmes boliviennes, pacéniennes et alténiennes notamment, rencontrent toute une série de barrières politique, sociale, culturelle et médicale. L'influence catholique et machiste, les patrons socioculturels, la pénalisation de l'avortement, l'ignorance des droits et le faible 'empowerment' des femmes leur confèrent peu d'autonomie dans leurs décisions reproductives et sexuelles ; une autonomie qui serait cependant la clé de l'émancipation féminine en Bolivie.
In 1979 the United Nations General Assembly adopted the Convention on the Elimination of all forms of Discrimination Against Women (CEDAW), which commits signatory states to adopt and implement a series of legal measures on equality of men and women and all discrimination based on gender. All Latin American states have ratified the CEDAW and have integrated the Convention into their domestic law. Measures have been adopted, legislation voted and regional institutions have been set up. However, normative discrimination persists and the legal rights of women to equality of treatment are still out of step what is happening in reality. Ideological and pragmatic factors, such as cultural stereotypes and female vulnerability, still condition the situation of Latin-American women. In ratifying the CEDAW, and later the Cairo and Beijing Programs of Action, Bolivia recognises women's human rights in the various social and political spheres, and more specifically in their reproductive and sexual rights. The country has made important political and symbolic progress in the field of gender equality, female reproduction and sexuality. Nevertheless, the effects on Bolivian women, especially from La Paz and El Alto, of their re-appropriation of human rights in general, and their sexual and reproductive rights in particular, encounter a whole series of political, social, cultural and medical obstacles. Factors such as the catholic and male chauvinistic influence, socio-cultural patterns, the penalisation of abortion, ignorance of legal rights and the weak empowerment of women all contribute to allowing them little autonomy in their reproductive and sexual decisions. This autonomy would be the key to female emancipation in Bolivia. ; En 1979, l'Assemblée Générale des Nations Unies adopte la Convention sur l'Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l'Egard des Femmes (CEDAW), qui engagent les Etats signataires à mettre en place et appliquer des mesures légales visant l'égalité homme-femme et l'élimination de la ...
La loi de bioéthique a été révisée en 2021 pour tenir compte des avancées sociétales et médicales, notamment en matière d'aide médicale à la procréation (AMP). Un des objectifs était de limiter les recours à l'AMP qui se font en dehors du cadre légal et médical français. Comparativement à d'autres pays européens, la législation française reste néanmoins restrictive et ces recours pourraient perdurer. Pour mieux comprendre la situation et anticiper les évolutions, l'Ined lance l'enquête AMP-sans-frontières pour étudier la diversité des expériences et pratiques de l'aide à la procréation.
International audience ; The French bioethics law was amended in 2021 to take account of medical and societal advances, notably regarding medically assisted reproduction (MAR). One of its aims is to limit use of MAR outside the legal and medical framework. French legislation nonetheless remains restrictive compared with other European countries, so the practice is liable to continue. To shed light on the current situation and anticipate future developments, INED is launching the Outside-ART survey to study the diverse range of assisted reproductive experiences and practices.