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Cet article analyse le poids des métaphores de
genre dans la production de Brasil sem medo [Brésil sans peur], journal
ultraconservateur placé sous la tutelle intellectuelle d'Olavo de
Carvalho. Partant de la distinction entre conservatisme et
« réactionnarisme », notre analyse montre que la ligne éditoriale de
cette feuille visait les médias traditionnels, les consensus
scientifiques et les mesures sanitaires. Elle s'attachait aussi à
donner accès à la grammaire fortement genrée qui forme le socle
rhétorique de la dénonciation des organismes des Nations unies.
L'examen approfondi de cette doctrine met à nu, de façon inédite,
l'idéal réactionnaire de liberté qui est aujourd'hui au centre des
combats et des stratégies du « réactionnarisme » au Brésil.

L'article analyse le rôle du Comité
international des sciences sociales pour le Chili, créé en 1973 après
le coup d'État de Pinochet. Il rappelle la coordination
politico-académique entre les intellectuels européens et
latino-américains qui a permis, dans le Chili des années 1960 et
jusqu'au 11 septembre 1973, de mettre en place un essai de communauté
universitaire internationale. Il souligne le rôle des Brésiliens dans
ce processus et interroge la production d'idées dans les échanges
entre centre et périphérie dans ce moment d'institutionnalisation des
sciences sociales en Amérique latine.

Cet article analyse les nouvelles pratiques
historiographiques liées à la recherche empirique, à l'écriture de
l'histoire et à l'émergence d'un nouvel ethos pour les historiens brésiliens au
cours du XIXe siècle. Il
dissèque la genèse des nouveaux régimes d'écriture et de
scientificité, prenant comme objet d'enquête l'accusation de plagiat
que Francisco Varnhagen porte en 1860 contre Heinrich Handelmann, à
l'Institut historique et géographique brésilien (IHGB). D'après lui,
l'historien allemand aurait plagié des extraits de la première partie
de son História geral do
Brasil.

Cet article montre comment, en prenant comme point de départ l'examen du présidentialisme de coalition brésilien, la notion de pémédébisme (pemedebismo) peut s'inscrire dans le débat actuel sur la crise de la démocratie. Dans ce but, il explicite des éléments, des débats et des problématisations sous-jacents à la notion, ainsi que des travaux de ces dernières années qui sont interprétés comme corroborant les principales hypothèses explicatives qui en découlent. Ainsi est-il possible d'actualiser la notion de pemedebismo dans la conjoncture brésilienne et mondiale actuelle.

L'article s'attache au passage des chefs de la grande cuisine française au Brésil dans les années 1970, à ses répercussions dans la presse et dans la culture des restaurants de l'époque (notamment italiens). Avec Paul Bocuse à leur tête, ils voulaient diffuser les idées de la « nouvelle cuisine ». Ce fut le début d'une « mission française », à l'exemple des missions artistiques et intellectuelles précédemment réalisées en terres brésiliennes. Durant les décennies suivantes, dans les années 1980 et 1990, d'autres missions gastronomiques eurent lieu, visant à former des alliances, surtout dans le cadre d'une « gastro-diplomatie ».

La vision du médecin Pedro Ernesto, nommé interventor du District
fédéral en 1931, a fortement marqué l'histoire de la ville, en
particulier à l'égard des favelas, dont le devenir fut en partie
intégré dans son projet politique. Le présent article s'attache
d'abord à comprendre les stratégies déployées par le maire pour
constituer sa base électorale dans les favelas, puis il analyse sa
politique d'implantation d'établissements scolaires dans ces
territoires et, enfin, discute les limites de son projet, en partant
des implications juridico-urbanistiques du débat sur les favelas à
l'époque.

Le texte se penche sur la trajectoire du cantador noir Zé Limeira, du point de vue de son insertion dans l'univers de la cantoria de viola, et recourt pour cela à la confrontation entre, d'une part, les indices de son existence réelle, et d'autre part, sa construction dans la fiction, par Orlando Tejo, comme « poète de l'absurde ». Avec cette lecture, je m'efforce de comprendre comment le racisme a imprégné les espaces de la cantoria nordestine tout au long du XXe siècle.

Cet article examine la présence de la diaspora africaine dans les expositions de longue durée sur l'histoire du Brésil, montées au Musée Historique National (MHN) entre les années 1980 et 2020. Conjuguant sources institutionnelles et bibliographiques, la recherche montre que, malgré de sérieux efforts, l'expérience afro-diasporique reste encore aujourd'hui passée sous silence et rendue invisible dans les expositions du MHN et dans leurs conceptions du passé. Les sursauts constatés sont en général associés à des dates commémoratives, comme le centenaire de l'abolition de l'esclavage, en 1988. Enfin, d'autres possibilités de lecture des objets afro-diasporiques exposés au musée sont ici proposées, partageant des expériences récentes et indiquant de nouvelles voies d'écriture de l'histoire dans les projets expographiques actuellement menés au sein de l'institution.

Cet article dresse une analyse comparée des
parcours de deux pionniers de la critique et de la traduction de la
littérature russe au Brésil et en Argentine : Boris Schnaiderman
(1917-2016) et Pavel Schostakovsky (1877-1962), émigrés en Amérique
latine dans les années 1920. Leurs points de contact et de divergence
permettent d'ouvrir le débat autour de la signification des deux
identités : « émigrée » et « soviétique ».

Cet article présente les résultats d'une enquête sur les trajectoires de 58 œuvres d'art de Lasar Segall confisquées dans le cadre de « l'Action contre l'art dégénéré » menée par les nazis. Le cas particulier de l'artiste russe permet d'observer ces types de politiques de dénonciations et de spoliations avant, pendant et après le régime hitlérien sous un autre angle. Le devenir des œuvres de Segall qui étaient présentes dans les collections publiques allemandes avant 1937 éclaire les dynamiques culturelles, politiques et sociales qui ont secoué l'Allemagne entre 1918 et 1945.

Dans les années 1930 une nouvelle composante du champ religieux médiumnique et afro-brésilien naissait à Porto Alegre, capitale de l'État du Rio Grande do Sul : l'Abri spiritiste saint François d'Assise. Siège de la Congrégation des franciscains spiritistes d'umbanda, sa fondation confirmait la consolidation de l'umbanda dans le sud du Brésil. La Congrégation mit en avant les expériences et la mémoire religieuse de son fondateur, Laudelino Manoel de Souza Gomes, un officier de la marine brésilienne, noir, né un an après l'abolition de l'esclavage au Brésil, pour bâtir une réalité cultuelle extrêmement riche. On y retrouve des influences de ses voyages en tant que télégraphiste militaire qui lui firent découvrir diverses régions du Brésil et, d'après ses fidèles, plusieurs pays étrangers. La Congrégation s'inspire de deux influences principales : la naissante umbanda et le Tiers-Ordre de saint François. Ainsi, elle présente un panthéon varié allant du saint d'Assise aux esprits traditionnels de l'umbanda (ancêtres noirs esclaves et Amérindiens premiers maîtres de la terre), jusqu'à des évêques catholiques.

Cet article présente les résultats d'une recherche de doctorat sur les manifestations du goût dans l'aménagement intérieur et la décoration. Les maisons et les appartements sont analysés comme lieux d'acquisition de dispositions sociales mais aussi comme enjeu de lutes symboliques entre les différentes fractions de la bourgeoisie de Recife (Pernambouc). La recherche repose sur 20 entretiens avec les propriétaires des demeures qu'un important journal de la ville avait choisies pour en faire les thèmes d'une rubrique spécialisée mais aussi sur l'analyse de sources documentaires et sur l'observation dans des expositions d'architecture d'intérieur.

Différentes conceptions de la nation, notamment concernant la place des affranchis et des libres de couleur parmi les citoyens, se sont affrontées dans les débats parlementaires, dans les cercles juridiques et dans les rapports entre maîtres et esclaves pendant tout le XIXe siècle au Brésil. À partir d'un procès civil, en 1877, dans lequel dix jeunes hommes accusaient le maître de leur grand-mère d'essayer de les remettre en esclavage, l'article envisage les enjeux politiques liés aux statuts intermédiaires et ambigus des esclaves dans le cadre des mutations de l'esclavage entre les années 1840 et 1870.

Cet article se penche sur le rôle des femmes dans les programmes publics de logement mis en œuvre par l'État brésilien au milieu du XXe siècle. Je retrace et mets en perspective leur place dans le contexte des logements ouvriers, en particulier dans les cités populaires, sous deux aspects : comme actrices (productrices, auteures ou médiatrices) et comme habitantes. J'essaie de montrer les possibilités et les contradictions du logement public comme option d'insertion professionnelle pour les femmes, et je propose une réflexion sur les habitantes et les représentations du logement populaire et du féminin.

Rattaché à l'Université fédérale de Rio de
Janeiro, le Musée National a été ravagé par un tragique incendie
quelques mois après avoir fêté son bicentenaire, en 2018. C'est la
plus ancienne des institutions scientifiques du Brésil. Son fonds
recèle de nombreuses histoires. Cet article analyse la trajectoire de
la collection Quintino Pacheco et de la jangada Libertadora, toutes deux
incorporées dans la dernière décennie avant l'abolition de l'esclavage
et directement liées à la lutte pour la liberté. La vie sociale de ces
pièces est révélatrice des actions humaines qui leur ont attribué des
significations. Je souhaite montrer ici comment différents acteurs ont
remis en question leur valeur.